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Chapitre 1 : Maman

Je me sors un verre du placard. Je le détaille, avec ses facettes réfléchissantes, ses jolies gravures et son bord fin, avant d'y verser une bonne dose de vin. Le liquide raffiné coule lentement et de façon irrégulière jusqu'à ce que, presque vide, je pose la bouteille.

Je ne souhaite plus qu'une seule chose, revenir en arrière. Mais ce n'est pas permis, à une femme, et encore moins à une mère, de ressentir de trop puissants sentiments, de trop lourds regrets. On m'a laissé porter 9 mois le poids de deux vies, mais on ne me laissera jamais l'occasion de prendre en main la mienne sans me dénigrer. Que serais-je, alors, si je choisissais de me libérer, aux yeux de la société ? Une irresponsable ? Une sans-cœur ? On préfèrerait de moi que je subisse, pour mon honneur, ma famille, la chair de ma chair. Une mère au foyer dépressive a au moins le mérite d'être restée, alors qu'une femme indépendante est une basse putain, inconsciemment, ou non, pour une majorité d'entre nous.

Le 21 décembre, un test de grossesse de parapharmacie m'a annoncé la fameuse nouvelle sans le moindre tact: deux barres ? En cloque ! J'avais laissé, deux ans durant, le pouvoir au destin de décider si je donnerais naissance et quand, et je n'en avais aucun symptôme, mis à part le ventre gonflé, et surtout aucune envie particulière, lorsque je suis allée acheter le test. Sur le moment, je n'ai versé aucune larme, je ne réalisais pas réellement, mais le lendemain, chez le médecin, en l'entendant dire que j'étais au terme de mon premier mois, je me suis effondrée. A mesure que les nausées sont arrivées, une sensation étrange est né en moi, celle de la dissociation. Cette baleine échouée sur le divan, ça ne pouvait être moi. Mon identité entière ne se résumait plus qu'en 5 lettres, maman. Jamais dans ma courte existence, je n'avais pu voir ma mère autrement que par son rôle: alors que mon père était parfois intelligent, cultivé, fort, travailleur,  ma génitrice avait eu 3 enfants, et c'était déjà pas mal, me direz-vous peut-être, mais c'était surtout binaire, simpliste, dépriment qu'elle n'ai pu être elle-même avant tout. J'en venais régulièrement à me demander si notre société moderno-patriarcale, notez ici l'oxymore de choix, était construite ainsi, ou si c'était une loi universelle, correcte, acceptable, contre laquelle je pestais.

Qui le souhaitait pouvait prétendre me comprendre, tenter de m'apporter douceur, réconfort, encas, mais tout ça ne ressemblait qu'à des balivernes. Moi qui avait aimé étudié, qui adorait débattre, qui dessinait de beaux paysages, qui avait cherché à apporter de la joie dans mon environnement, qui avait voulu bouleverser le monde, je me sentais faner. J'en voulais presque à Thomas, à ses bons sentiments, à tout son amour. J'avais commencé à travailler en tant qu'aide soignante deux ans plus tôt, le métier dont j'avais rêvé petite, et qui, bien entendu, m'avait été retiré dans les derniers stades de la grossesse.

Il faut être clément envers une femme fécondée, non ? Il faudrait surtout lui expliquer les modalités du contrat, avant de la laisser signer. J'ai réalisé l'importance des épreuves que j'allais endurée bien après l'accouchement. J'ai donné naissance, non pas à un petit ange, mais à deux chérubins, Léo et Arthur. Ce fut assez bref, mais j'ai souffert le martyr. Les émotions négatives ont laissé place à un moment de pur bonheur peu après. Caresser leurs joues lentement, embrasser leurs nez aquilins, parler simplement à leurs grandes oreilles curieuses me fit oublier tout le reste quelques secondes.

Mon existence en a été définitivement changé, ainsi que mon corps et je souhaitais, plus que tout, ne pas avoir fait cette bêtise. J'aime mes enfants, comme ma famille, comme mon conjoint, mais je hais être mère. Je déteste les vergetures, la cellulite, les seins tombant, le ventre rond et les bras flasques. Je regrette mes amies, ma carrière, mes sorties, mes espoirs, mes passions, mon identité.

Une gorgée coule le long mon œsophage, et je regarde le plafond. Thomas est au travail, Léo et Arthur sont à l'école, et moi, je ne travaille plus qu'à mi-temps. Quelle horreur. Je reprends en main la bouteille en verre et bois ses dernières gouttes avant de la fracasser contre notre jolie table Ikea. Un bout de verre me reste dans main, je ferai mieux de tout nettoyer en vitesse avant 16 heures, mais je ne me presse pas. J'essuie délicatement le sang au bout de mes doigts sur mes lèvres et détache le ruban qui noue mes longs cheveux bruns. Je sors mon téléphone portable et prends la plus jolie photo de moi que mon état permet avant de me rechercher sur internet " Site de rencontres" et de commencer à remplir la description de mon profile: " Jolie presque-trentenaire célibataire et sans enfants cherche bel Apollon avec qui partager un morceau de lyre."



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