VII.
« A vieux comptes, nouvelles disputes. »
- Proverbe français.
Christopher releva la grille métallique et déverrouilla la porte vitrée avant d'entrée pour désactiver l'alarme. Il fit ensuite signe à Katherine d'entrer.
Cette dernière ne se fit pas prier. Toute excitée, elle pénétra dans la galerie et se mit à déambuler dans les allées. Elle était émerveillée par toutes les œuvres qui y étaient exposées.
La plupart des tableaux présents étaient signés « KB».
- Chris ? Appela-t-elle en revenant près du comptoir.
- Hmm ?
Il avait les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur.
- Qui c'est « KB » ?
- C'est toi, Katherine Bang.
- Tu veux dire que c'est moi qui ai fait tout ça ? Je savais pas que je pouvais peindre comme ça.
Christopher lui jeta un rapide coup d'œil en souriant.
- Monsieur Bang !
Une voix suraiguë les fit tous les deux sursauter.
- Julie ? Qu'est-ce que tu fais là ? S'étonna Christopher en fronçant les sourcils.
La jeune fille était pendue à son cou en pleurnichant.
- J'étais tellement inquiète : vous avez disparu pendant deux mois !
- Ok... Je suis là maintenant, et je vais bien.
Il lui tapota doucement le dos avant de se détacher d'elle.
- Ça veut dire qu'on va bientôt pouvoir reprendre les cours ? Lui demanda Julie en souriant.
C'était une jeune femme de dix-huit à la chevelure auburn et aux yeux d'un bleu persan. Son visage était recouvert de tâche de rousseur.
- J'ai dit à ton père que je l'appellerais quand je pourrais à nouveau te recevoir.
- Je sais mais c'est super long, se plaignit Julie en boudant.
- Je suis désolé.
Christopher posa une main sur son épaule et la poussa doucement vers la sortie.
- J'ai compris, je vous laisse travailler.
- S'il te plaît.
Elle se mit à traîner des pieds en se dirigeant vers la porte.
- Bon alors à bientôt ?
- A bientôt, Julie.
Il referma la porte derrière elle et la regarda s'éloigner.
- Tu donnes des cours ?
Katherine avait observé toute la scène en silence.
- Juste à Julie.
- Et... Quel genre de cours est-ce que tu lui donnes ?
Christopher releva les yeux de son classeur.
- Des cours de dessins, répondit-il innocemment.
L'australienne répondit par un haussement de sourcil.
- Ok, c'est quoi le problème, Katherine ?
- Je vois pas de quoi tu parles.
- Je parle de la scène que t'es en train de me faire.
- Je posais juste une question.
Le noiraud soupira.
- Tu penses vraiment que je serais capable de... De te tromper ? Avec une gamine ?
Katherine se mordit les lèvres.
- Pour qui est-ce que tu me prends ? S'emporta Christopher en refermant violement son classeur.
Il le lança négligemment sur son bureau.
- T'es pas obligé de t'énerver comme ça.
- Comment tu veux que je m'énerve pas quand tu m'accuses carrément d'être infidèle !
- Chris arrêtes de crier !
- Je suis pas comme ça, d'accord ? Tu devrais le savoir mieux que personne.
Katherine recula d'un pas.
- Je te connais à peine comment je pourrais...
La jeune femme ne termina pas phrase. Elle plaqua sa main contre sa bouche, réalisant soudain ce qu'elle venait de dire.
- Je suis désolée, je voulais pas.
- Vas t'en, lâcha-t-il froidement en détournant le regard.
Il avait la mâchoire serrée.
- Chris je-
- Dégages !
Katherine sursauta en l'entendant crier. Elle déglutit avec difficulté, les larmes aux yeux, et quitta la galerie, encore secouée par leur dispute.
- Fait chier !
Christopher se laissa tomber sur la chaise de son bureau, abattu.
Il s'en voulait de s'être emporté comme ça, ça ne lui ressemblait pas mais cette discussion ils l'avaient déjà eu des dizaines de fois : jamais il ne pourrait la trahir.
Il pensait que lorsque Katherine sortirait du coma tout rentrerait dans l'ordre. Ils reprendraient leur vie là où ils l'avaient laissé, ils continueraient à être heureux ensemble comme si rien ne s'était passé.
« Je te connais à peine ! » ; ses mots résonnaient encore dans sa tête.
Il devait se rendre à l'évidence : Katherine n'était plus celle qu'il connaissait.
