À l'orée de la Forêt Interdite, une habitation ronde et simplette au toit pointu se trouvait toujours là, près d'un potager où poussaient d'innombrables légumes en tout genre.

Mike monta les quelques marches en pierre et frappa à la porte. Quelques secondes plus tard, Hagrid en sortit. Toujours affublé de son long manteau marron en peau de castor, il n'avait quasiment pas changé, hormis ses longs cheveux brouissalleux et son épaisse barbe brune qui étaient devenus dorénavant grisonnants.

- Bonjour Mike ! Quel bon vent t'amène, tu n'es pas occupé à donner cours à tes élèves ?

- Non, mais j'ai de la visite pour vous.

Les mains dans les poches de son pantalon de costume le professeur affichait un grand sourire. Sourire qui s'effaça rapidement sur le visage du géant qui devient subitement inquiet en voyant les six adultes qui se tenaient derrière lui. Pour lui, ce genre de visite ne lui annonçait généralement pas de bonnes choses.

Il se mit à réfléchir, quelque peu perdu, ne comprenant pas pourquoi leurs yeux reflétaient une joie aussi immense et également emprunt d'une drôle d'émotion. Mais très vite il se rendit compte qu'ils ne leur était pas si inconnu que ça. Une bande aussi atypique, il n'en avait connu qu'une seule durant sa longue vie.

- Mille Gorgones ! s'exclama t-il de sa grosse voix. Vous tous ici ! Merlin me joue sûrement des tours !

Les Losers ne perdirent pas une seconde pour se jeter dans ses bras et lui faire comprendre qu'il ne rêvait pas. Hagrid les réceptionna tout en riant avec bonne humeur. Bien que ses élèves préférés avaient grandit, il les dépassait toujours autant et il tapota leurs têtes en les serrant gentiment contre son ventre rebondi. Quand cet échange rempli de tendresse se termina, le géant essuya rapidement une larme au coin de ses yeux en reniflant bruyamment.

- Nous venons de reprendre tous contact, lui expliqua Mike. Je me suis dit que cela vous ferez plaisir de nous revoir au complet.

- Et pas qu'un peu ! Entrez donc, entrez donc !

Rayonnant, Hagrid leur fit de grand signe en direction de l'entrée et les laissa rentrer un par un avant de passer à son tour le pas de sa cabane, fermant la lourde porte en bois derrière lui. À l'intérieur il faisait bon, un feu dans la cheminée finissait de se consumer. Par conséquent, les adultes avaient presque oublié à quel point l'habitat du garde chasse était aussi petit et exigu en largeur, bien que très chaleureux. Ils durent se serrer les uns contre les autres en restant debout bêtement sans savoir réellement quel attitude adopter.

- Vous êtes donc toujours garde chasse, dit Bill pour entamer la conversation. Je ne pensais pas vous revoir

- Toujours ! répondit-il d'un air jovial. On m'a autorisé à rester jusqu'à que je décide de partir. Comme vous Poudlard est devenu ma maison, je m'y sens bien comme nul par ailleurs. Il se pourrait bien que j'y reste encore pendant un moment.

Il échangea un regard complice avec Mike.

- Et vous donnez toujours des cours ? questionna Stanley.

- Oh non j'ai arrêté depuis le départ de Dumbledore. Et puis aujourd'hui je ne me sens plus vraiment capable de gérer une classe avec des jeunes gens plutôt turbulents, bien qu'ils seront certainement de futurs grands sorciers. Mike s'en sort mieux que moi. Mais à chaque début d'année j'accompagne toujours les premières années à leur sorti du Poudlard Express.

- Vous n'en profitez pas pour cacher un autre œuf de dragon j'espère, s'amusa Richie.

- Sapristi je suis dorénavant trop vieux pour ce genre de chose !

Ils rirent tous de bon cœur puis Hagrid lâcha soudainement une exclamation confuse en s'empressant de débarrasser la table.

- Que je suis mal poli ! Tenez, prenez place sur ces chaises et tabourets. Je vais vous faire du thé. Je dois aussi avoir des biscuits pour accompagner. C'est que je ne m'attendais pas à vous voir, je n'ai rien prévu.

- Ne vous dérangez pas par nous, lui dit Eddie.

- Bien sûr que si ! Il faut que je retrouve des tasses. Je n'ai jamais eu autant de visiteur depuis une éternité. J'avais oublié que vous étiez si nombreux. Mais ça me fait très plaisir !

