Chapitre 5
Luka attendait dans le salon, un jean noir et un sweat bleu orné d'un serpent vert à l'arrière. Il discutait joyeusement avec son beau-père, pendant que Sabine cuisinait un gâteau qui sentait terriblement bon le chocolat. Cependant, cette odeur chocolatée donna de violentes nausées à Marinette qui descendit au salon. Elle ne souhaitait en aucun cas salir le sol que son père avait laver le matin même, donc elle inspira profondément, tentant de calmer son estomac. Son petit ami lui adressa un sourire discret et léger, qu'elle lui rendit comme elle put, faisant preuve de la plus grosse volonté du monde.
Ils sortir dans la rue quelques minutes plus tard, afin de monter sur la fameuse moto bruyante du musicien. Alix n'habitait pas loin mais aller à pied chez elle alors que Marinette avait mis un chemisier dos nus rouge, bien caché sous une veste en cuir noire très épaisse et chaude, cela signifiait arriver à la soirée recouverte de transpiration. Et commencer la soirée en sueur et avec une odeur nauséabonde, c'était hors de question.
Ils s'embrassèrent chastement, montèrent sur la moto que Luka démarra. Ils partirent à toute allure dans les rues de Paris.
Main dans la main, Luka et Marinette entrèrent dans l'appartement d'Alix, avec quelques minutes d'avance. Pourtant, tout le monde semblait déjà être présent, sauf peut-être Adrien et Chloé. Ils se séparèrent après avoir fait la bise à tout ce beau monde. Luka se dirigea vers le groupe de garçons composé d'Ivan, Nathaniel et Marc. Tandis que Marinette se précipita vers le buffet, affamée, le préfou à l'ail lui faisant des clins d'œil depuis son arrivée. Au diable la mauvaise haleine.
Alya la rejoignit en lui sautant dessus. Cela faisait deux semaines qu'elles ne s'étaient pas vues, donc leur étreinte fut forte et pleine d'émotions. Rose qui passait par là, avec Juleka, sauta sur l'occasion pour faire un câlin collectif. Joyeuse, la future journaliste resta accrochée à son amie, les bras autour du cou de Marinette, braillant sur leur retrouvaille. Mylène ne tarda pas à les rejoindre après avoir terminé sa discussion avec Alix. Enfin, Alix venait surtout d'accepter un défi surprenant qui était de ramper le plus vite possible avec un certain Kim. Mylène s'était donc enfuie, ne voulant pas assister à leurs bêtises.
Les deux blonds manquants, Chloé et Adrien, arrivèrent bien après, avec quelques minutes de retard. Style décontracté, Chloé s'accrochait au bras d'Adrien sans pour autant le coller comme des années auparavant. Ils entrèrent discrètement, se souriant l'un l'autre. Marinette les observait de loin, sceptique. Ils s'embrassèrent sur la joue, leurs regards pleins de complicité et se quittèrent, partant chacun voir ses amis. La brunette n'en fit pas tout un plat, Adrien était son meilleur ami, et ils n'avaient qu'un lien fraternel.
Agreste junior salua de loin sa camarade de classe, lui adressant un clin d'œil et un sourire canaille. Ce fut sans surprise que le blond se dirigea vers Nino, Kim et Max, avec une joie excessive qui le faisait sautiller comme un garçon de cinq ans. Alix s'était rapprochée de Marinette avec une mine boudeuse.
- Kim a triché c'est pas une grande nouvelle, un vrai connard ! Marinette ? Tu nous suis ? Les filles ? Pourquoi Marinette est figée comme une statue grecque ?
Aucune ne sut quoi répondre, elles regardèrent toutes dans la direction que fixait Marinette. Lila était entrée et elle avait bien changée. Physiquement. C'était toujours une mythomane, et nymphomane sur les bords, ce n'était un secret pour personne. Ses cheveux étaient coupés en carré dégradé, elle portait un short aussi petit qu'un string et un collant noir effilé. Elle avait mis un croc top faisant la taille d'une brassière. Cependant elle n'eut pas un seul regard de la part de l'assemblée. Tout le monde l'ignora, ce qui ravie la styliste en herbe.
- Qu'est-ce qu'elle fout là cette pouffiasse ? Je l'ai pas invité, elle va vite dégager avant que je lui refasse le portr-
- Ça suffit Alix ! Vivons de paix et d'amour ! Si Lila nous encombre oublions sa présence-
- Existence plutôt Rose.
-C'est ce que j'ai dit Juleka, donc bonheur et joie, y a plus aucun problème, on est toutes heureuses, on s'amuse et on voit pas le temps passé !
