𖥻𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐓𝐑𝐄𝐍𝐓𝐄 𝐄𝐓 𝐔𝐍
𝑺𝑼𝑵𝑭𝑳𝑶𝑾𝑬𝑹
꒷꒦ 𓄹 ࣪ ˖

𝗧𝗪! blessures, cicatrices, mention de mort, mention de maltraitance.

« Fais bien attention à où tu marches !, rappela le jeune homme pour la millième fois au moins.

— Je suis pas aussi insouciant que toi Minho, t'as pas à t'inquiéter ! »

Dans l'un des nombreux couloirs du dortoir de l'académie, Jisung et Minho se trouvaient. Une image telle que celle-ci devrait être des plus banales et pourtant, aujourd'hui les regards étaient encore plus posés sur leurs figures. Leurs figures, ou plutôt les deux béquilles sous les coudes de Jisung.

Visiblement, toutes les images du tournoi il y a quelques jours étaient encore ancrées dans leur pupilles. Après tout, un affrontement aussi étrange , ne pouvait tout simplement pas passer inaperçu. Même après plusieurs jours, la façon dont le match s'était terminé restait un mystère. Les gens avaient beau repasser les enregistrements vidéos du combat, il n'y avait rien. La poussière couvrait la moitié de l'objectif, impossible de savoir en détail les événements.

Tout ce qui était sûr, c'était que, alors que les deux équipes finalistes ne semblaient pas pouvoir départager la victoire, quelque chose s'est passé. Et la seconde suivante, le cristal que les deux équipes étaient censé obtenir s'était retrouvé en mille morceaux, ses éclats incrustés dans les pauvres corps de Jisung et Hyunjin.

Mais même après avoir interrogé ces deux derniers à leurs réveils, avec l'espoir d'être éclairé sur ce qu'il s'était passé, aucun des deux n'avait pu répondre. Alors que Jisung n'avait plus aucun souvenir des dernières minutes du combat, Hyunjin lui avait expliqué que les événements s'étaient déroulés si vite qu'il ignorait ce qu'il s'était réellement passé. Mais malheureusement, bien qu'impuissant et confus, une décision devait être prise, ils ne pouvaient pas laisser le pays avec une telle frustration. Tout le monde s'était mis d'accord pour dire que le combat s'était résulté d'un match nul. Et bien sûr, personne n'avait osé remettre en cause cette décision.

Cette histoire avait bouleversé tous les étudiants, mais Jisung lui s'était vite remis. Du moins, psychologiquement. Lui aussi était tourmenté par ce qu'il s'était passé, mais il était plus soulagé qu'autre chose que tout se soit fini plutôt bien. Les blessures de Hyunjin étaient superficielles, et quant aux siennes... Ça aurait pu être pire. Les médecins avaient confié à Minho que des coupures et des entailles n'étaient pas tout ce qu'il avait subis. Il semblait plutôt que son corps entier ait reçu un énorme choc. De plus, les médecins avaient remarqué des brûlures sur quelques endroits de son corps, ce qui était également inexplicable.

Heureusement, Minho n'était pas dupe. Même si lui aussi ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé, il avait sa petite idée. Quand la statuette en cristal avait été projeté en l'air par Hyunjin, Jisung avait fait preuve d'une rapidité sans égal. C'était impressionnant, mais peut-être un peu trop. D'autant plus que cette rapidité avait eu le don de rappeler au prince quelques souvenirs quelque peu douloureux. Il s'était passé lors du tournoi exactement la même chose que durant leur entraînement, lorsque que les cheveux de Jisung s'étaient teint d'une effrayante couleur noire. Minho était conscient des capacités de Jisung plus que quiconque. Il savait que ce dernier n'était pas capable de parcourir une telle distance en moins de deux secondes. Même s'il courait le plus vite possible. À moins qu'il se serve d'une capacité étrange, la même qu'il avait cru apercevoir durant cet entraînement.

Si ces soupçons s'avéraient être vrais, la situation pourrait vite devenir dangereuse, pour Jisung. Car il ne semblait ni contrôler, ni être conscient de cette étrange force qu'il possèdait.

Pourtant, Minho avait décidé de mettre cette histoire de côté pendant quelques jours. Parce qu'en plus des capacités inattendues de Jisung, quelque chose d'autre l'avait bouleversé. Jusque là il n'avait pas su comment aborder le sujet. Mais maintenant que Jisung était presque entièrement rétablie, il n'hésitera plus.

« Tiens ? La porte est fermée à clé, fit remarquer Jisung après avoir essayé d'ouvrir la porte à l'aide de son coude, Felix doit encore être dehors. Tu peux ouvrir la porte s'il te plaît ? »

Minho se pressa de s'exécuter suite à la demande de Jisung, extirpant les clés qui lui avaient été remises de sa poche. Dès que la porte avait été ouverte, Jisung s'y précipita pour s'asseoir sur la chaise de son bureau. Le prince le suivit de près, fermant la porte derrière lui.

« Ça m'embête, qu'il ne soit pas encore rentré. Pourtant je lui ai demandé d'être à l'heure...Il devait m'aider à changer mes bandages. »

Minho se tourna vers lui, immédiatement plus intéressé. Il avait finalement trouvé l'occasion parfaite de confronter le coloré.

