Chapitre 12
- Princesse ?
Marinette se retourna à moitié, profitant au maximum des bras chauds de Chat Noir. Elle lui offrit un sourire rayonnant, ses prunelles brillant d'un éclat malicieux.
- Tu veux bien aller me chercher des chips au vinaigre et après on regarde "Ça 2" ? Tu es un ange Chat, tu lis même dans mes pensées !
Elle lui embrassa la joue, bien joyeuse, tandis qu'il haussait un sourcil, ne croyant pas qu'elle ait pu l'avoir de cette manière. Il se décala, descendant l'échelle à la recherche de la nourriture qui l'écœurait. Marinette prit son ordinateur le déplaçant sur son ventre. Elle avait découvert qu'il était très utile d'avoir une colline à la place de son ventre plat, car elle pouvait regarder un film en paix sans tenir l'ordinateur avec ses mains.
À la vitesse de l'éclair, Chat Noir était revenu, paquet à la main et sourire aux lèvres. Il s'installa sur le lit, posant sa tête sur l'épaule de sa demoiselle, et ses jambes sur les siennes. Dans une position de bébé koala, il l'entourait de son bras libre au niveau du bas de son ventre afin de ne pas la gêner durant le visionnage du film d'horreur. Il était bien surpris au début, il savait son aversion pour ce type de film et du jour au lendemain, elle en était fan. Clown tueur, poupée maléfique, ombre qui bouge, porte qui s'ouvre toute seule, elle adorait, du moment qu'il n'y avait aucune trace de sang sinon il devait lui couvrir les yeux. S'il ne le faisait pas, il devait rester auprès d'elle toute la nuit pour lui éviter des cauchemars, au lieu de la border et de rentrer chez lui. Quelle joie, pour un héros comme lui qui devait patrouiller la nuit !
Elle riait observant le clown frapper la vitre avec sa tête brutalement. Le félin la fixait, subjugué par son rire cristallin et par son nouveau sens de l'humour assez... inhumain. Il lui embrassa la nuque, pas fan de voir un enfant se faire dévorer par un clown barjot.
***
Chat noir s'allongea sur la banquette de tout son long, se roulant dans les draps. Il suivait le monologue de Marinette d'une oreille distraite, préférant largement humer l'odeur sucrée de la propriétaire des lieux. Marinette faisait les cent pas, retournant son tee-shirt dans tous les sens, une aiguille dans son autre main.
- Le dire à mon père, c'est te considérer comme mort et enterré, alors...
Il se releva brutalement, tombant de la maudite banquette. Ces yeux verts fusillèrent le petit lit, jurant qu'il allait le cataclysmer plus tard. Il s'avança vers le bureau, agitant sa queue, ses oreilles félines se rabaissant en arrière.
- Ce n'est pas urgent de le lui révéler hein, on peut attendre aussi ?
Peureux, il l'était sur ce coup-là. Il faisait soixante kilos tout mouillé pour un mètre soixante-quinze avec pour adversaire quatre-vingt-dix kilos de muscles, un mètre quatre-vingts. Il voulait vivre, pas se faire lamentablement écraser comme une crêpe par un ours boulanger ! Il prit une tonne de papiers sur le bureau, se donnant un air réfléchi au lieu d'afficher une tête de chat trempé.
- C'est quooiii ?
Il laissa traîner son "quoi" le rendant enfantin, fixant les feuilles avec une curiosité maladive. Marinette soupira d'exaspération.
- Des papiers, range tes mains baladeuses et pose-les Chat.
Un seul mot revenait sur lesdits papiers, qui fit froncer les sourcils du Chat.
- Adoption ?
Qui ne dit rien consent. Le silence lui répondit comme une gifle.
- Tu comptes le faire adopter ? Ai-je le droit d'émettre un avis ?
Ce n'était pas méchant. Il était peiné et attentif à chaque réaction de sa princesse. Marinette posa son aiguille puis son tissu, sifflant entre ses dents. Elle semblait... irritée.
- Laisse tomber Chat Noir.
Il s'exclama tout de même, donnant son avis. Il était mitigé, mais gardait la tête froide.
- Je suis contre.
- Pardon ?
Elle se retourna pour lui faire face. Tout bonnement choquée de ce qu'il venait de dire. Il s'expliqua alors, la main posée sur le cœur, comme si ce dernier lui était douloureux.
- L'adoption sonne comme l'abandon, ça fait si mal d'y penser.
- Je-
Il la coupa, et prit un air résigné.
- Mais c'est ton choix Marinette, pas le mien, je ne donne que mon avis.
