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Debout derrière les barrières en fer qui séparaient la Tamise du trottoir, Eddie fixait d'un œil lointain le London Bridge qui se trouvait proche de lui.
Hier en fin de soirée il avait laissé Richie quitter le Ministère.
Et ce matin il avait reçu un message de sa part. Une lettre, ou plutôt un morceau d'un papier bloc-notes provenant d'un hôtel, posé sur son bureau qui ne contenait que quelques phrases gribouillées à la va vite, mais qu'il comprit rapidement comme étant une demande d'un rendez-vous en début d'après-midi en spécifiant que bientôt le Losers Club allait être de retour.
Cela ne faisait que vingt quatre heures qu'Eddie avait retrouvé Richie et il ne souvenait pas avoir autant été exaspéré et contrarié par une même personne dans un temps si restreint. Pourtant face à ses sentiments plutôt négatifs, d'autres se retrouvaient être en totale opposition. Car il n'avait pu résister à cette forte envie de le revoir, et il avait comme cette impression que grâce à lui son quotidien jusqu'à là monotone, se transformait en tout autre chose.
Du côté de Richie, celui-ci avait cogité pendant une bonne partie de la nuit. Le fait d'avoir revu son ancien meilleur ami lui avait éveillé certains sentiments et procuré des lointains et puissants souvenirs, reliés avec le reste de leurs amis. Pour lui une réunion du Losers Club était maintenant inévitable.
Eddie voulu jeter un coup d'œil à sa montre mais il se rappella, avec une certaine mauvaise humeur, qu'il ne l'avait plus et il n'avait pas eu le temps d'en racheter une autre. Hier soir il avait remarqué qu'elle n'était plus à son poignet et il n'avait aucune idée de comment il avait pu la perdre, lui qui pourtant prenait soin de ses affaires.
Alors il remonta le col de sa veste pour éviter que le vent ne vienne s'infiltrer dans sa nuque et plongea ses mains dans son long manteau noir en prenant son mal en patience.
Du mouvement ne tarda pas à capter son attention et il détourna la tête de l'horizon pour voir Richie arriver en sa direction en secouant vivement sa main avec un grand sourire.
Il ne lui avouerait pas, mais le binoclard était plus qu'enchanté et profondément soulagé de constater qu'Eddie n'avait pas décliné son invitation et qu'il avait miraculeusement accepté de prendre son après-midi, lui qui pourtant semblait faire passer son travail avant tout.
- Alors ça c'est bien étrange, commença l'ancien asthmatique d'un ton railleur, Richard Tozier qui arrive à l'heure. Et qui a eu l'intelligence de ne pas apporter sa valise avec lui pour éviter une nouvelle catastrophe.
Le susnommé écarta les bras devant lui avec une fierté ridicule.
- Et oui ! Tu vois j'ai changé sur quelques points, tu aurais dû attendre avant de faire des conclusions trop hâtives.
Ils restèrent ensuite silencieux pendant quelques instants. Cela leur faisait étrange à tous les deux de se tenir ainsi à côté et aussi proche, après tout ce temps. Le ciel était devenu grisâtre et ils ne tardèrent pas à sentir de faibles gouttes de pluie tomber, mais pas assez pour faire paniquer Eddie.
- Donc si j'ai bien compris, dit alors le plus petit en brisant le silence gênant qui s'était installé, tu veux recréer notre club et reprendre contact avec tout le monde ?
- Exactement, répondit Richie en essayant rapidement les verres de ses lunettes devenus humides. Je n'ai pas eu le temps de te le dire mais je suis en contact avec Stanley depuis quelques années. Je l'ai mis également au courant. Et quand je t'ai revu je me suis dit que c'était un signe et que je ne devais pas laisser passer cette chance ! Et alors pourquoi ne pas retrouver tout le monde !
Intérieurement Eddie se sentait à la fois anxieux et bienheureux face à cette perspective.
- D'ailleurs j'étais persuadé que quand j'allais arriver vous seriez déjà en train de discuter tous les deux, reprit Richie. C'est étrange qu'il soit en retard ce n'est pas son genre.
- Non effectivement, retentit une voix derrière eux, faisant sursauter de peur l'adulte aux cheveux de jais avant qu'il ne se mette à rire.
Stanley apparut devant eux, un imposant parapluie noir ouvert au dessus de sa tête qu'il tenait fermement d'une main, l'autre plongée dans la poche de son long manteau couleur crème.
- La prochaine fois que tu m'envois un message, prend la peine de spécifier à côté de quel pont se trouve le rendez-vous.
