9 - Séance d'apprentissage
-Gardez vos mains loin d'elle. Siffle le prince Dyson en gardant sa main sur mon épaule.
-On ne l'a pas brutalisé Dyson, c'est elle qui doit avoir un problème mental, elle est horrifiée par cinq lettres et un chiffre. Mon coeur se resserre face à son indifférence, il ne me connait pas, comment peut-il avoir un avis sur ma santé mentale ?
-Jarod lui a simplement attraper le bras, pas besoin d'en faire un drame. Complète Lewis d'un air détaché.
-Retournez lécher les bottes de mon frère et ne lui adressez plus la parole. Termine-t-il en m'emportant dans le sens inverse à eux, de son bras protecteur qui m'entoure les épaules.
-Vous allez bien ?
-Je crois que oui, je me demande si un jour j'arriverai à marcher dans ces couloirs sans avoir besoin de votre aide. Ironise-je nerveusement alors qu'il s'éloigne de moi pour me laisser respirer, laissant un vide froid sur mes épaules.
-Un jour je l'espère..
-Qui étaient ces deux jeunes hommes ?
-Les amis d'enfance de Byron. Jarod, le blond, a été promu en tant que nouveau chef de l'unité 3, par très étonnant. Lewis, le brun, est l'un des généraux de l'armée d'Élithiope. Ils ne sont pas de très bonnes compagnies. Surtout pour vous Mélody. Explique le prince en m'invitant à entrer dans la salle des jumelles.
-J'imagine..
[...]
-Je reviens dans pas moins de deux heures, je vais simplement manger. Annonce-je aux princes qui était concentré sur un parchemin, assit dans le canapé centrale de la salle appartenant à ses petites soeurs. Le royal relève la tête vers moi, les sourcils haussés.
-Manger ? Dehors ? Quelle idée, joignez-vous plutôt à nous. Propose le prince Dyson en se levant, repliant la lettre pour la poser sur la table basse.
-Je ne veux pas déranger. Mais merci pour l'invitation. Souris-je en pivotant les talons.
-Mademoiselle de Boulys ? Je me retourne alors vers lui.
-Permettez-moi d'insister. Une idée me traverse alors l'esprit et je souris en coin.
-Permettez-moi, votre altesse royale, de vous inviter à déjeuner avec moi, dehors. J'accompagne ma formalité d'une révérence forcée, il ricane un instant.
-Êtes-vous sérieuse ?
-Je ne l'ai jamais autant été.
-Alors, j'accepte avec joie de vous accompagner. Je suis alors surprise, ne m'attendant pas du tout à ce qu'il accepte.
Arrivés à l'extérieur, un détail pose problème.
-Je n'ai pas de..
-Véhicule, il sort des clés de sa poche intérieur, je vais conduire ne vous inquiétez pas. Indiquez-moi simplement la route à suivre.
[...]
En entrant dans le restaurant, tout le monde de fige, n'attendant pas à recevoir un prince ici. Le gérant du restaurant se place face à nous, légèrement nerveux, il frotte ses mains entre elles.
-Votre altesse.. mais que faites donc vous ici ? Son rictus forcé traduit sa nervosité.
-Et bien, nous venons déjeuner, est-ce si étonnant que ça ? Se moque gentillement Dyson en passant du gérant à moi, je hausse simplement les épaules. L'homme face à nous jette un coup d'oeil par les fenêtres et remarque la garde rapprochée de Dyson qui attend patiemment à l'extérieur, prête à intervenir en cas de problème.
-Non du tout ! Suivez-moi je vous en prie. Dit-il rapidement en nous installant sur une petite table ronde assez reculée des autres, les clients chuchotent entre eux. Ceux qui ont reconnu le prince informent ainsi les autres de son identité.
-Vous venez rarement dans ce genre d'édifices, je suppose ?
-Vous avez vu juste mademoiselle de Boulys. Acquisce-t-il en reculant ma chaise par galanterie alors que le patron nous donne deux menus puis s'éclipse.
-Merci. Murmure-je en le regardant prendre place face à moi.
-Que comptez-vous commander ? Me demande-t-il curieux de voir que je ne consulte pas la carte.
-Je suis une habituée ici. Je vais prendre le plat du jour. En l'occurence, on a pu voir à l'entrée que c'était une entrecôte accompagnée de petits légumes. Impressionnée par ma perspicacité, il hoche la tête puis repose le menu.
-Alors je prendrais comme vous.
-Je dois dire que vous m'impressionnez de jour en jour, Dyson. Il pose ses coudes sur la table pour se pencher vers moi.
-Vraiment ? Expliquez-moi donc pourquoi ? Questionne le prince d'une voix malicieuse, l'air joueur.
-Vous faites des efforts pour essayer de me comprendre, sans pour autant me presser. Vous êtes très.. patient oui, c'est le bon terme. L'homme masque un petit sourire satisfait en baissant la tête vers mes mains avant de relever fièrement le menton.
-J'essaye d'acquérir votre confiance, pour enfin vous prouver que je ne suis pas à mettre dans le même 'sac' que tous les autres nobles ou royaux.
