12 - Vérité difficile à accepter
Ma femme. Ma femme était là, devant moi. En larmes. Je sentais sa souffrance. Je me rendais compte que j'avais été égoïste, je n'avais même pas cherché mon identité de mon côté. Je me suis dit que si personne ne m'avait retrouvé, c'est que j'étais seul. Jenny aussi le disait. Mais c'était faux. Et je n'ai même pas cherché à savoir.
Je m'en voulais un peu... Beaucoup peut-être ? Je ne sais pas. Je suis perdu.
Comment allait réagir cette femme ? Et Jenny ? Pourquoi avait-elle réagi comme ça ? Je comprends qu'elle se sente en danger, après tout, cette blonde était, ou plutôt est, ma femme et je dois avouer que je la trouvais magnifique, mon cœur s'était arrêté de battre en la voyant. Et puis, nous avions une famille, nous avons deux enfants. Ce sera difficile pour Jenny de se faire une place... Surtout que mon père ne semble pas la porter dans son cœur...
La porte s'ouvrit et ce dernier entra. Il s'assit à côté du lit où j'étais sans rien dire, attendant que je prenne la parole.
Mais je ne savais pas quoi dire. J'étais gêné.
– Elle... Elle est partie ? Questionnai-je.
– Oui, elle est allée se reposer avec Nashi à l'hôtel, elles reviendront plus tard.
– Oh...
– Natsu, je sais que c'est beaucoup te demander, mais sois gentil avec elle. Ces dix-huit derniers mois ont été très éprouvants pour elle. Ta disparition, l'enquête, sa nouvelle grossesse, Sting, les entreprises, tout. Tu comprends ?
– Je comprends... Je vais faire des efforts... Mais, il faut qu'elle comprenne la situation, ça fait plusieurs mois que je suis avec Jen, je ne vais pas la quitter parce que j'ai une femme et des enfants dont je ne me souviens pas...
– Tu lui diras toi-même, claqua-t-il de sa langue, mettant fin à la conversation. Parlons d'autre chose, veux-tu. Demain, nous partirons. J'aimerais que tu rentres à la maison. Peut-être retrouveras-tu ta mémoire ? Supposa-t-il.
– Peut-être, approuvai-je. J'en parlerai avec Jen. Mais si je dois partir et qu'elle accepte de m'accompagner, je veux que vous l'acceptiez.
– Euh... Oui, d'accord. J'en parlerai aux autres.
Un long silence se mit en place. Je voulais en savoir plus. Comment avais-je rencontré ma femme ? Quel métier je faisais ? Avions-nous beaucoup d'amis ? Avions-nous de bonnes relations entre nous ? Pourquoi avais-je eu cet accident ? Tellement et tellement de questions...
Igneel se mit à rire bruyamment en me regardant, me laissant pantois quant à sa réaction...
– Mémoire ou pas, tu ne changes pas ! Railla-t-il. Tu verrais ta tête !
Je me mis à rire aussi, pourquoi, bonne question. Je savais que je devais avoir une sale tête, et ce n'était pas très drôle mais ça faisait du bien. J'ai toujours préféré rire et sourire que pleurer et me morfondre. Toujours !?
– Vas-y, fils, pose tes questions ! Se marra-t-il encore plus, me surprenant car il avait deviné mes pensées.
Je ris un peu plus, amusé par ce père qui me connaissait si bien et qui semblait moins coincé et moins distant que plus tôt, au contraire, il était totalement détendu et même... sympathique. Très sympathique. Je me demandais comment mon enfance avait dû être avec lui. Sûrement joyeuse ! Dommage que je ne m'en rappelle plus...
– Je... Je me demandais comment j'avais pu la rencontrer, avouai-je en reprenant mon souffle suite à cette crise de rire.
– Oh, vous avez grandi ensemble, me sourit-il. Nos familles sont amies depuis la naissance de ton grand-frère et du sien. Vous avez toujours été ensemble, elle et toi. Le plus long que vous avez été séparé a été d'environ sept ou huit mois, je ne suis plus sûr, mais pourquoi, je ne sais pas, vous n'avez jamais voulu me le dire. Tu lui demanderas. Mais, quand je dis séparé, c'est parce que vous ne vous parliez plus. Physiquement, le plus a été un mois. Les factures téléphoniques nous ont bien fait pleurer, Jude et moi, on vous a même fait travailler pour nous rembourser ! Rit-il en pensant à cette anecdote de moi qui ne me disait rien du tout. Désolé, se calma-t-il d'un coup en voyant ma grimace. C'est vrai que ça doit être dur d'entendre parler de toi sans que tu n'aies un seul souvenir...
