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* Chapitre 6*

Je suis au sous-sol du manoir pour prendre les armes dont j'ai besoin. Nous avons bien évidemment prévenu les autres de notre petite virée sur Terre et personne n'a posé de questions, ce qui m'arrange énormément. Je ne veux pas que les autres nous accompagne hormis Théo. Je ne veux plus mettre d'autres vies en danger et je préfère avoir l'œil sur lui pour éviter qu'il fasse une bêtise si Lore n'est pas dans l'état dans lequel il veut la retrouver.

Je tressaille en sentant une main sur ma taille alors que je cherche le couteau que j'utilisais avant parmi ceux sur la table. Je retire le plus doucement sa main et me tourne vers lui. Il me regarde quelques secondes avant de se frotter la nuque et de se mordre nerveusement la lèvre. J'approche instinctivement ma main pour la libérer de son emprise. Je pose ma main sur sa joue pendant qu'il me fixe et je me rends compte que je n'ai plus le même frisson quand j'effleurais sa peau auparavant, plus la même pression sur mon cœur quand il me regarde fixement. Serais-je devenue insensible aux pouvoirs que procurent la bague ? Je reste sa compagne donc nous sommes liés et j'ai bien entendu sa voix pendant des nuits me murmurer de revenir auprès de lui. Je fronce les sourcils avant de secouer la tête.

- C'est bien trop dangereux, pour toi comme pour moi. J'ai réussi à refouler mes sentiments pendant un an et demi et je ne voudrais pas gâcher tous mes efforts en quelques secondes.

Il s'approche de moi jusqu'à ce que son souffle s'abatte sur mes lèvres. Je ferme les yeux en sentant un frisson mais je n'arrive pas à déterminer si c'est par peur ou par désir. Mes sens et mes pensées s'entremêlent et je ne sais même plus comment réagir à ce moment-là.

- Une dernière fois... Je t'en supplie...

- Théo... Le danger est trop élevé pour qu'on s'en sorte ensemble de nouveau. Et si l'un de nous deux périt, ça sera une torture pour l'autre...

- Une fois...

- C'est trop dangereux...

- Rien n'est trop dangereux pour toi.

C'est moi qui ai dit ça... Quand je suis venue le chercher chez Nick... A ce moment, je ne me contrôle plus. J'attrape son visage pour coller ses lèvres aux miennes. Je me fiche des conséquences, c'est lui que je veux sur le moment. J'enroule mes jambes autour de sa taille et mes bras autour de son cou pendant qu'il me porte pour me placer sur la table. On se sépare, à bout de souffle quand il prend la parole.

- Ne m'abandonne pas...

Je souris avant de prendre son visage en coupe dans mes mains.

- Jamais.

Il sourit. Je regarde notre position et me recule. Il se frotte la nuque de nouveau et se détache de moi. L'euphorie de notre baiser redescend aussi vite qu'elle est montée et je regrette presque ce qu'il s'est passé. J'aurais pu le tuer... Je rigole légèrement en voyant qu'il rougit presque.

- Je te fais de l'effet, beau brun, je réplique en faisant un clin d'œil.

Il ricane nerveusement encore une fois. Je lui demande si on peut y aller et il acquiesce. Nous remontons et nous dirigeons vers la porte d'entrée quand quelqu'un m'interpelle. Je me retourne et vois Alia avancer vers moi, elle tient quelque chose dans sa main. Elle me prend la mienne et installe un objet froid au creux de celui-ci : la bague.

- Elle a été désensorcelé par Menthaïs. Elle ne peut plus se retourner contre toi mais bon, Clara sans sa bague, ça ne veut plus rien dire. C'est avec ça que cette histoire a commencé et avec ça qu'elle se terminera.

Je la regarde, un sourire en coin sur mon visage pendant que je place la bague à mon annulaire gauche. Alia me fait un clin d'œil et nous dit de filer, ce que nous faisons de ce pas. Nous rentrons dans la voiture et nous roulons vers la porte rouge. Je me rends compte que nous allons sur Terre. Là où tout a commencé et où mon enfer est ancré.

***

On vient de passer la porte. Je redécouvre le monde dans lequel je suis née, j'avais oublié ce sentiment des rayons du soleil qui tape contre tes épaules pour te dire bonjour et ce vent frais qui contraste avec un frisson de satisfaction. Malheureusement, ma contemplation est de courte durée puisque Théo me prend par le bras et nous nous dirigeons chez lui, la boule au ventre. On arrive devant la maison quand je vois une fenêtre cassé et la porte qui a été forcé.

- Oh non...

J'ouvre la porte mais Théo passe devant moi. Il regarde partout dans le hall quand il se fige en se dirigeant vers le salon. Je rentre doucement en évitant les débris de verre quand une voix retentit près du canapé.

- Bonjour Théo.

Je reconnaîtrais ce timbre de voix entre mille. Je passe devant Théo et me place en face de Nick, un air de défi sur le visage. Qu'est-ce qu'il fait encore en vie lui ? Nick, celui à qui j'ai arraché le cœur il y a un an et demi.

- Qu'est-ce que tu fais là ? je demande, agacée.

