28 - C'est ça sa vengeance ?! 2
Je ne sais pas ça faisait combien de temps que j'étais là. Mais j'y étais depuis longtemps. Enfin, je crois.
Je n'étais jamais seul, Luce était là, je la sentais me toucher.
Les enfants aussi étaient là.
Je voulais me réveiller, ils m'attendaient tous. Pouvoir les serrer contre moi, me faire pardonner pour tout le mal que je leur ai fait, tout !
Parfois, j'entends des cris et des pleurs, Lucy pleure. Elle a besoin de moi.
Alors je fais des efforts, pour elle.
Pour les enfants.
Pour mon fils que j'adorais, pour cette fille que je ne connaissais pas.
Je voulais aussi rencontrer mon nouveau neveu, Roméo, que j'avais à peine vu aussi et apprendre à connaître l'autre, Gadjeel, qui venait d'être adopté quand j'ai eu mon accident...
Ma main venait d'être prise. Je la sentais bouger. Quelqu'un la posait sur quelque chose d'arrondis et un peu dur.
Puis ma main fut reposée et je sentis mon lit bouger. Quelqu'un s'allongeait près de moi. Ce petit corps, c'était mon fils. Nashi ne devait pas être loin, Luce non plus !
Ils me parlèrent un moment, sans que je ne comprenne quoi que ce soit puis ils repartirent. Je les sentais souvent, beaucoup. Je savais que je n'étais pas seul. Que ma famille était là, que Luce était là. J'avais envie de la serrer contre moi, l'embrasser, tout. Parfois, quand j'étais bien conscient, je la sentais m'embrasser doucement la joue.
Elle m'aimait encore. Je le savais. Et elle m'attendait.
Ce matin, je me sentais bizarre. Je... Je crois que... Je crois que je ressentais tout dans mon corps... Ou plutôt, je sentais mon corps... Je sentais mon corps ! Peut-être que j'allais réussir à bouger !
J'essayai de bouger le petit doigt. C'était douloureux mais j'avais réussi ! Peut-être arriverai-je à bouger plus !
Mais tout doucement car tout mon corps me faisait souffrir. Il faisait un peu sombre dans la pièce, les volets étaient entrouverts mais je voyais qu'il avait du soleil dehors.
Essoufflé par tant d'efforts à peine réveillé, je m'installai contre le dos du lit. Je n'étais pas dans ma chambre, j'étais à l'hôpital. Un verre d'eau était posé à côté de moi. Je le saisis, assoiffé, en faisant attention à ne pas enlever toutes mes perfusions et me réinstallai correctement sur le lit en soupirant. Enfin. Enfin j'étais réveillé. Il fallait que je prévienne quelqu'un. Mais comment ? Je n'étais pas sûr d'avoir assez de voix, ma gorge était enrouée... Et il n'y avait aucune chance que j'arrive à me lever seul...
Ah ! Mais nous sommes à l'hôpital, il doit y avoir un bouton ! et par grande chance la télécommande était au bout de lit. Super. Je ne peux pas l'atteindre.
La porte s'ouvrit doucement et une femme entra, elle sursauta en me voyant les yeux ouverts.
- Monsieur Dragneel ! Vous êtes réveillés ! Je vais chercher le médecin !
Elle partit aussi vite qu'elle était entrée. J'espère qu'elle va prévenir Lucy.
Le médecin entra, puis un membre de la police, et enfin mon père, avec une bambine aux cheveux mi-longs roses qui sautillait.
Je reconnaissais ma fille, mais elle avait changé, grandi.
Elle se retourna vers moi puis s'arrêta, surprise de me voir la fixer.
Ses petits sourcils se froncèrent. Elle avait la même expression que sa mère ! Un petit sourire se nicha sur mes lèvres, ce qui la rassura.
– Papa pas dodo ? Me dit-elle en s'approchant, les sourcils toujours froncés, la tête penchée.
– Non, ris-je, la gorge en feu, je ne fais plus dodo.
Elle me sourit, nullement gênée et s'approcha un peu plus de moi en tendant ses petits bras. Mon père l'aida à grimper sur moi, les larmes aux yeux.
Je la portai difficilement et l'installai à califourchon sur mes genoux.
– Tu as grandi, ma princesse, lui souris-je en la serrant dans mes bras.
– Papa veillé ! S'exclama-t-elle, joyeuse en sautillant sur moi, ses deux mains sur mes joues.
– Maman est là ? Lui demandai-je en riant et en lui embrassant le front.
– Maman patie !
– D'accord...
– Nashi, et si tu allais voir tonton dans le couloir et dire à Sting qu'il peut venir aussi comme on a dit ?
– Aye ! Pas dodo papa ! Me prévint-elle en fronçant de nouveau les sourcils ce qui me fit rire.