-Et malgré toutes mes réticences, cela fonctionne. Notre contact est coupé par le patron qui revient prendre nos plats. Rapidement, Dyson le congédie après avoir énoncé nos menus et nos boissons : une bouteille de champagne.
-Que fêtons-nous ? Demande-je intriguée.
-À vous de me le dire ? Mon coeur se met vivement à battre dans mes tempes et je cligne des yeux.
-Nos progrès ?
-Développez. Je claque ma langue contre mon palais, j'ai déjà eu du mal à trouver ce que nous fêtions.
-Je ne sais pas.. À vous de développer ? Il rit dans un souffle avant de s'adosser à sa chaise, comme pour mieux me contempler. Nerveuse, je change de position et serre les cuisses.
-Aimez-vous le tir à l'arc ? Le bougre ! Il a décidé de changer de sujet.
-Je ne saurais répondre, je n'en ai tenu que deux en tout dans ma vie, et c'était il y a très longtemps.
-En début d'après-midi, mes petites soeurs ont cours de langues. Que diriez-vous d'une séance de tir à l'arc ? Propose le prince en déviant vers mes lèvres quelques instants, je pince alors ces dernières entre elles.
-Avec vous ?
-Oui, à moins que vous ne préfériez Lewis ? Se moque Dyson en faisant référence à ce général de l'unité 1 que j'ai croisé ce matin.
-C'est le meilleur tireur que je connaisse. Et Deuturæ sait combien j'ai pu croiser de professionnel du tir à l'arc. Affirme le royal alors qu'on nous apportent la bouteille de champagne ainsi que deux coupes. Nos plats suivent rapidement.
-Bon appétit, et à votre santé. Dis-je en levant ma coupe vers lui avant de boire une gorgée.
-Vous acceptez ? Je relève lentement les yeux vers lui.
-Avec plaisir. Il sourit et commence à manger.
[...]
-Vous allez bien ? Depuis que nous avons quitté le restaurant, il reste très silencieux - ce qui m'intrigue fortement, nous arrivions dans une sorte de salle qui regroupe toutes sortes d'armes.
-C'est juste que.. c'est la première fois que je me faisais payer le restaurant par une femme, c'est assez perturbant en sachant le nombre de Sous que je possède. Je ris, moqueuse.
-Cela m'a fait plaisir. Vous ne devriez pas vous en faire pour cela. Murmure-je en m'approchant des épées de hautes-technologies, le prince Dyson se dirige vers les arcs tout en jetant quelques coups d'oeil dans ma direction.
J'en agrippe une par le manche pour tenter de la soulever mais je suis surprise par son poids et manque de la faire tomber.
-Donnez-la moi. Se moque-t-il en la soulevant d'une main pour la ranger et me donner un arc à la place.
-Il faut travailler les bras pour porter ce genre d'épée, mademoiselle de Boulys. Faisant mine d'être vexée, je me dirige vers la sortie.
-Mélody ? Je pivote les talons, pensant qu'il va s'excuser.
-Le cerveau est parfois utile pour ne pas oublier le reste de ses affaires. Il agite les flèches, réellement vexée, je sors sous ses rires.
-Je plaisantais mademoiselle, je vais porter les flèches. Se reprend le prince en me rejoignant, peinant à ne pas rire. Je ne dis rien, essayant également de ne pas sourire.
-Suivez-moi. Nous arrivons alors face à des cibles, proche de la forêt derrière le palais. Il n'y a personne à l'horizon, uniquement lui, et moi.
-Tenez. Il me tend une flèche et je l'interroge du regard avant de la prendre, hésitante. Je tente de la positionner correctement avant de viser.
-Attendez, votre position n'est pas bonne. Vous êtes droitière, votre pied gauche doit être plus avancé et légèrement incliné, exaxtement comme ça. Pour m'aider, il fait pression de son genou contre ma cuissse et je frisonne en le sentant si proche de moi, complètement déstabilisée par son souffle chaud qui me caresse la nuque.
-Parfait, chuchote-t-il en posant ensuite sa main sur mon coude plié, au niveau de l'inclinaison, il faut que la corde soit tendue comme cela. Relevez légèrement l'arc, voilà. Maintenant, tirez. Je lâche subitement la corde et ma flèche par à toute vitesse pour venir se planter sur la cible. Ni trop éloignée, ni trop centrée.
-Pour un début, c'est plutôt pas mal. Me félicite le prince en se reculant, laissant un vide qui me rafraîchit.
-Et vous ? Je lui tend l'arc.
-Vous n'allez pas être vexée si je vous bats ? Se moque-t-il en prenant l'arme, je mime une moue boudeuse.
-Ce n'est pas drôle.
-Je vous taquine Mélody, regardez-moi faire. Le prince se positionne parfaitement et son regard devient plus sévère, en pleine concentration. En quelques secondes, sa flèche se retrouve nichée au centre de la cible, il baisse alors l'arc pour vérifier son acte et un léger rictus vient fendre son visage angélique, cet homme est d'une rare beauté, autant intérieur, qu'extérieur.