« Laisse-moi t'aider à sa place.

— Quoi ? Non !, dit-il un peu trop violemment, Je veux dire... Non. Je le ferai tout seul. »

Rien qu'en se rappelant du questionnaire auquel il avait eu droit de la part des médecins quand ils avaient vu l'état de son corps le faisait grimacer. Il ne souhaitait pas le revivre avec Minho cette fois-ci.

« Pourquoi ?

— Parce que... C'est comme ça ! J'ai pas envie que tu vois..., expliqua-t-il.

— Voir quoi ? Tu parles des brûlures, ou des cicatrices ? »

Jisung releva la tête vers Minho dans un sursaut. Ses cheveux teint de vert, il paniqua. Comment pouvait-il être au courant ?

« Comment tu-

— Je les ai vu, quand je suis parti te voir sur le plateau du match. »

Il baissa les yeux immédiatement, ne sachant quoi lui répondre. Jisung détestait ses cicatrices. Parce qu'elles tâchaient l'entièreté de son dos et même de son torse. Lorsqu'il était plus jeune, les enfants dans les vestiaires avaient peur de toutes ces cicatrices. Et le pire dans tout ça, c'était qu'il ne savait pas d'où est-ce qu'elles provenaient. Il s'agissait encore d'un autre mystère, qui pesait sur sa personne. Mais après tout, sa vie lorsqu'il était encore avec ces parents en elle-même était un énorme mystère.

Les seuls au courant de ses cicatrices, c'était sa tante, Felix et malgré lui, Zéphyr. Et s'il avait eu le choix, il aurait préféré que Minho ne soit jamais au courant.

« Viens, allons changer tes bandages. »

Et Jisung ne refusa pas cette fois-ci, il savait qu'il n'y échapperait pas.

Ils s'étaient installés dans la salle de bain, les deux tabourets à leurs dispositions facilitant la tâche. Minho s'était placé derrière Jisung, qui le regardait au loin pendant que le prince retirait avec douceur les vieux bandages. Il ne put s'empêcher de stresser à cet instant, il sentait une boule se former dans son ventre. Ils étaient là au summum de l'intimité, pour que Jisung lui laisse voir son dos, qui avait passé tant de temps à cacher.

Quand sa peau devint finalement visible, Minho grimaça. Il avait beau déjà les avoir vu durant le tournoi, là ça n'avait rien n'avoir. Les cicatrices tapissaient sa peau. Il n'arrêta pas de retirer les bandages pour autant, il se devait de continuer. Il posa les bout de tissus à ses côtés et s'attaqua à ces bras, qui eux aussi étaient couverts de brûlure. Étrangement, les brûlures n'étaient que sur les côtés de son corps. Et bien sûr, ça ne faisait qu'appuyer sur la théorie de Minho. S'il avait raison alors ces brûlures seraient causées par le frottement de l'air. Il serait allé si vite que son corps ne l'aurait pas supporté.

Il retira ensuite les compresses qui étaient collées à sa peau pour laisser apercevoir la peau rougeâtre et l'épiderme détruit de Jisung. L'image n'était pas très agréable et pourtant il ne put s'empêcher d'être rassuré. Sa blessure était déjà moins grave qu'avant. Il attrapa la solution de chlorhexidine se trouvant à ses côtés et ne patienta pas pour en appliquer sur les brûlures de Jisung.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu en ai autant ?, osa-t-il demandé, Les cicatrices je veux dire. »

Le bleuté prit un instant pour répondre.

« Je sais pas. Quand ma tante a repris ma garde, elles y étaient déjà.

— Mais..., il hésite à poursuivre.

— Minho, tu peux me poser des questions blessantes. Je te fais confiance.

— Tu n'es jamais partie voir ta mère en prison ?

— Non.

— Pourquoi ?, questionna-t-il.

— Ma mère me manque, tu sais. Pourtant j'ai jamais ressenti le besoin d'aller la voir. Peut-être que si j'en ressens le besoin, j'irai la voir de moi-même. »

Minho tamponna avec attention ses blessures d'un coton alors qu'il se concentrait sur le conversation.

« Pourtant, elle pourrait répondre à toute tes questions. Comme ces cicatrices. Tu n'es pas curieux ?

— Je pense que tu l'as remarqué. Mais ces cicatrices, ce n'est pas un accident qui a pu le provoquer. »

Le roux ne rétorqua pas. Bien sûr, qu'il l'avait remarqué. C'était la première chose qui lui avait sauté aux yeux.

« Elles ont toutes la même taille et ça été recousu d'une façon tellement maladroite que certaines ont mal cicatrisé. De notre temps, avec de la magie régénératrice, ce genre de blessure aurait pu être soigné sans laisser aucune cicatrice, je pense pas t'apprendre quelque chose. Ça veut dire que la personne qui m'a fait ça, n'a même pas cherché à me soigner correctement. »

Jisung souria tristement, voilà un moment depuis qu'il n'avait pas été confronté à cette fâcheuse histoire dont il ne connaissait même pas les détails. Il pouvait sentir d'ici le corps de Minho se tendre de colère et dans un certain sens, ça le rassurait.