J'acquiesçai, lui promettant de ne pas m'endormir et en l'aidant à descendre. Elle sortit joyeusement et cria « Papa pas dodo ! » en boucle.
Sting entra à son tour. Il écarquilla les yeux et se jeta brutalement sur moi en pleurant.
Lui aussi avait grandi. Il avait aussi une cicatrice sur l'arcade droite. Comment se l'était-il fait ? Serait-ce la fois où Jenny l'avait fait tomber dans les escaliers ?!
Je le serrai contre moi, heureux de le retrouver, de le serrer contre moi. La dernière fois que je l'avais vraiment serré, aimé et réconforté, il n'avait que dix-huit mois... Il devait avoir trois ans maintenant, si ce n'est plus...
– Enfin, papa ! Tu es réveillé ! On t'attendait ! Me reprocha-t-il en se relevant, essuyant des larmes.
– Désolé de m'être fait attendre, mon fils, lui souris-je en passant mes bras sous ses aisselles pour l'installer près de moi.
– Tu m'as manqué... me serra-t-il très fort.
Il ne manquait que Luce. Allait-elle me pardonner ? Était-ce parce qu'elle m'en voulait qu'elle n'était pas là ? Et si j'avais tout inventé, pendant mon coma ? La sensation qu'elle me touchait, m'embrasser ou me parlait... Peut-être n'était-ce que des illusions !
– Sting... intervint mon père. Tu te souviens ce qu'on a dit ?
– Oui... Juste un câlin, et on doit attendre que tu parles avec. On aura tout le temps après... Tu sais quoi, papa, maman, elle a...
– Chut ! L'interrompit Igneel. Ne dis rien, Sting, ce n'est pas à toi de le dire.
– Mais...
– Allez, vas avec ta sœur et tonton, le médecin va examiner votre père. Appeler maman pour la prévenir, d'accord ?
Qu'est-ce qu'il se passait ? Qu'est-ce qu'on me cachait ?
Mon fils me serra une dernière fois avant de descendre du lit à contrecœur et de sortir de la pièce. Ce fut au tour de mon père de me serrer dans ses bras. Les larmes aux yeux.
– Mon fils... Tu es enfin réveillé ! Je suis si heureux, si tu savais ! Tu m'as tellement manqué, tu nous as tellement manqué...
Le médecin prit toutes mes constantes puis me retira quelques fils, me laissant seulement ma perfusion.
- On va vous faire apporter un peu de nourriture. Vous devez réapprendre à manger.
J'étais inquiet. Mon père était visiblement très mal à l'aise et le policier assis dans un coin ne m'aidait pas à me calmer.
– Où est Lucy ? M'inquiétai-je, en la voyant toujours pas arriver.
– J'avais peur de l'avoir perdu. Non, c'était sûr, je l'avais perdu. J'avais été trop loin. J'avais été la pire ordure qui soit avec elle.
Mon père soupira et me répondit évasivement qu'elle avait un rendez-vous médical avant de s'asseoir vers moi et de prendre la main.
- Natsu... Avant que Lucy ne puisse venir, nous devons te parler...
- Qu'est-ce qu'il se passe ? paniquai-je.
- Reste calme. Tout va bien.
Je prends une profonde respiration. Je dois rester calme et écouter.
- Lorsque tu es tombé dans le coma, nous t'avons fait installer à la maison. Lucy était effrayée que n'importe qui entre dans ta chambre pour ton réveil, elle avait peur que tu ne te souviennes de rien à nouveau et qu'on te reperde.
Je fronçai les sourcils. Que s'était-il passé pour que je sois retourné à l'hôpital ?
- On t'a longtemps attendu... On espérait que tu te réveilles... Lucy... Lucy en souffrait beaucoup... Vraiment beaucoup enfin...
Il était vraiment gêné.
- Je vais prendre le relai, entra soudainement l'inspecteur Cortez. Content de vous revoir Monsieur Dragneel.
Mon père se décala, puis sortit de la pièce en s'excusant.
- C'est assez délicat, Monsieur Dragneel.
- S'il vous plait, dites-moi, je veux avoir ! Est-ce au sujet de...
- Non, je reviendrai plus tard vers vous pour cette affaire. Il faut déjà vous remettre sur pied, Mademoiselle Rearlight et bien sous les barreaux et sous bonne garde. Cela concerne votre femme.
Donc c'est vraiment Lucy. Il y a un problème avec Lucy.
- Votre femme a abusé de vous, monsieur Dragneel.
Je reste interdit, le fixant. De quoi parle-t-il ? Comment ça, elle a abusé de moi ?
- Il se trouve qu'un soir, par faiblesse, votre femme vous a touché et violé, alors que vous étiez inconscient. Elle est venue me l'avouer le lendemain, la culpabilité la rongeait, elle était désespérée. Nous avons suivi la procédure, nous vous avons confié à l'hôpital, votre père a récupéré votre tutelle. Vos visites étaient encadrées et surveillées par cet agent. Peu importe qui entrait, personne ne restait seul avec vous.
