Ces deux jours ce sont écoulés très rapidement, et me voilà maintenant à la cérémonie. Dans un acte de bonté assuré, Trina Ry Khévuï a proposé à mon frère Hunter, de m'accompagner, il a bien évidemment accepté l'offre, cela ne m'étonne même pas un peu. Les invités sont très polyvalents, une poignée de noble qui ne semblent pas vouloir se mélanger aux autres, quelques modernes, j'aperçois des contemporains aussi, tout comme je le suis. Et surtout, des paysans. C'est assez étranges de les voir ici. Néanmoins, ce n'est pas cela qui va me déranger, au contraire, je n'ai rien contre eux. La soirée débute alors après un très beau discours de Trina, alors que sa femme Carina reste un peu plus à l'écard. Cette femme m'a paru froide lorsque je l'ai rencontré hier, plus réservée, et beaucoup moins extravertie que sa femme. Trina se dirige vers moi pour m'indiquer que je vais pouvoir jouer d'ici quelques minutes, il a aussi d'autres musiciens pour m'accompagner, ce que j'apprécie.

-Qu'attendons-nous ? Demande-je curieuse, madame Ry Khévuï boit une gorgée de son verre d'alcool.

-La famille royale. Ma gorge me démange et je me la racle alors bruyamment.

-La famille.. royale ? Toute la famille ?

-Et bien, il y aura le couple royal, les deux princes et les jumelles. Pourquoi donc ? S'inquiète la rousse en me voyant dans un pareil état.

-Par curiosité. Excusez-moi je vais me préparer. Je me force à sourire puis pars m'installer face au piano de marbre.

Pourquoi faut-il qu'il soit partout, où je suis ? J'ai comme l'impression que le destin s'acharne sur moi, ou plutôt sur nous. Lorsqu'ils font leur entrée, beaucoup de gardes royaux les entourent, ils sont extrêmement respectés de tous les rangs. Nous avons devant nous la famille royale la plus puissantes de tout Menyphis, presque de tout l'univers si je ne me trompe. Ce n'est pas pour rien que toutes les planètes veulent faire alliance avec eux. Ils reignent sur la capitale Élithiope depuis bien des siècles. La cérémonie peut enfin débuter, les musiciens débutent le premier morceau et je les suis sans hésitation en jetant quelques coups d'oeil sur mes partitions.

Ce n'est que trois quart d'heure après que le repas est annoncé, après le discours du Roi Cassius qui a remercié les Ry Khévuï pour leur charité et cette organisation parfaite, en l'honneur des plus défavorisés. Je remarque que le prince héritier, Byron, ne semble aucunement touché par toute cette cérémonie, il réfléchit à tout, sauf à ce qui se déroule sous ses yeux. Les princesses quant à elle, sont très sages, proche de la Reine Anastasie. Lorsque mes yeux se posent sur le prince Dyson, je sens un picotement dans ma poitrine, il est accompagné d'une jeune femme qui semble du même rang que lui. Se pourrait-il que ce soit son épouse ? Ou sa future épouse ? Elle a tout l'air d'une princesse, mais qui ne vient pas de cette cité. Sa peau est bronzée, cette femme doit venir du sud de Menyphis.

De toute façon, il n'est rien pour moi, à part mon prince. Je lui dois le respect, il s'est simplement montré aimable envers moi. Ce bel homme remarque que je le fixe et il cesse de rigoler avec sa compagne, je détourne le regard gênée. Visiblement, il n'avait pas prévu que je serais là, et cela semble le déranger plus qu'il voudrait le montrer. M'aurait-il menti lorsqu'il m'a fait sa promesse de jamais me briser plus que je ne le suis déjà ? En le voyant venir vers moi, je tente de fuir pour rejoindre mon frère et prendre une collation, mais il arrive à mon niveau avant même que je n'ai le temps de faire quoique ce soit.

-Mademoiselle de Boulys, je suis surpris de vous trouver ici. Il s'incline légèrement et je tire une révérence par respect.

-Trina Ry Khévuï m'a engagé comme musicienne, je cherche activement un métier à mes talents de pianiste, et je n'ai trouvé que cette annonce pour le moment. Explique-je d'un ton neutre, presque froid. Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

-Vous êtes très douée, sachez-le.

-Je le sais. Confirme-je avec une pointe d'arrogance, qui lui fait froncer les sourcils.

-Vous allez bien ?

-Oui, très bien. Je me retiens de lui retourner la question en posant les yeux sur la princesse qui nous observent de loin.

-Le mensonge est un délit Mélody. Je lève les yeux vers les siens, affichant une mine surprise.

-Et que comptez-vous faire ? M'arrêter ? Sa mâchoire se contracte et il perd cette fois-ci tout rictus. Il se rapproche de moi pour mieux m'écraser de sa carrure imposante de part ses épaules.

