Chapitre 10
Je suis dans l'avion avec Ben, il est aussi mal à l'aise que moi, un goût de déjà-vu. J'ai le souvenir de cette réunion qui a tourné au drame, qui me hante sans cesse.
Flashback.
- Eva, tu te moques de nous?
- Non, ma chère nièce, il doit mourir.
- Non pas ça. Dites-lui !!! Ben, c'est ton frère.
Ben est stoïque, il encaisse le choc.
Will se tient la tête. Cynthia n'est plus qu'une coquille vide.
- Eva, je veux te voir en privé.
- Bien suis-moi.
Nous marchons jusqu'à son bureau, mes pas sont lourds, mon souffle court. J'ai l'impression de devenir folle. On entre, elle m'invite à m'asseoir, mais je préfère rester debout.
- Je ne peux pas faire ça. Il va me haïr, nous haïr. S'il te plaît, ne nous oblige pas.
- Calme-toi Meghan.
- Je ne peux pas. Trouve une autre cible.
- Meghan, il est à la tête d'une branche qui exploite les êtres humains. On parle de traite d'être humain sous toutes ses formes, tu veux voir des photos des organes qu'il enlève à des enfants, des femmes? Il revend comme esclave des personnes vulnérables.
- Oh merde, oh merde.
Je m'assois, le choc est rude.
- Je suis désolée Meghan, mais vous partez demain.
Je crie dans ce bureau. J'évacue la haine que j'ai envers moi-même parce que je vais faire cette mission. Il ne nous pardonnera jamais.
Il sera à New-York, on fera ça devant lui. Je me traîne jusqu'à ma voiture. Je fais les choses machinalement. J'ai l'impression de mourir à petit feu. Je vois Gabriel ce soir, avant son départ.
Ça sera ma soirée d'adieu, je suis maudite. Je ne comprends pas pourquoi la vie s'acharne sur moi.
Je me prépare comme un zombie.
Il passe me récupérer, il est là.
Je sors, il est souriant. Il veut qu'on profite de notre soirée.
- Megh, un souci?
- Hein non, je suis fatiguée.
Je vais tuer son père sous ses yeux.
- Tu veux que je te dépose. On se reverra à notre retour. Même si j'avais des projets qui auraient pu te plaire.
Je ne réagis pas, je meurs à petit feu.
- Megh, tu es sûr que ça va?
- Oui Gabriel, je suis contente de passer cette dernière soirée avec toi.
Dernière prend tout son sens.
- Dernière? Je vais voir ta tête de chasseuse, coincée et têtue dans une semaine.
- Oui.
On arrive au loft, on sort dans la voiture. A peine franchi la porte. Il m'embrasse, je réponds à son baiser avec désespoir. Il nous ramène à la vitesse vampirique sur la terrasse, il a allumé des bougies, déposé des pétales sur le transat .
Cette nuit-là, on s'est donné l'un à l'autre plusieurs fois . A chaque fois, j'ai ressenti cette connexion. On finit par s'écrouler l'un sur l'autre.
Je suis dans ses bras, il me caresse le dos.
- Gabriel?
- Oui?
- Je t'aime, tu n'as pas idée.
Il sourit.
- Il m'a fallu 3 ans pour te l'entendre dire.
- Promets-moi que tu ne l'oublieras pas.
- Jamais. Tu es sûr que ça va?
- Là, dans tes bras oui, mais demain ça ne sera pas pareil.
- Ce n'est pas un caprice pour que je reste? Parce qu'après ton dévouement sur ce transat, je peux tout t'accorder.
Il ricane.
J'aurais tellement aimé lui dire de rester pour l'empêcher de voir, l'irréparable.
- Non, tu dois voir ton père.
Oh moins une dernière fois.
Il m'embrasse. Je profite de chaque baiser, chaque caresse, car ce seront les derniers.
- Je risque d'installer des transats dans toutes mes propriétés.
Je le serre fort, je hume son odeur, j'enregistre chaque parcelle de son corps.
Nous sommes tous dans l'avion pour New-York. Personne ne parle, on se regarde encore hébété. On commet la pire des traîtrises, envers un frère, un collègue, un amant.
Nous sommes dans le van, je pose mes affaires dans l'hôtel. Gabriel m'envoie un message qu'il est bien arrivé.
On doit préparer la mission.
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