𝑨𝑫𝑶𝑵𝑰𝑺
꒷꒦ 𓄹 ࣪ ˖
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐓𝐑𝐄𝐍𝐓𝐄-𝐓𝐑𝐎𝐈𝐒
𝑨𝑫𝑶𝑵𝑰𝑺
Un week-end de rêve était arrivé à sa fin, tout comme le tournoi l'avait fait un peu plus tôt et depuis que leurs quotidien à l'académie avait redémarré, Jisung se sentait rassuré. Ses blessures étaient quasiment guéries, et il avait pu retrouver les bras de Félix, qui même si on ne le remarquait pas, lui avait bien manqué. C'était d'ailleurs totalement réciproque, la preuve était que le chaton avait insisté pour dormir blotti dans les bras de son mage jusqu'à ce que l'odeur du Prince disparaisse totalement de son corps, laissant place à son odeur florale habituelle.
En fait, cette semaine paraissait si paisible que c'en était presque étrange. Jisung s'était remis de la frustration de ne pas avoir gagné le tournoi, Félix se réjouissait d'avoir plus de temps avec son mage, Chan, Shanna et Jeongin restait éternellement optimiste et surtout, Hyunjin n'avait jamais été aussi heureux. Tout le monde avait eu vent des derniers événements entre le bibliothécaire et le demi-furet, même Gabriel, et ils avaient eu du mal à y croire. Ou plutôt, certains n'y croient toujours qu'à moitié. En même temps, c'était si soudain, si irréel. Du jour au lendemain, Seungmin avait ouvert son cœur. Ça restait timide, il tenait à garder un éloignement entre lui et Hyunjin. Pas parce qu'il n'était pas près, lui l'avait toujours été, mais simplement pour se rassurer. Pour se dire qu'il n'avait pas échoué dans la mission qui lui avait été remise.
Hyunjin, lui, s'en moquait pas mal. Parce que même s'il restait quelques barrières à franchir, tout était différent. Seungmin ne l'évitait plus, il conversait de temps en temps avec lui. Sa voix était toujours douce, remplie d'honnêteté et ses yeux brillaient d'une certaine ambition, celle qu'il avait depuis le début mais qu'il avait été obligé de cacher. Il souriait plus, aussi. Il se méfiait moins, se détendait mais étrangement qu'en présence du furet et de Jeongin.
Enfin, Seungmin était toujours détendu en présence de son familier. Rares étaient les moments qu'ils passaient ensemble, même si ces derniers temps cela semblait changer, mais Jeongin et Seungmin était plus proche que ce que les autres pouvaient penser. Leur relation, elle était basée sur l'écoute. Seungmin écoutait Jeongin parler de ces interminables journées, et Jeongin écoutait Seungmin raconter des anecdotes sur le prince et le garde. Il l'écoutait lire l'un de ses livres, de temps à autre. Le fennec se sentait étrangement à l'aise en compagnie du bibliothécaire, c'était même un sentiment similaire à celui qu'il avait dans les bras de Chan. C'était comme s'il le connaissait déjà, depuis longtemps. Seungmin le connaissait comme le trou de sa poche. Il savait à quel point le fennec adorait recevoir des papouilles dans les cheveux, comment les bruits trop fort l'hérissait.
Il ne voyait pas Seungmin en tant que grand frère comme avec Chan, ni en tant que meilleur ami comme avec Hyunjin. C'était quelque chose d'encore plus flou, presque maternel, mais en tout cas c'était une relation précieuse. Quelques fois, quand Seungmin se perdait dans ses récits, il trouvait un moyen de parler de Hyunjin. Il parlait de lui, de ces yeux, de ces mimiques, de ces habitudes, et de tout ce qu'il pensait de lui. C'était les seules fois où il se confiait à son sujet, et Jeongin se contentait de l'écouter. Pas une fois, et ça ne lui était même pas passé par l'esprit, l'avait-il répété aux autres. Il en mourrait quelque part d'envie, mais il n'oserait jamais. En l'entendant exprimer tous ces sentiments, Jeongin avait compris que l'amour que Seungmin portait envers Hyunjin était incommensurable. Ça le faisait rire, étrangement, tous ses proches confiaient leurs aventures amoureuses dans ses oreilles. Pourtant Jeongin n'était pas le plus apte à les conseiller, mais c'était comme ça. Il avait quelque chose de réconfortant, peut-être.
En fait, cette semaine, leur groupe s'était soudé. Tous ensemble, ne laissant à l'écart ni Shanna, ni Gabriel. Un rapprochement que tout le monde avait su accueillir à bras ouverts, malgré un petit détail qui n'avait échappé à personne. Le séjour du prince de Celosia arrivait à son terme, et ils devraient tous lui dire au revoir sous peu. Après tout, sa présence ici ne pouvait pas s'éterniser. Une alliance entre Astrantia et Celosia étant maintenant assurée, il ne pouvait pas rester ici et décliner ses obligations en tant que prince.
Il partirait le vendredi soir, s'arrêterait à Kale pendant un moment, et rentrerait officiellement à Celosia dans quelques petites semaines. Alors ils s'étaient tous mis d'accord, que vendredi après les cours, ils sortiraient une dernière fois avant le départ du prince. Ils s'étaient rejoints dans les jardins de l'académie, dans une aire reculée pour se reposer, avec des tables à leur disposition. Le ventre gourmand de Félix avait réussi à convaincre Jisung de ramener quelques encas à déguster. Et visiblement, Chan avait eu la même pensée. C'est ainsi qu'ils s'étaient retrouvés à dix autour de la même table, Félix installé sur les genoux de son mage pour laisser un peu plus de place aux autres. Les sujets de conversations étaient aléatoires, et ne restaient jamais les mêmes plus de cinq minutes. On pourrait croire qu'une conversation à dix était compliquée à entretenir mais avec eux, tout était naturel.
« Mais Gabriel, qu'est que tu vas faire à Kale ? »
La question que le plus jeune de leur groupe attira l'attention de tous sur Gabriel, qui sembla réfléchir lui-même à la question après avoir attrapé un bout de fruit à l'aide d'un pique.
« Honnêtement, je sais pas vraiment. Maintenant qu'une alliance entre Celosia et Astrantia va être établi, ça paraît plutôt naturel que le courant passe bien avec Kale aussi, expliqua-t-il assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre, Mon père, le roi, a tenu à ce que j'y fasse un tout petit détour. En fait, on aurait bien besoin de leur nouvelle technologie. »
Tous acquiescèrent, après tout cela paraissait être le plus logique. La technologie de Kale, tout le monde voulait l'obtenir parce que personne n'avait réussi à la reproduire. Malheureusement, mis à part Astrantia et Nemesia, aucun autre pays n'y avait accès.