« Je vis bien, Minho. Du jour où ma tante m'a recueilli jusqu'à maintenant, j'ai toujours bien vécu. Ça n'a pas toujours été facile, mais je suis satisfait de ma vie actuelle. Je ne cherche pas à savoir la vérité. Même si je me porterais sûrement mieux sans ces cicatrices, je dois l'avouer. »

Dans un silence, Minho reposa le désinfectant ainsi que le coton à sa droite. Et sous les yeux confus de Jisung, il se releva pour se placer face à ce dernier. Son visage exprimait un sentiment que Jisung même n'arrivait pas à déchiffrer. Mais lorsqu'il retira la cravate et la veste de son uniforme scolaire, ces joues devinrent rose, tout comme ses cheveux.

« Remets- moi tes vêtements qu'est-ce que tu fais !, s'exclama-t-il alors que le roux déboutonnait sa chemise, Je t'autorise pas à te dénuder dans ma salle de bain alors que j'y suis aussi ! »

Mais Minho ne fit qu'ignorer les plaintes de Jisung, qui était totalement dépassé par les événements. Ce ne fut qu'une fois son torse dénudé qu'il s'arrêta. Et en fait, il s'agissait de la première fois que Jisung voyait le torse de Minho. Son corps était toujours couvert soit de vêtements, soit de bandages. Sa blessure datant du bal avait presque entièrement disparu, et ce détail le rassura.

Seulement il n'eut pas le temps de s'extasier face à la musculature du prince plus longtemps, car lorsque ce dernier se retourna pour lui présenter son dos, les yeux de Jisung s'assombrirent d'effroi. La trace d'une douleur sans pareil ornait l'entièreté de son dos. Rien que la vue de celui-ci suffisait à remplir le cœur de Jisung de peine. Cette trace... Comme si on lui avait tranché le dos. Mais ce n'était pas n'importe quoi. Une griffure. C'était ce qu'il se trouvait sur le corps de Minho. Et comme lui, il ne pourrait jamais l'effacer de son corps.

« M-Minho... Qu'est-ce que..., susurra-t-il. »

Il releva la main vers son dos comme avec l'intention de frôler cette douloureuse cicatrice, mais il s'arrêta en chemin.

« Ton passé est pas le seul à être rempli de secrets, Jisung. »

Sans prononcer un mot de plus, il renfila sa chemise.

« C'est qu'une vieille cicatrice. J'aime pas vraiment la montrer. Juste pour te prouver que t'es pas le seul, à ressentir ça. »

À l'instant où il finit de reboutonner, son vêtement, il se remit à sa place. Toutefois, incapable d'ignorer ce qu'il venait de voir, Jisung se retourna en direction de Minho. Il voulait des explications, il ne pouvait pas lui montrer une blessure comme celle-ci et ne rien lui expliquer ensuite.

« Attends ! J'ai le droit à des explications, non ? Pourquoi... pourquoi est-ce que t'as une griffure pareille ?, dit-il, le regard rempli d'inquiétude. »

Minho sourit chaleureusement, et posa sa main contre la joue de Jisung. Il ne pouvait s'empêcher à un tel moment de se rappeler à quel point il aimait ce côté empathique de Jisung.

« Jisung, je t'ai déjà parlé de ma mère ?, demanda-t-il, glissant sa main dans celle de son interlocuteur. »

L'interpellé fronça les sourcils. La reine ?

« Non...?

— C'était une grande femme, tu sais. Elle savait ce qu'elle voulait, et faisait tout pour. Elle m'a toujours protégé. J'étais son plus précieux trésor. Je sais qu'elle avait beaucoup de rêves. Elle voulait voyager partout, voir de nouvelles choses. Mais elle a mis tous ses rêves et sa vie en pause, pour moi. On était là famille la plus heureuse, jusqu'à ce que... »

Minho grimaça alors que des mauvais souvenirs lui revenaient en tête. Il eut l'impression que sa vision se tâchait de nouveau de sang, comme pendant cette nuit-là. Il pouvait encore sentir la terreur. Il pouvait presque entendre les ordres de sa mère, ceux de courir le plus loin possible.

« Jusqu'à ce qu'elle meurt. »

Jisung se figea, la mort de la reine. Le plus gros secret du pays. Personne ne savait ce qu'on s'était passé. Elle n'était ni malade, ni menacée. Sa tante lui avait raconté que quand sa mort avait été annoncé, le peuple s'était effondré dans leur peine. Et même si la curiosité les rongeait toujours, tous, avait compris. Que sa mort devrait rester un secret jusqu'à la fin.

« J'étais là, quand elle est morte. ».

Lorsque Jisung releva la tête pour regarder le visage du prince, il n'y décela pas une trace de peine, ou de regret.

« Mais je m'en souviens pas trop. J'avais à peine sept ans. Je ne me souviens pas de ma vie d'avant, celle que j'avais quand elle était là. J'ai beaucoup de photo d'elle dans ma chambre, mais c'est juste parce que j'ai peur d'oublier son visage si j'en met pas autant, Jisung fronça les sourcils de chagrin, Enfin bref, tout ce que je sais, c'est qu'elle est morte pour moi. »

Jouant avec les fins doigts de Jisung, Minho baissa la tête.