-Votre arrogance me dépasse, je dois l'avouer. Qu'ai-je fait pour que vous vous adressiez à moi si froidement ? Annonce le prince Dyson presque en murmurant, comme pour se contrôler.

-Rien du tout, votre altesse. Veuillez m'excuser si mon comportement est désagréable pour vous, je crois que votre compagne souhaite vous parler. Termine-je alors que la princesse du sud s'arrête proche de nous. Je prétexte l'appel de mon frère pour m'extirper puis pars rejoindre Hunter déjà installé, en train de manger.

-Tu es rouge, tout va bien ? Je jette un coup d'oeil derrière moi et remarque qu'il est encore là-bas avec elle, occupé de me fixer en l'écoutant parler. Ses traits sont encore tirés.

-Oui, j'ai juste un peu chaud. Je commence à goûter ce qui se trouve dans mon assiette, c'est très gastronomique ce repas.

-Tu as très bien joué cette première partie.

-Merci. Me contente-je en étant encore intérieurement en ébullition.

Pourquoi cela m'atteind plus, que ça ne devrait l'être normalement ?

Durant la soirée, j'ai alterné entre le piano et ma place à table. Je n'ai pas eu le temps de danser, même durant les solos de guitare ou de violon. J'ai refusé toute invitation, jusqu'à la sienne, que je ne pouvais refuser.

-Mademoiselle, Mélody. Il me propose sa main et un frisson me parcourt l'échine, je ne peux refuser.

-Prince Byron. J'accepte alors et laisse le prince héritier m'emporter sur la piste pour danser. Son sourire narquois et son timbre de voix amer ne font qu'augmenter mon angoisse, cet homme ne me semble vraiment pas de bonne compagnie.

-Contrariée ? De danser avec moi, ou de voir mon frère au bras d'une autre femme ? Son air satisfait me donne envie de le gifler, mais je ne peux guère. La garde royale me surveille, comme prête à me sauter dessus à la moindre occasion, à moins que le prince Byron ne le fasse avant eux.

-Je ne vois pas de quoi vous parlez. Contre-je en étant toujours autant choquée de sa façon de s'adresse à moi alors que nous ne nous connaissons aucunement. Quel manque de respect, et dire que c'est lui, notre futur roi. La paix ne risque pas de perdurer après la mort de son père. Sa langue claque contre son palais et il enserre vivement ma taille, me faisant mal.

-Je peux lire en vous, comme dans un livre ouvert Mélody. Vous n'êtes pas indifférente au charme du prince Dyson, mon cher petit frère et ses dons de sauveur. Où est-il à l'heure actuelle ? Va-t-il pouvoir vous sauver de mes griffes acérées ? Son ton ironique cache une part de vérité et le dégoût que je ressens pour les hommes de son rang augmente.

-Je ne vous ai rien fait votre altesse. Que me reprochez-vous ? Il rit jaune.

-Moi ? Mais je ne vous reproche rien, belle Mélody. J'aime simplement jouer. Et vous, aimez-vous jouer ? Alors que l'une de ses mains descend dans le bas de mon dos, je suis sauvée par le gong.

-Ne la touche pas Byron.

-Ne vous l'avais-je pas dit ? Les dons de sauveurs. Il sourit en coin avant de m'abandonner au bras de son frère alors que la musique change, laissant la violoniste faire un solo.

-Votre frère n'est pas digne de devenir Roi. Crache-je en me retenant de partir, uniquement par convenance.

-Mon frère ne se comporte pas de manière convenable avec les femmes, je le conçois. Mais il est l'héritier du trône Mélody, et rien ni personne ne pourra y changer quelque chose. Il remplace les marques dégoûtantes du prince Byron par les siennes que malgré moi, je trouve bien plus agréable.

-Puis-je alors savoir pourquoi êtes-vous dans cet état ? Vous ai-je vexé ?

-Non. Il plisse les yeux et rapproche son visage du mien, me déstabilisant.

-Parlez-moi mademoiselle de Boulys. Est-ce à cause de la princesse Roxanne ? Je le fusille du regard avant de me rendre compte de ce que je fais, je détourne les yeux.

-C'est votre épouse ? Demande-je finalement légèrement honteuse. Le prince ricane, moqueur.

-Mon épouse ? Roxanne ? Absolument pas voyons, c'est une amie d'enfance. Nos familles se connaissent de génération en génération. C'est la princesse de Oliphite, une ville du Sud. S'exclame-t-il alors que la musique s'arrête.

-Oh.. pardonnez mon indiscrétion. Je dois retourner jouer du piano votre altesse.

-Prince Dyson pour vous, je n'aime pas cette appellation. Sourit l'homme en lâchant ma main, mes joues prennent une teinte rose et je hoche la tête avant de m'échapper.

