Il neige. Il est tard et tout le monde est couché. Je devrais y aller aussi mais je ne peux pas. Je me fais du soucis. Mon père aussi, tout comme Igneel. Eux non plus ne sont pas couchés, ils sont là, à côté de moi, dans la véranda à regarder la neige tomber dans la nuit noire.

– Tu penses qu'elle va bien ? Demanda Igneel.

Pas besoin d'être un génie pour savoir qu'il parle de ma sœur...

Elle a trimé ces temps-ci. Quand j'ai su, il y a trois semaines la situation avec cette Jenny qui se ramenait, j'ai tout de suite eu un mauvais pressentiment. Et voilà où ça nous a mené. Et elle qui sourit comme si tout allait bien. Parfois, j'ai envie de secouer mon idiote de sœur pour lui faire cracher ce qu'elle ressent.

– Non, répondit mon père. Je connais bien ma fille, elle se cache derrière son sourire et se réconforte auprès de Sting et Nashi. J'aimerais essayer d'en parler avec elle mais je sais qu'elle ne me dira pas la moitié de ce qu'elle ressent, et encore, elle mentira sur plus de la moitié de cette moitié... Je ne suis pas aussi doué que Layla pour la faire parler... Je n'ai pas le même contact...

– C'était sa mère, souffla Igneel pour le rassurer.

– Je pense demander à Ul... Elle est une femme, une mère et elle aussi a perdu son mari, je pense qu'elle saura trouver les mots.

– Tu as tort, retentit la voix de cette dernière dans notre dos.

– Ul ! Fut surpris Igneel. Tu nous as entendu ?

– Oui. J'adorerai te rendre ce service, Jude, mais ta fille ne me dira rien. Elle écoutera ce que je lui dirai, mes ressentis, mais jamais elle ne se confiera. Elle est sauvage, sourit-elle en lui frottant son bras. En revanche, j'en connais trois qui sauront la faire parler !

– Nous !? S'étonna Igneel.

– Non, pas vous, vieux croûtons ! Se moqua-t-elle gentiment en se tournant vers moi. Tu connais assez ta sœur pour savoir qui saura lui tirer les vers du nez, non ?

– Grey, Juvia ou moi, répondis-je.

Oui, à moi, elle dira tout, même si je dois la forcer un peu. Il n'y a que Natsu qui n'a jamais eu besoin de la forcer pour la faire parler et comme ni Grey ni Juvia ne la forceront à parler, je le ferai.

Je vois dans ces yeux tous ces doutes.

– Je lui parlerai, de toute façon, c'était déjà prévu, déclarai-je en les laissant pour aller rejoindre ma femme au lit.

Mira était assise sur le lit, Yukino dans ses bras, Angèle à côté d'elle, toutes deux profondément endormies.

– Tiens, nos petites souris se sont incrustées ? L'embrassai-je en m'installant.

– Yukino voulait dormir avec moi et Ange a fait sa jalouse, rit-elle en caressant les cheveux de notre cadette.

Je lui souris en l'aidant à se coucher et m'allongeai à mon tour en les tirant toutes les trois contre moi. Ange ouvrit un œil et s'installa sur mon torse en soupirant un petit « enfin » qui me fit rire légèrement avec sa mère.

– Luxus ? Fit Mira.

– Oui ?

– Tu as parlé à Lucy ? Je suis inquiète à son propos... Et si Natsu ne se réveillait pas ?

– Je lui parlerai demain, quand elle aura un moment de libre. De toute façon, je suis persuadé qu'elle fera des allers-retours incessants dans sa chambre pour vérifier que Natsu aille bien.

– Oui, tu as raison. Elle l'a à peine retrouvé qu'elle l'a déjà perdu...

– Et il n'a pas été tendre avec elle, grognai-je. Il mériterait vraiment que je lui foute mon poing ! Il a de la chance d'être dans le coma. Tout comme l'autre, elle a de la chance d'être enfermée sinon, je la torturerai à mort avant de donner sa carcasse aux pigeons ! Et encore, ce serait trop gentil !

Mira pouffa. Visiblement, ma haine l'amusait et ça me vexait.

Je grognai et lui tournai le dos, la faisant rire un peu plus et elle passa sa main sur mon dos pour me caresser, me détendant.

Je finis par me retourner à nouveau, en prenant garde à ne pas réveiller ma fille qui dormait toujours contre moi et embrassai une dernière fois ma femme avant de m'endormir...

***

Tout le monde a mis la main à la pâte pour la préparation de la fête de ce soir. À l'étage, Evergreen supervise, dans une chambre fermés à clef, Jude, Igneel, Gildartz et Cana pour emballer tous les cadeaux sans que les enfants ne les voient pas, Ul supervise la cuisine avec ma sœur et Mirajane la décoration. Quant à Erza, elle a le pire boulot ! Surveiller TOUS les enfants... Pauvres gosses... Angèle vient se plaindre toutes les cinq minutes qu'elle ne peut pas mettre une raclée à son cousin Loki qui est encouragé par son père qui lui crie sans arrêt qu'il est un homme !

Erza qui s'en mêle en engueulant le père qui fait faire des bêtises à son fils, etc., etc.

Bref, c'est le bordel !

Du coin de l'œil, je vois ma sœur se diriger vers sa chambre. D'un bref signe, j'avertis ma femme que je vais voir ma sœur qui a refermé la porte derrière elle.