« J'ai pas tout les détails. Quelqu'un l'a tué. Ou plutôt quelque chose ? Avant qu'on habite ici, on avait une autre maison. Ma mère n'aimait pas le château, c'était trop grand pour elle alors on vivait dans un endroit un peu plus reculé. Un jour, pendant le printemps de mes six ans, quelque chose s'est introduit et il a essayé de me tuer. Ma mère m'a sauvé, c'est aussi simple que ça. »

Aussi simple que ça ? Cette simple histoire faisait monter des larmes aux yeux du bleuté. Il ne pouvait pas croire que Minho avait vécu quelque chose d'aussi dur. Il n'en avait jamais parlé. Il n'avait jamais laissé percevoir une once de douleur, et il ne s'était jamais plaint. Jisung ne comprenait pas, il ne savait pas comment Minho pouvait rester aussi fort malgré tout.

« Allez retourne toi. J'ai pas fini de désinfecter tes blessures. »

Alors il s'exécuta, se mettant face à dos à lui sans prononcer un mot. Il savait que s'il le faisait, il ne pourrait pas se retenir. Minho lui attrapa son coton et son spray de désinfectant et reprit sa tâche, ne pouvant que remarquer à quel point était tendu Jisung. Son corps tremblait, ça ne passait même pas inaperçu.

« Jisung, l'appela-t-il en appliquant du désinfectant sur son bras, Tu peux pleurer. »

À l'instant où l'autorisation fut donnée, le concerné fondit en larmes. Qu'importe le nombre de fois où il essuyait les gouttes salées qui coulaient sur ses joues, le double retombait de ses yeux. Ses cheveux s'unifièrent d'un bleu azur alors qu'il ne cherchait même plus à cacher sa peine.

Et Minho n'y fit rien. Il laissa sa tristesse s'écouler le long du visage de Jisung. Ce ne fut que lorsqu'il eut terminé de nettoyer ses plaies et de ranger tout ce qu'il avait utilisé à sa place, qu'il ne réagit. Car avant de remettre de nouveaux bandages qui couvriraient sans aucun doute les vieilles cicatrices de Jisung, il restait une chose qu'il souhaitait faire.

Il posa ses mains sur ses épaules, veillant à ne pas frôler ne serait qu'une seule de ses brûlures, et dans une douceur infinie, embrassa l'une des cicatrices qui trônait sur son omoplate. Jisung, de la tête au pied, en frissonna. Son corps fondit sous le toucher de Minho. Les doux baisers qu'il laissait le long de son dos, sur chacune des blessures qu'on lui avait infligés, lui apportaient un drôle sentiment de réconfort. Ce ne fut qu'après un instant que le prince s'éloigna, et la chaleur de son affection disparut avec lui.

« Merci de t'en faire autant pour moi. »

Vendredi matin, neuf heure passés. Hyunjin à cette heure-ci devrait se trouver en cours de chimie, seulement cette semaine les choses étaient un petit peu différentes. Il sortait enfin de la clinique de l'académie, après presque quatre jours cloîtré dans l'un de leur lit. Et heureusement, il en sortait complètement soigné, comparé à Jisung. En réalité, cela devait faire bien une bonne journée que toutes les plaies de Hyunjin étaient refermées, et qu'il ne ressentait plus aucune douleur. Mais aussi théâtrale que lui, ça n'existait pas. Il avait alors, pendant le jour supplémentaire, simulé des douleurs auprès des infirmières pour rester plus longtemps avec Jisung. Ça lui permettait en plus de rater quelques cours, jamais il ne refuserait.

Mais maintenant que Jisung était reparti, c'était son tour. Et justement, il était en train de préparer son sac. L'infirmière venait de passer pour lui changer une dernière fois son bandage au poignet. Un bout de cristal s'étant enfoncé un peu trop profondément, il lui restait un unique bandage. Si tout se déroulait dans un problème, il n'en aurait plus besoin d'ici le lendemain. Malheureusement, il n'avait personne avec qui repartir de la clinique. Jisung était parti avec Minho il y a peu, et quant à Jeongin ou Chan ils étaient en cours. Le seul disponible, c'était Felix qui commençait à dix heure. Seulement, il ne répondait à aucun de ces messages. Ça rendait Hyunjin un peu triste de passer la mâtiné seul mais ça lui allait.

Chan se sentait coupable de ne pas pouvoir l'accompagner, et bien sûr Hyunjin l'avait rassuré. Ils pourraient se voir tous ensemble dans l'après-midi, rejoindre le dortoir seul n'était pas un problème.

Lorsqu'il s'apprêta à fermer la fermeture de son sac, fin prêt à partir, le bruit soudain de la porte s'ouvrant brusquement le fit sursauter. Et en se tournant vers cette dernière, il fut accueilli par un Seungmin au souffle court et aux cheveux entremêlés par le vent. Il eut à peine le temps de se demander ce que le jeune homme faisait là, qu'il s'exclama avec des joues rougis par l'effort.

« Hyunjin. »

Hyunjin le regarda avec confusion, ne l'interrompant pas pour autant.