Il abandonna les papiers pour se coller au dos de sa princesse l'entourant de ses bras. Elle soupira d'aise, sa chaleur la réconfortait.
- Pour le moment ça me parait comme une... bonne solution ? Je préfère lui trouver une bonne mère qu'en être une mauvaise.
Il ne dit rien, embrassant simplement son cuir chevelu. Elle se retourna et colla ses lèvres aux siennes, dans un baiser chaste. Il s'agenouilla et lui tendit la main, son air canaille lui revenant. Elle lui sourit malicieusement en retour, impatiente de connaitre la folle idée de son chaton.
- ... Ça te dit une valse princesse ?
Elle le fit se relever et lui prit les mains.
- Si tu m'apprends...sinon je vais te marcher sur les pieds !
Marinette rit à gorge déployée. Chat Noir en profita et laissa son bâton sur la chaise à roulette, se servant de son arme comme d'une enceinte. Bénis soient les objets magiques. Le blondinet posa sa main gantée sur la hanche de la demoiselle, les rapprochant. Qui n'avait jamais eu des envies de danser subitement dans un moment sérieux ? Tout le monde, à part le phénomène cataclysmique qu'était Chat.
***
Marinette enfila une nouvelle chemise sous l'œil attentif d'un certain félin. Elle prit quelques tee-shirts qu'elle jeta à la poubelle dramatiquement, comme si elle vivait une comédie tragique.
- Adieu croc top !
Perplexe, le blond s'approcha, curieux de ce remu ménage.
- Je croyais que tu n'en mettais jamais ?
La jeune fille le considéra avec attention et s'exclama avec une logique déconcertante.
- C'est ce que je dis : adieu croc top !
Il tomba des nues, ne sachant pas s'il devait en rire, pleurer ou faire une tête de dernier de la classe qui avait eu un 20/20. Il décida finalement d'abandonner toute compréhension et se réinstalla sur le tapis de la demoiselle. Il devait partir d'ici peu alors autant profiter de la jeune fille, même si actuellement il devait profiter d'un brin de folie.
***
Avant de courir chez Alya pour préparer sa (soi-disant) fête inoubliable des dix-huit ans, Marinette s'arma de son sac en bandoulière, fouillant pendant le trajet pour vérifier que tout était en place.
Carte de fidélité, ok. Mouchoirs, ok. Papier et crayons, ok. Tikki et des cookies, ok.
Elle était prête. Son sac lui évoquait de vagues élans de nostalgie, elle ne l'avait plus porté depuis deux ans, jusqu'à ce que Chat Noir et son don de fouiller partout le retrouve et lui lance un éloge sur ce fameux sac.
Avant de se rendre chez sa meilleure amie, elle avait un rendez-vous bien plus important. Sans plus de cérémonie, elle entra chez la gynécologue. La première fois, la dame avait été patiente et adorable, mais ce n'était pas SON médecin, et son rendez-vous avait été une angoisse tout du long. Elle allait donc revoir sa gentille gynéco, qui l'avait déjà vu une dizaine de fois, une jeune femme rousse aux airs maternelles et tendres qui envoyait paître la formalité en la tutoyant, rien de mieux pour la rassurer.
Elle bailla pour la huitième fois de la journée, la salle d'attente était vide, ou du moins, il n'y avait qu'elle. Un long silence, sans bruit dans la pièce, juste un stupide pigeon qui roucoulait près de la fenêtre.
- Dupain-Cheng Marinette ?
La jeune fille s'arrêta de fusiller du regard l'oiseau et se leva, suivant son médecin. Après quelques échanges de politesses, elles s'assirent toutes les deux.
- Alors, j'ai pu obtenir ton dossier chez ma collègue pour te prendre en charge. Normalement une suite est donnée tous les deux ou trois mois, une fois ou deux par trimestre, donc qu'est-ce qui te tracasses Marinette ?
Pas de chichis, pas de sous-entendu, la soignante était derrière son bureau, un dossier sous le nez, la fixant avec inquiétude et tendresse. La franco-chinoise se pinça les lèvres, anxieuse d'être venue pour rien.
- Je me posais des questions sur le sommeil, la fatigue durant... la grossesse.
Arrachée ces mots de sa bouche était encore difficile, elle en grimaça même. La rousse hocha simplement la tête, à l'écoute.
- Tu ressens une grande fatigue tu veux dire ? Des nausées, autres choses qui accompagne ton sommeil ?
En toute confiance, l'étudiante s'exclama d'un ton las, épuisée.