J'attends quelques secondes avant de pénétrer à mon tour dans la petite chambre, la surprenant.

– Luxus !? Qu'est-ce qu'il y a ?

– Rien, je me retiens juste d'en foutre une bonne à ton mec.

– Tu n'es pas au bon endroit alors, rit-elle nerveusement en se postant discrètement devant le malade pour m'empêcher de l'approcher.

Ouais, elle n'est pas ma sœur pour rien, elle me connaît. Je serai capable de le frapper jusqu'à ce qu'il sorte enfin de son sommeil de princesse !

– Bon, crache le morceau, ordonnai-je.

– De quoi tu parles ? Fit-elle, mine de rien, en tournant sa tête, horrible manie enfantine hérité du marshmallow.

Je soupirai et m'installai près d'elle avant de passer ma main autour de ses épaules.

– Dis-moi, Lucy. Que comptes-tu faire quand il se réveillera ?

– Lui demander s'il se souvient, haussa-t-elle les sourcils, ignorant le vrai sens de ma question.

– Rectification, comptes-tu lui pardonner ses écarts ?

– Ce n'est pas vraiment sa faute... répondit-elle d'une voix assez absente.

– Vraiment ? Coucher toute la nuit avec la psychopathe sans penser un seul instant que sa femme, qui est deux chambres plus loin, séparée par celle de son propre fils, ne puisse l'entendre crier son bon plaisir, tu penses que ce n'est pas de sa faute ?

– Si mais...

– Mais ?

– Mais je l'aime... Igneel... Igneel a dit qu'il voulait s'excuser avant l'accident... Il était en train de la quitter...

– Je veux bien, oui, il l'a quittée pour toi mais, Lucy, il t'a quand même blessé, non ?

– Si... Si, Luxus, et... Et ça fait si mal, craqua-t-elle enfin.

Je souris tristement en la prenant dans mes bras.

– Il... Il a ramené un monstre à la maison, Luxus ! Pleura-t-elle. Mon bébé a été blessé ! Mes bébés ont été blessés ! Je... Je ne peux pas lui pardonner si facilement mais... Mais Sting et Nashi lui ont pardonné... Ils réclament tous les deux leur père... Et... Et je l'aime, Luxus... Je ne veux pas prendre de décisions à la hâte... Cette blessure finira bien par guérir avec le temps, non ?

– J'en suis sûr, souris-je.

– Et... Et si finalement il ne voulait pas de moi ? S'inquiéta-t-elle, toujours en pleurant.

– Je lui ferai sa peau, répondis-je comme si c'était évident.

Elle rit doucement en jetant sa tête en arrière.

– Lucy, suis ton cœur. Ce n'est pas parce que tu lui en veux que tu dois forcément mettre un trait à votre histoire ! Bien sûr, je ne te dis pas de retomber dans ses bras quand il se réveillera, ce sera à toi de mettre les poings sur les i avec lui ! Mais, laisse-le s'expliquer quand même ! Je sais ce qu'il représente pour toi, alors ne te prends pas la tête, ce soir, c'est Noël, tu inquiètes tout le monde alors laisse-toi aller.

Elle fronça les sourcils, et resserra ses bras autour de mon cou. À mon tour je resserrai mes bras autour de sa taille, la laissant craquer un bon coup, pour une fois que les enfants n'étaient pas là...

– Et puis, ajouta-je un fois qu'elle fut calmée en la lâchant un peu, laisse-le tranquille, il ne va pas se sauver, tu as fermé la fenêtre et on le saurait s'il sortait de sa chambre.

– Je voulais juste être sûre qu'il aille bien, souffla-t-elle.

– Les machines reliées à son corps s'occuperont de nous prévenir, la rassurai-je. Mais le médecin et même Jellal t'ont dit qu'il allait très bien, qu'il fallait juste attendre son réveil, d'accord ?

– Hum... Je vais quand même installer le babyphone, au cas-où.

– C'est une blague ?

– Non ! Et s'il se réveille et qu'il a mal ? Ou qu'il a soif, ou faim ? Je préfère être sûre ! D'ailleurs, je vais mettre un verre d'eau près de lui ! S'emporta-t-elle en courant vers la petite salle de bain à la chambre.

– C'est ton mari, pas ton gosse, grognai-je. Il peut bien attendre dix minutes, il ne va pas mourir déshydraté !

– La gorge n'est pas déshydraté avec sa perfusion ! Rétorqua-t-elle. Il ne pourra peut-être pas parler correctement et je ne pourrai pas l'entendre !

– D'accord, d'accord.

Je la laissai un instant seule, la laissant border, une fois encore, son mari qu'elle cajolait un peu trop à mon goût, et l'attendis devant la porte. Elle sortit un peu plus joyeuse, le deuxième babyphone dans la main.

C'était ma sœur, elle était un peu trop protectrice et elle couvait un peu trop les membres de sa famille. Elle était trop gentille, c'est pour ça qu'elle souffrait autant et si facilement.

Mais c'était ma sœur, et pour rien au monde, je ne voudrais qu'elle change, quitte à foutre quelques coups à ses détracteurs.

- Tu es prévenu, Natsu, murmurai-je pour moi-même en regardant la porte de sa chambre.