Pourquoi dois-je automatiquement me mettre la honte lorsqu'il est là ?

À la fin de la soirée, Trina me remercie chaleureusement avant de me donner ma paye, qui s'élève à trois mille Sous, ce qui m'étonne grandement, mon père doit gagner environ setp mille Sous par mois et cela nous convient amplement, et en une soirée, je récolte autant ? Je la regarde incrédule.

-En êtes-vous sûre, Trina ?

-Vous êtes une jeune femme qui mérite de trouver un emploi à plein temps, prenant cette première paye comme un encouragement. Je ferai appel à vous à chacune de mes soirées. Bonne fin de soirée, Mélody. La rousse me remercie une dernière fois puis nous congédie, mon frère et moi. Lorsque nous arrivons devant le véhicule de mon père - Hunter et moi l'avons emprunté pour ce soir, au niveau du parking arrière, presque vide étant donné l'heure tardive qu'il est.

-Très généreuse cette dame.

-N'est-ce pas.. Confirme-je les propos de mon frères en rangeant mon porte-monnaie dans mon sac.

-Mademoiselle de Boulys. Je sursaute et me retourne vers le prince Dyson, qui semble être sur le point de rentrer chez lui, au palais. Curieux comme il est, mon frère se penche sur le dessus de la voiture pour écouter.

-Savez-vous monter à cheval ? Je fronce les sourcils et pose mon sac sur ma place passagère.

-Et bien.. Oui, pourquoi donc ?

-Si vous êtes libre demain, je vous propose de venir vous promener avec moi. J'aimerais discuter avec vous d'une notion importante. Intriguée, j'entre-ouvre la bouche puis réfléchis.

-Mais, je n'ai pas de cheval à moi. Et je dois chercher du travail, sans vous offenser.

-Nous avons une écurie entière au palais. S'il vous plaît, acceptez ma compagnie le temps d'une après-midi. Son ton employé me force presque à dire oui, et son rictus contagieux me rend folle.

-Très bien. Nous serons, tous les deux ?

-À moins que vous ne souhaitiez que mon frère nous accompagne, ou encore Roxanne ? Face à son sourire moqueur, je roule des yeux. Suis-je en train de plaisanter avec un prince aussi important que lui ? Visiblement, oui. Et ça n'est pas pour me déplaire.

-Votre compagnie me suffira, bonne nuit à vous. Prince Dyson. Discrètement, je lui fais un petit clin d'oeil qui lui décroche un petit rire tandis que je grimpe à l'intérieur de l'automobile, suivit d'Hunter.

-C'est chaud par ici. Je le fusille du regard et il démarre.

-Ce n'est pas marrant.

-Fais attention à toi tout de même, c'est un prince Lydie.

-Tu ne m'apprends rien.

De nuit, la cité éclairée par des lanternes de feu rend l'endroit paisible, il n'y a presque personne sur les routes, pourtant, l'obscurité qui nous entoure prend le dessus sur la clarté des lanternes. Mon visage se masque d'une grande peine et j'observe par la fenêtre quelques ruelles sombres qui passent sous mes yeux, de si mauvais souvenirs me reviennent en tête et je me souviens de cette nuit, de l'accident, de mon agression. Nerveusement, je détourne les yeux vers l'écran tactile de la voiture pour mettre un peu de musique en fond. Mon frère remarque de suite ma panique.

-Ne penses plus à ça Lydie. Je le regarde désormais, fixant la balafre sur sa pommette qui descend jusqu'à sa mâchoire.

-C'est de ma faute, ce que tu as là. Il recule son visage et grogne discrètement.

-C'est surtout la marque qui me rappelle que je t'ai sauvé d'une seconde.. agression. Lydie tu ne devrais plus penser à ça, tu plus forte que ça. Réitère le brun en se garant devant chez nous, dans notre cour. Il coupe le contact avant de se tourner légèrement vers moi.

-Tu vas peut-être me trouver folle, mais j'ai l'impression que le prince Dyson n'est pas comme eux. Comme ces confrères qui protègent ces pourritures de nobles. Comme l'unité 3 ou encore la 5 qui défendent les nobles corps et âme. Il semble.. différent. Il m'écoute jusqu'au bout puis prend la parole.

-Je ne ressens pas non plus, une once de cruauté dans son regard. Mais tu devrais tout de même te méfier Lydie, n'oublies pas son rang, et le tiens. Il peut retourner sa veste à tout moment. Un léger sourire triste vient marquer mon visage.

-Tu seras encore là pour me protéger, n'est-ce pas ?

-Toujours Mélody, je serai toujours là pour toi. Il me prend dans ses bras et un sentiment de sécurité monte en moi, je pense que je vais bien dormir ce soir.

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Que de promesses et de secrets..