Je le rejoins, le dîner est arrivé, on mange en silence.

- Tu es bien silencieuse.

- Je réfléchis.

- À quoi ?

- À toi. Je ne comprends pas ce que tu me veux. On ne se connait pas, pourtant...

- Pourtant ?

- J'ai l'impression de te connaître.

Il sourit, son sourire me désarme. J'aimerais tellement lui dire que tout ceci n'est qu'une mission, mais je m'abstiens, je dois le laisser le plus loin de tout ça.

- Tu aimerais apprendre à me connaître ?
Je reste silencieuse.

- Je respecterai ta décision.

- D'accord, mais plus de rivales.

J'ai déjà tant connu ce genre de situation avec lui.

Il sourit.

- D'accord, je ne me consacre qu'à toi. Mais il me faudra plus que des baisers.
Avec un sourire malicieux.

Je me reconcentre sur mon assiette, je le vois prendre ma main et y déposer un baiser.

On finit de manger, je l'aide à débarrasser, rien n'a vraiment changé. On se met dans le canapé.

- Tu veux te mettre à l'aise ?

- Oui.

- Je t'ai préparé la chambre d'amie. Tu peux aller te changer.

Je me change frustrée. J'espérais dormir avec lui, des mois que ces images tournent en tête.
Je le rejoins, il me ramène à lui, je me laisse aller dans ses bras. Je sens des petits baisers dans le cou, je frissonne, il sourit. Il soulève mon t-shirt et me caresse le dos. Cette sensation m'a tellement manquée , je ferme les yeux. Je me sens bien.

- Ça va, chérie ?

- Oui. Je ne sais pas. C'est bizarre.

- Qu'est-ce qui est bizarre ?

- Quand tu me caresses le dos. J'ai l'impression que ce n'est pas la première fois.

- Enlève tes lentilles.

- Quoi?

- Je veux revoir tes yeux.

Je le fais, je ne supporte plus ces lentilles et ce déguisement grotesque. Je récupère ma boîte à lentilles et les retire.

Je me retourne vers lui.

- Megh, j'avais perdu tout espoir de te retrouver. J'ai retourné tout le pays.

Mon cœur bat la chamade, je suis touchée par sa détresse, le manque était une torture. Il m'est arrivé de l'observer de loin, tapi dans l'ombre.

- Chérie, je te fais peur ?

- Non.

- Viens par là.

Je me rapproche, ils nous allongent sur le canapé, il a rabat le plaid. Je mets ma main sur sa tête et lui caresse les cheveux, il adorait ça. Il me regarde avec soulagement, il finit par s'endormir. J'éteins la télé, je me relève et je rejoins la salle de bain. Je me saisis de mon téléphone.

- Meghan! Tu as raté une réunion.

- Marc, j'essaye de tenir à distance Gabriel.

- Tu t'en tiens au plan, on a besoin de toi, Meghan!

- Eux aussi.

Je le rejoins et me replonge dans ses bras, il resserre la prise.

Le matin, il est déjà réveillé, il sort en serviette. Son corps est un appel à franchir toutes les barrières que j'ai instaurées. Il sourit, je suis toujours aussi peu discrète.

- Un problème, Megh.

- Tu es en manque de vêtements ?
Je rentre dans mon rôle d'amnésique.

- Il y a quelques mois, tu me préférais nu.
Je rougis de plus belle, il n'a pas tort.

Il retourne dans sa chambre et revient en boutonnant sa chemise. Il s'approche de moi, mes mains se posent sur les boutons de sa chemise et les défait. Je me ressaisis et je les retire à la hâte.

- Désolée, je ne sais pas ce qui m'a pris.

- Je te pose à l'aéroport ?

- Non.

- Tu reviendras, Megh?

- Est-ce que j'ai le choix ?

- Non.

Il sourit et je chavire.

Dans l'avion, je relis l'ordre de mission de Marc, je dois doubler James. Je crains qu'il finisse par s'en apercevoir.

J'atterris en Virginie, je récupère une voiture et je me rends devant l'ennemi de James. Il est avec trois gardes, ça va être facile. Je m'infiltre par une des fenêtres en la cassant. Je neutralise le premier démon avec une facilité déconcertante. Quelqu'un me saisit par les bras et me tire vers une pièce sombre. La lumière s'allume sur...

- Gabriel ! Tu fais chier !

- Moi aussi, je t'aime.

- Tu vas venir perturber toutes mes missions ?

- Ça se peut !

Je fais un grand écart coup de pied, il atterrit sur une commode. Le boucan va alarmer les gardes. Je cours et lui assène un uppercut, il atterrit sur un mur qu'il fracasse. Il se relève en souriant.

- Je le reconnais, Megh, tes capacités sont enfin à ma hauteur.

Ma respiration s'accélère, il me saisit et me donne un coup de tête, je suis sonnée et je tombe en arrière. Je lui assène plusieurs coups de pied-à-terre, mais il me bloque les jambes et se place au-dessus de moi. On se jette comme deux affamés l'un sur l'autre, on roule et je me place au-dessus de lui.

- Laisse-moi finir cette mission, l'hybride.

- Négatif !

- Fais-moi confiance, Gabriel.

Il me regarde avec curiosité, je me relève et l'aide à se lever. Il s'en va, je suis soulagée.

La porte s'ouvre sur le démon ennemi de James, il fonce sur moi. Il me donne un coup de poing, je l'évite. Je lui lance un revers, sa tête part sur le côté. Je le saisis et exécute une strangulation.

- Marc te veut de son côté.
Il me fixe avec étrangeté.

- Tu n'en as pas marre, la chasseuse, de traîner dans tous les camps.

Je lui donne un coup de poing, il crache du sang.

- À mes conditions, la chasseuse.

- On va trouver un terrain d'entente.

Je rentre à Washington, Gabriel m'a suivi avec sa voiture. Dans l'avion, James est très contrarié, ce que je redoutais, ma couverture est en train de voler en éclat. Il faut agir vite.