J'accusais le coup. Lucy avait fait ça ? J'étais assez choqué. Je n'en avais aucun souvenir. En même temps, j'étais inconscient. Dans quel état devait être ma femme pour être capable de faire quelque chose comme ça ?
Lucy avait fait ça... Je crois que je dois être en colère. Ce qu'elle a fait est mal... Mais je ne crois pas que je le sois. Je n'en sais rien. Je suis assez choqué.
- Je... Je veux la voir... Faites-la venir, finis-je par dire. Je veux l'entendre...
- Elle ne devrait pas tarder à arriver. Votre femme a un rendez-vous hebdomadaire chez une psy.
- Quand est-ce arrivé ?
- Ça fait six mois.
- Six mois ?! Mais j'ai été dans le coma combien de temps ?!
- Huit mois.
Il était vrai que mes enfants avaient bien grandi... Tellement de mois perdus...
- L'agent devra rester là à chacune de vos visites pour votre sécurité.
- Je comprends mais je ne pense pas que ce soit nécessaire...
- C'est la procédure monsieur Dragneel. Une main courante a été déposé contre votre femme pour viol. Vous pouvez porter plainte. Nous vous laissons le temps d'y réfléchir. En attendant, vous serez sous bonnes gardes.
Il se leva, me salua, puis ils sortirent tous, me laissant seul, dans mes pensées.
Tout se mélange dans ma tête. Je sais que c'est quelque chose de très graves, mais je n'arrive pas à lui en vouloir.
Lucy... Lucy a fait ça... Mais la seule chose à laquelle je pense, c'est à elle, à son désespoir, sa douleur.
J'ai hâte qu'elle arrive. J'ai vraiment besoin de la voir.
***
Ça fait une bonne heure que je rumine. J'attends. Mon père est revenu me voir mais il n'a pas envie d'en parler tant que je n'ai pas vu Lucy. Et Lucy n'était toujours pas là... J'avais pas mal de visiteurs, ma famille, mes amis, et surtout mes enfants. Ils me parlaient de tout et de rien. Me racontaient ce que j'ai loupé, en gros. Mais ils empêchaient les enfants de me parler. Tous me cachaient quelque chose et évitaient le sujet « Lucy » et de ce « viol ». Mon beau-frère entra à son tour.
– Bah alors, la belle au bois dormant, on est enfin réveillé ! Ricana Luxus en faisant rire mon frère et mon meilleur ami, puis tous les autres.
– Je ne pensais pas te dire ça un jour, mais tu m'as manqué, tas de muscles, répondis-je, un peu narquois.
– Fais gaffe à toi, le chalumeau, je dois encore t'en foutre une pour avoir fait souffrir ma sœur, gronda-t-il sourdement, mettant fin à l'hilarité.
– Je le mérite, soufflai-je, le regard voilé en fixant Nashi qui jouait avec mon collier de dragon.
– Au moins, tu le reconnais, ça adoucit ta peine, me sourit gentiment mon frère.
Je souris mais mes pensées étaient tournées vers elle.
- Elle va arriver. Ne t'en fais pas.
Je lui souris puis discutais avec lui. Tous étaient contents de me voir et ça faisait vraiment plaisir...
Ils partirent tous petit à petit. Mon père en dernier. Il est parti me chercher à boire.
La porte s'ouvrit à nouveau. Lucy. Enfin. Elle était essoufflée, impatiente de me voir, les larmes aux yeux et... et je n'eus le temps de rien faire qu'elle me serra contre elle, en larmes.
Une fois mes esprits repris, je la serrai à mon tour, lui caressant les cheveux, lui frictionnant le dos, passant mes mains sur ses hanches, puis sur son ventre arrondis pour la repousser doucement et essuyer ces vilaines larmes qui dégoulinaient sur ses joues... Attendez, le ventre rond !? LE VENTRE ROND !
J'ai cru perdre mes yeux en la voyant enceinte ! Elle devait en être à cinq ou six mois ! Mais de qui ?!
Elle ne tint pas compte de mon hoquet de stupeur et continua de me serrer contre elle, en larmes. Sûrement les hormones maintenant que j'y pense.
Mais, hormones ou pas, larmes ou sourire, réjouissance ou non, elle me devait des explications ! Si c'était une vengeance à cause de Jenny, ça n'allait pas se passer comme ça ! Elle me voulait encore ? Ou pas ? Pourquoi ?! Comment !? Enfin, non, je sais comment, mais plutôt comment c'est arrivé ?!
Mon cerveau était en ébullition, ma tête allait imploser...
Et puis, j'ai compris. J'ai compris que c'est ce qu'ils me cachaient tous.
C'est mon bébé qu'elle attend.
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