« Alors pourquoi ne pas aller à Nemesia, aussi ?, questionna la petite voix innocente de Félix, qui fit ricaner quelques-uns d'entre eux.
— Parce qu'ils ne me laisseraient pas rentrer !
— Quoi ? Pourquoi ?, renchérit-il. »
Après tout, ça ne faisait qu'un court moment que le chaton avait mis les pieds à Astrantia. Et mis à part Wisteria, son pays natal, il ne connaissait rien aux autres pays. C'était plutôt tabou de parler de ça avant, alors ils n'avait malheureusement jamais eu l'occasion d'en apprendre plus sur les situations des autres pays.
« Nemesia, ce pays... Il est décalé de tous les autres, commença Gabriel, Déjà, ils n'utilisent pas la magie. Ou presque pas. »
Les yeux de Félix s'écarquillèrent de surprise, ne pas utiliser la magie ? Ça paraissait étrange dit comme ça, mais surtout intéressant.
« Hein ? Alors comment font-ils ?
— Ils utilisent des sorts. Ils vont pousser des plantes, créent des potions, intervint Minho, Tout ça pour pallier leur taux de magie bien plus faible que la normale. Ça leur a porté préjudice pendant très longtemps, parce qu'ils n'arrivaient pas à se développer comme les pays voisins. Mais maintenant, ils s'en sortent. Très bien, même. »
À l'entente d'une telle nouvelle, Félix ne put que se réjouir. Après tout, s'il devait y avoir un des dix qui était bien renseigné sur les sorts et les potions, c'était bien Félix. Il préférait ça à la magie brute, parce qu'il n'était pas limité à son unique pouvoir. Dis comme ça, il aimait bien ce pays, Nemesia. Mais il ne comprenait toujours pas pourquoi ils ne laisseraient pas Gabriel rentrer.
« Et alors ? Ça n'explique pas qu'on ne puisse pas y entrer...
— Ils sont très méfiants, continua Minho, qui avait sûrement le plus de connaissances sur le sujet, Les frontières sont fermées. Pour te dire, leurs seuls liens internationaux sont Astrantia et Kale. Même si avec Kale, rien n'est encore décidé. Ça leur a pris un temps fou pour envisager une alliance avec eux, alors pour tout mettre en place ça sera encore pire. Ils prennent leur temps, et c'est très bien comme ça.
— Pourtant ils ont bien fait alliance avec Astrantia ?
— Oui. Mais ne crois pas que ça été facile. Et en plus, notre alliance, elle est toute récente. Elle a à peine quinze ans.
— Qu'est-ce qu'il les a convaincu de vous faire confiance ? »
Un sourire se dessina sur les lèvres de Minho, rendant les neuf autres curieux.
« La Reine. Elle s'entendait bien avec celle de Nemesia. Et elle a conquis le cœur de tous ses habitants. »
L'étonnement put se lire sur quelques visages à la mention de la reine et Jisung lui, sourira. Depuis quelque temps ce sujet revenait toujours, et ça ne montrait qu'une chose, la confiance assez importante que Minho leur accordait à tous pour leur partager le sujet qu'il lui était le plus sensible. Même Changbin et Seungmin n'en entendaient pas souvent parler, à vrai dire. Ils ne l'avaient pas connu non plus, parce qu'ils avaient justement rencontré Minho quelques mois après la mort de cette dernière. Mais ils n'avaient pas besoin de la connaître pour savoir qu'il s'agissait d'une personne au grand cœur, et au charisme indéniable.
Le sujet de discussion fut modifié peu après ça, parce que chacun ignorait la limite à ne pas dépasser, ou s'il avait le droit même d'être curieux. Minho avait laissé les choses coulé, même plutôt reconnaissant que personne n'ait essayé de mettre son nez dans cette histoire. Il n'avait pas de soucis à parler de sa mère, mais il n'aimait pas quand les gens se focalisaient plus sur sa tragique mort que sur ce qu'elle a pu accomplir de son vivant. Le roi lui-même était comme ça, et rien ne l'irritait plus.
Jisung fut ravi de voir le prince d'Astrantia participer davantage à la discussion. Parce que si tout le monde se portaient parfaitement bien cette semaine, Minho était l'exception. Il n'était pas triste ou en colère, mais semblait simplement confus. Comme s'il venait d'apprendre quelque chose de troublant. Jisung n'avait bien sûr pu que l'épauler en silence, si jamais le roux voulait lui en parler il le ferait. Toutefois en compagnie de tous les autres, il avait l'air de, pendant un instant, oublier ses tracas.
Écoutant Shanna faire part d'une de ces nombreuse anecdote comique, Hyunjin qui était placé justement face à elle, se permit de saisir de sa main droite un amuse bouche parmi tant d'autre. L'histoire de la jeune femme devait être bien trop passionnante sans doute, parce que le demi-furet ne donna qu'un léger coup d'œil à la douceur sucrée qu'il avait attrapé avant de l'amener en direction de sa bouche. Cependant, le stoppant net dans son action, la voix nasale qu'il pu reconnaître s'exclama.
« Qu'est-ce que tu fais ?, dit-il contrarié. »
Tous, sans exception, se tournèrent vers Seungmin, qui venait de couper Shanna dans son récit. Aucun ne semblait vraiment comprendre ce qu'il se passait, mais en voyant comment Seungmin regardait Hyunjin avec un regard concerné, ils comprirent que c'était à lui que le bibliothécaire s'était adressé.
Après avoir posé cette question, il retira immédiatement l'amuse bouche des mains de Hyunjin, qui lui ne put que le regardé, incrédule.
« Il y a du raisin là-dedans !, rajouta-t-il. »
Et visiblement, l'information arriva au cerveau de Chan en premier.
« Mais oui, j'avais oublié de te prévenir !, dit le second plus âgé à l'intention de Hyunjin, Tu es allergique aux raisins pas vrai ? Punaise je m'étais fais la remarque de pas oublié mais au final... Désolé. Vu que Jisung adore le raisin, je me suis dit que c'était une bonne idée de ramener ça... »
Toujours sous le choc, Hyunjin se contenta de rassurer son ami machinalement, lui assurant que ce n'était rien.
Le léger incident n'avait pas attiré l'attention de Hyunjin seulement, bien au contraire. Et en sentant les regards sur lui, Seungmin se rendit compte de sa bêtise. Il se pinça les lèvres, réfléchissant à un moyen de s'extirper de la situation.