« Pars avec moi. »

À cette demande soudaine, le demi-animal ne put qu'écarquiller les yeux, laissant la surprise se répandre dans son esprit. Partir... Avec lui ? Il ne saisissait pas ce qu'il voulait dire par là et il n'était pas sûr de vouloir le faire.

« Quoi ?, fut la seule chose qui passa à travers son esprit. »

Seungmin ne prit même pas le temps de répondre, mais se rapprocha de lui assez pour attraper sa main, l'entraînant vers la sortie. Pourtant, Hyunjin ne le retint pas. Même lorsqu'ils sortirent de la clinique, il ne dit rien. Non pas parce qu'il avait accepté de se faire traîner n'importe où, simplement parce que son cerveau avait cessé de fonctionner. Alors, un seul sac rempli de ses affaires de clinique en main, il se dirigeait vers il-ne-savait-où accompagné du bibliothécaire qui l'avait fait craqué. Ça n'avait pas l'air si mal, au final.

« Attends, attends !, finit-il par dire après un moment en s'arrêtant dans sa course. »

Seungmin se retourna et le regarda avec un des yeux désespérés que Hyunjin ne comprenait pas. Il était venu le voir à la clinique une seule fois, et c'était accompagné de Changbin et Minho. Et maintenant, le voilà en train de l'emmener vers un lieu inconnu ? L'incompréhension allait le tuer.

« Où est-ce qu'on va comme ça ? Et qu'est-ce que tu veux dire, par partir ?

— Il n'y a rien à comprendre ! Partons juste. Quelque part, ensemble. Ça a pas d'importance.

— Mais et les autres ? Les cours ? Je dois au moins les prévenir-

— Non, le coupa-t-il, Juste aujourd'hui. Est-ce qu'on ne peut pas ignorer tout ça simplement aujourd'hui ? Demain, le temps reprendra son cours comme si cette journée n'avait pas existé. D'accord ? On doit y aller, dépêche toi. »

Hyunjin se pinça les lèvres. Ce projet, il n'avait pas de sens. Mais une partie de lui était déterminée.

« Est-ce que tu crois vraiment que je peux refuser cette proposition ?, il entrelaça leurs doigts, Bien sûr que je veux m'enfuir avec toi, Seungmin.

Après un trajet de deux heures et demi, dont une heure et demie de train, Hyunjin accompagné de Seungmin s'était retrouvé face à une maison, reculée des autres, inconnu du demi-animal. La belle devanture laissait imaginer les moyens de ses résidents. Non seulement la maison était grande et moderne, mais en plus de ça le jardin s'étendait à perte de vue. Durant ces deux heures, Hyunjin avait suivi Seungmin sans poser de questions une seule fois. Il aurait pu l'emmener à l'autre bout du monde, et pas une fois il n'aurait douté de lui. Mais cette fois-ci, c'était un petit peu différent. Car lorsque Seungmin inséra la clé dans la porte, la curiosité l'attaqua.

« Où est-ce qu'on est ?, demanda-t-il. »

Seungmin ouvrit la porte d'entrée.

« Chez moi. »

Les deux rentrèrent à l'intérieur de la maison et sans surprise, l'intérieur était aussi beau que l'extérieur. C'était étrange, le style de décoration était très épuré et pourtant les murs étaient remplis de souvenirs. Le genre de maison où l'on se sent bien, sans raison particulière. Seungmin déchaussa ses chaussures en invitant Hyunjin à faire de même.

En observant des photos de mariages sur le mur, un détail le frappa. Un détail qui eut le don de le faire paniquer.

« Seungmin attends..., l'interpellé s'arrêta dans sa course

— Quoi ?

— Il n'y a personne...?

— Non. Les seuls personnes qui viennent ici sont moi-même et un homme de ménage qui vient une fois par mois. Et toi, maintenant. Mes parents sont... Plus là. »

À part suivre Seungmin à travers la maison, Hyunjin ne savait même quoi faire. Ni quoi dire. Ou du moins il ne l'osait pas. Après tout, il n'avait jamais eu de réel moment, seul à seul, ou il pouvait passer du temps à Seungmin sans se disputer. Il se sentait étrangement confortable en sa compagnie, là n'était pas le problème. Seulement vu tous leurs antécédents, il ne savait pas ce qu'il avait le droit de dire, ou faire. Seungmin semblait tellement plus détendu en sa présence, et il s'en réjouissait même s' il ignorait comment il devrait le gérer.

Même s'il avait le courage de prendre la parole il ne saurait quoi dire. C'était triste, mais Hyunjin ne savait rien de Seungmin. Ces centres d'intérêt -mis à part la lecture-, sa famille, ses goûts et ses idées. Toutes ses choses qu'il aimerait connaître dans les détails.

Pour la première fois depuis qu'il s'était enfuis subitement de l'académie, Hyunjin alluma son téléphone. Et sans surprise, au moins une dizaine d'appels manqués s'affichait. Il avait des messages de tout le monde, enfin surtout de Chan. Alors qu'il hésitait à y répondre, et à les rassurer, Seungmin l'interrompt

« N'y répond pas. »

Il releva la tête vers lui.

« Pourquoi ?

