Critères :
6 citations de chanson (dont 2 différentes d'OAKIYO ) :
-angels like you can't fall down hell with me
-i know that dress is karma, perfume regret
-hands on your body, i'm grabbing your ass
-dragged me up the stairs and it wasn't ending there
-met you in the bathroom line
-j'aimais la sensation de tomber dans tes yeux

nombre de personnes : 3 (Nina, Liam, Isis imposés)

objets : miroir, salière, parfum

1000 mots minimum.

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     Liam était venu me chercher un peu plus tôt dans la soirée. Ça m'arrangeait et rassurait mes parents par la même occasion : ils n'aimaient pas me savoir seule la nuit, surtout vêtue comme je l'étais ce soir-là. L'équipe de handball de notre université avait gagné un tournoi régional et, pour fêter ça, ils avaient organisé une soirée inter-facs. Comme toujours, ce genre de fête se passait en boîte de nuit alors une fois mon identité vérifiée, le videur nous laissa entrer.

    Dans ces soirées, ils faisaient toujours porter ces bracelets fluorescent pour montrer de quelle université on venait. Ça n'avait pas grande importance, mais c'était amusant de porter la couleur des gagnants ce soir. La main de mon copain se baladait sur ma peau jusqu'à venir attraper mon derrière et un frisson me parcourut en faisant remonter sa main plus haut.

    Je n'étais déjà pas une grande fan des marques d'affections en public, et c'était sans doute sa façon de montrer aux autres que j'étais déjà prise, mais c'était un non catégorique. Ça nous plus je n'en étais pas fan, mais ça m'évitera sans doute une longue prise de tête sur le chemin du retour. D'habitude, on allait voir nos groupes d'amis respectifs ensemble avant de nous séparer pour un moment, mais cette fois-ci je n'avais pas envie de devoir faire semblant d'apprécier ses amis qui pensaient que tout leur était dû juste parce qu'ils étaient des hommes.

Heureusement pour moi, j'étais tombée sur le moins stupide des trois. Il m'avait semblé correct alors je m'étais dit "pourquoi pas essayer ?". Le plus romantique dans tout ça, c'était qu'on s'était rencontré alors que je faisais la queue pour les toilettes. Il a jugé que c'était le meilleur moment pour me demander mon numéro, apparemment. Bref, un homme quoi, mais au moins ça satisfaisait ma famille.

    -J'ai vu les filles par-là. J'y vais, on se retrouve plus tard.

    Mais alors que je partais pour m'engouffrer dans la foule, il attrapa mon poignet. Vu la distance qui nous séparait, j'entendais à peine ce qu'il disait mais j'ai pu lire sur ses lèvres pour combler.

    -Nina ! T'oublies rien ?

    Je retint un soupir, même si je n'aimait pas vraiment les marques d'affections publiques, il insistait pour que je fasse un effort de temps en temps. Rebroussant chemin de quelques pas, je baissa légèrement la tête pour embrasser sa joue avant de repartir. Il allait devoir se contenter de ça.

    Une fois entourée de mes amies, la soirée put enfin commencer. Dansant sur différents mix regroupant tous les plus gros hits du moment pendant une bonne heure, la chaleur se fit vite sentir. Dans le miroir mural, je pouvais voir que mes cheveux collaient déjà à mon front et ma nuque, malgré le peu de lumière. Ma peau luisait presque autant que ma jupe satinée, seulement la sueur y jouait plus que mon highlighter alors je décidais qu'il était temps pour prendre une pause toilettes. Et pour attraper une boisson au passage, parce que si je continuais comme ça, j'allais finir desséchée.

    J'avais attendu une quinzaine de minutes. Étant donné la longueur de la queue pour aller aux toilettes, je me demandais si je ne ferais pas mieux d'attendre encore un peu avant de revenir. Finalement, je m'étais assise au bar, commandant une bouteille d'eau pour me désaltérer. Commander un verre en boîte était une vraie misère, les étudiants grouillaient dans tous les coins, alors ça prenait souvent du temps pour être servi.

Une fois ma bouteille en main, je m'apprêtais à repartir lorsqu'un parfum familier se démarqua dans cet espace qui empestait pourtant un mélange de transpiration et d'alcool. C'était un parfum que je pourrais reconnaître entre mille. Même s'il n'était pas un mélange unique, il ne pouvait appartenir qu'à une seule personne. Avec appréhension, je levais le regard en espérant me tromper.

    Malheureusement pour moi, c'était bien elle. Plus resplendissante que jamais dans cette robe émeraude, épousant sa silhouette avec une telle perfection qu'on aurait pu la croire taillée sur mesure. La rousse mit un certain temps à baisser la tête vers moi. Avec ses talons aiguilles, Isis n'était plus grande que d'une demie tête seulement et pourtant elle semblait bien plus grande quand ses yeux plongèrent dans les miens. Un sourire amer apparut aux coins de ses lèvres alors qu'elle se penchait vers moi pour me prendre la bouteille des mains.