« C'est... Jeongin. Il m'a mis au courant de cette allergie une fois alors je m'en suis souvenu. »
Heureusement, ils furent tous satisfaits de cette réponse et après quelques commentaires, la discussion reprit son cours comme si de rien était. Cette histoire était déjà oubliée par tout le monde, ou presque. Jeongin ne pouvait pas arrêter de regarder son mage avec insistance. Parce qu'étrangement, lui, ne se souvenait aucunement avoir mis au courant Seungmin de cette petite allergie.
Après des au revoir chaleureux, qui avait peiné chacun d'entre eux, le groupe s'était séparé avec le cœur fissuré. Dire au revoir à Gabriel n'aurait sûrement pas dû être aussi émouvant que ça mais malheureusement, ce dernier en avait rajouté une couche en précisant qu'il ne s'était jamais fais des amis comme eux, et qu'il penserait très fort à chacun jusqu'à ce qu'ils ne se revoient à nouveau. Félix lui avait fait juré de leur envoyé des lettres, et bien sûr le prince n'avait pas refusé l'offre en ajoutant que lui-même qu'il ferait plus attention à ses courriers, espérant en recevoir d'eux aussi.
Après ça, il était parti et pour de bon. Jisung et Minho s'étaient volatilisés peu après, sûrement pour aller se reposer au château. Changbin et Félix eux sont restés quelques minutes encore, à parler avec les cinq autres, avant de quitter les jardins à leur tour. Ils auraient bien prolongé leurs discussions, mais Changbin tenait à passer à l'accueil de l'académie avant que celle-ci ne ferme, juste pour vérifier qu'il n'avait reçu aucune lettre. Même s'il avait rendu visite à sa famille deux semaines auparavant, ça ne les empêchait sûrement pas de lui adresser quelques lettres, qui savaient toujours réchauffer son cœur.
Félix l'avait suivi sans broncher, une petite mine sur le visage que le prince n'avait sûrement pas remarqué. Ils arrivèrent à l'accueil en moins de cinq minutes, et alors que Changbin se renseignait, Felix se contenta de regarder ses chaussures et sa main entrelacés à celle de son amoureux, en retrait. Il se rapprocha du plus âgé, à la recherche de réconfort.
À chaque fois qu'il venait ici, le chaton ne pouvait pas s'empêcher de ressentir de la jalousie. Parce que lui, aucune lettre ne lui était jamais adressée. Ses parents, ils pouvaient prier jour et nuit pour les revoir, ou pour avoir de leurs nouvelles. Alors oui, c'était difficile de voir tout le monde entouré de gens qui s'inquiétait pour eux, alors qu'en dehors de l'académie, personne ne se souciait de Félix.
Il retint un soupir, alors que l'homme de l'accueil était parti chercher la fameuse lettre que Changbin avait finalement reçue. Ce dernier profita d'ailleurs de l'attente pour se retourner vers son chaton.
« Ça va ?
— Hm. Ça va, le rassura-t-il en lui lançant un regard. »
L'autre homme revint pile poil à ce moment, les mains remplies.
« J'en ai profité pour récupérer une lettre qui a été adressée à Lee Félix, expliqua-t-il et le demi-animal releva la tête avec confusion et choc, Tenez ! »
L'homme remit les deux lettres au couple, et après avoir murmuré un au revoir, ils sortirent du bâtiment. Changbin aurait pu le guider n'importe où, et Félix n'aurait pas remarqué. Il était bien trop occupé à observer la lettre dans tous ces recoins, sans détourner les yeux. Il était dans un état de choc complet, recevoir une lettre était la chose à laquelle il s'attendait le moins. Et pourtant, derrière ce choc se cachait un bouleversement. De la joie, sans aucun doute. Surtout quand il avait pu décrypter le nom de l'auteur de cette lettre. Ce n'était peut-être pas sa mère, ni son père. Mais l'identité de cette personne lui faisait tout autant plaisir. C'était une lettre des mères de Changbin.
Le garde lui avait pu le comprendre plutôt facilement, et le temps qu'il ne rentre dans son propre dortoir, il avait préféré rester silencieux. Même dans l'ascenseur qui menait à son étage, il n'y avait aucun bruit. Changbin abordait un petit sourire, il se réjouissait pour son petit-ami.
Une fois entré dans le dortoir, Changbin posa ses affaires, retirant la cape de son uniforme pour la laisser traîner sur son canapé. Naturellement, il se dirigea vers sa petite cuisine pour préparer une tasse fumante de café. Sans sa dose de caféine, il ne survivrai sûrement pas. Il revint vers Félix pendant que la machine faisait couler le café, et le blond n'avait pas bougé d'un centimètre. Il se tenait toujours juste devant la porte, ses chaussures à peine retirées. Il avait déchiré la lettre avec empressement, et la lisait dans un silence. Un silence qui s'éternisa d'ailleurs un peu trop, assez pour que Changbin ne commence à se poser des questions.
Fort heureusement, au bout d'un moment, Félix montra enfin un signe de vie. Ses mains s'étaient mises à trembler, et bientôt, ce fut le cas de tout son corps. Changbin lui commença alors à paniquer, ne comprenant pas ce qu'il se passait. C'est à cette instant qu'un sanglot résonna dans tout le dortoir, et que le garde s'empressa de rejoindre son amoureux. Ce dernier le regarda avec les yeux rempli de larmes, et commença à sangloter bruyamment, alors que Changbin était le plus impuissant que possible.
« Félix... Pourquoi t-tu... »
Félix n'entendit sûrement même pas les paroles de Changbin tant ses pleurs étaient bruyants. Il s'était contenté de refaire tomber ses bras contre son corps, la lettre qu'il venait de lire toujours entre ses doigts. Il pleura, comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Pas de tristesse, non loin de là. Il était juste heureux. Vraiment heureux. D'être là à cet instant, d'avoir rencontré Changbin, de connaître un amour réciproque. C'était le moment qu'il avait choisi pour craquer, laissant le noiraud paniquer silencieusement.
Changbin ne savait ni quoi dire, ni quoi faire, et ça dura un moment. Il ne put que se coller à son petit ami, et essuya ses larmes en essayant, maladroitement, de le consoler en lui disant que tout allait bien. Il caressa ses cheveux avec des mains tremblantes mais malheureusement ce ne fut pas ça qui arrêta les larmes du plus jeune. Les seuls instants où les sanglots de Félix ne résonnaient pas c'était quand ce dernier reniflait un grand coup.
Ce schéma se répéta pendant cinq bonnes minutes, sûrement les pires minutes de la vie de Changbin, mais finalement les pleurs diminuèrent. Les manches de Changbin étaient maintenant inondées de larmes mais c'était le dernier de ces soucis. Les larmes se stoppèrent totalement qu'après cinq minutes supplémentaires, ne laissant plus que le visage au regard triste de Félix ses joues humides.