Hagrid farfouilla les différents tiroirs dans un grand bruit avant de récupérer de la vaisselle tout en haut d'un buffet et de leur distribuer. Quand Eddie remarqua la poussière, il s'empressa de la nettoyer rapidement et discrètement sous le regard moqueur du binoclard à ses côtés. Une assiette pâtisserie fut posée sur la table. Ben prit un biscuit, croqua dedans et il cru bien perdre une dent car il était aussi dur que de la pierre. À ses côtés Beverly fut aussi surprise que lui. Ils se lancèrent un regard mi amusé, se souvenant des nombreuses fois où le garde chasse leur cuisinait gentiment des gâteaux, bien que ce n'était pas son point fort.

Quand il eut terminé de servir le thé à tout le monde, Hagrid prit place sur son grand fauteuil et poussa un soupir de contentement. Tout en soufflant sur le haut de sa tasse, qui paraissait miniscule entre ses grandes mains, il observait avec attention les Losers avec une tendresse presque paternel.

- Je n'arrive toujours pas à me rendre compte que vous êtes des adultes maintenant ! Que le temps passe vite ! Il nous faudrait des retourneurs de temps. Mais au fait dites-moi aucun de vous n'a encore d'enfants ?

Un silence s'installa parmi la bande d'amis qui se jetèrent quelques coup d'œil gênés. Beverly lui répondit négativement.

- Je me disais bien, déclara t-il dans un petit rire. Sinon je les aurais déjà vu ici à Poudlard, ça m'aurait fait plaisir d'ailleurs c'est bien dommage que vous ne soyez pas parents. Oh et personne ne s'est marié non plus ?

Seul Stanley et Bill levèrent timidement la main en synchronisation.

- Bien bien, répondit le géant en frottant sa barbe. Maintenant parlez moi de vous avec plus détails ! Il nous faut rattraper le temps perdu.

[...]

Après avoir passé une bonne heure avec leur ami Hagrid à discuter avec bonne humeur, les adultes s'étaient de nouveau réunis vers l'entrée de l'école.

Richie s'était un peu éloigné seul dans le parc du château. Il s'arrêta à plusieurs mètres du terrain de Quidditch et observa pendant quelques instants les jeunes adolescents qui étaient en train de s'entraîner, volant avec aisance sur leurs balais. Il n'en avait jamais fait mais il se souvenait avoir passé de nombreux moments avec la bande là-bas quand Ben, en dernière année, avait décidé de s'entraîner et de devenir poursuiveurs.

Le mois de décembre venait de commencer et l'air était frais, presque glacial. La neige ne saurait tarder. Mike et Richie venaient de rejoindre leurs amis, déjà installés dans les gradins depuis plusieurs minutes. Bill et Beverly, qui avait maintenant les cheveux courts, étaient assis côte à côte. Stanley était devant eux, un imposant ouvrage ouvert reposant sur ses genoux.

Eddie, seul sur la droite, le nez rougis par le froid, avait son écharpe rouge qui enveloppait tout le bas de son visage. Les bras croisés contre sa poitrine, pour se réchauffer aussi bien que mon exprimer sa mauvaise humeur, il gardait son regard rivé droit devant lui. Richie vint s'asseoir à côté de lui, glissant sur le banc, et passa un bras autour de ses épaules pour le ramener vers lui.

- Alors Eds qu'est ce que tu as ? Ce matin tu étais aussi radieux que le Vif d'Or.

- Ma mère est furieuse contre moi car j'ai décidé de ne pas rentrer à la maison pour Noël.

- Vous avez raté un moment spectaculaire, leur dit alors le Serdaigle, le nez toujours plongé dans son livre.

- Eddie a r-reçu une b-beuglante ce m-mdi, leur informa Bill.

Mike lui tapota gentiment son avant-bras dans un geste réconfortant alors que Richie se mit à éclater de rire comme si cela était la chose la plus drôle qu'il avait entendu de toute sa vie, tombant presque en arrière. Furieux, le petit brun se renfrogna encore plus et tenta de repousser l'étreinte du binoclard mais il revint rapidement à la charge, l'étouffant presque. La seule chose qui le retint de ne pas tenter de le repousser une nouvelle fois c'était la chaleur qu'il lui prodiguait, lui qui était extrêmement frileux. Et bien sûr il avait honte de se l'avouer mais il appréciait bien.

- Ça vous dit d'aller à Pré-au-lard ce week-end ? demanda alors le binoclard.

- Mais enfin tu n'as pas compris espèce d'idiot ! s'exclama Eddie. Ma mère est déjà hors d'elle, tu crois vraiment qu'elle va accepter de signer l'autorisation de sortie ?

- Ça peut s'arranger.

- Non je ne mentirais pas à McGonagall !

- Je n'ai jamais dit ça ! se défendit le binoclard.

- Tout le monde sait parfaitement que tu le pensais, intervint une nouvelle fois Stanley.

- Dit Stan The Man personne ne t'a demandé de venir gâcher mes plans.