– Non, c'est bon, ne t'excuse pas.
On continua à discuter tout l'après-midi tranquillement, rien que nous deux, même si le médecin venait de temps à autre vérifier que tout allait bien. Bizarrement, même si pour Cooper c'était tout à fait normal, parfois, en fonction de ce qu'Igneel me racontait, je savais ce qui allait se passer, comme une intuition.
– Dis-moi, fis-je en fin d'après-midi.
– Oui ? Me demanda-t-il en regardant le message qu'il venait de recevoir.
– Pourquoi étais-je par ici ? Enfin, le soir de mon accident, tu ne sais rien de ce qui m'est arrivé ?
– Non... Mais je te connais, ce soir-là, tu étais fatigué et en colère, tu as dû rouler assez vite pour te défouler... Vu l'état de ta voiture, c'est fort possible, voire très probable !
– J'étais fatigué et en colère ? Pourquoi ? M'étonnai-je.
– Je t'avoue que je redoutai cette question... soupira-t-il. Mais je préfère que ce soit moi qui t'en parle que Lucy, elle a tendance à se rejeter la faute... Tu vois, ça faisait trois jours que Sting était malade, très malade. Lucy avait pris des jours de repos pour s'en occuper mais elle était aussi malade. Aujourd'hui nous savions qu'elle était enceinte. D'ailleurs, tu le savais car tu m'avais fait part de tes doutes plus tôt dans la journée, tu reconnaissais les symptômes qu'elle avait eu avec sa première grossesse, et puis, tu la connaissais par cœur après tout ! Tu lui avais promis de rentrer tôt pour prendre la relève et la laisser se reposer. Sauf que les heures passaient et tu ne revenais pas, elle était inquiète, elle a eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose alors elle m'a appelé. J'étais aussi très étonné, tu ne répondais vraiment pas... Sachant que tu es le patron, je ne comprenais pas pourquoi, même en réunion tu peux répondre librement sans avoir à te justifier, c'est comme ça chez nous, et sinon, tu envoyais un message pour dire que tu étais occupé. J'ai donc appelé ta secrétaire et elle m'a expliqué qu'il y avait eu une urgence et que tu étais allé à une réunion qui s'éternisait. J'ai été aidé Lucy mais elle ne pouvait pas se reposer, Sting hurlait tellement, il était mal et il te réclamait. Tu es rentré vers vingt-trois heures. Lucy t'avait attendu. Elle m'a avoué qu'elle était très mal à ce moment-là, elle ne tenait même pas sur ses jambes tellement elle se sentait faible. Elle t'a reproché de trop travailler et surtout, de ne pas l'avoir prévenu. Vous vous êtes énervés et tu as voulu reporter la discussion, elle a refusé. C'est vrai que tu as toujours été du genre « on en parle demain » et au final, vous n'en parliez jamais et elle s'est énervée encore plus. Puis elle t'a demandé que tu prennes une journée pour la passer en famille, mais tu as refusé et c'est reparti en dispute. Au final, tu en as eu marre, tu étais fatigué et tu l'as laissé, tu es parti et tu n'es plus revenu... Elle t'a attendu toute la nuit... J'étais inquiet parce que personne ne répondait le lendemain et j'ai cru à un mort-vivant quand je l'ai vu... souffla-t-il, les larmes aux yeux.
Eh bien. Finalement, notre couple battait de l'aile. Ce n'est peut-être pas plus mal, je lui demanderai le divorce, on s'arrangera pour les enfants, et c'est réglé !
– Je n'aime pas quand tu fais cette tête, c'est quand tu prends une décision trop vite, me coupa-t-il.
Oui, ça devait bien être mon père.
– Lucy va arriver avec Nashi. Ça t'embête ?
– Non... De toute façon, il faudra que je lui parle un jour ou l'autre...
Il sourit, alla ouvrir la porte de la chambre et appela la jeune femme qui le rejoignit deux minutes plus tard. Elle avait les yeux rougis et semblait très mal à l'aise. Elle s'assit sur le fauteuil à l'opposé d'Igneel, près de moi et posa sa fille, ou plutôt, notre fille, sur elle.