Changbin prit le visage du chaton entre ses deux mains, le regard toujours aussi inquiet. Il s'attendait à toutes les réactions possibles, sauf celle-là. Voir Félix pleurer, et aussi fort, c'était inhabituel. Il embrassa ses lèvres boudeuses, avant d'oser prendre la parole.
« Qu'est-ce qu'elles ont dit, pour faire pleurer mon chaton comme ça ? »
Se rappelant des mots inscrits sur la lettre, les yeux de Félix s'embuèrent de nouveau de larmes, et son nez se plissa, faisant retrouver à Changbin sa précédente panique.
« Non, non, il embrassa ses deux joues, Tu vas pas te remettre à pleurer, si ?
— Elles... Elles ont, il sanglota, Elles ont dit que...
— Que...?, il se regarda avec des yeux brûlant de curiosité. Si ses mères avaient osé dire quelque chose de déplacé, il ne pourrait sûrement pas le leur pardonner.
— Elles ont dit que je faisais partie de la famille, maintenant ! »
Félix ne lui laissa même pas le temps de procéder à ses paroles qu'il se réfugia dans ses bras, cachant son visage dans sa nuque alors que ses pleurs avaient repris cette fois-ci plus silencieusement. Changbin ne fit que serrer son corps fragile, les yeux dans le vide. Il était soulagé. Alors il ne s'agissait que de ça, hein ?
Cette fois-ci, Changbin prit place sur le canapé et assis de force le garçon de son cœur sur ses genoux. Ce dernier ne se fit pas prier, et reposa sa tête contre l'épaule du plus âgé, tout prêt de sa nuque. Le garde le berçait presque, caressait doucement son bras le temps qu'il ne se remette de ses pleurs intenses. Il n'avait pas imaginé que des paroles aussi banales avaient pu choquer autant le blond. Cependant, il comprenait mieux, maintenant. Félix avait perdu toute sa famille. Et même si ces amis l'entouraient, ça ne serait jamais la même chose. Les petits mots que les mères de Changbin avaient inscrits, avaient tout changé. Félix avait désormais un endroit où se reposer, où se confier. Et ça, c'était inestimable.
Après un moment, Félix prit la parole, sous le plus grand étonnement de Changbin. Il lui raconta l'intérieur de la lettre, lui expliquait que ses mères avaient promis de lui envoyer des lettres très souvent, et que Minjung aussi. Changbin l'écoutait avec attention, et bientôt, le Félix énergétique qu'il connaissait était revenu.
Il s'était décollé du corps de Changbin, sans pour autant changer de place, et lui offrit un beau sourire, encore plus beau que celui habituel. C'était fou, en le voyant comme ça, il était impossible de deviner toutes les larmes qu'il avait déversées.
« Et puis tu sais ce qu'elles ont dit aussi ? »
Changbin secoua la tête.
« Que je devais prendre super soin de toi !
— Quoi ? Pourquoi ?
— Parce qu'elles ont peur que tu ne réfléchis trop au premier match du tournoi, annonça-t-il. »
Changbin eut un mouvement de recul, cependant il ne fut étrangement pas surpris. Ses parents le connaissaient comme le trou de leur poche, il le savait. Et qu'elles fassent attentions à de si petits détails, ça lui faisait incroyablement plaisir. C'est vrai qu'il avait eu du mal à accepter cet échec, il le regrettait toujours mais la peine s'était atténuée avec le temps.
« Ah bon ? Et toi alors, tu acceptes de le faire ?
— Bien sûr ! Je prends déjà soin de toi, de toute façon, il caressa les cheveux ébène de son interlocuteur, Et je comptais pas arrêter, ça tombe bien. »
Le plus âgé ne lui répondit que par un sourire, et ce fut déjà amplement suffisant. Il n'y avait personne qui prenait plus soin de lui que Félix. C'était étrange, un tel sentiment, parce que le chaton était si rempli d'amour. Bien plus que Minho, Seungmin, ou quelques mauvaises rencontres qu'il avait pu faire. Alors bien sûr, Félix était terriblement égoïste et ce contre son gré, seulement il s'en moquait. Tant qu'il pouvait continuer à recevoir autant de son amour, ça lui suffisait.
« Tu penses qu'il reviendra bientôt ? »
Vagabondant dans l'un des nombreux couloirs du château, désormais familier de Jisung, se trouvait ce dernier accompagné de Minho. Dès que Gabriel leur avait adressé ses derniers au revoir, les deux s'étaient volatilisés en direction du château. Après avoir passé une après-midi à dix, un peu de calme était tout ce dont ils avaient besoin. D'autant plus que le prince n'étant pas totalement dans son assiette, Jisung avait préféré rentrer le plus vite possible.
« Gabriel ?, précisa Minho.
— Oui.
— Sûrement. Vous vous entendez si bien que ça ?
— Hm... »
Jisung sembla réfléchir à sa réponse un instant, oui il s'entendait bien mais c'était plus que ça.
« On s'entend bien c'est vrai. Mais j'ai envie qu'on soit encore plus proche.
— Encore plus proche ?, il fronça les sourcils, Moi je trouve que vous êtes déjà assez proche.
— Panique pas ! C'est juste que j'ai l'impression de ne pas avoir vu toute sa personnalité. Pas celle de prince, la sienne.
— La personnalité de prince ? Parce que tous les princes ont une personnalité différente à la vraie ? »
Jisung haussa les sourcils, se tournant vers Minho avec choc.
« Tu te moques de moi ? T'es le premier à avoir une personnalité de prince !
— Moi ? N'importe quoi..., nia-t-il.
— Ah bon ? T'as oublié comment tu m'en as fait voir de toutes les couleurs ?
— De quoi tu parles ? J'ai plus aucun souvenir de ça, moi. »
Minho détourna le regard avec dédain, faisant plus attention à là où il marchait. Jisung ne prit même pas la peine de rétorquer, totalement exaspéré par le comportement enfantin dont le prince faisait part. Après ça, le silence avait pris place. Ce n'était pas rare chez eux, au contraire les deux appréciaient les instants de silence où il ne faisait que profiter de la présence de l'autre. Toutefois, comme à chaque fois qu'un silence s'installait depuis le week-end dernier, Minho avait le regard vide. Son visage ne traduisait aucune émotion, et ça Jisung ne le supportait pas. Ça mettait une barrière infranchissable entre eux, parce que malheureusement le plus petit ne pouvait pas lire dans les pensées de son aîné.
