Demain, c'est Noël. Les enfants sont impatients. Mon vœu de Noël était que Natsu le passe avec nous, qu'il revienne. Il est revenu. Mais il y a peu de chance qu'il le passe avec nous...

Je suis terrifiée à l'idée qu'il ne se réveille pas... Tout comme je suis terrifiée à l'idée qu'il ne se souvienne de rien, une fois encore. Le médecin a dit que c'était une possibilité à ne pas écarter, tout comme il se pourrait qu'il se souvienne de tout.

Je suis aussi terrifiée que ce soit une infirmière qui soit à son chevet lors de son réveil. Igneel m'avait raconté ce que Natsu lui avait dit, au sujet de ce rêve. Du coup, par jalousie et surtout par peur, j'empêchai toutes les blondes de s'approcher de lui, sauf Mavis. C'est ma belle-sœur, j'ai confiance en elle et je sais qu'elle est folle de Zeleph.

Mais, au moins, ça me prouvait que Natsu avait toujours, inconsciemment, pensé à moi. C'est comme ça que je le voyais, que je me rassurai.

Pour mieux me rassurer, Igneel a demandé si on pouvait le faire transférer à la maison et ils ont dit oui ! Un infirmier viendra chaque matin et chaque soir pour voir s'il va bien. Je suis rassurée. Et puis, Jellal, un ami, le mari d'Erza est un grand médecin de Crocus et il sera à la maison pour passer les fêtes avec sa jumelle, Juvia, ma meilleure amie, qui passe les fêtes avec nous. Du coup, il y aura du monde à la maison !

J'aime savoir que Natsu sera à la maison, comme ça, je pourrais avoir la conscience tranquille et préparer le repas du réveillon avec mes belles-sœurs au lieu de rester enfermée à l'hôpital.

La sonnette retentit dans la maison. Ça doit être l'ambulance qui me ramène mon mari. J'ai préparé une chambre au rez-de-chaussée, une chambre où je m'installe moi-même jusqu'à son réveil.

– Bonjour ! Souris-je aux ambulanciers en ouvrant la porte en grand pour qu'ils puissent passer tranquillement.

Ils me répondirent joyeusement et je les emmenai dans la petite chambre. Ils firent attention à ne pas enlever les perfusions et l'installèrent confortablement sur le lit.

Ils firent quelques tests et vérifications pour être sûrs que rien ne s'était passé durant le trajet puis partirent après que je leur eus offert un petit café et des gâteaux de Noël.

J'étais un peu plus gaie. J'avais Natsu près de moi. J'allais pouvoir dormir près de lui, cette nuit...

Jellal, Erza, Lévy et la petite Wendy arrivèrent en fin d'après-midi. Gadjeel, mon neveu, qui aimait jouer au grand, un peu dur et bourru, était tout mignon avec la petite Lévy. Ils s'entendaient bien les deux-là. Comme Sting et Rogue !

C'était une des seules périodes de l'année où pratiquement toutes les chambres de notre immense maison étaient occupées. Même ma famille venait y séjourner. La propriété Dragneel était plus petite que celle des Heartfilia mais l'intérieur du salon faisait plus Noël, plus chaleureux et il y avait la véranda qui permettait de se rafraîchir, c'était bien plus sympathique. Et puis, pour nos deux familles, nous nous étions habitués ainsi, c'était comme une tradition ! Nos amis nous avaient juste rejoint car la plupart n'avaient pas de famille. Seul Grey avait encore sa mère, Ul et elle était là chaque année, elle aussi. Elle s'entendait très bien avec mon père et mon beau-père. Ils étaient tous les trois veufs et amis depuis longtemps maintenant.

Puis c'est Gildartz, le plus vieil ami de mon père qui est arrivé avec sa fille, son mari, Bacchus et leur enfant.

Nous étions nombreux et le réveillon était le lendemain alors, avec les filles, on décidait de ne pas faire de la grande cuisine. Ce soir, c'était pizzas maison !

Les enfants étaient déjà surexcités, le père Noël allait arriver en même temps mais aussi parce qu'il y avait tellement d'enfants et ils s'entendaient tous bien alors ils pouvait jouer ! Heureusement que la tarée était enfermée, je n'osais imaginer ce qu'elle aurait été capable de faire avec autant d'enfants. Mais bon, l'ambiance aurait été bien moins festive. Déprimante même.

Mais je ne devais pas penser à ça.

C'était fini. Mon amour allait se réveiller. Il serait en sécurité, dans sa famille. Mes enfants seraient entourés de leurs deux parents. Et tout ira pour le mieux. Il fallait juste attendre encore un peu qu'il ne se réveille.

Oui, il n'y avait plus que ça à attendre.