Toutes hochèrent la tête, décidant de mettre la nouvelle Lila de côté. Mylène embarqua Alya et Alix sur le dancefloor, sa chanson préférée passait et elle se devait de bouger son corps, quitte à empoigner deux âmes innocentes au passage. Marinette continuait son attaque sur le préfou à l'ail. Juleka et Rose avaient une discussion sur les joies de l'adoption. La brunette s'étouffa sur ce sujet avant qu'elle n'entende les mots chiots et licornes. Elle soupira de soulagement. Mais en vérité son stress revint à la charge lorsque ses yeux lagons se posèrent sur Rose. Les mots que cette dernière avait prononcés résonnaient dans l'esprit de Marinette. « On ne voit pas le temps passé ».
Amèrement elle ne pouvait qu'approuver ces dires, glissant une œillade douloureuse vers son kwami dans sa veste. Elle n'avait pas calculé quand elle était tombée enceinte exactement. Elle ne voulait pas revenir en arrière pour savoir quand l'erreur avait été faite. Luka et elle s'étaient toujours protégés pourtant. Alors que s'était-il passé il y a deux mois, trois semaines et quelques jours ?
Ces yeux bleus s'écarquillèrent en même temps qu'ils se posèrent sur son petit ami. Luka avait rejoint Nino et riait avec lui. Les deux groupes de garçons s'étaient réunis. Les larmes aux yeux, le cœur de Marinette cognait brutalement contre sa cage thoracique. Qu'avait-elle osé faire ? Elle avait oublié ce détail. Ce gros détail.
Elle essuya d'un revers de main ses larmes au plus vite. La sœur cadette de son copain la fixait, inquiète. Elle attrapa un verre pour espérer retirer le goût d'ail de sa bouche, cela commençait à devenir écœurant. Elle aperçut le jus jaune pétillant, dégageant une odeur fruitée et âcre à la fois. Du champagne. Elle posa brutalement le verre, à la limite de le briser et souffla avec rage. Elle prit un autre verre, partant sur un jus de fruit au hasard. Les problèmes commençaient déjà. Et puis pourquoi elle se souciaient de la "chose" ? Elle pouvait boire ce qu'elle voulait !
Alors Marinette reprit le verre de champagne, les lèvres contre le verre. Que devait-elle faire ? Une nouvelle erreur ? Elle aperçut Luka, souriant et ouvert aux autres garçons. Ça allait le briser. Son imagination lui joua des tours. Une petite fille courrait vers le guitariste qui revenait de tournée, la petite souriait à pleine dents, les cheveux aussi bruns que son père avec les yeux de sa mère. Elle l'imagina. Et son cœur se brisa. Tout comme son verre qui éclata dans sa main.
Le brouha se tut soudainement, tout le monde se retournant vers l'objet qui avait été cassé. Alix se précipita pour ramasser les bouts de verres, Alya vérifia la main de la brune, afin de voir si elle s'était coupée. Luka fronça les sourcils et s'apprêtait à venir voir Marinette, inquiet. C'est à cet instant que Marinette sortit de sa coquille de glace, riant de sa maladresse.
- Désolée Alix, j'ai une force de brute ! Je te promets de t'en racheter un !
- Ne t'en fait pas pour si peu Marinette, tant que tu vas bien, un verre c'est rien !
Alix rit à son tour, et l'atmosphère se détendit. Chacun retournait à sa discussion. Oui tout allait bien. Un verre ce n'était rien. Chloé vint la voir, laissant Sabrina qui discutait avec Lila. Leur relation avait évolué, dans une sorte de compromis, d'amitié amour-haine, et c'était très bien comme ça. La blonde l'a pris alors par le bras, un peu pompette des verres qu'elle avait bu.
- Dupain-Cheng ! Ça faisait longtemps ! Avoue ça t'en bouche un coup que je sois en fac de médecine ! Tu vois je fais mieux que toi haha !
***
Marinette n'en pouvait plus de voir Luka rire et de l'entendre parler joyeusement. Ne voyait-il pas qu'elle souffrait seule assise sur sa chaise minable à côté d'un couple de gays en manque ? C'était bien mignon les couples qui s'embrassaient mais là, ils lui rappelaient que le sien allait s'effondrer.