Et vu comment Minho détestait partager oralement ses sentiments plus que tout, il ne pouvait que le regarder silencieusement. Du moins c'était ce qu'il avait fait jusque là. Parce qu'il ne savait pas du tout comment s'y prendre.
Mais cette fois-ci, quand Minho entra dans sa chambre sans laisser un regard à Jisung, le cœur de celui-ci en prit un coup. Il ne pouvait plus supporter la vue de son prince aussi perdu, même s'il avait peur de dire des choses qui pourrait le blesser ça serait sûrement mieux que de l'observer en silence, et surtout impuissement.
Il ferma la porte après lui avec douceur, et se retourna en déglutissant.
« Minho ? »
Interpellé, ce dernier se retourna enfin en direction de son amant. Et en constatant ces cheveux teint d'un éclatant turquoise, il fronça les sourcils. Ça le dérangeait, il ne supportait pas de voir Jisung avec cette couleur en sa présence. Parce que ça signifiait qu'il n'était pas totalement détendu, mais Minho ne voulait rendre Jisung inconfortable. C'était justement, le contraire.
« Oui ? »
Jisung sembla hésiter, il triturait ses doigts de stress.
« Jisung. Si t'as envie de me dire quelque chose, hésite jamais, ok ? Je suis près à écouter tout ce que tu as à me raconter.
— Tout ?, il osa regarder Minho. »
Peiné, le prince s'approcha du bleuté, lui attrapant les épaules avec douceur. Ses yeux étaient si inquiets, réchauffant quelque part le cœur de Jisung.
« Bien sûr. Tout.
— Alors ne me coupe pas, s'il te plaît.
— Je ne te couperai pas. Promis. »
Ça lui prit un peu de temps à se résoudre à prendre la parole, mais avec le réconfort de Minho, Jisung passa le pas.
« C'est que je..., il chercha les bons mots, Tu m'as toujours donné une épaule sur laquelle pleurer et maintenant que c'est à mon tour de le faire, j'échoue complètement. Ça m'énerve parce que je suis inutile. Je pourrais pas plus l'être, c'est frustrant j'essaye de te rendre tout ce que tu m'apportes mais je n'y arrive pas. Alors s'il te plaît, je sais que je suis peut-être pas le plus qualifié, mais parle-moi, admit-il, E-Enfin je te force pas du tout, si t'as pas envie je te forcerai pas. »
Il baissa la tête, le regard de Minho le brûlant.
« Je veux que tu saches que je suis là, autant que tu l'es pour moi. Désolé, peut-être que j'ai l'air de me mêler de ce qui ne me regarde pas, il osa relever la tête après un court instant de silence plantant ses yeux émus dans ceux de son amant, C'est juste que je t'aime. De tout mon cœur, vraiment, je t'aime. »
Aucun autre mot ne suivit. Jisung ne put qu'observer l'homme face à lui de ses yeux si anxieux, maintenir le regard était déjà une tâche colossale. Alors que Minho, lui, le regardait comme s'il regardait le mur, ses yeux brumeux et absents.
Les mains de Jisung étaient moites, mais sûrement bien moins que celle de Minho. Son visage était rouge, et ses pensées éparpillées mais jamais autant que celles de Minho. Son visage pourtant si impassible, cachait d'autres sentiments bien plus intenses.
Il cligna des yeux excessivement, retenant les larmes qu'il n'avait jamais laissées couler auparavant, puis dans le même silence l'encercla de ses bras. Il serrait son corps comme il avait l'habitude de le faire, néanmoins cette embrace étaient différentes de toutes les autres.
« Moi aussi.... Moi aussi je t'aime Jisung, à en mourir. »
Jisung se figea, et Minho et recula. Il tenta d'établir un contact visuel, en vain. Ses mains tremblaient, ses yeux se baladaient dans toute la pièce, sans rester sur le visage du plus jeune plus d'une seconde. Les mots se bousculaient dans sa tête, sans vouloir former une phrase. Tant de sentiments, tant de choses à partager, bloquer dans sa gorge, sans moyen de sortir. Il essayait, il essayait vraiment. Il voulait lui chuchoter à quel point sa présence le rassurait, comment son cœur battait quand il était là, la façon dont il serait près à décrocher la lune pour lui. Il voulait lui expliquer comment, en quelque mois, il était devenu le soleil de son système, que tous ses choix, tous ses agissements et toutes ses paroles étaient dictés par lui. Tout ça, était cadenassé dans sa trachée, parce qu'il n'arrivait pas à aligner tous ses sentiments.
« Quand... Quand je te dis que rien ne peut me détourner de l'amour que je te porte, j'rigole pas, de ses mains tremblantes il saisit celles de Jisung, Jamais, rien, ne me détournera de cet amour, il buta sur quelques mots, réfléchissant sans cesse à ce qu'il allait dire après, Et je suis désolé, v-vraiment vraiment désolé. Je suis même pas capable d'aligner trois mots mais c'est tellement... tellement grand. Les mots pourront jamais exprimer à quel point je tiens à toi. J'essaie de m'ouvrir, mais c'est tellement dur. T'es pas inutile, je te le jure. La seule chose que je demande, c'est que tu restes là. À mes côtés. Tu m'aides tellement plus que ce que tu pourras jamais pensé... »
Ses mots se mélangèrent, se répétèrent. Ses yeux fuyaient, son corps était en ébullition. Il avait chaud, il faisait chaud. Le noeud dans sa gorge ne s'était toujours pas dénoué, mais il essayait. Et tous ses mots, il venait du plus profond de son cœur et étaient remplis de la plus grande honnêteté.
« Putain Jisung si tu savais... Je t'aime plus que la raison. »
Lorsqu'il parvint enfin à poser ses yeux sur la figure de Jisung, il put enfin voir et constater. Le flot de larmes qui coulait le long de ces joues, touché par tout ce qui lui avait été partagé. Il pleurait parce qu'il était reconnaissant d'être aimé aussi fort, et qu'il était rassuré de ne pas être le seul dans ce cas.
Et Minho le regarda. Les lèvres pincées, il n'était toujours pas satisfait. Son cœur battait toujours aussi vite, et il ne se calmerait pas. Pas avant qu'il ne fasse parler tout ce qui tournait dans sa tête. Jisung, en le voyant de cette façon, il n'eut pas de mal à comprendre. Il n'avait besoin que d'un regard.