- Oui, je dors à toute heure de la journée, dès que vient la nuit je fais des insomnies, je dors la plupart du temps sur ma banquette, je suis trop fatiguée pour grimper une simple échelle ! Je finis par avoir des vertiges et j'ai des envies louches...le plus souvent la nuit.
La gynécologue laissa échapper un petit rire à la dernière phrase prononcée avec tant de désespoir. Elle nota néanmoins ce que lui disait sa patiente, concentrée.
- Pour l'instant rien ne devrait nuire au bébé ni à toi, mais ça peut devenir inquiétant dans les semaines à venir. De ce que j'ai compris ton lit est en hauteur ? Tu ne peux pas aménager ta chambre ? N'hésite pas à faire des siestes une ou deux fois par semaine, boit plus souvent, ton corps à besoin de plus de temps pour s'adapter, ça a été un début de déni, imagine bien que ton corps vient d'être réveillé par une grosse horloge et qu'il s'est recouché au lieu de se lever. C'est un peu ce genre d'image.
Marinette acquiesça en riant, comprenant la métaphore un peu étrange de son médecin. Elle pensait réfléchir aux détails plus tard, elle avait le temps et se presser ne lui amènerait que plus d'angoisses.
Et une Marinette stressée, c'était un Chat Noir inquiet qui allait lui tomber dessus.
Son visage se fit tirer par l'anxiété, ses poches noires sous ses yeux en témoignant. Chose qu'aperçut d'un œil vif la soignante.
- Je n'aime pas être si intrusive Marinette mais, je t'ai toujours vu sans un gramme de graisse, je suis impressionnée d'ailleurs que tu sois si musclée, tu dois bien faire pas mal de sport non ? Ou un seul mais qui t'épuise beaucoup ?
Que dire ? Être Ladybug était un métier non ? Les combats étaient sportifs et endurants, cela comptait peut-être comme un des sports les plus extrêmes ? Que devait-elle dire ? Elle ne pouvait la mettre dans la confidence, chose impossible, mais elle ne pouvait non plus ne rien dire et risquer sa vie et la vie de la chose. Marinette eut un éclair de génie, tout raconter c'était non, mentir non plus, elle omettrait juste certains détails.
- Oui je fais du sport disons intensément mais c'est presque vital voire nécessaire pour moi.
Aucun mensonge, juste une bribe de vérité.
- Marinette... c'est extrêmement dangereux. Les premiers mois sont durs, surtout alors que tu as fais un début de déni de grossesse... Tu devrais ralentir le sport, en faire moins petit à petit, jusqu'à totalement arrêter... Si tu t'en sens capable pour le bien de ton corps et du fœtus, alors arrête définitivement pour les prochains mois, d'accord ?
Elle hocha vaguement la tête, s'imaginant arrêter d'être une super-héroïne pendant cinq mois de plus.
La consultation se finit là-dessus, tirant une conclusion : refaire sa chambre pour dormir encore plus qu'elle ne le faisait déjà.
Bien plus tard, dans l'appartement de la famille nombreuse d'Alya, Adrien, Nino, Marinette et, bien sûr, Alya, s'étaient réunis. Le quatuor s'installa autour de la table où se trouvait des gâteaux et des boissons. Nino, excité comme une puce, parla en premier.
- Prem's pour gérer le son !
Amusée, Alya tira son petit-ami pour l'asseoir correctement sur sa chaise.
- Personne ne dira le contraire Babe.
La journaliste sourit tendrement. Marinette observait le couple avec amusement et une certaine... envie. Adrien observa la table, cherchant ce qu'il faisait là. L'apprentie styliste coupa court aux petites chamailleries du couple.
- Je veux bien m'occuper de la nourriture et-
La Césaire la coupa férocement, agitant ces deux index imitant le "non" gestuel.
- Non, non, non Marinette ! Je m'en occupe, ma mère me dois une petit service, donc je m'en charge ! Mais on ne dira pas non pour quelques viennoiseries...
Elles échangèrent un regard complice, qui brillait d'une envie de pâtisserie soudaine.
- Des croissants ?
- Seigneur Adrien, arrête de ne penser qu'aux croissants !
Le blond se tassa sur sa chaise, bredouillant et rouge cramoisi.
- Je ne le fais pas exprès... Il nous manque donc de l'alcool et la déco ?
- Mec j'ai des guirlandes qui trainent dans le grenier. On peut les prendre ?