Mais était-ce ce qui allait arriver ? Natsu voudrait-il revenir avec moi ? Et moi ? Le voulais-je ? Il est mon mari, mon premier amour. Mon premier. Le père de mes deux enfants. Mais étais-je prête à me remettre avec lui ? Je sais que cette amnésie, la cause de sa si longue absence et la rencontre avec cette folle, c'est à cause de moi. Parce que je lui ai pris la tête ce soir-là. Mais il m'a quand même trompé, juste sous mon nez. Il savait pertinemment que j'étais sa femme et ça ne l'a pas gêné de batifoler devant moi.

Mais je l'aimais. Que devais-je choisir ? L'amour ou la rancune ? La blessure était encore tellement fraîche... Mais, elle finirait par guérir, alors devrais-je le laisser tomber au risque de le regretter, ou lui donner une chance, s'il la veut, et essayer de panser mes blessures auprès de lui ? Essayera-t-il de se rattraper ? D'après Igneel, oui. Il a dit que Natsu s'est fait pousser par cette folle parce qu'il ne voulait plus la voir. On ne sait pas ce qu'ils se sont dit. Jenny refuse de parler sans avoir vu préalablement Natsu... Personne ne lui a dit qu'il est à nouveau dans le coma, et personne ne lui dira. Elle n'a pas à le savoir. Et puis... J'ai trop peur qu'elle s'échappe et qu'elle vienne lui rendre visite... Elle qui se prend pour sa grande sauveuse alors qu'il est de nouveau dans le coma à cause d'elle, elle serait prête à tout pour se retrouver à son chevet donc elle ne le saurait jamais. Et ce n'était pas son rôle. C'est le mien.

Le soir, on couchait les enfants tôt, une longue journée nous attendait le lendemain. Rogue, Sting et Yukino dormaient dans la même chambre, Gadjeel, Angèle et Lévy dans celle de Nashi.

Une fois mes enfants bien endormis, je saluais ma famille et mes amis. Je m'en voulais un peu de leur fausser compagnie mais je savais qu'ils comprenaient.

Natsu n'avait pas bougé depuis ce matin. Ça me désespérait un peu mais il fallait que je tienne le coup.

– Natsu... soufflai-je en caressant son visage. Je t'attends, Natsu, alors réveille-toi vite, s'il te plaît.

Je mis la chemise de nuit qu'il aimait le plus et m'installai près de lui. Il était torse nu. Comme une voyeuse, je me mis à le contempler et passant mes mains dessus.

Il avait perdu en muscles, surtout au niveau des abdominaux. On m'aurait montré son corps que j'aurai eu du mal à le reconnaître.

– Natsu... soufflai-je à nouveau en caressant son torse.

J'étais impatiente qu'il me revienne, très impatiente.

Oui. J'allai peut-être lui laisser une chance non ? En tout cas, pour ce soir... juste ce soir... Je veux oublier et me blottir contre lui, comme j'aimais le faire depuis qu'on se connaissait, c'est à dire, toujours. Déjà petits, nous suppliions nos parents pour dormir ensembles...

Mon corps aussi était impatient. Mieux valait que j'arrête de le toucher et de le regarder sinon, je n'allais pas pouvoir m'empêcher de lui sauter dessus, même s'il était inconscient.

Ça n'aurait pas été la première fois ! Mon mari est une vrai marmotte, et un des meilleurs moyens de le réveiller, c'était de le titiller et de lui sauter dessus dès le matin ! J'adorais son visage surpris du réveil quand il me voyait, prête à l'avoir en moi. Ou, des fois, en moi directement !

Ça le réveillait parfaitement et il se mettait très vite en action en inversant nos rôles et en promettant de se venger !

Ces fois-là étaient les meilleurs. Les plus longs, et les plus intenses. On finissait haletant, en transe, le sourire aux lèvres mais pas trop fatigués, prêt à recommencer après un bon petit déjeuner, dans la douche. Mais ça, c'était avant Sting. Avec Sting, je me levais pour lui, puis le recouchais pour pouvoir profiter de mon mari, mais juste une fois.

– Ah, Natsu, souris-je en lui embrassant la joue, si tu savais l'effet que tu me fais encore...

Je passais un doigts sur ses lèvres pour les lui caresser. Il tressaillit légèrement. Il avait toujours fait ça. Ça le chatouillait.

Ça me rassurait qu'il réagissait à cette caresse, parce qu'il était tellement pâle et inactif que j'avais parfois peur qu'il ne soit mort...

Mais il ne l'était pas.

J'embrassai doucement ses lèvres. Elles m'avaient manqué.

Dix-huit mois. Plus de dix-huit mois que je n'avais pu y goûter. Que je n'avais pu le toucher.

Et là, il était, dans le même lit que moi.

Oh que c'était dur.

Vraiment dur.

Il allait falloir tenir le coup. Pour lui, pour nous, nos enfants, notre bonheur.

– Je t'aime, Natsu... l'embrassai-je une dernière fois avant de m'installer contre lui pour dormir.