« Est-ce que je peux-
— Oui, le coupa-t-il, Oui tu peux Minho. Je t'en prie, embrasse-moi. »
Sans attendre un instant de plus, le prince s'exécuta. Il fit ce qu'il savait le mieux faire, ce qui exprimerait son amour bien mieux que des mots pouvaient le faire. Il mit ses lèvres contre les siennes, ses mains caressant la morphologie de son corps et Jisung le serra aussi fort qu'il ne le pouvait. Un goût salé se mélangeait à leur baiser, mais ça n'avait pas d'importance. Le plus important, c'était l'amour si fort qu'ils entretenaient. Les mains de Minho trouvèrent un moyen de se frayer un chemin sous les vêtements du rosé comme il avait l'habitude de le faire, et alors il frôla son corps marqué. Jisung pouvait sentir des frissons prendre possession de tout son corps, mais Minho ne s'arrêta pas. Il passa ses doigts sur chaque trace de son dos, et ses mains embrassaient quelques fois sa taille. Entre ses mains, Jisung était certain. Il ne pouvait pas être plus aimé.
Minho avait tenu Jisung dans ses bras de longues minutes durant. Il ne l'avait pas lâché une seule fois, et avait laissé les actions parler à la place des mots. Et Jisung, lui, ne s'y était pas opposé, se laissant bercer par son embrace. Ils n'avaient pas beaucoup converser, les seuls mots qui avaient filé étaient de nombreuses déclarations que Jisung avait dédié à Minho, déclarations par lesquelles il répondait par des baisers. Il lui apporta toute l'attention du monde pour la simple et bonne raison qu'il ignorait quand sera la prochaine fois qu'il en aura l'occasion.
Le cadet n'avait toujours pas totalement saisi les raisons derrière un comportement si soudain, mais pas une fois il n'avait posé de question. Il avait laissé son cœur se remplir d'amour, celui qu'il portait pour Minho.
Seulement, lorsque le soleil commença à se coucher pour de bon, ils avaient dû se détacher. Se résoudre à le faire avait été compliqué, mais les deux savaient. Jisung ne pourrait pas rester ici ce soir. Pas par manque d'envie, certainement pas. Mais Jisung avait pu voir dans les yeux de Minho qu'il reviendrait vers lui quand il aurait réglé toutes ses affaires. Et quand il reviendra, Jisung ne le lâcherai plus. Adonc, le rosé était parti, laissant le prince seul avec la fraîcheur de ce début de soirée. Il ne s'était pas éternisé dans sa chambre après ça. Il devait faire ce qui tournait dans sa tête depuis presque une semaine. S'il s'était décidé seulement maintenant, c'était sûrement grâce à Jisung. Il s'était rendu compte que maintenant qu'il avait accès à toute la vérité, il fallait saisir l'occasion. Pas pour lui, pour Jisung et sa sécurité.
Le roi ne parlait jamais du passé. C'était comme si ça n'était jamais survenu, et que la vie avait commencé aux huit ans de Minho. Et bien lui, le prince lui, ne s'était jamais posé de question. Même si il était sûrement le seul à perpétuer le souvenir de sa mère, il n'avait jamais fouillé dans tout ça. Et il n'en avait aucun souvenir, non plus. Sa petite enfance était quelque chose de flou pour lui, encore plus que ce n'est censé l'être. Il n'était pas intéressé par savoir de quoi était composée sa vie d'avant, enfin ça c'était avant qu'il n'apprenne que Jisung faisait partie de cette vie.
Cette nouvelle l'avait retourné. Ça l'avait empêché de dormir, mais ça ne l'avait pas attristé. Ça avait plutôt attisé sa curiosité. Il se demandait pourquoi son père lui avait caché cette information, et surtout pourquoi il avait perdu si soudainement contact, comme si de rien n'était.
Il avait réfléchi, à où pouvaient sommeiller autant de secrets, ceux du passé. Il doutait que son père ait pu se débarrasser de tous les souvenirs du passé, même s'il l'aimerait, il n'en était sûrement pas capable. Toutefois, la question était où est-ce qu'il avait rangé tout ça ? Quelle était la cachette que Minho n'avait pas trouvé toutes ces années ? Il avait pensé aux archives, mais à part toute la paperasse qu'il s'y trouvait, aucune trace de quelconque dossier intéressant. Ce n'était sûrement pas dans le bureau du roi non plus, il n'aurait laissé des souvenirs douloureux autant à porter. Mais alors si ce n'était pas dans ces endroits, Minho était à court d'idées. Il errait dans les couloirs du château, réfléchissant à une pièce, ou un lieu. Un endroit sceller, où tous ces souvenirs pourraient être enterrés. Un endroit où tout pourrait être oublié.
Et alors, ça le frappa. Ça arriva dans son esprit sans crier gare, et pourtant c'était rempli de sens. Si ça ne se trouvait pas là-bas, ça ne pourrait être nulle part. Il se précipita dans une pièce bien précise. Elle était plutôt à l'écart des autres, la dernière porte d'un long couloir, un lieu oublié de tout le monde. Tout le monde, sauf Minho.
Son père lui avait déjà interdit de s'y rendre plusieurs fois dans son enfance, sans pour autant faire quoique ce soit pour en bloquer l'accès. Alors bien sûr, Minho avait transgressé les règles de son père. Ce n'était pas une pièce inconnue pour lui, il s'y rendait lorsqu'il avait besoin de réconfort. Seulement, ça devait bien faire des semaines qu'il ne s'y était pas rendu. Pas parce qu'il n'avait plus besoin de ce réconfort, juste parce qu'il le trouvait maintenant dans les bras de quelqu'un d'autre.
Il n'hésita à appuyer sur la poignée, et quand il entra dans la pièce, une vague de nostalgie le prit. Il était sûr, c'était l'endroit parfait pour enterrer le passé.
La pièce était remplie de toiles. Plus ou moins petites, mais chacune avait un charme. Certaines d'entre elles étaient accrochées sur le mur, mais la majorité était posée au sol, ou sur des piles de carton. Et puis, trônant au milieu de la pièce, un chevalet. Une toile était entreposée dessus, mais elle restait inachevée. Minho n'avait pu jamais s'en assurer, mais au vu de la petite figure dessinée sur la toile, il se doutait que cette peinture, elle aurait dû le représenter lui.
Comme à chaque fois qu'il posait un pas dans cette salle, Minho crut voir la magie circuler dans la pièce. Celle de sa mère, celle qui n'avait jamais disparu. Il eut l'impression que la pièce était encore remplie de sa présence. Mais tout ça, ce n'était qu'une illusion. La reine était décédée, même si sa magie ne s'était jamais dissipée. Il s'avança, s'assurant de fermer la porte après lui et il observa son entourage comme si ce n'était pas la centième fois, comme s'il ne connaissait pas déjà toutes les œuvres de la pièce par cœur.