Le DJ se proposa gaiement, avec certainement l'idée de se débarrasser de la décoration inutile qui s'entassait dans un coin de sa maison. Un peu comme le cadeau de Noël de mamie, une paire de chaussettes ou un pull en laine pour rentrer dans le cliché. Au final ça finirait à la poubelle ou prendrait la poussière. Autant l'utiliser pour quelque chose de plus utile. Le gaspillage tout le monde s'y refusait à table.
Gênée, Alya tapota son crayon de bois sur la table ronde.
- Adrien et Marinette, désolée de vous demander ça mais vous pouvez vous occuper du reste de la décoration et de l'alcool ?
Marinette fronça les sourcils, surprise. Pas contre l'idée mais rougissante, telle une nonne sortant du couvent, à l'idée d'aller acheter des bouteilles d'alcool.
- Pourquoi nous ?
- Mon père est strict-
La journaliste claqua son poing contre la table, effrayant le blondinet. L'organisatrice de cette réunion le fusillait du regard.
- Ton père on s'en fout, tu l'utilises quand ça te chante Moooonsieur je frôle le coma éthylique !
Agreste Junior allait ouvrir la bouche et riposter, mais se fondit sur sa chaise, honteux.
- C'était un accident...
- ON M'ÉCOUTE OUI ? Quand je demande pourquoi nous, on me répond, merde !
Les émotions en vracs, l'étudiante en stylisme était debout et s'essuya les yeux, au bord des larmes et prête à utiliser un de ses amis pour frapper sur les deux autres.
- Pardon Marinette.
- Les hormones.
Piteusement, elle s'expliqua en deux mots, tout en se rasseyant sur sa chaise. Alya répondit à sa question en retour avec un air de "C'est logique pourquoi tu n'y as pas pensé ?" qui agaçait le blond aux côtés de la demoiselle aux hormones actifs.
- Bah vous êtes ceux qui semblaient les plus responsables.
Marinette la fixait, abasourdie.
- J'ai que dix-sept ans.
- Adrien en a déjà dix-huit sur sa carte d'identité, et il nous a donné le montant de sa participation.... Qui est vraiment trop je trouve.
Le blondinet et la brunette allaient s'exclamer vivement, mais la créatrice du Ladyblog les devança.
- Quoi de plus responsable qu'une femme enceinte accompagnée d'un galant chevalier à l'air chavirant ? Personne ne vous résistera si vous achetez ensemble la quantité nécessaire d'alcool pour la fête !
Ahuri avec quelques rougeurs, Chat-greste regardait son interlocutrice, ne comprenant pas d'où venait cette logique de responsabilité foireuse.
- Alya t'es pas possible... ça n'a rien de logique ton histoire.
- Merci, donc, niveau alcool on a dit ? Nino la liste.
- Ah ? Ok, quatre packs de vingt-cinq, plus deux packs de blondes [...]
Et se poursuivit une longue conversation sur la soirée la plus folle de tous les temps. La seule chose qui arrêta leur belle réunion fut une boule de feu qui passa devant la fenêtre, brûlant les pauvres jonquilles du père d'Alya.
***
Une journée comme une autre, un akuma comme un autre, se disait Marinette. Mais pas du tout ! Si l'akuma n'avait pas l'étoffe d'un super-méchant, l'équipe des super-héros en revanche, n'était pas au complet. Plus au complet pour être exact. Queen Bee : Hors service. Vipérion : Occupé avec l'héroïne hors-service.
Carapace, Chat Noir et Rena Rouge devaient faire de leur mieux. Si l'akuma du jour n'était pas puissant, il était d'une intelligence fulgurante. Et quoi de mieux pour entraver les démarches d'un super-héros que de lui boucher le nez ?
Fahrenheit était un vrai porc, dans la mesure où aucune odeur ne semblait le déranger. Aussi, brûler les jonquilles du jardin du patriarche Césaire pour empester comme un cadavre en décomposition ne lui avait fait aucun mal.
Maintenant, en plus de cracher ses boules de feu, il empestait le chacal...Génial se dit Marinette. Mais la situation urgeait légèrement et dépassait le seuil de simples moqueries. Coincé à l'étage inférieur d'une villa, un enfant s'asphyxiait peu à peu à mesure que l'air portant la décomposition de l'oxygène s'infiltrait dans le bâtiment.
- Au se...cc...cours, toussait-il à mi-voix.
Si Marinette ne passait miraculeusement pas par la rue, l'enfant aurait fait face à de graves conséquences sanitaires. La chance et la fortune étaient de son côté, car même avec un ventre rond comme un ballon de hand, la détermination d'une super-héroïne ne s'en allait JAMAIS.
Elle se transforma en moins de deux et, tout en frôlant son ventre de la main, atterrit sur le balcon de la villa. En moins de temps qu'il n'en fallait pour prononcer le nom du super-vilain, le gosse était sain et sauf sur le toit d'un immeuble, à l'abri des regards du méchant en tout cas.
Ladybug soupira. Maintenant qu'elle s'était transformée, elle n'avait qu'à finir le boulot. De gratte-ciel en gratte-ciel, elle fondit l'air de ses pas, tout en se demandant combien de temps elle pouvait tenir. Car l'essoufflement pointait déjà le bout de son nez. En revanche la détermination était toujours sur le tableau de commande.
Mais ça, Carapace ne le remarqua presque pas en la sentant atterrir à trois mètres de lui :
- Meuf- Enfin Ladybug, tu reviens enfin botter du vilain avec nous ?
Rena Rouge hurla un "attention" à la même fréquence qu'une alarme incendie. Carapace lança son bouclier vers Ladybug, qu'elle saisit aussitôt. Une boule de feu d'une forme impressionnante s'approchait à tout vitesse. Elle se recroquevilla, collant le bouclier contre son estomac qui avait décidé de crier famine dans un mauvais moment. Le choc la fit reculer d'une centaines de mètres. Et sans ménagement, une seconde vague de flammes arriva, la propulsant violemment contre un immeuble à une dizaine de mètres.
Avec difficulté, elle se redressa la tête haute. Jamais elle ne laissera le plaisir au vilain de la voir à terre. La super-héroïne sortit du mur dans lequel son corps s'était encastré. Souplement, elle se laissa tomber pour se rattraper sur ses deux pieds. Carapace siffla, admiratif, et repartit casser de l'akumatisé avec son bouclier en compagnie de sa copine renarde.
Un contre-coup de son costume lui coupa le souffle. Elle aurait presque pu ressentir sa kwami sur son épaule lui hurlant de faire attention. Un coup invisible porté contre son pauvre estomac le retourna. Elle appuya sur son ventre comme pour atténuer la douleur, jurant entre ses dents, proférant deux ou trois injures dans un murmure furieux.
- Ça va ma Lady ?
Elle se tourna en foudroyant du regard celui qui avait osé lui poser la question après une chute aussi agréable. Marinette grogna presque comme un animal, elle avait mal et cet idiot lui demandait si ça allait ? Elle venait de s'encastrer dans un immeuble ! N'était-il pas logique qu'elle souffre comme une tortue sur le dos ? Non bien sûr, il était "évident" qu'elle pétait le feu et qu'elle était prête à massacrer des super-vilains comme des brochettes lors d'une festivité ! Elle marmonna une vague d'insultes très variées alors qu'une nausée lui parvenait comme une alarme.
Une avalanche d'inquiétude la frappa de plein fouet. Des doutes pleins la tête, sa colère s'était envolée. Sa tête bourdonnait, des larmes se glissèrent au coin de ces yeux lagons. Elle ressentait, le danger, une grande pression pesait sur ses épaules. Ladybug n'avait qu'un mot à la bouche : « urgence ». Une silhouette noir s'approcha d'elle. Sans rien y comprendre, elle saisit son partenaire, l'enlaçant en pleurant. Ladybug ou Marinette, qu'importe, Chat Noir était là et il ne lui pardonnerait jamais pour avoir sauté dans une bataille avec autant de dangerosité. Il lui en voudrait.
Elle marmonna comme un mantra le même mot en boucle, un pardon qu'elle réclamait.
- Ladybug calme-toi, sèche-moi ces larmes.
Il tenta d'essuyer de son pouce une larme fugace, mais sa Lady empoigna sa main gantée en sanglotant bruyamment. Elle avait si mal, autant moralement que physiquement. Elle songea au pire, et si lui aussi avait mal ? Elle ne le supporterait pas, pas son bébé, pas lui.
- C-chat pardon ! Pardon-
Ses jambes comme du coton, cédèrent sous son poids. Chat Noir la rattrapa, la portant tout contre lui.
- Ladybug qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Il n'était pas en colère ni impatient, son inquiétude le dévorait, le rendant plus impulsif et agressif. Elle hoqueta de surprise, l'observant avec crainte. Il lui criait dessus ? Elle le prenait en compte comme un mauvais présage, jamais il ne lui hurlait dessus.
- Le bébé ! Il-il et si-? Par-r-
Le félin la fixait avec désarroi ne pouvant qu'être témoin de sa crise d'angoisse.
- Quel bé- Princesse ?