— Écoute, personne ne doit savoir où on se trouve, d'accord ? Personne. Juste pour aujourd'hui. »

Hyunjin ne comprit pas vraiment pourquoi garder le secret lui tenait autant à cœur, pourtant il éteignit son téléphone pour de bon avant de le poser sur le contoir de la cuisine à leur côté.

« Alors, qu'est-ce que tu veux faire ?, commença Hyunjin.

— On a toute l'après-midi pour le découvrir. »

Et pour une fois, Seungmin ne mentait pas. Cette journée, elle leur serait dédiée. Ils n'auraient à se soucier de rien, et rien ne pourra les arrêter dans leur élan. Seungmin n'aurait pas à s'inquiéter de si ces choix étaient les bons, ou de s'ils étaient les mauvais. Il n'aurait pas à se mettre des restrictions. Tout ce qu'il, durant ces deux derniers mois, souhaitait pouvoir dire et pouvoir faire, aujourd'hui il le ferait. Même si tout, au matin, devait disparaître. Quitte à ce que tout redevienne comme avant. Des souvenirs, ça leur suffirait. Ils les chériront, autant qu'ils le pourront. Parce que ce sera la seule chose qui leur resterait.

C'est ainsi que ça devint réalité. Et que cette après-midi, qui sembla durer qu'une poignée de minutes, se transforma en précieux souvenirs. Peu de mots furent échangés, alors qu'ils découvrirent les lieux somptueux où Seungmin avait passé son enfance. Mais les mots, ce ne seraient jamais assez pour exprimer tout ce qu'ils ressentaient. Leurs yeux, leurs regards, leurs gestuelles. Leurs corps, eux, parlaient à la place des mots. Et ils portaient tellement de sentiments. De la peur, de l'ambition ou encore de l'envie. De l'amour aussi, que Seungmin avait pensé avoir oublié.

À cet instant, ils n'avaient pas peur de ce qu'il pouvait se passer demain. La seule chose dont ils se souciaient, c'était de leurs mains tressées ensemble, à l'instant présent. Tous leurs gestes et leurs sourires étaient remplis d'une innocence incommensurable. Néanmoins, ça ne semblait pas être une si mauvaise chose. Ils ne chassaient pas leurs problèmes. Ils rattrapaient ce que ces derniers leurs avaient dérobé, le temps. Car le temps était tout ce qui leur avait toujours manqué. Ils priaient les cieux ou les dieux, peu importe si ce genre de divinité existait ou non.Ils priaient parce que c'était tout ce qu'il pouvait faire. Si seulement on leur avait accordé plus d'instants de répit.

Quand ils furent de retour dans la maison de Seungmin, le soleil était encore haut dans le ciel, et ne semblait pas vouloir descendre pour le moment. Il regorgeaient d'énergie, mais ce n'était pas la même chose pour tout le monde, visiblement. Puisque peu après s'être installé sur les genoux de Hyunjin, lui-même assis sur l'un des canapés du jardin extérieur, Seungmin n'a pas pu succomber à l'envie de fermer ses yeux.

Hyunjin n'avait pas prononcé un seul mot. Il le laissa se reposer dans un silence presque complet, étant donné que les bruits de l'été, eux, persistaient. Il doutait que Seungmin ne se soit déjà assoupi, mais il espérait que le sommeil viendrait à lui sous peu. Les cernes sous ses yeux pouvaient témoigner de sa fatigue. Cela devait faire des heures qu'il était éveillé.

« Hyunjin ?, l'appela-t-il à voix basse.

— Hum ?

— Est-ce que si je ferme les yeux trop longtemps, tu disparaîtra ? »

Hyunjin haussa les sourcils.

« Non. Je resterai ici. Sinon, qui pourra veiller sur toi ?

— Est-ce que je peux te laisser faire ça ? Je devrais être celui qui veille sur toi.

— Je ne peux pas me défendre tout seul ?, s'étonna-t-il, Avec mon pouvoir, tu n'as rien à craindre.

— Et si tu finissais pas m'aimer plus que tu ne t'aimes toi-même ? »

Le blond l'observa dans un silence, essayant de décrypter les paroles que son interlocuteur lui adressait.

« J'ai bien peur ce ne soit déjà-

— Ne finit pas ta phrase, il le coupa, Jamais. Peu importe ce qu'il peut arriver ne dit jamais ça. D'accord ? »

Malgré la confusion qu'il ressentit, il n'ajouta rien. Le sujet semblait déjà sensible pour Seungmin, son but n'était pas d'en rajouter.

« Alors je veillerais sur nous deux. Tu dois te reposer.

— C'est difficile.

— En quoi ?

— Je ne peux pas m'endormir. Et s'il se passait quelque chose, pendant que je dors ? Même si je cherchais le sommeil, je ne le trouverais pas. Enfin, sauf maintenant, précisa-t-il, C'est différent. Tout est différent quand je suis avec toi, Hyunjin.

— Alors tu n'as pas à t'inquiéter. S'il se passe quelque chose, je te réveillerai. Repose toi un peu. »

Seungmin ne refusa plus la proposition, il n'avait plus la force de résister aux bras de Morphée, qui, bizarrement, semblaient venir tout seul une fois dans l'embrace de Hyunjin.

