13 - Sombre cavalier
-Vous devriez regarder devant vous lorsque vous marcher. Me conseille une tête aux cheveux bouclés. Lewis, le professionnel du tir à l'arc. Je remarque que pour une fois, il n'a la pas sur lui. Il fixe le prince derrière moi.
-Oh, Carmen est de retour. Seriez-vous jalouse ? Me taquine le brun en se rapprochant, je me recule.
-Non pas du tout ! Je n'ai aucune relation avec Dyson ! C'est simplement mon patron. Explique-je assez contrariée.
-Oh, votre patron. Se moque-t-il en me coinçant entre le mur, une statue, et lui. Je n'ai aucun échappatoire.
-Je voulais vous dire mademoiselle, que Jarod n'aurait pas dû se comporter avec vous d'une telle manière.. si, brusque. Ce n'est pas un tendre, et vous l'aviez sûrement remarqué.
-Effectivement. Claque-je en évitant son regard.
-Avez-vous peur de tous les hommes, ou est-ce seulement avec les royaux ? Demande Lewis, curieux.
-Je n'ai pas peur !
-Pourtant vous tremblez comme une feuille. Est-ce donc moi qui vous fait aussi peur ? Je me colle à la statue qui manque de tomber.
-Vous êtes simplement, intimidant Lewis. Contre-je en plongeant mon regard dans le sien, couleur noisette.
-Je suis donc intimidant.. Venez donc avec moi. Il me tend son avant-bras, je déglutis difficilement.
-Où voulez-vous m'emmener ?
-Là vous devriez être, avec ma filleule et Isis. Lentement, j'accroche mon bras au sien et nous partons en direction de leur salle réservé.
-Sachez mademoiselle de Boulys, que vous n'avez rien à craindre de moi.
-Laissez-moi en douter. Il fait mine d'être blessé en apportant sa main contre sa poitrine.
-Vous m'avez touché. Bravo à vous. Ses mimiques arrivent tout de même à me décrocher un petit sourire, mince.
-Comment êtes-vous devenu général si jeune ? Ma curiosité me pique.
-Si jeune ? Mais quel âge me donnez-vous !
-Et bien.. vingt-deux ans ?
-J'en ai vingt-huit mademoiselle. Je prends donc cela comme un compliment. Et pour répondre à votre question, à vrai dire.. je me suis simplement montré bon pour gérer une armée, tout comme Jarod, Dyson ou Byron. Je relève la tête.
-Dyson est le chef d'une armée ?
-De l'unité 5, oui. Celle qui s'occupe des royaux et des nobles. Vous ne le saviez pas ? J'ai soudainement un pincement au coeur, le prince sait que je déteste l'unité 3 et 5, et il ne m'informe même pas de son statut concernant la cinq.
-Non.. Souffle-je en baissant les yeux, tout en me rappelant qu'il doit être en compagnie de cette charmante jeune femme.
-Qui est Carmen ?
-Petite curieuse. Lewis me jete un regard malicieux alors je décide d'abandonner, ne voulant attirer l'attention sur moi. Cependant, il choisit de me répondre tout de même :
-Carmen est la princesse de Boliv, la capitale du monde blanc - Oprany. Elle et Dyson ont toujours été proches, beaucoup pensent même qu'ils ont été amants un jour, peut-être qu'ils le sont toujours. Sans le vouloir, ma mâchoire se contracte et une violente chaleur me brûle le coeur.
-Et vous, qu'en pensez-vous ? Il hausse les épaules, le regard loin, l'air pensif.
-Leur relation a toujours été un véritable mystère pour moi, et je n'ai pas cherché à l'approfondir. Je sais simplement que Carmen est une femme très possessive envers ceux qu'elle aime. Et sur cette dernière phrase pleine de sens, il me laisse en compagnie de sa filleule qui me saute dessus tant elle est contente de me voir. Quant à moi, je suis perturbée.
Dyson est-il l'amant de cette princesse que j'ai vu toute à l'heure ? Serait-ce possible, qu'il est comme tous les autres ? Et tant que chef de l'unité 5, ne souhaite qu'une chose, c'est de protéger son rang ? Ces doutes ne cessent de m'importuner toute la journée, et je n'arrive même pas à me mettre en colère, je suis simplement, triste et déçue.
[...]
Les yeux rivés sur l'horizon, je me penche sur la rambarde de marbre pour mieux observer le jardin privé, alors que le soleil brûlant me caresse le visage. Malgré la fin de la journée qui approche, la chaleur reste ardente, forte heureusement, il y a une petite brise qui vient rafraîchir ma nuque. Je sens soudainement une présence dans mon dos, je me redresse, sur mes gardes, en attendant que la personne s'annonce.
-Vous aimez toujours autant mon jardin ? Le prince Dyson se place à mes côtés, inconsciemment, mes doigts se crispent sur la rambarde.
-Oui. Rétorque-je assez sèchement.