– Est-ce que... Est-ce que ça te dérange si je la nourris ici ? Demanda-t-elle timidement, les larmes aux yeux, me rappelant une voix, la voix que j'avais entendu plutôt, quand je l'ai observée.
– Non, pas du tout, vas-y.
– Si je te demande ça, c'est parce que je l'allaite... Donc, tu es sûr ?
– Tu n'as pas encore arrêté ? S'étonna mon père.
– J'essaie mais elle refuse de boire du lait maternisé quand c'est moi qui lui donne ! À la crèche ou avec les autres, elle le boit, elle prend même le biberon toute seule mais avec moi, elle ne veut pas, bouda-t-elle pendant que la petite riait aux éclats de la tête de sa mère.
Mon père rit lui aussi en tendant ses bras au-dessus de mon lit pour la prendre.
– Je vais lui donner, moi !
– Si vous y arrivez ! Rit la jeune mère. Je suis dans la même pièce, elle n'acceptera pas facilement ! Tu l'aurais vu avec Grey la semaine dernière ! C'était vraiment hilarant !
– Grey ? Interrogeai-je en leur rappelant ma présence.
– Ton meilleur ami, et le mien en même temps ! Me sourit-elle comme si de rien n'était. Grey Fullbuster. Il est marié à ma meilleure amie, Juvia. Ils ont deux enfants, Rogue, le meilleur ami de Sting, et Ultear qui a un mois de plus que notre fille, continua-t-elle en donnant un pot de compote à mon père.
Tellement de noms... Tellement d'amitié.
– Ne t'en fais pas pour tous les noms, tu t'y habitueras, me rassura mon père. Tu veux lui donner son goûter ? Me proposa-t-il en me voyant la regarder.
– Euh... Non, c'est bon, refusai-je, gêné.
En faites, j'en avais envie, mais j'étais trop gêné. C'était encore difficile à croire que ce bébé venait de moi. Elle me ressemblait énormément, c'est sûr, mais, c'était encore difficile à assimiler. La prendre, c'est... c'est comme si je l'acceptai vraiment, or, je n'étais pas encore prêt à dire que j'étais son père...
– Bien, décida mon père, alors tu vas la tenir le temps que je lui donne !
Je paniquai déjà. Mes yeux s'écarquillèrent et mon cœur manqua un battement avant de se mettre à battre de plus en plus vite.
Lucy sembla le sentir car elle posa sa main sur mon bras, me surprenant, mais me calmant en même temps. C'était incroyable l'effet qu'elle me faisait. En un contact, j'avais réussi à reprendre le contrôle de moi-même, à récupérer mon sang froid. Je frissonnai et elle retira sa main comme si je l'avais brûlée, troublée.
Igneel me posa la petite sur les jambes et elle me fixa, intriquée par la personne que j'étais.
– Tu as vu, Nashi ? Tu es sur papa ! Lui sourit mon père pendant que la mère souriait à son tour pour la rassurer.
Elle sourit en tapant dans ses mains et grimpa sur mon ventre pour poser sa main baveuse sur mon visage en riant.
– Mamamamama... bava-t-elle en s'allongeant de tout son long sur mon torse, ses deux mains frappant mon visage.
– Nashi ! Gronda sa mère en la relevant. On ne frappe pas !
– Mamamamama... bava-t-elle encore en mettant sa main dans sa bouche, ignorant complètement ce que sa mère lui disait.
Je ris avec mon père et elle nous jeta un regard noir avant de soupirer et de la réinstaller sur elle.
– Mama miam ! Fit la petite en plongeant sa tête dans le décolleté de sa mère.
– Non, Nashi, tu manges déjà ta compote, fit-elle en la posant de nouveau sur mes genoux.
Pour pouvoir l'aider, je me relevai correctement, sans m'appuyer au dos du lit, et passai mes mains autour des hanches de la petite qui continuait de mâchouiller son poing.
– Tiens, Lucy, donne-lui, fit mon père en se levant. Vous voulez quelque chose à boire ? Je vais me chercher un café.
– Je veux bien un thé, s'il te plaît, répondit ma « femme » en récupérant le petit pot.
– Un café aussi, s'il te plaît.
Il nous sourit et sortit. Nous laissant tous les deux tout seuls, avec le bébé pour seul témoin...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro