- Papardon?
- Tu as les cheveux de ton père.

Je suis en état de léthargie, incapable de faire un mouvement. Je vois cette femme qui me ressemble, qui ressemble à Eva. Mais ma tête ne veut pas l'associer à la bonne personne. C'est impossible.

- Tu es bien muette, je t'ai connue plus bavarde avec une répartie à toute épreuve.
- Je suis en train d'halluciner.

Elle rit. Je la détaille, elle possède la même fossette sur la joue gauche. Mon trouble est de plus en plus grand. Eva revient vers nous et reste impassible.

- Eva, dis-moi qu'il n'y a personne qui se tient devant moi!
Eva a le visage grave.

- Ma chère nièce, je crois qu'il est temps que tu apprennes la vérité.
- Quelle vérité?
- Ta mère et moi t'avons quelque peu préparé pour accomplir ta vraie mission.
- Quoi? Elle n'est pas là, c'est une hallucination.

Ma mère s'adresse à Eva.

- Ma chère sœur, voilà le résultat de ton idée. Elle pense que je suis une hallucination.
Eva sourit.

- Dois-je te rappeler que nous n'avions pas vraiment le choix. Si tu voulais la garder en sécurité.
- Oh! oh! Vous parlez de quoi?

J'ai l'impression d'être dans un cauchemar, je vais sûrement me réveiller. Je les regarde en passant de l'une à l'autre. Je n'arrive pas à réaliser, j'ai grandi dans le mensonge. Toute ma vie est basée sur des manipulations.

Eva s'adresse à moi.

- Ma chère nièce, si nous allions en discuter dans un endroit approprié?
- Qui est enterré ici?
- Un cercueil vide.
- Pourquoi?
- Nous allons en parler en privé.

« Ma mère » nous suit.

Nous prenons la route en silence. Ma vie est une mauvaise farce, plus j'avance, plus je découvre des cadavres. Nous arrivons au nouveau département top secret. Mes élèves passent dans le couloir, je les informe que j'aurai du retard, je les envoie aux entraînements.

Nous dépassons le bureau d'Eva. Elle se dirige vers une porte. Il y a des escaliers, on monte, le bruit de nos pas étouffe ce silence pesant. Je débouche sur un bureau d'une grande superficie. Elle m'invite à m'asseoir. Elles se mettent en face de moi. Je les observe, leur ressemblance est déconcertante.

- Eva pourquoi?

Ma mère prend la parole, elle n'apprécie pas que je l'ignore.

- Meghan, il y a presque vingt-six ans de cela, je t'ai déposé chez Maria. Je sais qu'elle s'est très bien occupée de toi. Elle m'a tenu régulièrement au courant de ton évolution.

Deuxième coup de massue, Maria est au courant.

- Ne lui en veut pas, je ne lui ai pas laissé le choix.
- Pourquoi?
- A cause de ton grand-père.
- Mon grand-père? Je ne comprends plus rien.
- Il voulait faire de toi son arme. Réussir avec toi là où il avait échoué avec moi.
- C'est trop. J'apprends que j'ai une mère qui m'observait de loin . Maria était au courant. Que mon grand-père me voulait pour m'utiliser. Pourquoi vous avez simulé un suicide?
- L'humaine est morte, mais la chasseuse Meghan est plus que vivante.
- Qui êtes-vous?
- Ta mère.
- Non, qui êtes-vous vraiment?
- L'Ultime.

Merde! On se sert de moi depuis le début. Je me sens bafouée. C'est la douche froide.

- C'est vous qui m'avez agressé devant mon salon de thé?
- Non, c'est ton grand-père.
- Merde, merde.
- Les gros mots jeune fille!
- Oh vous ça va! Il ne fallait pas me mettre avec une pseudo-nonne mythomane.
Eva rit.

C'est bien la première fois que je la vois rire.

- Pourquoi veut-il me récupérer?
- Parce qu'il est l'Extinction.
- Oh merde. Oh merde.

« Ma mère » est offusquée.