- Oh rien, je viens juste m'assurer que ma petite protégée se pointe bien sur Terre après le petit cauchemar que je lui ai envoyé.

- Pardon ?

Le cauchemar vient de lui ? En même temps comment j'aurais pu le deviner je le croyais mort ! Il rit à gorge déployée en voyant ma tête dépitée, je me tourne vers Théo et il n'a pas l'air paniqué mais plutôt serein. Il ne s'inquiète pas de ne pas trouver sa famille ? Il a presque un sourire aux lèvres qui me donne envie de le gifler.

- Tu ne croyais tout de même pas que le fait de m'avoir "arraché" le cœur allait pouvoir m'arrêter ? Tu vois, au début quand je t'ai vue pour la première fois au lycée, j'ai tout de suite remarqué que tu étais différente et je me suis rapproché de toi. Je te voulais pour moi tout seul, je voulais même te protéger. Mais vu que tu ne voulais pas coopérer, j'ai décidé de tout faire à ma manière et de t'amener de force en enfer grâce à une petite phrase qui a tout changé.

- Quelle phrase ?

- Tu me dois fidélité et loyauté pour l'éternité.

Tout mon monde s'écroule. Ma tête se décompose et je perds l'usage de la parole. Tout n'était que mensonge alors, mon harcèlement était faux... Il s'approche de moi mais Théo ne réagit pas. Qu'est-ce qui se passe ? Nick prend ma main gauche et touche la bague du bout des doigts. Il me dégoûte.

J'enlève sa main et me recule. Je ne peux même plus me référer à Théo dans cette situation car je ne sais plus de quel côté il est.

- Qui es-tu ?

Il rigole nerveusement suite à ce retournement de situation. Je ne bouge pas, le fixe dans les yeux et essaye de lire dans ses souvenirs mais ne vois rien. Quand il remarque le changement de couleur de mes pupilles, son regard devient malicieux et il s'avance lentement vers moi.

- Essayerais-tu de lire dans ma tête trésor ? Si c'est ça il suffisait de demander.

Il place deux doigts sur chacune de mes tempes. Un grand flash m'emporte autre part.

- Tu as fait comme je te l'ai demandé ?

- Bien sûr.

- J'espère Théo sinon tu sais ce qui se passera.

********

- On ne peut vraiment que compter sur soi-même ici !

- Tu m'avais promis que tu ne lui ferais aucun mal ! Tu m'as menti Nick !

- Oh oui j'ai menti, mais toi aussi je te rappelle. Et dis-toi aussi que le jour où elle apprendra que c'est toi qui es derrière son malheur, tu pourras dire adieu à ta petite princesse.

- Tu n'oserais pas...

- Tu crois ?

*********

- Qui êtes-vous ?

- Ton pire cauchemar. Ou plus exactement : ton seul cauchemar.

- Tu as besoin d'aide vu que tu as appelé quelqu'un. J'ai quelque chose à te proposer. Je peux te donner tout ce que tu désires si tu me promets fidélité et loyauté éternelles.

- Attendez. Vu que je vous dois fidélité et loyauté éternelles, j'aimerai savoir à qui j'ai à faire ?

- Je suis le Diable, mon ange.

Quand il retire ses mains, je perds mes moyens quelques secondes... Jusqu'à ce que je comprenne ce que je viens d'entendre au fur et à mesure. Le jour où elle apprendra que c'est toi qui es derrière son malheur, tu pourras dire adieu à ta petite princesse. Je me retourne vers Théo qui a la tête baissée.

- Théo ?

Il la relève mais ne me regarde pas dans les yeux.

- Dis-moi que c'est faux. Dis-moi que ce sont des conneries.

Il ne répond pas alors je m'approche et lui prends la tête dans ma main pour l'obliger à me regarder.

- Réponds.

Ses yeux le trahissent. Il secoue la tête pour contester mais je le vois. Il essaye d'ouvrir la bouche pour se défendre mais rien ne sort. Et une aura bleue tourne autour de lui : l'aura du mensonge. Je lui donne une gifle qui fait tourner sa tête à 90 degrés. Il soupire et ferme les yeux.

- Comment as-tu pu vivre pendant des années avec ce putain de mensonge sur le dos ? Tu m'as trahie depuis tout ce temps ! Dans quel but tu m'expliques ? Pour la gloire ou pour te faire bien voir auprès des autres démons ? Tu me dégoûtes !

- Non... Oh Clara... Je sais que j'ai été lâche mais tu ne sais pas de quoi tu parles, ni de quoi il est capable ! Il...

- Ne me dis pas que tu as peur d'un simple démon.

Mais je me stoppe. Quand je lui ai arraché le cœur, il aurait dû atterrir au Tartare, il n'aurait pas pu revenir tout seul et ses hommes sont loin d'être assez compétents pour ça. Je me retourne vers Nick quand je commence à comprendre...

- Les capacités d'un démon et les capacités d'une sirène...

- Quoi ?

- Mi-démon, mi-sirène...

Je fixe le concerné qui arbore un sourire arrogant en croisant les bras.

- Le premier hybride de l'histoire...

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