*
- Est-ce vous pensez que je peux rester là cette nuit ? Je... Je savais pas où aller.
Minho acquiesça silencieusement en déposant trois tasses fumantes sur la table de la cuisine.
- Tu devrais peut-être prévenir Chris, pour pas qu'il s'inquiète ? Suggéra Peter en s'installant près d'elle.
- J'ai pas envie de lui parler.
- Katherine...
- Je suis pas venue ici pour vous entendre le plaindre ! Je te signale que c'est lui qui m'as mise dehors, et si tu veux mon avis il se fout pas mal de savoir où je suis !
- Tu peux pas dire ça, lança Minho.
- Quoi ?
- T'as pas le droit de parler de lui comme ça, comme si c'était le méchant de cette histoire.
- Alors quoi, c'est de ma faute ?
- Est-ce que tu t'es déjà mise à sa place ne serait-ce que cinq minutes ? Est-ce que tu peux t'imaginer dans quel état il était quand t'étais dans le coma ? Quand il pensait qu'il n'y avait plus aucun espoir ? Je sais que tu reviens de loin Katherine, et j'imagine à peine l'épreuve que ça doit être pour toi aussi... Mais t'as pas le droit de dire qu'il ne se soucie pas de toi.
Minho essuya d'un revers de main les larmes qui coulaient le long de ses joues.
- Chris à ses défauts, c'est vrai, reprit-il. Et tu veux savoir lequel est le plus gros ? Etre éperdument amoureux d'une femme qui ne ressent absolument plus rien pour lui.
Sur ces mots le coréen quitta le salon et partit s'enfermer dans la chambre, faisant violement claquer la porte au passage.
Katherine était restée sans voix, accusant silencieusement tout ce que Jaemin venait de lui jeter au visage.
- Je... Je crois que je vais y aller. Je suis désolée de vous avoir dérangé.
Peter posa une main sur son épaule, l'air désolé, et lui dit :
- Et où est-ce que tu irais ?
- J'en sais rien.
- Minho va se calmer, il faut juste lui laisser un peu de temps. Reste ici pour cette nuit, d'accord ? Je vais t'installer dans la chambre d'amis.
Il prit la main de Katherine et l'entraîna avec lui dans la petite chambre au bout de l'appartement.
*
- Non ne t'inquiètes pas, elle va bien.
- Elle m'en veut, hein ?
Minho soupira.
- Chris, il faut que tu arrêtes de te torturer comme ça : rien n'est plus comme avant et tu le sais.
Christopher soupira lui aussi à l'autre bout du fil.
- Ouais, t'as raison. Je crois qu'il juste que je me fasse à l'idée que rien ne dure pour toujours.
- Je suis désolé, sincèrement Chris.
- Merci de m'avoir dit qu'elle était chez vous.
- T'aurais fait la même chose pour moi.
- Salut, Minho.
- Au revoir.
Le coréen raccrocha et posa son portable sur sa table de chevet. Il laissa retomber sa tête sur l'oreiller en soupirant.
- Minho ?
Peter ouvrit la porte de la chambre et passa sa tête dans l'entrebâillement.
- Je peux entrer ?
- T'es aussi chez toi.
- T'y as été un peu fort avec Katherine, lui fit remarquer Peter en s'allongeant près de lui.
- Je sais, mais elle avait pas le droit de dire ça.
- Minho... Il faut que tu arrêtes de t'investir autant dans cette histoire.
- Chris est mon ami.
Un petit silence s'installa dans la chambre. Aucun d'eux ne parlaient.
- Peter ? Appela Minho au bout d'un moment.
- Hmm ?
- Je t'aime.
- Moi aussi.
- Peter ?
- Oui ?
- Epouse-moi.
Le plus jeune ouvrit de grands yeux.
- Quoi ?
- Epouse-moi, répéta le coréen. Le temps file trop vite et quand je vois ce qui arrive à Katherine et Chris... J'ai pas envie de passer le reste de ma vie à regretter ce que j'ai pas eu le courage de faire.
- Tu veux vraiment te marier avec moi ?
- Je t'aime, et toi aussi tu m'aimes. On vit ensemble depuis presque deux ans et... Et je n'ai jamais étais aussi heureux avec quelqu'un alors oui Peter Han, je suis sûr de vouloir t'épouser.
- T'es complètement dingue, tu le sais ça ?
- Ça veut dire oui ?
- C'est mille fois oui !
Ils se laissèrent retomber sur le matelas en riant, échangeant de tendres baisers dès que leur regard se croisait.
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