-Tout s'est bien passé avec mes soeurs ?
-Oui. Et vous avec la princesse de Boliv. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui faire la remarque. Il se penche vers moi pour attirer mon attention.
-Vous semblez bien informé. Rit-il toujours aussi détendu.
-Effectivement, j'ai eu une conversation très agréable avec Lewis. Il n'est pas si mauvais garçon que ça au final. Je souris en coin en pensant au bouclé. Dyson se redresse à son tour et perd enfin son sourire.
-Lewis ? Vous avez parlé avec lui ?
-Oui, cela vous pose-t-il problème ? Lewis est un charmant jeune homme au final. Je l'ai jugé bien trop rapidement. Il détourne le regard avant de poser sa main sur mon épaule pour me mettre face à lui.
-Que cherchez-vous à faire Mélody ?
-Je vous retourne la question. Tranche-je aussi froidement que lui. D'un seul coup, il rit jaune et me pointe du doigt.
-Vous êtes jalouse c'est bien ça ? Et vous essayez de vous venger en vous rapprochant de Lewis. Se moque le prince sans retenue.
-Comment ? Mais pas du tout ! Nous ne sommes ni en couple ni fiancé visiblement ! Vous avez le droit d'être avec Carmen sans vous retenir pour moi ! Et si j'ai envie d'être avec Lewis c'est mon droit également ! Conteste-je en reculant d'un pas, piqué à vif.
-Très bien si vous le prenez comme ça mademoiselle de Boulys, qu'il en soit ainsi !
-Parfait. Au revoir. Votre altesse royale. Dis-je ironiquement avant de partir telle une furie.
Non mais pour qui il se prend ? Nous nous sommes embrassés deux fois et il se croit déjà tout permis le bougre ! Rira bien qui rira le dernier.
[...]
Vraisemblablement, j'ai parlé trop vite. Par Deuturæ, qu'est-ce que je suis en train de faire ?
Après notre dispute il y a deux jours, je ne l'ai pas revu, nous avons visiblement tous les deux beaucoup de fierté. Maintenant, je suis à une soirée organisée par le couple Royal, j'ai bien évidemment été invitée, faisant partie du personnel rapproché. J'ai accepté uniquement parce que mon cavalier, est Lewis. Oui, vous ne rêvez pas.. Il m'a annoncé que ma présence était requise tout en m'invitant à cette soirée. Pourquoi j'ai dis oui ? C'est la question que je me pose depuis que je suis entrée dans cette salle de réception bondé de nobles.
-Ma demoiselle. Une tête brune se positionne face à moi et il s'incline légèrement en me baisant le dos de la main, je fais une légère révérence en guise de réponse.
-Vous me voyez ravi de votre présence ici, à mes côtés. J'étais persuadée que vous ne me détestiez pas, j'avais finalement raison. Il m'emporte alors, dans le coin réservé à la famille royale. Tout le monde est présent, sauf Byron, ce qui n'est pas étonnant. Lorsque mon regard croise celui de Dyson, mon coeur rate un battement. Il est accompagné de Carmen, et visiblement, ne s'attendait pas à me voir au bras de Lewis.
-Lors de notre première rencontre, ça n'avait rien de personnel. Et c'était surtout votre ami qui était effrayant. Chuchote-je à son oreille en montrant Jarod du menton alors que nous nous installons sur la table rectangulaire. Heureusement, nous sommes en bout de table, le seul problème est que en face de moi, se trouve une noble, qui accompagne Jarod.
-Mademoiselle de Boulys, voyez-vous ça ! Lewis tu m'impressionnes. S'exclame le blond au regard espiègle et au sourire mauvais. Je ne préfère pas répondre et le brun se contente de hocher la tête.
-Bonsoir. C'est la jeune femme en face de moi qui vient de parler, je relève alors les yeux dans sa direction.
-Bonsoir, je suis Mélody. Me présente-je simplement, elle me sert la main au dessus de la table.
-Vous pouvez m'appeler Kat. Finalement, elle n'a pas l'air si méchante. Je me demande simplement, ce qu'elle fait avec le chef de l'unité 3, si cruel. Un frisson me parcourt l'échine et je commence à manger, sous le lourd regard du prince qui ne cesse de me fixer.
-Vous dansez ? Je lève les yeux vers Lewis, qui me tend sa main.
-Oui, avec plaisir. Accepte-je en me levant pour l'accompagner sur la piste de danse.
-Sachez, Mélody, que l'histoire qui salit votre nom ne m'a jamais intéressé. Je ne me réfère pas à de simples rumeurs. Le général de l'unité 1 me fait tournoyer avant de me rapprocher de nouveau contre lui.
-Les potins n'ont pas l'air de vous intéresser, effectivement. Alors, qu'aimez-vous ?
-Le tir à l'arc est ma première passion, les jeux de stratégies me fascinent également.
-Je comprends votre statut dans ce cas. Cela n'est pas trop compliqué de partir en guerre ?
-Non au contraire, j'aime ça. J'ai été formaté depuis ma naissance pour être une machine de guerre mademoiselle, alors j'apprécie tout ce que je représente. Et vous, pour quoi vivez-vous ? Demande-t-il à son tour en changeant de position.
-Pour ma famille. Pour la musique aussi. Et pour la justice. Réplique-je simplement en plongeant mes yeux dans ses iris chocolats.
-Une sentimentale.
-À l'opposé de vous visiblement.
-Je n'ai plus de famille biologique Mélody. La musique s'arrête en même temps que lui. J'entre-ouvre la bouche, navrée.
-Je suis désolée, je n'en savais rien. Il me sourit pour me rassurer tout en posant une main sur mon épaule.
-J'étais très jeune mademoiselle, ne vous inquiétez pas. Et puis maintenant, j'ai une nouvelle famille, composée de personnes que vous détestez, certes, mais une famille tout de même. Jarod et Byron sont comme mes frères. Je hoche la tête tout en l'accompagnant jusqu'à la table.
-J'imagine, qu'ils représentent beaucoup pour vous.
-Vous imaginez bien Mélody.
-Je peux t'emprunter ta cavalière pour une danse ? S'interpose soudainement une masse devant nous, qui n'est autre que le prince Dyson. Je déglutis tout en le fusillant du regard.
-Uniquement si tu me la rends dans quelques instants. Et surtout si elle le souhaite.
-Merci. Le royal le coupe dans son élan de galanterie en m'emmenant sur la piste, le regard sévère et la poigne de fer.
-Que me voulez-vous ? Débute-je en prenant soin d'éviter son visage aux traits froids.
-Lewis n'est pas quelqu'un pour vous Mélody.
-Pour moi ? Vous me trouvez trop fragile pour un homme comme lui c'est ça ? Je pense être assez grande pour prendre mes propres décisions. Sa poigne se resserre dans un geste possessif alors que mon souffle se coupe. Je ne peux nier la chaleur qui s'éprend de mon corps, cela doit être.. la colère, oui.
-En prenant compte de votre passé oui, il n'est pas assez bien pour vous. J'ose enfin lui lancer un regard noir.
-Je regrette de vous l'avoir raconté. Durant une seconde, il semble blessé.
-Et pour reprendre vos propos, vous pensez peut-être que vous êtes mieux que lui ? Que vous êtes fait pour moi ? C'est donc ça le problème ?
-Je n'ai jamais dis une telle chose, c'est vous qui interprétez un baiser en sentiment. Vexée, je m'arrête de danser.
-Vous m'aviez dit qu'il.. représentait quelque chose, pour vous. Je sens quelques larmes monter tant ses dires sont blessants.
-Vraiment ? Il enfonce le poignard un peu plus loin, alors que mes larmes dévalent mes joues. Lorsqu'il s'en rend compte, il se crispe.
-Ne pleurez pas Mélody.
-Je ne sais pas ce qu'il me retient de vous gifler !
-La convenance peut-être, s'interpose soudainement une voix aigüe à nos côtés, comment pouvez-vous vous comporter de la sorte face à votre supérieur. Termine Carmen en entourant son bras autour de la taille de Dyson qui tente timidement de la repousser. Je refoule un sanglot et laisse parler ma jalousie.
-Pardonnez mon expression, Ma Dame, exagère-je en la toisant de haut en bas, mais ce prince n'est qu'un goujat de bas étage alors que vous, vous n'êtes qu'une manipulatrice mal élevé ! Cris-je suffisamment fort pour que les gens autour puissent entendre. La princesse pose une main sur sa poitrine, faisant mine d'être blessée.
-Gardes ! Emparez-vous de cette insolente ! Elle mérite d'être corrigée pour nous avoir parler de cette façon !
Deux gardes sortent de nulle part pour aggriper mes bras et je me défends comme je le peux, en les insultant.
-Non lâchez-là ! Ordonne Dyson en poussant légèrement Carmen pour venir vers moi. Les gardes obéissent et à peine libre, je gifle de toutes mes forces le prince qui, sonné, se tient la joue en me fixant. Face à ce geste, les gardes me ressaisissent violemment et m'emmène je ne sais où.
Lorsqu'ils me descendent dans un sous-sol où la température est insoutenable et où l'odeur est nauséabonde, je m'agite une fois de plus, ils me mettent au cachot !
-Messieurs, veuillez la lâcher. Une voix survient derrière nous et je reconnais celle de Jarod, je suis secouée par des milliers de frissons d'appréhension.
-Il me semble que le prince Dyson ne souhaitait pas la faire enfermer. Poursuit-il en s'avançant.
-Elle a frappé un royal, elle va être jugé par le prince Byron.
-Justement, je suis là. Parle une voix menaçante en sortant de l'ombre, les deux gardes se figent et me lâchent sans plus attendre, laissant la peur grandir à vitesse grand V dans tout mon être.
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