3 - Sans souvenir, sans papier
Je ne sais pas qui je suis. Jenny m'a dit que j'étais un « John Doe », un homme sans identité. Mais elle m'a donné un nom. Haru. Parce qu'elle aime le printemps. Ça ne me dérange pas. Je m'en fiche même.
Les médecins ne savent pas si je vais retrouver la mémoire. Moi non plus. C'est difficile de ne pas savoir qui on est, si on a des attaches quelque part, des gens qui nous cherchent, qui nous attendent.
D'après les médecins et la police, c'est mon infirmière, Jenny qui m'a trouvé. J'errais sur la route et elle m'a vu, blessé. Un peu plus loin, il y avait ma voiture, au fond d'un ravin. Je ne savais pas ce qu'il s'était passé mais je l'avais échappé bel !
En revanche, ma voiture n'avait rien révélé, les plaques étaient introuvables, tout comme mes papiers... Tout était parti dans le courant de la rivière au fond...
Personne, je ne suis personne.
C'est déprimant.
J'étais seul.
– Haru ? M'appela Jenny, me sortant de mes pensées.
– Salut Jenny...
– Oh, Haru, ne déprime pas ! Regarde autour de toi ! Ce parc n'est pas magnifique !? Regarde ce cerisier, n'est-il pas incroyable !? De la même couleur que tes cheveux bizarres ! Se moqua-t-elle.
– Tu es méchante, Jenny, boudai-je.
Elle se mit à rire joyeusement en posant sa main sur mon genou. J'aimais bien ces contacts. J'aimais beaucoup Jenny. Ça faisait deux mois que j'étais réveillé et elle était toujours là. Elle avait été là depuis le début, elle m'avait retrouvé, m'avait emmené à l'hôpital, m'avait soigné, avait veillé sur moi pendant mon coma, c'est à dire sept mois, elle avait été là à mon réveil, m'avait aidé à réapprendre à faire des choses quotidiennes, elle était là dès que j'avais des maux de tête important dû à ma commotion cérébrale et par-dessus tout, elle m'empêchait de sombrer quand je me sentais seul. Elle était une amie précieuse pour moi, ma seule amie.
– Dis-moi, Haru, quelque chose te tracasse ?
– Un peu, avouai-je. Depuis mon réveil, je rêve. Chaque nuit, je fais le même rêve.
– Tu veux me le raconter ? Proposa-t-elle en souriant.
– Euh... Oui, pourquoi pas. Je descends des escaliers pour me retrouver dans un immense jardin. Au fond, il y a une petite rivière qui passe et les bois sont derrières. C'est le soir, le soleil est face à moi et commence à se coucher. Ses derniers rayons traversent les arbres qui sont dénués de feuilles. J'ai un manteau, donc il ne doit pas faire chaud, on doit être en hiver... Et je l'aperçois. Il y a cette fille, dos à moi, elle regarde le coucher de soleil. Je ne vois que ses longs cheveux blonds tomber dans son dos et voler au gré du vent. Elle est importante pour moi. Je le sais. C'est à ce moment qu'elle se retourne en souriant et me tend sa main. Je veux voir son visage, mais je ne le vois pas, il est flou, même son sourire je ne le vois pas mais je sais qu'elle sourit. Je tends mon bras pour attraper sa main, mais je me réveille à ce moment-là. À chaque fois. C'est assez frustrant...
– Je vois, soupira-t-elle. Une belle blonde, hein ? Dis-moi, ne serais-tu pas en train de tomber amoureux de moi ? Me taquina-t-elle.
Je la regarde fixement. Ses propos semblent n'être qu'une grosse blague mais tombe sous le sens. Serais-je tombé amoureux de cette blonde ? Vu que c'est elle qui m'a trouvé, c'est tout à fait possible ! Et si son visage est flou, c'est parce que je suis tombé dans les vapes dans ses bras !
– Ne me regarde pas comme ça ! Rit-elle. Ce n'était qu'une blague !
Je lui souris en soupirant et observe le cerisier en fleur. Il fait bon aujourd'hui. Ça fait du bien.
Peut-être devrais-je arrêter de me prendre la tête à cause de mes souvenirs perdus, peu importait qui j'étais, si personne ne m'a retrouvé, c'est que je ne manque à personne. Peut-être n'ai-je pas de famille ! Alors je vais vivre. Je vais vivre comme j'ai envie. Je suis Haru Doe. Je n'ai pas d'anniversaire réel. Mais si je devais en prendre un, ce serait le jour où je me suis réveillé, le cinq février. Tout comme le printemps chaque année, je vais renaitre.
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