La franco-chinoise devait parler à Luka, elle devait le détacher de tout ça, il méritait une belle vie, sans mensonge, sans douleur. Avoir un alien sur les bras n'allait que ruiner sa vie ! Elle le savait. Mais Marinette l'aimait. Le laisser partir était de reconnaitre ces torts. L'apprentie styliste souffla son mécontentement puis grimaça à cause de la douleur de son cœur. Elle se sentait mourir, comme si le sol s'effondrait sous ses pieds et que le plafond cédait sur sa tête. Si cela continuait elle finirait folle.
Elle se faufila discrètement derrière un pilier en pierre de l'appartement, à un pas ou deux du groupe. Luka était appuyé contre ce dernier et écoutait Nino et Adrien qui partaient dans un nouveau débat. Elle espérait pouvoir attraper sa manche pour l'emmener sur le balcon et parler. Mais la brunette se figea de peur. De loin, elle pouvait voir Alya lui demander silencieusement ce qu'elle faisait. La journaliste lui sourit malicieusement, les deux pouces en l'air. Marinette ne comprenait pas ce que s'imaginait sa meilleure amie et elle s'en foutait bien. Elle avait autre chose à faire si sa peur lui laissait l'opportunité de le faire.
Malencontreusement son oreille traina sur la discussion des mâles à côté. C'était Adiren qui était le centre d'intérêt apparemment. C'était le moment idéal pour entrainer Luka plus loin. Si seulement son corps n'était pas tétanisé de peur !
- Je comprends pas mec, pourquoi tu refuses de voir un film d'horreur avec une nana ?
- Ne me fais pas vivre un nouvel enfer Nino.
- Pourquoi ? Y a des chances d'avoir quelques gâteries si t'es un héros sans peur !
- Ne crois pas ça Kim, un frère est mort au combat comme ça.
- Mec me dis pas que c'est arrivé ?
- Si. Elle m'a mordu.
- En plein dans...?
- Ouais, un traumatisme. Y avait un screamer.
Gênée, Marinette s'empêcha d'écouter la suite. C'est à ce moment-là que son corps décida d'agir. Les joues rouges, elle agrippa l'index de Luka et tira doucement dessus deux fois, le sommant de lui donner de l'attention. Il se retourna et son sourire rayonna. Il lui embrassa le front et la suivit docilement. Elle avait l'impression qu'une main glaciale, invisible et violente, lui enserra le cœur. Une main nommée culpabilité. Elle se maudissait de tous les noms, les jurons pleuvaient intérieurement. L'étudiante connaissait son musicien, elle voyait déjà son sourire se faner, son regard s'assombrir et ses lèvres trembler.
Une fois sur le balcon, la baie vitré ouverte. Elle prit une inspiration.
- Luka, je te demande pardon. Je dois romp-
***
Au loin, Adrien chahutait avec Kim. Les deux se battaient faussement mais assez pour tester leur capacités. Un poing par-ci, un coup de boule par-là, une jambe par-ci, une Chloé frappant Kim par-là et, avant même de comprendre quoi que ce soit, la force de la blonde acheva Kim qui s'écrasa au sol.
Adrien s'attendait au pire, il suait déjà, la peur lui nouant le ventre. Sa sœur de cœur semblait préoccupée et il n'avait aucune envie de recevoir les sentiments négatives de Chloé en pleine face. Allait-elle lui frapper la tête contre le mur ? Le chatouiller avec une plume de ces satanés pigeons ? Ou pire lui faire la torture made in Bourgeois ? Il se rappelait encore la douleur et les courbatures. Il avait marché comme une poule qui pondait des œufs pendant trois jours, quelle humiliation...
- Tu peux me dire ce que foutent ces deux-là ?
Il plissa ces yeux émeraudes à la recherche de quoi parlait Chloé. Il tomba sur une scène assez.... équivoque sur le balcon. Marinette, qui était très portée sur la gestuelle, mimait de grandes choses brusquement, presque angoissée. Tandis que Luka baissait la tête.
- Bah ils discutent ?
Ce qui vint ensuite surpris les deux blonds qui observaient de loin. Chloé souffla entre l'étonnement et l'incompréhension.
- Bah ils se disputent oui !
D'un coup, Marinette stoppa ces gestes extravagants et emplis d'empressement. Elle effleura la joue de Luka de ses doigts fins mais ce dernier attrapa sa main et la repoussa violemment. La brune se recula. De son œil félin, le mannequin pu apercevoir les jambes de sa meilleure amie tremblées. Luka se frotta les yeux et partit tout bonnement, quittant le balcon et s'enfonçant dans le couloir.
- Oh merde, va réconforter Marinette, je vais aller voir Luka !
Chloé se précipita, inquiète, vers la direction qu'avait prise Luka. Adrien soupira d'agacement, sentant les problèmes arrivés.