Cette pièce, c'était là où l'on avait entreposé toutes les affaires de la reine après sa mort. Quand il était petit, Minho n'habitait pas au château. Ses parents non plus d'ailleurs. La raison, c'était que tous les artifices de la royauté mettait trop mal à l'aise la reine. Il lui fallait quelque chose de plus petit, qui inspirait plus la maison. Et fou d'amour, le roi n'avait même pas essayer de lui faire changer d'avis. Ils avaient déménagé dans une plus petite maison, pas très loin d'Oxaris.
Puis quand elle mourut, son père et lui étaient retournés dans le château. Parce que le nid d'amour était trop rempli de souvenirs douloureux. Ils avaient rempli cette pièce de ses affaires, puis n'y étaient jamais retournés. Pour essayer d'oublier. Minho comprenait maintenant que tout ça, c'était trop douloureux pour son père. Sceller tout ça était son moyen de passer à autre chose, mais Minho n'était pas d'accord. Il ne voulait pas agir comme si rien n'avait existé. Ça finirai par être plus affligeant, à la fin.
Prenant son courage à deux mains, Minho prit place sur le sol, face à tous ces cartons qu'ils n'avaient jamais osé ouvrir. Il avaient pris la poussière, et était toujours fermé, mais il en saisit un sans attendre. Ça lui faisait bizarre, de ressortir tout ça maintenant. Mais c'était sûrement le moment parfait, pour faire ressurgir le passé. C'était peut-être bizarre de chercher dans les affaires de la reine ce genre de choses, toutefois pour Minho ça coulait de source. La mort de la reine, son amitié avec la famille de Jisung, la présence de ce troisième enfant sur la photo qu'on lui avait remise, il voulait tout oublier. Tout effacer. C'est pour ça qu'il les avait enfermé dans ces cartons, pour qu'il n'est plus à s'en rappeler.
Si le roi voulait tout oublier, très bien. Mais qu'il ne prive pas Minho de la vérité. Lui à qui on avait arraché sa mère, et les personnes les plus importantes de sa vie. Il avait le droit de savoir.
Il ouvrit le carton sans plus attendre, le plus petit. Il ne l'avait pas choisi pour sa taille, c'était tout autre. C'était juste qu'il avait cru ressentir, pendant une milliseconde, une présence. La même que celle de Jisung. Ça lui avait paru logique, naturel même, de prendre le carton dans ses doigts.
Il osa poser les yeux sur le contenu du carnet, et en apercevant une couleur grise, il se figea. Un coup d'œil, c'était tout ce qui lui avait fallu. Pour qu'un flot de souvenir ne coule dans son esprit. Une peluche. C'était ce qu'il se trouvait.
Il l'a saisit avec hésitation, comme s'il était rempli d'aiguilles tranchantes, puis l'observa. Ce lapin gris, au nez turquoise et aux grandes oreilles, il se souvenait l'avoir traîné par tout. Il l'avait câliné toutes les nuits, avait séché ses larmes à l'aide de ses oreilles, et ne l'avait pas lâché d'une semelle pendant des mois. Et du jour au lendemain comme ça, il avait été oublié. Minho jusqu'à maintenant n'avait jamais remarqué son absence. De ses mains tremblantes, il tira l'étiquette qui dépassait du gros ventre douillet de ce lapin. Les secondes passaient au ralenti, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive des inscriptions. Deux mots, deux prénoms, deux couleurs. Une écriture tremblante, presque illisible. Jisung et Minho. Et le prince sentit son cœur faillir, presque autant qu'à l'instant où il avait découvert la photo dans le grenier de Jisung, c'était certain maintenant. Jisung et lui entretenaient une relation lors de leur enfance. Il pris un moment pour procéder à la trouvaille. En fait, la seule chose qui le motiva à regarder ce qui se trouvait d'autre dans ce carton, c'est cette même peluche qui l'avait bouleversé. Il l'a serra dans ses bras, comme avant, comme lorsqu'il avait besoin de réconfort. Elle était toujours aussi douce, et elle portait chaud. Comme dans les souvenirs qu'il venait de débloquer.
Quand il fut prêt, il baissa les yeux. Il fut accueilli par cadre, encore une photo de Jisung et Minho dans leur enfance mais cette fois-ci il n'y avait pas une troisième présence ailée à leurs côtés. Jisung avait les lèvres délicatement posées sur la joue du prince, et ses mains empoignaient son pantalon, sûrement pour surmonter sa timidité. Minho sourira, sachant pertinemment qu'il s'entendait déjà incroyablement bien lors de leur enfance. Après tout, peu importe le nombre de fois où Minho perdrait la mémoire, il tomberait pour lui à nouveau, encore plus fort que la fois précédente.
Il posa le cadre à ses côtés, avant de se reconcentrer sur ce qu'il restait. Des jouets, beaucoup de jouets. Aux couleurs extravagantes. Mais au milieu de ça, un étrange carnet. Il fronça les sourcils, sa couleur sombre faisait presque froid dans le dos. Il le saisit, mais du bout des doigts, étrangement quelque chose lui disait de laisser ce vieux carnet dans ce carnet et de ne jamais le rouvrir, tout comme son père l'avait fait avant lui.
Cependant, sa curiosité était plus forte. Surtout lorsque le titre 'Projet Anemone' trônait sur la couverture en majuscule, faisant Minho se questionner sur l'existence de cet étrange projet sorti de nulle part. Il eut un mouvement de recul, lorsqu'un petit papier tomba du carnet. Il le saisit du bout des doigts, étrangement effrayé, mais il ne trouva qu'une adresse inscrite. Cette adresse lui dit quelque chose, toutefois il prit la décision de mettre le papier de côté, préférant découvrir le contenu du carnet. Et justement, lorsqu'il l'ouvrit, son souffle se coupa. Parce que ce qu'il y trouva, ce ne fut pas l'écriture bancale d'un petit Jisung. Ni les dessins de sa mère. Ce qu'il y vu, c'était le chaos.
Les pages étaient déchirées, complètement froissées. Une bonne partie du livre avait été mise à feu, il le savait car les cendres en témoignaient. Il ne savait pas ce qu'il s'était passé, ni pourquoi ce carnet s'était retrouvé dans un état si pitoyable, mais en tout cas il semblerait que son propriétaire avait tenu à la destruction de tout ce qu'il contenait. Il tourna les pages, du moins ce qu'il en restait, la peluche toujours entre ses genoux. Il se disait que peut-être, une page avait été épargnée, et il avait raison. Il y en avait bel et bien une, ses coins étaient déchiré mais elle était en bien meilleur état que les autres. Quelques phrases y était inscrite et quand Minho les survola des yeux, quelques prénoms attirèrent son attention. Celui de ces deux parents, Aecha et Yejun, puis ceux des parents de Jisung, Hyojin et Jihae. Il y avait un autre prénom aussi, que Minho ne reconnaissait pas toutefois il ne prit même pas le temps d'y réfléchir.
Il prit un moment, avant d'entamer sa lecture. Parce que quelque chose lui disait, qu'après avoir lu ces pauvres phrases, tout changerait. Comment, il l'ignorait. Mais ce qu'il allait apprendre là, ça allait chambouler tout ce qu'il avait cru durant son enfance. Il déglutit, les mains soudainement plus moites en se rendant compte de ce qu'il avait sous les yeux. La cadence de son cœur avait augmenté, et il essaya comme il le pouvait de l'ignorer. Il prit une grande inspiration, puis plongea le nez dans les inscriptions.
L'écriture était éclopée et boiteuse, mais pas semblable à celle d'un petit Jisung. Les lettres rondes et non alignées, les traits instables n'étaient pas ceux d'un enfant qui venait d'apprendre à tenir le stylo. C'était l'écriture d'un adulte rempli de désespoir. L'écriture de quelqu'un qui venait de tout perdre, et qui ne pouvait pas crier toute sa douleur. Alors il l'écrivait, sur une page déchirée d'un cahier brûlé, espérant que jamais personne ne retrouve son déchirement. Puis Minho l'avait retrouvé, il goûtait au même martyre que son auteur, son esprit était en alerte tout comme cet auteur lorsqu'il avait inscrit ses mots tranchants. Il relisait les phrases encore et encore, en tentant de saisir toutes les informations. Seulement il n'y arrivait pas, pas parce que les phrases laquait de sens, mais parce que sa vision était floue. Il ne sentait plus ses jambes, plus ses bras. Juste son cœur qui battait tellement fort dans sa poitrine, et la vérité qui le perçait.
La magie noire, ça regorgeait de tellement de connaissances que, quand je la frôlait de mes doigts, j'avais l'impression d'être maître de toutes les lois. Alors quand j'ai rencontré Jihae, je n'ai pas hésité. Ces yeux brûlaient de passion lorsqu'on mentionnait la magie noire, bien plus que les miens. On a commencé à faire des recherches, on a trouvé des ouvrages interdits. C'était tellement plaisant, on a pas réussi à arrêter. Mais qu'est-ce qu'on pouvait faire ? Des lycéens avec toute la puissance du monde entre les mains, rien ne pouvait nous arrêter. Quand Arae nous a rejoint, il nous a montré la nouvelle technologie. Ça a duré des années, et j'ai cru passer les meilleurs moment de ma vie. Mais entre-temps, Ezra, le fils de Arae, est né. Un peu plus d'un an après, ce fut au tour de Minho. Et encore à un an d'intervalle, Hyojin a accouché de Jisung. Je crois que c'est là que tout à commencé à dégénérer. Le projet... C'est Jihae qui nous l'a proposé. On avait réuni les informations et les matériaux nécessaires, grâce aux ouvrages anciens sur la grande guerre. Arae, il n'était pas très d'accord mais il a accepté de nous aider. Lui avait compris, mais moi... J'ai commis les plus grandes erreurs de ma vie à cet instant là. Plus les mois passaient, plus Arae s'éloignait et plus Jihae commençait à perdre la tête. J'ai toujours vu les appels à l'aide dans les yeux de Hyojin, et pourtant j'ai préféré fermer les yeux. Parce que le projet avançait, et qu'on commençait à toucher au but.
Du moins, c'était ce que Jihae m'assurait. Il nous fallait quelqu'un, pour mener à bien le projet, pour nous servir de... de cobaye, en fait. Comment j'ai pu...
J'avais pas compris tout de suite, je ne comprends même pas comment j'ai pu être aussi aveugle. Mais quand Hyojin nous a supplié de nous occuper de Jisung pendant quelques mois... J'ai compris. Je jure, je le jure... j'ai essayé. J'ai arrêté de dormir à cause de la culpabilité, alors j'ai dit à Jihae que tout était fini. Que je quittais le projet Anemone. J'ai cru que tout allait rentrer dans l'ordre... J'ai cru que mes cauchemars allaient s'arrêter.
Mais maintenant, tout est vain, perdu. Aecha est morte. La magie noire, le projet, notre rêve commun. Ça ne sert plus à rien, j'ai du sang sur les mains. J'ai rendu Jisung à ses parents en sachant pertinemment ce qui l'attendait. Maintenant ça n'a plus d'importance. Je suis déjà responsable de la mort de Aecha, alors quelle différence ça ferait ? Arae aussi est parti avec Ezra, ils sont rentrés à Kale. Tout est fini. Je n'ouvrirai plus jamais ce carnet, je couperai les ponts avec Jihae. Ce qui peut arriver à Jisung m'importe peu, tout ce que je veux... Tout ce que je souhaite... C'est oublier. Et peut-être que le sang que j'ai sur les mains disparaîtra.
N'importe qui, dieu, ou les anges, voyez. Voyez comment j'ai essayé, comment j'ai bataillé. Et s'il vous plaît, pardonnez-moi. Pardonnez-moi toutes mes erreurs, pardonnez-moi de ne rien faire. Et comprenez, la seule chose que je souhaite est d'avancer en réussissant à trouver les bras de Morphée une fois la nuit tombée. Je demande clémence, parce que les regrets m'emporteront dans la tombe. Le projet Anemone est terminé.
Avec ma plus grande honnêteté, Yejun, roi d'Astrantia. Si j'en mérite le titre.
Les mots ancré dans son esprit, et la douleur marqué au fer blanc contre sa peau, Minho laissa échapper de ses mains le carnet dont il en savait maintenant le propriétaire. Et quand il rencontra le sol dans un bruit assourdissant, Minho eut l'impression que son monde s'écroulait de la même façon.
coucou, comment ça va ? 😊
ça fait trois semaines que j'ai pas posté j'espère que je vous ai manqué !
et comme vous pouvez le constater, je reviens en force 😃
j'avoue avoir pleuré une ou deux fois devant ce chapitre MAIS simplement parce que je me suis rendue compte que c'était la dernière vraie scène minsung que j'écrivais (du tome 1) et ça m'a rendue triste
bref si vous avez quelconque commentaires sur ce chapitre, ou quelconque émotions à extérioriser je vous en prie 😁
malheureusement je peux pas vous rassurer parce que le prochain chapitre fait partie du top 3 des chapitres les plus durs de anemone's heart ♥
y'a des chances qu'un bonus sorte dans pas longtemps, il affectera pas du tout le rythme de publication mais je préviens comme ça pour les intéressés !
à dans deux semaines !
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