Le temps continua à s'écouler, malgré les envies des deux étudiants. Deux heures, voire trois passèrent sans qu'une plainte ne sorte de la bouche de Hyunjin. Il observa son visage endormi un long moment, si court à ses yeux pendant qu'il se perdait dans ces pensées. Un rêve. C'était ce qu'il avait l'impression de vivre. Les traits détendus de Seungmin, son visage rassuré, sa respiration profonde et régulière, la façon dont son torse gonflait.

Lorsque la nuit avait pointé le bout de son nez, il avait allumé les lumières led qui illuminait une partie du jardin. Il avait couvert Seungmin d'une couverture, effrayé qu'il ne ressente la chute de température dans son sommeil. Il n'avait pas envie que cette nuit ne se termine. S'il devait, en échange de vivre ce rêve pour l'éternité, ne plus jamais revoir le soleil alors ça lui irait.

Les paupières de Seungmin s'ouvrirent sous les coups de vingt-deux heures. En voyant le demi-animal, un sourire se dessina sur son visage. Ça faisait un moment qu'il n'avait pas ressenti ce sentiment de tranquillité. Hyunjin lui rendit son sourire sans hésitation.

« Tu as bien dormi ? »

Il hocha la tête en se relevant des genoux de Hyunjin, sur lesquels il était installé depuis un bon moment. Il fut un peu déboussolé en voyant les led allumés et la couverture qui le couvrait, mais il n'eut pas de mal à comprendre que c'était les agissements de Hyunjin.

« Tu as allumé les lumières...

— J'ai trouvé que ça mettait plus d'ambiance. Tu aurais préféré que je te ramène dans ta chambre ?, questionna-t-il.

— Non, sinon je ne me serais sûrement pas réveillé. »

Seungmin se tourna en direction de Hyunjin, qui semblait avoir une idée derrière la tête.

« Tu aurais pas une enceinte magique, par hasard ? »

Il fronça les sourcils légèrement, incertain de pourquoi il en avait besoin mais acquiesça tout de même, allant chercher l'objet à l'intérieur de la maison. Il revint sous peu et lui tendit l'enceinte.

« Il y a déjà des musiques enregistrées. Sûrement les goûts de ma mère, si tu n'aimes pas tu pourras toujours en télécharger. »

Après avoir insufflé dans l'enceinte un petit peu de sa magie, il parcouru dans les chansons enregistrées. Et lorsqu'il aperçut quelques-unes de ses chansons préférées dans la liste, il s'enthousiasma. C'est vrai que ces goûts n'étaient pas tout à fait modernes. Toutefois dans le contexte de ce jour, c'était parfait. Il appuya sur la musique la plus appropriée et se releva du canapé pour se placer face à Seungmin. Il lui tendit sa main, lui offrant au passage un sourire.

« Est-ce que tu m'accorderais une danse ?

— Une danse ? »

Hyunjin hocha la tête, alors qu'une musique de bal se propageait lentement dans l'entièreté du jardin, chatouillant au passage leurs oreilles.

« Je crois que je te dois bien ça, il attrapa sa main, Pour me rattraper du bal. »

Leurs doigts s'entremêlèrent alors que la main libre de Hyunjin se positionna naturellement sur la taille de Seungmin. Quant à celle de ce dernier, il la posa en conséquence que l'épaule de Hyunjin. Leur danse démarra bien assez vite, et leurs deux corps semblaient en parfaite harmonie.

« Tu ne devrais pas me laisser une aussi grosse occasion de parler d'à quel point tu étais beau dans cette robe, au bal. »

Que Hyunjin ait été aussi marqué par cette robe, c'était parce que sa beauté dépassait toute espérance. Son col ainsi que ses manches transparentes, qui laissaient voir sa peau, étaient beaucoup trop séduisants. Mais ce n'était pas tout. Le volant qui suivait la ligne de col était sublime également, et séparait bien le blanc éclatant de cette robe au noir du corset qu'il portait sur par-dessus.

Quant aux détails en dentelles, ça l'avait fait tomber. Les bijoux en or ajoutaient un charme en plus, Hyunjin en rêvait encore maintenant. Mais il était sûr d'une chose, si cette tenue était aussi belle c'était en partie car le corps et la morphologie de Seungmin la mettait parfaitement en valeur.

Il aimerait le voir de nouveau dans cette tenue, il en rêvait même.

« C'est plutôt une occasion de me draguer, non ?

— Je dois bien rattraper les jours perdus tu ne crois pas ?

— Je sais pas si tu auras le temps de tout rattraper, avoua-t-il.

— C'est pas grave. Le bal me suffit. Maintenant que tu as accepté de danser avec moi, je vais pouvoir faire ce qui était prévu depuis plus longtemps. C'est-à-dire te faire...

— Te faire une déclaration plus proprement ?, devina-t-il. »

Hyunjin s'étonna.

« Comment tu...

— Je ne me fais pas avoir deux fois.

— Peu importe. Alors, tu veux bien que je te fasse une déclaration officielle ?

— Non, non, il secoua la tête, Tu ne peux pas faire ça. Si tu n'as pas réussi pendant le bal, c'est sûrement un signe. Contente-toi de danser avec moi pour le moment.

— Quoi mais... Comment est-ce que je suis censé simplement danser avec toi ? »

Seungmin souffla, en redécouvrant le côté toujours insatisfait de Hyunjin. Ce n'était pas facile à vivre, et pourtant sur le moment ça le rendait si heureux.

C'est donc sur un coup de tête qui s'approcha rapidement de Hyunjin pour poser un très chaste baiser sur ses lèvres pulpeuses. Un sourire de victoire trônait sur son visage en voyant les joues de son amant d'une nuit virer au rouge.

« Prends ça comme une compensation. Pour te faire attendre. »

Puis il ajouta, sur le même air fier et amusé.

« Tu devrais dès maintenant réfléchir à une nouvelle déclaration. Et moi, je vais réfléchir à la façon dont je vais accepter cette déclaration. Ça te va ? »

Les yeux écarlate de Hyunjin s'élargirent alors que les traits de son visage s'étiraient de surprise. Il cligna des yeux excessivement, et Seungmin ne put que s'amuser de le voir ainsi.

" Est-ce je suis en train de rêver ? "

Seungmin ricana à l'entente d'une telle question puis il se pinça les lèvres pour réprimer son rictus.

« Non. C'est bien réel. »

Malheureusement pour eux, leur journée arriva à son terme peu de temps après. Peu avant que les douze coups de minuit ne résonnent, ils avaient tous deux rejoint la sobre et vaste chambre de Seungmin. Hyunjin était tombé de sommeil à la seconde où sa tête avait rencontré le coussin. Cependant, vu le nombre d'heures depuis qu'il était éveillé, ça n'avait rien de surprenant. Pour Seungmin bien sûr, le sommeil ne lui était pas venu aussi facilement. Peut-être que la sieste qu'il avait faite plutôt avait complètement gâché sa nuit, ou peut-être voulait-il être conscient et présent, quand minuit s'affichera sur l'horloge. Car après ça, peut-être que tout sera différent. Il pourrait alors faire ce qu'il voulait faire depuis si longtemps, qui sait.

Toutefois, il y avait bien une chose dont il était certain. Il ne souhaite pas, et ne souhaiterait jamais oublier ces derniers mois. Même s'ils s'étaient écoulés dans la douleur, il ne voulait pas remplacer ces mois par le bon souvenir d'une journée comme celle qu'il venait de se passer. Il n'avait aucun intérêt à oublier la peine qu'il avait ressenti. Il voulait s'en souvenir, tout ce que ça lui a coûté n'avait été vain.

Debout sur le balcon, profitant de la belle vue sur les étoiles qu'il avait, il attrapa son téléphone de sa poche. Il ne restait plus que cinq minutes. En voyant que Minho avait répondu au message qu'il lui avait envoyé un peu plus tôt, il sauta sur la notification.

Jisung va bien, pourquoi cette question ? Et puis, pourquoi tu n'as pas répondu à mes massages ? Où est-ce que vous êtes ? Jisung et Chan se font un sang d'encre pour vous. Et puis tu voulais pas éviter Hyunjin à tout prix ? Je ne te comprends vraiment pas, Seungmin.

Il prit la sage décision d'ignorer le message, il n'avait pas la patience de tout lui expliquer dans les détails. Il savait tout ce qu'il voulait savoir, et ça lui allait parfaitement. Jisung allait bien. Seulement il ne pouvait pas se réjouir maintenant, il avait peur de le faire. Tant que cette journée n'était pas arrivée à son terme, il ne se relâcherai pas. Il avait porté un tel fardeau et gardé le secret si longtemps, alors pourquoi ces quatres minutes semblaient être aussi longues ? La seule chose qu'il pouvait faire depuis son balcon, c'était de regarder l'aiguille de l'horloge, illuminée par la lune, tourner. Son rythme augmentait au fur et à mesure du temps.

Il était effrayé. Plus que jamais. Et quand le son de l'horloge atteint ses oreilles, il tomba à la renverse, alors que tous les muscles de son corps se contractaient dans la douleur.

Il l'avait fait. Il venait d'échanger sa plus grosse souffrance psychologique, son plus gros regret, contre la pire douleur physique qu'il était possible de ressentir. Il avait tellement mal, c'était comme si son corps était en train de se faire déchiqueter. Pourtant son visage était orné d'un sourire. Il avait finalement tenu cette vieille promesse, celle qui l'empêchait de dormir chaque nuit. Mais maintenant une autre question planait ; contre quoi ?

yo c'est nora avec un chapitre particulièrement tôt cette fois !

la première chose que j'ai à dire c'est joyeux anniversaire Anemone's Heart, parce que ce livre a officiellement 1 an <3 Je l'ai déjà dis sur Instagram mais ça ne m'empêche pas de me répéter !

j'ai plusieurs petites annectodes sur ce chapitre, comme le fait que je l'ai écrit avant le chapitre 29, ou que j'ai dû supplier eden pour glisser un petit bisou seungjin. j'espère qu'il vous plaît, parce que c'est sûrement à partir de maintenant que les choses sérieuses commencent.

à une prochaine fois pour le chapitre 33 qui risque d'être particulièrement éprouvant 😊