-Alors ?
-Je suis impressionnée, effectivement. Mais c'est de la triche.. vous avez suivi des cours depuis votre plus jeune âge. Râle-je en haussant les épaules. Il se rapproche de nouveau pour venir me tendre l'arc.
-Dans ce cas, rattrapons votre retard ensemble. Je ne peux m'empêcher de sourire et surtout, d'accepter.
[...]
-Mais ce n'est pas vrai ! Maugre-je en voyant aucune évolution, je me tourne vers le prince, l'air désespéré.
-Dyson.. Comme si il allait me sauver tel un preux chevalier, ce dernier range sa mini-tablette après avoir vérifié si ses petites soeurs étaient toujours en cours, pour venir fixer mes cinq flèches plantées très loin du centre. Il fronce ses sourcils.
-Où est la sixième flèche ? Je hausse timidement les épaules.
-Perdue dans la forêt. Un rire vient percer le silence et je ris avec.
-Vous êtes incroyablement.. mauvaise. Remarque le prince Dyson en allant chercher toutes mes flèches, heureusement, il retrouve celle perdue dans les bois.
-Voyons voir ce qu'il ne va pas dans ce cas.. L'homme encercle ma nuque de son bras pour positionner l'objet pointu à sa bonne place et je me sens soudainement très petite.
-Vous tendez beaucoup trop la corde, vous êtes crispée, détendez-vous. Ensuite, vous êtes trop penchée en avant, redressez-vous, les épaules en arrière. Maintenant, mettez-vous légèrement de biais. Sa main libre trouve ma taille et mes jambes manquent de s'effondrer sous mon poids devenue soudainement trop lourd à supporter.
-Imaginez que la flèche est le plongement de votre main, vous ne devez faire qu'un avec, vous comprenez. Difficilement, je hoche la tête, mais en réalité, je suis complètement déconcentrée, trouvant plus d'intérêt à notre position et à sa voix qui me sussure au creux de l'oreille.
Je lâche la corde et la flèche se loge proche du centre, je baisse l'arc pour me retourner vers lui.
-Comment faites-vous ?
-Je suis un bon professeur, c'est tout. Il me fait un clin d'oeil avant de partir chercher l'objet et le ranger dans son étui.
-On recommence ? Demande-je enthousiaste. Il semble très satisfait de me voir dans cet état.
-Bien sûr Mélody. Avant même que nous ayons le temps de recommencer, un garde apparaît de nulle part et s'incline légèrement.
-Votre père vous demande votre altesse. Il se pince les lèvres puis se tourne vers moi.
-Navré mademoiselle de Boulys mais je vais devoir vous abandonner. Les jumelles ont sûrement terminé leur cours. J'ai passé d'agréables heures à vos côtés.
-C'est réciproque. Murmure-je en ayant le regard encré en lui avant qu'il ne s'échappe.
-Veuillez me suivre mademoiselle. Me propose le garde poliment, j'accepte son escorte, perdue dans mes pensées.
Au plus les jours passent à ses côtés, au plus je m'ouvre à lui. Dyson est en train de briser la carapace que je me suis construite durant ces deux années, et la facilité avec laquelle il le réalise me terrifie autant qu'elle me fascine. J'ai beau chercher de toutes mes forces, le seul défaut que je peux lui trouver est son rang, mais même ça, il ne l'a pas choisie et me prouve au fil du temps qu'il est différent de tous les autres royaux et nobles. Et même si j'essaye de lutter contre cette intrusion, je ne peux nier mes sentiments qui grandissent à son égard. Est-ce de l'amour ? J'en doute, il est trop tôt. De l'amitié ? C'est une hypothèse probable. De l'affection ? C'est certain.
J'ai autant besoin de le découvrir sous toutes ses coutumes que le prince Dyson a besoin de ma confiance.
-Lydie ! S'écrit Athénaïs en me voyant entrer dans la salle, je lui souris, coupée de mes songes alors que le garde qui m'accompagnait s'éclipse discrètement.
-Vous avez bien travaillé ? Demande-je en retirant ma veste.
-Oui ! On a continué à apprendre le langage traditionnel de Oprany ! S'exclame Isis, toute contente.
-Tu sais parler le Opraniens toi ? Me questionne Athénaïs en jouant un air au piano.
-Oui, je sais parler trois langues. Le Menyphiens, le Opraniens et la langue universelle.
-Wow ça veut dire que tu peux aller dans un autre univers sans te soucier de la langue. Remarque-t-elle impressionnée, je lui souris.
-Effectivement, d'ailleurs j'ai..
-Parrains ! S'exclament-elles en même temps, si fort qu'elles me font sursauter avant que je ne me retourne vers deux hommes que j'aurais espéré ne pas revoir.
-Salut ma puce, comment ça va ? Répond Lewis en prenant s'accroupissant devant Athénaïs pour lui caresser les cheveux tandis que Jarod prend Isis dans ses bras.
Mes yeux s'écarquillent, ces goujats sont les parrains des jumelles ?
❝ ❞
Y'a de l'affection dans l'air..
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