- Comme si j'allais la laisser pleurer.
Il grogna et rejoignit. L'alter égo de Chat Noir enlaça presque immédiatement Marinette, sans la prévenir, juste pour la réconforter. Elle était prise de gros sanglots et de tremblements. Elle reniflait de temps en temps, et pourtant, ses gémissements étaient aussi silencieux que ses pleurs. Il lui embrassa le cuir chevelu, puis posa son menton sur le haut de son crâne.
- Hé petit diable, respire, je suis là ok ? Tout va bien se passer... Dis-moi ce qui-
Il fut interrompu par Marinette qui le repoussa. Elle s'éloigna de lui comme s'il avait la peste. La jeune styliste essuya ses larmes rapidement, se calmant du mieux qu'elle put. Du moins, c'est ce qu'il pensait. Il avait toujours pensé qu'il pouvait lire dans les yeux de Marinette comme si elle était un livre ouvert. A présent, il pouvait y voir de la culpabilité, de la souffrance, de la honte et de la colère. La voix de l'étudiante était lointaine, saccadée par moment à cause de sa respiration prise entre deux sanglots.
- Je- Je l'ai quitté ! Adri-en j'ai rom-rompu avec Luka !
Elle se remit à pleurer de plus belle. Ses beaux yeux passant d'un bleu semblant à un paisible lac, à un tuyau de robinetterie complètement cassé d'où l'eau jaillissait brutalement et partout. Adrien fronça les sourcils, soudainement remonté par la colère. Comment ce fumier osait-il ? Il osait le traiter de connard avec les femmes mais lui se permettait de faire pleurer sa perle rare ! Son grognement guttural était presque bestial. Et pourtant quelque chose bloquait sa vengeance. Il était prêt à couper Luka en rondelle pour l'offrir en sushi à sa princesse. Mais sa dite princesse n'avait-elle pas dit que c'était elle-même qui avait rompu ? Il lui semblait que cette dernière était bizarre depuis quelques semaines, peut-être était-elle préoccupée à cause de sa future rupture ? Il eut mal au cœur en apercevant son amie redevenir calme mais conservant son air ravagé dans ces prunelles.
- Mari' pourquoi ? Que s'est-il passé ?
Il y avait baleine sous gravier, il se passait quelque chose de plus gros, il en était sûr. Parole de félin ! Elle plongea ses prunelles dans celle de son interlocuteur, au bord des larmes.
- Je-... Je suis enceinte.
Adrien fit une tête de merlan frit, il ne s'y attendait pas. Mais il devait la soutenir au lieu de l'enfoncer avec sa tête de chat choqué. Il réfléchissait à toute allure, prenant le problème par les cornes, le tournant dans tous les sens.
- Et-et il n'y a pas de solution ? Il n'en veut pas ? Et l'avo-
Il se coupa, n'osant pas s'approcher d'une pente glissante. Amèrement, avec un fond de méchanceté, elle lui avoua presque tout, sans pour autant évoquer la traitresse qui se tapissait dans sa veste.
- L'avortement ? J'ai essayé. Mais c'est déjà trop tard, c'est ma faute.
Il soupira, mais se reprit bien vite. Il n'allait pas abandonner son amie dans cette situation, hors de question. Et s'il le devait, et bien se sera lui et elle contre le reste du monde. Il lui prit doucement la main, lui intimant de le regarder.
- Et Luka ? Il a mal réagi ?
Il se doutait bien que ce dernier avait mal réagit vu son empressement à fuir la pièce. Marinette se mordilla les lèvres, n'arrivant pas à regarder bien longtemps son meilleur ami dans les yeux. Elle était en tort, elle le savait déjà.
- Je ne pouvais pas l'impliquer dans des mensonges, il ne mérite pas ça, je ne suis qu'un boulet.
Les larmes menaçaient de couler à nouveau. Adrien lui donna un paquet de mouchoir, à la limite de pleurer aussi. Dans quelle bourbier ils étaient ? Et quels mensonges ? Il grimaça, mal à l'aise de devoir remuer le couteau dans la plaie.
- Marinette tu n'es pas un boulet, quels mensonges ?
Il était doux, sincère et prêt à tout. Il s'approcha prenant entre ses deux mains le visage chagriné de son amie.
- Je ne peux pas rester avec un homme qui n'est pas le père de mon erreur.
Il tomba des nus. Ou plutôt, ils tombèrent des nus. Une certaine jeune fille brune avait tout entendu. Elle partit, choquée, les mains sur la bouche cachant sa surprise.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro