Like Birds In The Sky.
Moment de la journée : après-midi ✓
Pièce de la maison : balcon ✓
Mots imposés : Bague ✓ Fourchette ✓ Lanterne ✓
Mots : 1 200 ✓
Like Birds In The Sky.
Sous les rayons du soleil, Leya se prélassait, laissant l'astre dévorer sa peau déjà teintée de celui-ci. Elle était appuyée sur le balcon attenant au salon, regardant la ville pétiller de vie. Elle se demandait où ils pouvaient bien trouver toute cette énergie, elle n'était même plus capable de suivre les lignes de son bouquin avec cette chaleur. Ses doigts collaient aux pages alors elle l'avait reposé sur la petite table d'un râle. Hana sirotait une citronnade bien fraîche dans laquelle elle avait ajouté quelques feuilles de menthe. C'était plus pour la forme que pour le goût, elle n'aimait même pas la menthe. En tout cas pas les feuilles.
Elle était étrange Hana, mais Leya l'aimait bien. Elle avait débarqué chez elle en début d'après-midi, sans prévenir, avec quelques pâtisseries qu'elle avait préparées elle-même. Elle avait toujours ce sourire élégamment joyeux collé au visage. C'est vrai qu'elle était jolie, avec ses allures d'ange. Parfois Leya doutait pouvoir l'atteindre tant elle semblait irréelle. Hana semblait si libre, et pourtant Leya était persuadée qu'elle portait en elle toute la peine du monde, sinon pourquoi se sentait-elle si triste lorsqu'elle la regardait ?
Leya n'était pas aussi souriante, elle pensait inutile de sourire si le cœur n'y était pas. Elle était persuadée que même si elle souriait à s'en déchirer les lèvres, elle n'apporterait pas autant de joie et de réconfort que son amie. C'était drôle, elle ne connaissait Hana que depuis quelques semaines et voilà qu'elles étaient là, toutes les deux, dans un silence qui en disait bien plus qu'elles ne l'auraient reconnu. Elles ne parlaient jamais beaucoup. Elles discutaient, mais ne parlaient pas vraiment. Elles se connaissaient sans se connaître. Tirer des informations personnelles de leurs discussions, c'était comme essayer de boire une soupe à la fourchette. Ça leur allait bien comme ça, elles n'avaient pas besoin de savoir exactement ce qu'il se passait dans l'esprit de l'autre. Leya l'appréciait parce qu'avec elle, elle ne se sentait pas coupable d'être qui elle était. Parce qu'avec elle, elle ne se sentait pas comme un fardeau, une anomalie.
Retournant à son fauteuil, elle prit le verre d'Hana pour en prendre une gorgée, le sien étant déjà vide depuis un moment. Hana avait rit en précisant qu'elles avaient indirectement échangé un baiser. En tout cas, c'était tout comme. Son rire sonnait comme une délivrance. Il procurait la même sensation qu'entendre le chant des oiseaux après une longue journée de travail. N'importe qui pourrait tomber pour elle, se disait Leya. Ah ça, pour tomber... Elle même était au bord du précipice. Il n'y avait qu'un pas à faire, si mince, si infime, pour qu'elle s'y jette corps et âme. L'emprise qu'avait ce petit bout de femme qu'était Hana sur elle était dangeureux, elle était bien consciente qu'elle pourrait la convaincre de sauter dans le vide avec elle d'un simple regard. Elle n'en savait pas tant que ça sur la jeune fille qui teintait son après-midi d'une joie remplaçant sa monotonie habituelle, mais elle n'en demandait pas tant. Tout ce qui importait c'était qu'elle pouvait respirer, à ses côtés, lâcher prise. Hana ne la forcerait jamais à parler d'elle ou bien a avoir un avis arrêté sur un quelconque sujet et ça lui plaisait.
Leya, elle, elle avait du mal à s'exprimer, alors la plupart du temps elle ne le faisait simplement pas. Mais pas une fois le châtaine n'avait pris son silence pour de l'impolitesse. Souvent, elle avait même tendance à continuer de parler de tout et de rien. Elle divaguait souvent, d'ailleurs. Ces pensées étaient des sortes de plumes qu'elle semait sur son passage, virevoltant au gré du vent.
Au fond, Leya aurait voulu pouvoir l'aider. Elle aurait voulu pouvoir la soulager de tous ces mots qu'elle avait l'air de taire depuis bien longtemps maintenant.
Tout ce qu'elle fit à la place, c'est décaler la table et cette stupide lanterne qui trônait en son centre pour rapprocher son fauteuil du sien. Il n'y avait pas de raison particulière, si ce n'est qu'elle voulait être plus proche d'Hana. Cette jolie jeune fille qui portait un intérêt tout particulier au ciel depuis quelques minutes. La brune se demandait ce qu'il pouvait bien se passer derrière ce regard brillant, presque envieux. Ce qu'elle avait sous les yeux était semblable à un oiseau en cage, à qui on aurait arraché les ailes pour être sûr qu'il ne détale pas malgré sa prison dorée.
Mais elle s'était levée, son éternel sourire aux lèvres. Elle se pencha sur l'acrotère tandis que Leya vint s'y accouder à ses côtés. C'était dangereux, elle aurait pu tomber à force de se balancer comme ça. Presque aussi dangereux que l'intrusive pensée qui avait germée dans l'esprit de Leya. Peut-être qu'elle se sentirait mieux si elle sautait. Elle s'en était voulu d'avoir pu penser ça, même une micro seconde. Comme si elle avait entendu son remord, Hana pointa une nuée de moineaux qui passait au-dessus de la ville agitée.
-Ils sont beaux les oiseaux, tu trouves pas ? Leya hocha la tête, déviant son regard des volatiles. Elle aurait bien voulu dire qu'elle était encore plus belle que les oiseaux, mais les mots restèrent coincés dans le fond de sa gorge. Ils sont libres.
Hana fit une pause pour descendre de la bordure du balcon. Leya la vit retirer ses chaussures puis libérer ses cheveux. Elle réalisa alors qu'elle ne l'avait jamais vue sans son éternelle queue de cheval reposant dans le bas de sa nuque, mais elle avait toujours ces mèches folles qui encadraient parfaitement son visage. Elle enleva son unique bijou, une bague argentée où deux anneaux s'entremêlaient, et la posa dans le creux de la main de la brune.
-J'en aurais pas besoin, là où je vais, sourit-elle. Prends en soin.
Elle s'était appuyé sur l'acrotère du balcon à nouveau, que sa compère n'avait pas quitté. Leya regardait la bague, elle en inspectait tous les angles. Elle s'apprêtait à la poser sur la table derrière elles lorsque la voix d'Hana retentit à nouveau, aussi légère que la brise.
-J'aimerais bien en devenir un, dit-elle en observant les cieux à nouveau, rêveuse. Un oiseau qui vole dans l'immensité du ciel.
Leya, à cet instant là, sentait qu'à tout moment Hana aurait pu se transformer en oiseau, elle aussi. La châtaine déploya ses ailes, comme pour mieux sentir le rare vent d'été. Vu comme ça, Leya pensait que, si elle le voulait assez fort, elle pourrait s'envoler. Elle se demandait quel genre d'oiseaux pourrait bien être son amie. Elle était petite et gracieuse comme un passereau. Quand elle se balançait, ses cheveux bruns baignés de soleil avaient la même couleur que le plumage d'une rossignol. C'était ça, elle aurait été un rossignol.
Finalement, Leya passa la bague à son doigt, puis leva sa main au ciel pour l'admirer. Alors qu'un doux sourire prenait place sur ses lèvres, l'autre jeune fille était de nouveau en train de se balancer, l'air serein. Elle était plus belle que jamais. Elle se tenait là, sans artifices, plus éclatante que le soleil lui-même en ce beau milieu d'après-midi, plus chaleureuse encore. Si elle avait eu le temps, Leya aurait immortalisé l'instant, mais elle abandonna bien vite l'idée. Si c'était éphémère, alors autant en profiter tant qu'elle le pouvait.
En un zéphyr, Hana avait pris son envole. Chaque fois qu'un rossignol chantera, Leya y reconnaîtra son rire. Elle avait réussi, Hana. Elle était maître de son destin, maintenant. Elle était libre.
nymphelix x OAKIYO
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