A ce moment-là, elle s'en foutait bien de savoir que son identité n'était plus si secrète. Elle voulait être réconfortée, elle voulait qu'il agisse, qu'il l'aide. Mais il restait planté là comme un poisson mort la bouche ouverte.
- Je t'en supplie Chat ! S'il te plait, pardon s'il te plait, je t'en supplie.
Sa voix mourut alors que ses larmes ne se tarissaient pas. Elle pouvait pleurer une rivière que ce ne serait pas étonnant. Sa peur se lisait dans sur son visage, elle craignait Chat Noir. Elle en avait peur, dire le contraire serait mentir à tout ce qui était vivant sur Terre. Alors elle suppliait, elle suppliait son coéquipier de la pardonner.
Elle n'avait voulu qu'aider, la situation était dangereuse, Queen bee était dans les vapes et Vipérion était hors service. Elle ne voulait en aucun cas avoir la mort d'un de ses coéquipiers sur la conscience. Après une dizaine de doute et de questions, elle ne voulait pas non plus perdre la chose. Elle s'y était attachée contre son gré. Son instinct de Marinette et non de Ladybug, la poussait à s'inquiéter pour lui et le protéger. Et elle qui parlait d'adoption pas plus tard qu'hier... Mais il n'y aura plus rien si le choc l'avait... tué ?
Et s'il ne vivait plus ? Et si par sa faute, elle avait causé sa mort ? Pour la deuxième putain de fois ! Et la même raison de surcroît ! Son instinct d'héroïne la forçait à protéger tout le monde et foncer dans la bataille. Tandis que son instinct de... future mère la forçait plus que de raison à protéger un bout d'elle et se cacher. Que devait-elle faire ? Elle était assaillie par ces doutes.
- Chut princesse, je suis là, mets-toi à l'abri, on finit cette tâche et je m'occupe de toi, je serais toujours là, je ne t'abandonne pas. Vas te cacher !
Son ton était rassurant, la calmant quelque peu, mais ses gestes étaient maladroits et brusques. Il cessa de l'enlacer, la retourna et la poussa doucement vers une ruelle étroite. Comme si se cacher à cinquante mètres d'un akumatisé qui crachait du feu allait la sauver.
Pourtant, elle obéit, convaincue qu'il l'aiderait, que la chose était bien là, ancrée en elle. Elle s'effaça dans les ombres de la rue, soufflant et essuyant ses larmes. Ladybug posa une main sur son ventre, ses yeux rivés sur la faible bosse, merci le costume. Elle souffla un encouragement dans un murmure inaudible.
- Tout va bien bébé, je t'accepte enfin alors reste bien au chaud, ne t'en va pas.
***
La bataille avait pris fin avec une rapidité frustrante. Chat Noir avait simplement débarqué avec une énergie nouvelle et complètement instable. Le pauvre akumatisé avait tenté de fuir suite aux attaques du chat et aux insultes de piafs qu'il lui lançait. Même désakumatisé, le félin l'avait pris par le col et avait failli le rendre sourd en le traitant d'irresponsable.
D'un pas vif, il retourna auprès de Marinette qui s'était détransformée. Il l'emmena dans les airs, la portant comme une mariée, mais ne lui adressant aucun regard, aucun mot. Un silence pesant avait flotté jusqu'à être arrivé à l'hôpital.
Voir un super héros jaillir de l'entrée avec un air froid et une fille dans les bras : les infirmières avait pris Marinette en urgence. Il était parti aussitôt qu'elle fut prise en charge lui disant un "A ce soir" monotone et distant.
Après de multiples vérifications, le bébé était bien accroché, un peu flou sur les échographies, mais il y était. Tout était ok, ils allaient bien, il n'y avait aucun risque. Elle repartit seulement avec des médicaments prescrits et une demande particulière qui était de dormir.
Elle pesta dans sa barbe, tout le monde voulait la voir comme la Belle au bois dormant ou c'était son imagination ?
De retour chez elle, ses parents furent rassurés de la voir en un morceau et la laissèrent respirer dix minutes après pour ne pas rater leurs beignets aux pommes. Le stress rongeait son estomac. Pas d'anxiété avait dit le médecin ? Trop tard. Elle avait révélé son identité à la personne qu'elle aimait et à part la distance et la face de neutralité que faisait son coéquipier, elle avait toutes les raisons de paniquer.