- Ah zut je me disais bien que j'avais oublié quelque chose, s'excusa le binoclard.
Mais bien vite le regard de Stanley se porta sur le brun et toute irritation se dissipa sur son visage. Il ferma son parapluie.
- Salut Eddie, lui dit-il avec son habituel air calme et posé.
Mais néanmoins un petit sourire avait prit place sur ses lèvres, le même sourire qui ornait également le visage du plus petit.
- Stanley. Ça fait plaisir de te revoir après toutes ces années.
Ils échangèrent une poignée de main, avant que le châtain ne se décide à ramener contre lui le plus petit dans une rapide étreinte amicale.
Ravie que ces deux amis les plus proche se soient à leur tour retrouvé, Richie ne tarda pas à frapper dans ses mains.
- Nous sommes déjà trois ! Il ne reste plus qu'à chercher où se trouvent les autres ! En espérant qu'ils ne soient pas à des milliers de kilomètres.
- C'est déjà fait.
Stanley sortit un papier de sa poche et le déplia avec précaution avant de le tendre à Richie et Eddie qui s'empressèrent de le lire.
Nom, adresse, quand cela était possible, et profession du reste des membres du Loser Club y étaient inscrits.
- Pourquoi rester dans ta petite boutique alors que tu pourrais devenir un super détective ! s'exclama Richie impressionné.
- L'entreprise dans laquelle travaille Ben se trouve sur la rive est, dit-il en pointant sa main dans la direction indiquée, ignorant également les paroles du bouclé. Je propose de commencer par lui. Je n'ai pas trouvé son adresse personnelle, il nous faut espérer qu'il soit sur place aujourd'hui.
Ben travaillait en tant qu'Observateur des Technologies Moldues et son rôle consistait à sélectionner et étudier des innovations Moldues qui pouvaient être intéressantes à détourner dans le monde magique. Ce métier lui convenait amplement car né de deux parents non sorciers il possédait déjà une connaissance plus poussé de cet autre monde et il appréciait le travail manuel, analyser et créer de nouvelles choses.
Le trio, après un temps de marche, se retrouva devant un ancien building qui semblait défraîchi et abandonné à première vue. Il n'y avait aucune entrées de visible. Pourtant pour les sorciers il suffisait de réciter une formule pour faire apparaître une porte et ainsi rentrer à l'intérieur du bâtiment qui présentait alors un tout autre aspect que celui qu'il présentait en extérieur.
Ils se retrouvèrent dans un immense open-space où se trouvaient plusieurs bureaux qui ressemblaient plutôt à d'imposant plan de travail. De nombreuses personnes travaillaient avec entrain et concentration sur divers objets ou s'occupaient de paperasses.
Il y régnait un fond de bruit assez sonore mais qui ne semblaient déranger personne ici.
D'innombrables objets de la vie quotidienne, servant plus particulièrement aux Moldus, trônaient sur les tables. Des papiers en forme d'origami volaient dans les airs pour parvenir à leurs destination, souvent suivit de matériaux divers. Eddie évita de justesse un écran d'ordinateur qui zigzagait follement au ras du sol.
- Bon et bien il ne reste plus qu'à le trouver, dit Stanley.
- Laissez-moi faire, déclara Richie en remontant ses lunettes comme un professionnel sûr de lui le ferait.
Son regard embrassa l'espace et les différentes personnes qui s'y trouvait. Ne semblant pas satisfait de ce qu'il voyait, il poussa un soupir, les mains sur les hanches. Ses yeux finirent par se poser sur un homme aux cheveux courts et bruns à la fine barbe, qui était plutôt séduisant. Il était en train de prendre attentivement des notes sur des feuilles blanches, agrémentées de schémas techniques.
- Allons demander à cet homme charismatique ! Ils sont collègues, il doit sûrement le connaître, décida alors le binoclard.
Eddie et Stanley restèrent quelque peu en retrait pendant que Richie s'approchait de lui.
- Excusez-moi ! s'exclama t-il gaiement. Est-ce-que vous ne connaîtrez pas à tout hasard un certain Ben Hascom ? Il est censé travailler ici.
L'homme releva son regard vers lui, un sourcil levé. Il se mit à le détailler d'un air perplexe, lâchant presque son crayon pendant que Richie lui souriait bêtement d'un air aguicheur, une main posée sur son bureau et une autre toujours sur sa hanche.
Ennuyé par son exagération, le regard d'Eddie dériva sur le bureau de l'homme et ses yeux s'arrondirent sous la surprise quand il lu le nom sur la plaque. Il fit alors rapidement signe à Stanley de se rapprocher de lui. Intrigué en voyant le brun s'agiter, l'ancien Serdaigle se baissa légèrement vers lui.
- Bon sang c'est lui ! s'exclama Eddie le plus bas possible.
- Quoi ?
- Ben ! C'est lui juste devant nous et cet idiot ne le sait pas, dit-il en désignant le binoclard d'un geste agacé.
Stanley y jeta un coup d'œil avant de regarder l'homme en question. Il s'empressa d'appeler Richie pour le stopper dans ses paroles incessantes, mais ce dernier l'ignora royalement à son tour.
- Richie, réitéra sévèrement Stanley en élevant la voix.
Le binoclard finit alors par se tourner vers ses anciens amis en murmurant un "quoi" peu discret. Eddie lui fit les gros yeux en pointant du doigt celui qui se trouvait être un de leur ancien ami. Il mima silencieusement, deux fois, un "c'est ben" qui n'eut pas l'effet escompté et qui ne fit que faire lever les yeux au ciel à Stanley.
Pendant ce temps, toujours assis sur son fauteuil et quelque peu interdit, Ben n'avait toujours pas émit la moindre parole. En observant avec attention ces visiteurs, en voyant leurs expressions si caractéristiques et à l'entente d'un de leur prénom, l'ancien Poufsouffle ne pouvait plus douter. C'était bien ses anciens camarades qui se trouvaient sous ses yeux.
Quand l'information arriva enfin au cerveau de Richie, il se mit à éclater de rire.
- Mais non ça ne peut pas être..., sa voix diminua brusquement en intensité quand il reporta son attention sur l'homme devant lui. Oh la vache c'est bien Ben.
Le trio resta silencieux quelque instants, plutôt mal à l'aise. Eddie se détourna, gêné en murmurant des paroles incompréhensibles.
Mais Ben lâcha un petit rire avant de se relever de sa chaise.
- Je...wow...je n'arrive pas à en croire mes yeux. Eddie, Stanley et Richie devant moi !
Il les salua avec joie, ses yeux brillants d'émotion.
- Je suis désolé, minauda Richie en se grattant la nuque. Je ne t'ai pas reconnu et puis tu sais ça fait très longtemps alors...
- Tu n'as pas à t'en faire, le coupa t-il gentiment avec sincérité. C'est vrai que j'ai beaucoup changé, je suis habitué à ce genre de réaction.
Un petit sourire modeste fleurit sur son visage. Si par le passé il avait été un garçon rondouillard, il avait désormais acquis une taille et une musculature impressionnante grâce au sport.
Un bruit, semblable à une petite explosion, retentit alors dans le bureau. Un des collègues de Ben travaillant sur un micro-ondes venait vraisemblablement de faire une erreur. Une odeur dérangeante de brûlé commença à se rependre rapidement dans le lieu.
- Ne restons pas ici, reprit Ben en se raclant la gorge tout en passant devant eux pour les inciter à le suivre. Nous pouvons aller discuter dehors ou ailleurs si vous souhaitez.
- À vrai dire, nous aimerions savoir si il est possible que tu puisses terminer plus tôt aujourd'hui ?
[...]
Dorénavant c'était quatre silhouettes qui marchaient côte à côte dans les rues de Londres.
Et c'était dans le riche et chic Quartier de Kensington qu'ils s'étaient maintenant rendus, là où vivait Beverly Marsh.
- Nom d'une gargouille ces baraques sont géantes ! J'ai hâte d'en posséder une dans ce genre, s'exclama le binoclard.
- Pour ça je te conseillerais de trouver un boulot correct et d'arrêter de flâner partout dans le monde pour ne rien faire, lui répondit Stanley. Et puis de changer de veste.
Richie se retourna vers lui avec une fausse moue déçue.
- Sympa.
- C'était juste un conseil d'ami, ajouta Stanley d'un ton neutre.
Ben et Eddie, tenant le papier où se trouvait l'adresse de leur ancienne amie, regardaient avec attention les numéros des habitations à mesure qu'ils avançaient dans la rue.
Le brun finit par s'arrêter en poussa une exclamation et les autres le rejoignirent rapidement.
- D'après ce que tu as noté Stan, sa maison devrait être ici.
En parfaite synchronisation ils levèrent la tête vers celle-ci, excepté Richie qui les fixait d'un air moqueur.
- Vous comptez rester ici à observer l'architecture comme des touristes ou quelqu'un va sonner ?
Soudainement du bruit et des vifs éclats de voix se firent fortement entendre, même en étant à l'extérieur. La porte d'entrée ne tarda pas à s'ouvrir et une femme rousse, élégamment vêtue, sortit sur le perron avant de la refermer violamment dans un fort claquement. Elle descendit rapidement les marches, son sac serré contre sa poitrine et une expression bouleversé sur le visage, ne remarquant pas les quatre hommes sur le côté.
Quelque peu déconcertés, ces derniers ne réagirent pas tout de suite. Ce fut Ben qui reprit le premier ses esprits et qui s'engagea au pas de course derrière la rousse pour la rattraper avant qu'elle ne disparaisse.
- Beverly ? lança t-il le cœur battant.
Cette dernière ralentit ses pas à l'entente de son prénom et se tourna quelque peu en arrière, sans regarder Ben dans les yeux.
- Excusez-moi, dit-elle doucement, mais je n'ai pas le temps, je dois y aller.
Mais quand son regard se posa enfin complètement sur lui, elle s'arrêta brutalement. Elle essuya rapidement les quelques larmes qui avaient séché sur ses joues et ramena avec réserve une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
- Est-ce que...Est-ce que l'on se connaît ? questionna t-elle quelque peu hésitante.
Ben avait réussit à attirer son attention car même si elle ne l'avait pas encore reconnu, Beverly percevait quelque chose de familier dans son regard, qui la perturbait grandement.
L'ancien Poufsouffle lui offrit un petit sourire timide avant de baisser son regard ver le sol pendant quelques secondes. Il était tombé amoureux d'elle très rapidement après leur première rencontre à Poudlard. Il ne lui avait jamais avoué, bien trop peu sûr de lui à l'époque, lui offrant seulement des présents ou écrivant des poèmes, jamais signés de son nom. Malheureusement son amour, bien que très fort, n'avait jamais reçu le même égal et la même signification, la rousse était attirée par un autre membre de leur groupe, Bill, en ces temps là. Malgré tout il ne lui en avait jamais voulu et il ne l'avait jamais oublié, ayant gardé une ancienne photo dans son portefeuille pendant toutes ces années.
La mémoire commençant à lui revenir et, particulièrement troublée, Beverly sentit son souffle se ralentir.
- Oh mon dieu Ben !
Elle s'empressa de combler les quelques mètres qui les séparaient et entoura directement ses bras autour du cou du brun qui la serra contre elle en fermant les paupières. Les yeux de Beverly s'embuèrent une nouvelle fois, mais cette fois-ci ces larmes étaient dûes à l'immense joie qui afflua en elle et bien vite elle oublia l'horrible querelle qui avait eu lieu il a quelques minutes avec son mari.
Quand elle identifia les trois autres personnes qui s'avançaient vers elle, elle poussa un cri de joie en ramenant ses mains sur son visage pour l'étouffer.
- C'est vraiment vous ? Non, je ne peux le croire ! Je dois être en train de rêver.
- Et pourtant c'est bien nous ! s'exclama le binoclard. Tu peux te pincer autant que tu veux, tu ne te réveilleras pas.
Beverly se jeta à leur tour dans leurs bras et ils la réceptionnèrent ensemble en riant joyeusement, le cœur léger.
- Vous n'avez presque pas changé, exceptées vos petites rides au coin des yeux, s'amusa la rousse en tapotant ensuite gentiment chacune de leurs joues avant de se tourner vers Ben qui se tenait toujours derrière. En tout cas vous m'avez énormément manqué, ajouta t-elle en lui offrant un sourire encore plus doux.
Les joues de Ben se colorèrent légèrement, ce qui n'échappa pas aux autres garçons qui se lancèrent quelques œillades amusées.
- Mais que se passe-t-il exactement, finit par leur demander la rousse en les dévisageant un à un.
- Tout simplement une réunion du Losers Club, lui annonça Richie. Et je crois bien que maintenant nous allons nous rendre au Chemin de Traverse.
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bonjour tout le monde !
okay ce chapitre fait plus de 2k de mots jpp excusez-moi j'ai été emporté dans l'écriture, et encore j'aurais pu détailler encore plus !
mais je ne voulais pas faire de coupure entre Ben et Bev car le prochain chapitre c'est retrouvaille avec Bill
Mike sera dans l'autre après, parce que vous savez il est professeur à Poudlard (so Poudlard et ses flash-back arrivent soon soon hehe)
en tout cas j'espère qu'il vous a plu un minimum !
à très vite pour la suite <3
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