IV.
« On peut brusquement se retrouver là où on aurait jamais fini. Parfois c'est agréable, parfois ça demande un temps d'adaptation [...]. »
- Anonyme.
Katherine était assise dans son lit. Elle regardait partout autour d'elle, l'air perdue, en clignant des yeux.
Son regard se posa finalement sur Christopher qui se tenait toujours dans l'embrasure de la porte. Elle plissa les yeux, essayant de se souvenir de toutes ses forces qui était cet homme.
- Regardez-moi madame Bang s'il vous plaît.
« Madame Bang ? »
- Comment vous appelez-vous ? Reprit le médecin en l'auscultant.
- Katherine.
- Bien. Quel âge avez-vous ?
La jeune femme se mit à réfléchir.
- Vingt-deux ans ! Finit-elle par répondre en souriant.
Christopher manqua de s'étouffer avec sa salive.
- Je... J'ai dit une bêtise ? Et puis qui c'est, lui ?
Les deux hommes échangèrent un regard inquiet.
- Vous avez vingt-huit ans, madame B-Katherine.
- Vingt-huit ans... ?
Christopher fit un pas dans la pièce.
- Tu ne te rappelles pas ? On a fêté ton anniversaire tous les deux, le mois dernier.
Katherine fronça les sourcils.
- Comment on a pu fêter mon anniversaire ensemble : je ne vous connais pas.
Le noiraud se mit à rire nerveusement. Il traversa la pièce et s'installa sur le lit, près de son épouse.
- Bien sûr que si tu me connais Kat, c'est moi, Chris.
La jeune femme le regardait bouche-bée.
- Katherine tu... Tu sais pourquoi tu es ici, pas vrai ?
- Non...
- Tu as eu un accident, il y a deux mois : tu étais dans le coma.
- Un accident ?
Le médecin fit signe à Christopher de se taire.
- Madame Bang j'aurai besoin que vous passiez un scanner, d'accord ? Je vais nous réserver un créneau.
- Parker.
- Quoi ?
- Mon nom est Parker. Je m'appelle Katherine Parker. Je ne sais pas qui est cette madame Bang.
Christopher se mit à déglutir avec difficulté. Il se leva du lit et fit deux pas en arrière : il n'osait même plus regarder sa femme.
- Au fait, vous ne m'avez toujours pas dit qui vous étiez ? Lança Katherine.
Elle se tourna vers l'homme, le regardant innocemment.
- Je... Je suis ton mari.
*
- Vous êtes en train de me dire qu'elle m'a oublié ? Qu'elle a oublié les cinq dernières années de sa vie ?
- Ce sont des choses qui arrive très fréquemment vous savez, répondit le vieil homme barbu derrière son bureau.
C'était le docteur Song.
- Après un tel traumatisme il arrive que le cerveau humain se retrouve... Déconnecté à certains endroits.
Il était neurologue.
- Déconnecté ?
- C'était une image.
- Je me passerais de vos images, soupira Christopher.
Il se frotta le visage en grognant.
- Monsieur Bang, Katherine souffre d'amnésie. Peut-être qu'elle finira par se rappeler, peut-être pas mais-
- Peut-être pas ?!
Le docteur Song prit une grande inspiration. Il se leva de son bureau et le contourna pour s'asseoir près de Christopher.
- Le cerveau est un organe très complexe.
- Mais vous êtes neurologue, vous savez comment soigner ce genre de chose, pas vrai ?
- Il existe tout un tas de chose qui nous permettront de stimuler sa mémoire, mais... Mais ce n'est pas quelque chose qu'on peut guérir, en tout cas pas comme vous le pensez.
- J'ai besoin qu'elle se souvienne, docteur.
- J'en suis conscient, et je vous promets qu'on fera tout ce qui est possible pour l'aider.
*
- Comment tu te sens ?
Elizabeth se pencha sur sa fille et dégagea des mèches de cheveux de devant ses yeux.
- Ta frange est beaucoup trop longue ma chérie.
Katherine hausse les épaules. A vrai dire cette frange trop longue ne lui déplaisait pas, et puis elle cachait toutes ses cicatrices qui marquaient désormais son front et ses tempes.
- Maman, tu veux bien aller me chercher un peu d'eau s'il te plaît ?
Elizabeth ne répondit pas. Elle poussa un petit soupir mais quitta tout de même la chambre, un gobelet en plastique à la main.
- Vous ne vous parlez pas, avec mes parents ?
Christopher sursauta presque en attendant Katherine s'adressait à lui.
- En fait on ne se connait pas, répondit-il.
Il se redressa sur sa chaise et fixa le sol, mal à l'aise.
Pour la première fois depuis son réveil, Katherine prit le temps de détailler cet homme qui prétendait être son mari.
Il n'était pas très grand, peut-être un mètre soixante-quinze, et il avait l'air vraiment très, très mince.
Il était pale, ses joues étaient creuses et ses yeux, en amande noirs, cernés.
« Il est asiatique ? »
Ses cheveux bruns, bouclés, semblaient être un poil trop long et lui tombaient devant les yeux.
« Mouais, c'est pas trop mon style. »
- Excusez-moi ?
Une infirmière venait d'entrer dans la chambre.
- Je suis désolée mais les heures de visite sont terminées : il est vingt heures.
Christopher acquiesça silencieusement. Il se leva, rassembla ses affaires et se dirigea vers la porte.
- A demain ? Hasarda-t-il en se retournant vers elle.
La jeune femme hésita quelques instants avant de répondre.
- D'accord. Euh... Rentrez bien ?
- Merci.
Il lui offrit un petit sourire et quitta la chambre à contre cœur.
*
- Alors, comment elle va ? Interrogea Minho à l'autre bout du fil.
- Bien, si on oublie qu'elle ne se souvient plus de moi.
- Je sais que c'est pas évident comme situation mais elle est réveillée, non ?
- Ouais, tu as raison.
Christopher se laissa tomber sur son canapé.
- Dis ?
- Hmm ?
- Qu'est-ce qu'elle faisait, avant de te rencontrer ?
- Elle était étudiante.
- Tu sais, elle ne nous a jamais vraiment parlé de son passé.
- Katherine n'est pas du genre à se confier facilement.
- Mais toi tu sais pourquoi elle ne parlait plus à ses parents, non ?
- C'est une longue histoire, et je suis fatigué.
Minho soupira.
- C'est ça. Tu as mangé ?
L'estomac de Christopher se mit à gargouiller.
- Non.
- Et est-ce que t'es trop fatigué pour venir manger avec nous ?
Le jeune homme esquissa un sourire. Le premier depuis des mois.
- Tu sais comment parler aux hommes toi.
- T'as pas idée.
Ils se mirent à rire.
- Aller viens, Peter a déjà rajouté un couvert.
- J'arrive.
- Sois prudent.
- Promis.
Christopher raccrocha. Il récupéra ses clés, fourra son téléphone dans sa poche et s'empressa de regagner sa voiture.
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