- Je peux pourtant aussi le confirmer, s'amusa la rousse.

- Bev ! se lamenta Richie de manière théâtrale. Je croyais qu'en tant que Serpentard on devait se serrer les coudes.

- Désolée Trashmouth !

- Excuse-moi, c'est vrai que tu préfères batifoler avec l'ennemi.

Le rouge monta subitement aux joues de Bill qui ne savait plus où se mettre. Stanley lui jeta un regard qui ne sut pas décrypter et Mike lança un beep beep Richie pour détendre l'ambiance, bien que l'amusement prenait le dessus pour la plupart d'entre eux.

Ils regardèrent ensuite pendant dix minutes Ben jouer une partie, applaudissant et criant à chaque point qu'il réussissait à marquer ou dès qu'ils en avaient l'occasion. Quand le match se termina ils restèrent ensuite silencieux quelques instants. Le petit brun était toujours contre le binoclard. Ce dernier en était plus qu'heureux car Eddie semblait accepter de plus en plus l'idée qu'il flirtait avec lui depuis le début de cette année et il avait l'impression qu'il le repoussait également moins qu'auparavent.

Chagriné de le voir aussi atterré à cause des dernières nouvelles, il se décida à le réconforter.

- Ne t'inquiète pas Eds, lui dit Richie en s'adressant seulement à lui en parlant plus bas. On peut rester au château et s'occuper autrement. Souviens-toi que je dois te battre aux échiquiers ! Et pour Noël je sais que tu as assez de courage pour te rebeller contre ta mère. Par le caleçon de Merlin, tu es un Gryffondor et tu vas avoir dix-huit ans !

Eddie ne lui avait pas répondu, mais il avait nettement aperçu un léger sourire se dessiner au coin de ses lèvres.

Richie était tellement perdu dans son observation lointaine et ses souvenirs qu'il n'avait pas remarqué Mike en train de remonter le parc en sa direction. La journée commençant à toucher à sa fin, la température baissait lentement au fil des minutes. Il frotta les paumes de ses mains et se plaça à côté de lui en lui jetant un regard quelque peu préoccupé.

- On te cherche depuis un moment. Tout va bien ?

Le binoclard se força alors à sourire et il rentra ses mains dans les poches de sa veste d'un air détendu et détaché.

- Nickel. J'avais juste envie d'aller jeter un coup d'œil dans ce coin. Tu te souviens des matchs et des compétitions ?

- Évidemment, sourit le Gryffindor. C'était de sacrés évènements. Et puis tu en profitais pour faire des paris ridicules à chaque fois.

- Moque toi autant que tu veux mais tu n'as jamais eu autant de paquet de chocogrenouille gratuit que moi !

- C'était le bon vieux temps, répondit-il en riant tout en tapotant le dos de son ami. Tu viens ? Les autres nous attendent.

Sur le chemin du retour, Richie se fit bien étrangement silencieux. Contrairement à Mike à côté de lui, sa tête était quasiment baissés vers le sol, suivant ses pas sans s'en rendre réellement compte. Il repensait à ses souvenirs et particulièrement à cet ancien ressentiment qui le frappa de nouveau quand ils se rapprochèrent de leurs amis.

Quand ses yeux se posèrent plus longuement sur lui, en train de sourire et de discuter avec légèreté avec les autres. Quand son regard se tourna alors lentement en sa direction et que ses orbes couleur chocolat se plongèrent dans le siens pendant de brèves secondes, brillant d'un éclat qui ne semblait réservé qu'à lui seul.

Avec l'impression que le temps s'était suspendu, le bouclé sentit son cœur faire violemment un bon dans sa poitrine, lui rappelant également une ancienne passion. Une passion qu'il avait eu tant de mal à réfuter durant toute sa scolarité. Il s'était attaché à ce petit brun asthmatique dès le début
Il avait éprouvé une forte affection envers lui, d'abord comme un meilleur ami puis rapidement ses sentiments avaient évolué sans qu'il ne puisse revenir en arrière.

Et maintenant Richie savait, même après de toutes ces années. Il était de nouveau tombé amoureux d'Eddie, bien qu'au fond de lui il n'avait jamais cessé de l'aimer.

༻༺

bientôt les choses sérieuses entre Richie et Eddie c'est promis hehe

j'espère que vous avez apprécié ce petit retour à Poudlard

j'ai complètement oublié de le préciser dans l'avant propos (c'est un peu tard maintenant mais bon tant pis) mais je voulais vous dire que du coup dans cette fanfic les événements avec Harry, Voldemort et tout ça n'existent pas ici. c'est un peu "hors du temps" si vous voulez même si j'ai intégré des personnages connus ou des allusions !

je vous dis à très vite pour le prochain chapitre (il en reste 5)