Allait-il l'abandonner ? Il lui avait promis que non. Alors allait-il la haïr de s'être dévoilée ainsi alors qu'avant tout ça elle refusait de dire ou de recevoir le moindre indice sur leurs identités ? Pensait-il qu'elle se foutait de lui ? Elle ne le pensait pas, elle avait agi impulsivement. Ou au contraire, allait-il se révéler aussi ? Allait-il être heureux de l'avoir elle et son alter égo ? Ce serait si horrible pour son pauvre cœur si ça n'était pas le cas. Elle en pleurait déjà. S'il l'acceptait si facilement, que cela voudrait-il dire ? Qu'il aimait encore Ladybug en même temps qu'elle ? Était-elle jalouse d'elle-même ? Etait-ce humainement possible de détester une partie de soi-même ?
Les larmes aux yeux, Marinette pénétra dans sa chambre. Tikki se jeta sur la banquette telle une drama queen.
- Que ferions-nous sans notre merveilleux prince charmant !
- Tikki...
Le kwami se posta en face de Marinette avec le front plissé de colère.
- Marinette tu vas te ressaisir ! Tu ne vas pas te lamenter pendant encore des heures sinon je me couperai les oreilles !
- Tu n'as pas d'oreille.
- NE CHANGE PAS DE SUJET !
Criarde, elle posa ses petits mains rouges sur ses hanches, plus en colère que jamais.
- Tu vas affronter Chat Noir, tu l'aimes et il t'aime ok ? Tu vas arrêter de réfléchir et te poser mille questions : ça ne sert à rien ! Alors vous allez parler, tu vas te faire à l'idée d'avoir un bébé. Tu fonces et je veux te voir heureuse !
Marinette se figea aux gardes à vous, tout bonnement choquée. Tikki souffla et s'adoucit.
- Je me suis laissé emporter. Ton adonis est là.
Au lieu de se cacher comme à son habitude, Tikki prit un cookie et le grignota sur le bureau. Avant même de comprendre ses paroles, un certain Chat entra par la fenêtre. Et comme pour détendre l'atmosphère, sa malchance lui retomba dessus, ou plutôt la fenêtre dans ce cas précis. Son corps était plié vers le sol et il pendait misérablement en gémissant de douleur. Sa queue s'était coincée dans la fenêtre.
Marinette s'agita inquiète et trop stressée pour partir au quart de tour sur son attitude froide. Elle ouvrit la fenêtre avec hâte puis la referma quand Chat Noir fut libéré, elle l'aida à se relever. Un gloussement attira l'attention de la styliste. La coccinelle pouffa de rire sur le bureau et s'exclamant impulsivement.
- Salut beau chat, je vous laisse discuter entre héros.
Tikki s'en alla ni plus ni moins. Un regard meurtrier la fit fuir, traversant le parquet. Marinette prit une chaise qu'elle posa près de Chat noir puis emmena sa chaise à roulettes dans un silence électrique.
- Tu m'en veux ?
Le silence lui répondit, chose désagréable qui l'agaçait plus que tout. Elle s'installa sur la chaise, les poings sur les genoux, lui proposant silencieusement de s'assoir auprès d'elle.
- Tu es en colère contre moi ?
Pas un mot. Voulait-il déclarer la troisième guerre mondiale ? Car elle était sûre que quelques minutes de plus et la chaise sur laquelle elle était assise serait une arme de choix pour l'écraser sur son crâne blond. Elle explosa sous ses yeux émeraudes, énervée et pourtant craintive.
- Dis quelque chose !
Il soupira et posa son derrière de chat hautain sur le siège.
- Le bébé va bien ?
Elle était tout bonnement sidérée. Il ne parlait que pour se soucier de la chose. Et non d'elle. Alors c'était ça, sa priorité ? Il se sentait si responsable de cette situation qu'il avait plus de considération pour un bébé que pour la femme qui le porte ? Elle bégaya avant de s'exclamer en soufflant sa colère.
- Tu disparais en me laissant avec un millier de questionnement, je pensais que tu allais, je sais pas moi, parler de mon identité, mais tu te soucis plus de la chose que de moi ?!
Interloqué, il fit de grands gestes en baragouinait quelque chose qu'elle ne comprit pas. Il pesta et s'exprimait avec une once de frustration.
- Je n'ai pas dit ça, tu tires des conclusions trop rapidement.
- Donc c'est ma faute peut-être ?!
Chat Noir soupira, se frappant le front avec sa main. Désespéré, il leva les yeux au ciel et reporta son regard sur la demoiselle rouge de fureur.
- Ravi que tu m'écoutes.
Marinette se redressa, se calmant en prenant de grandes respirations. Elle le foudroya de son regard lagon.
- Je-Tu m'énerves.