    Elle ouvrit la bouteille et en prit quelques gorgées sous mon regard. Pantoise, j'inhalais chacun de ses détails. Si mettre du sel sur une plaie ouverte était douloureux, j'avais l'impression d'y verser la salière entière à cet instant précis. Sans un mot, elle replaça la bouteille fermée dans ma main, s'assurant que je la tenait bien avant de repartir. Et s'il y avait bien une chose que je savais à ce moment-là, c'était que cette robe dont elle était parée c'était le karma, parfumé de regrets.

    Je regrettais mon choix chaque jour qui passait. Mais ce soir particulièrement, il avait été difficile de l'assumer pleinement. Devoir abandonner tout ce que j'avais toujours voulu semblait de moins en moins tenable. Une idée m'obsédait depuis ce jour et c'était celle de la retrouver mais j'avais essayé de la faire taire à tout prix.

    Le reste de la soirée, j'étais un peu troublée. Peu importe où j'étais ou avec qui j'étais, je la cherchais du regard. Elle ne venait pas souvent à ce genre d'évènements, je le savais parfaitement et c'était même la raison pour laquelle sa présence m'avait tant surprise. Isis était plutôt du genre casanière, ce qui m'arrangeait bien lorsque nous étions ensemble. Parfois, elle me manquait encore.

    Mensonge. Chaque jour depuis notre séparation, elle me manquait. Ça avait été difficile de me séparer d'elle, mais je l'ai fait à contre-cœur. Comment aurais-je pu annoncer à ma famille que leur petite fille modèle aimait une fille ? C'était déjà un poids pour moi de devoir vivre dans une famille si conservatrice, je ne pouvais pas laisser un ange comme elle se retrouver dans cet enfer avec moi, pour moi. Mais son absence dans ma vie était bien plus terrible encore.

    -Ça va ?

    Liam avait l'air inquiet de mon manque de réponse, je n'avais pas fait attention du tout. À vrai dire, ça m'intéressait peu. Seule la rousse accaparait mes pensées. J'en ai vraiment plus qu'assez de devoir jouer la comédie... Je risquais de fortement le regretter, mais je décida quand même de dire :

    -J'ai croisé une vieille amie tout à l'heure. Je vais rentrer avec elle, ça te dérange pas ?

    -Mais tes parents ils...

    -Ils la connaissent. Merci pour tout, Liam.

    Mais avant de partir à la rechercher d'Isis, je me tourna une dernière fois avant de lui lancer :

    -D'ailleurs, plus besoin de m'appeler ou de me recontacter tout court.

    Et sur ce, je quittais la banquette où nous nous étions assis quelques minutes plus tôt sans prendre la peine de lui jeter un regard. Il fallait que je retrouve la femme que j'aimais avant qu'il ne soit trop tard. J'avais fait le tour de la discothèque plusieurs fois, en vain. Cependant, je ne me décourageais pas. Après un dernier tour, un homme dans la quarantaine me bouscula.

    Sans vraiment comprendre pourquoi, il haussa la voix, me hurlant des choses que la musique couvrait. Je n'avais pas le temps pour ces sottises, alors je décidais simplement de sortir d'ici. Si je ne la trouvait nulle part, c'était probablement qu'elle était déjà partie. J'espérais juste qu'elle n'avait pas fait le trajet seule, malgré la proximité d'ici à chez elle. Si elle était déjà partie, est-ce que j'aurais assez de cran pour me pointer chez elle en plein milieu de la nuit ? Je l'espérait. De plus, je n'avais plus personne pour me raccompagner autrement.

    -T'en as mis du temps, Nina.

    Isis me souriait, mais il y avait une touche de tristesse dans son regard. J'aimais tellement la sensation de tomber dans ses yeux. Ils étaient si profonds, j'aurais aimé m'y noyer pour l'éternité.

    -Pardon. Je suis désolée, une larme dévala ma joue, emportée par un coup de vent. J'aurais pas dû...

    -Ça va aller maintenant, Isis me serra fort dans ses bras. J'attendais juste que tu me reviennes. Te voir avec lui, c'était douloureux. Pas seulement pour moi, mais pour toi aussi.

    Incapable de formuler un mot, j'avais hoché la tête contre son épaule. Son parfum était si réconfortant. Ses bras, c'était là qu'était ma place.

    -On rentre ?

    -C'était le mois le plus long de ma vie, avais-je soufflé au creux de son cou. Rentrons.

    Sur le chemin du retour, je serrai sa main dans la mienne comme pour m'assurer que c'était réel. Comme si, si je la lâchais maintenant, Isis disparaîtrait. Chacun de ses sourires, chacun de ses mots me rassuraient un peu plus que les précédents. Tout allait bien. Tout irait bien.

    Ce soir-là, pour la première fois, nous avions monté les escaliers, mais ça ne s'était pas arrêté là.

nymphelix x OAKIYO, 2023.