Quelque peu irrité, elle colla son dos contre le dossier en jurant en mandarin. Dans sa posture et ses manières, le super héros semblait ennuyé et frustré.
- Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas embêté ma Lady.
Sa fureur descendit immédiatement, elle analysait la situation et ses torts avec un arrière-goût amer dans la bouche. Elle soupira, une migraine pointant le bout de son nez. Marinette se calma, la colère ne lui allait pas, Chat Noir était tout aussi perdu qu'elle.
- ... Tu es en colère. Je comprends.
- Je ne suis pas en colère.
Elle plissa les yeux, perplexe.
- Déçu alors ?
- Non triste. Je me suis fait un sang d'encre Marinette ! Je suis triste car j'ai cru te perdre, j'ai cru perdre Ladybug aussi, j'ai cru perdre l'enfant, j'ai cru perdre tout ce qui me maintenait en vie. Je ne suis pas en colère pour ton identité, j'ai... assimilé comme je le peux. Tu faisais une crise d'angoisse c'est compréhensible, moi-même j'étais dans une sorte de... transe ?
Pas de colère, de regret ou de déception. Elle l'avait rendu triste à cause du danger. Il était triste... Il l'aimait énormément, elle le savait, il était... si... pur ? Si inoffensif ? Elle était déçue d'elle-même, elle avait été dépassée par ses émotions.
- P-pourquoi ?
Il soupira une énième fois, comme si tout était une évidence.
- Marinette, tu te poses toi-même des problèmes, si tu ne me dis rien, que tu caches quelque chose, il serait utile de me le dire. Comment je suis censé faire pour t'aider ?
L'étudiante baissa la tête, prise de culpabilité. Il voulait juste la soutenir et elle l'avait repoussé brutalement. Pourquoi tout semblait compliqué alors que Chat donnait une solution si simple ? Pourquoi se rendre la vie difficile ? Elle était son propre obstacle. Mais elle était terrifiée par tout ça, terrifiée parce qu'il s'était passé.
- Je suis désolée, j'ai juste... peur ?
Il hocha simplement la tête, faisant balancer ses cheveux blonds soyeux, au toucher si agréable et doux... Elle se reprit, riant nerveusement.
- Où est passé ton humour pour me détendre de cette atmosphère ?
- Parti en vacances mais rassure-toi, mon inquiétude a repris le flambeau.
Il lui fit un clin d'œil, qui détendit son corps, la tension l'avait crispé, sa panique l'avait statufié.
- Marinette, que tu sois Ladybug ou ma princesse, clairement je m'en fous.
Elle cligna plusieurs fois des paupières, troublée de ce qu'il venait de déclarer.
- Pardon ?
- Le plus important c'est que je t'aime. J'ai eu un dilemme...cornélien, le plus dur à résoudre, choisir entre Ladybug et toi, mais je n'ai pas eu choisir, car les deux femmes de ma vie sont la même personne. Donc là maintenant, ce que tu dois retenir c'est que je t'aime avec ou sans ton masque.
Les larmes coulaient d'elles-mêmes. Elle pensait ne plus pleurer, être forte, garder la tête haute, mais elle n'avait, apparemment, pas loin d'avoir fini de verser de l'eau par ses yeux. Dieu qu'elle en avait marre de sangloter pour un oui ou pour un non !
- ... Je suis émotive.
- C'est pas un problème, je sais que ma déclaration était parfaite, mais au point d'en pleurer, j'en suis flatté.
Telle une drama queen, il s'éventait avec sa main griffue, un sourire de triomphe sur les lèvres. Elle coupa court à sa comédie, se mordillant les lèvres, mal à l'aise.
- Chaton. Tu as découvert mon identité, ça devait arriver mais... garde la tienne. Ce n'est pas encore pour la sécurité, je suis juste pas... prête ? Ouais... prête à savoir qui tu es derrière, j'ai déjà du mal à me dire que je me suis vendue aussi facilement et que tu es au courant de la majorité de ma vie et de ma situation. C'est trop... difficile.
Il l'enlaça brusquement, lui embrassant délicatement le front.
- Je respecte ton choix Princesse, que tes désirs soient des ordres.
Il s'agenouilla au sol, collant sa tête contre le ventre de sa Lady, ronronnant comme un gros chat. Elle passa ses doigts dans ses cheveux, dans un geste tendre et doux. Voilà qu'elle pouvait enfin s'apaiser. Tout allait rentrer dans l'ordre. L'heure des combats et de l'angoisse était révolue. C'était un moment de paix désormais.
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