Chapitre 29
Ana
Je me réveillai en sursaut, le cœur battant la chamade, les draps trempés de sueur. Mes yeux s'ouvrirent dans la pénombre et instantanément, la panique me gagna. Pourquoi la lumière était-elle éteinte ? D'un geste précipité, je cherchai l'interrupteur. Une fois la lumière revenue, je sentis les battement de mon cœur s'apaiser. La chambre me parut ordinaire, mais cette sensation persistance d'une présence tout près me rendait nerveuse.
Essuyant mon front moite d'un geste tremblant, je me levai silencieusement, le plancher grinçant légèrement sous mes pieds nus. Je me dirigeai vers la porte que j'ouvris, l'air étouffant de la nuit rendant ma respiration difficile. J'avais besoin d'air.
Une fois dans le salon, j'attrapai le paquet de cigarettes de Clayton sur la table basse – il le laissait toujours à la même place, comme s'il anticipait mon besoin – et me glissai dehors, profitant de la fraîcheur relative du jardin pour apaiser mon esprit. Le grésillement du briquet rompit le silence alors que j'allumais ma cigarette, inhalant profondément pour calmer mes nerfs.
La nuit était paisible, le murmure des arbres sous la brise légère me rassurant quelque peu. Je fis quelques pas dans l'herbe fraîche, appréciant la sensation sous mes pieds. La piscine, miroitante sous la lueur de la lune, m'attira irrésistiblement. Je jetai un coup d'œil autour de moi pour m'assurer que tout le monde dormait encore. Il était rare de trouver un moment où je pouvais être seule, sans avoir à craindre des regards curieux.
Lentement, je laissai tomber mon teeshirt et mon short, révélant mon corps recouvert de cicatrices. Chaque marque sur ma peau racontait la même histoire, mon histoire. Celle que je préférais garder pour moi.
Un pied après l'autre, je rentrai dans la piscine en faisant le moins de bruit possible et laissai l'eau froide envelopper ma peau brûlante. Je nageai quelques longueurs, me laissant porter par la sensation apaisante de l'eau. Chaque mouvement m'éloignait un peu plus de mes cauchemars. Après un moment, je sortis de l'eau, frissonnante, et remis mon pyjama pour rejoindre ma chambre. L'eau ruisselait le long de mon corps, laissant des flaques derrière moi.
En retournant vers ma chambre, je passai devant celle de Jace. Une lumière faible s'échappait sous la porte, et des voix s'élevaient à l'intérieur. Je m'approchai doucement, tendant l'oreille. Jace et Clayton semblaient engagés dans une discussion houleuse.
- Pourquoi m'as-tu réveillé ? grogna Clayton, visiblement irrité.
- Rappelle-toi, c'est moi qui décide ! répliqua Jace.
La tension était palpable entre eux. Que s'était-il passé depuis notre retour avec Clayton ? S'étaient-ils disputés à propos de la décision qu'avait pris Clayton de m'amener chez moi ?
Puis, leur conversation prit un ton plus grave et je me rapprochai encore, essayant de comprendre ce qui se tramait.
- Les attaques contre nos opérations deviennent de plus en plus fréquentes, murmura Jace. On a des informations sur des sabotages. Quelqu'un cherche à nous détruire de l'intérieur, en communiquant tous les détails sur nos plans.
Jace et Clayton restèrent silencieux un moment, et je pouvais presque sentir leur tension à travers la porte.
- Il faut identifier cet enfoiré, et vite ! lança Jace.
- Comment va-t-on faire pour la livraison ? C'est jeudi. On la prépare depuis des semaines ! demanda Clayton.
La livraison de jeudi ? Mes pensées s'entrechoquaient dans ma tête. Quelqu'un dans le réseau trahissait Jace, et je me trouvais involontairement au centre de cette tempête. L'idée que le traître puisse être quelqu'un d'assez proche de Jace et Clayton pour connaître autant d'informations cruciales me glaçait le sang.
- Il faudra qu'on se rende sur place, répondit Jace. On ne peut pas risquer de perdre cette livraison, il y a des milliards en jeu !
Je reculai lentement, essayant de ne pas faire de bruit. Mon esprit était en ébullition alors que je regagnais ma chambre. Le sentiment de trahison et de danger imminent ne me quittait pas. J'avais le pressentiment que cette nuit marquée par cette révélation marquerait un tournant.
Je rentrai dans ma chambre, encore secouée par ce que j'avais entendu. J'avais besoin de me changer les idées, de me débarrasser de l'humidité froide qui collait à ma peau. Je me déshabillai dans la salle de bain, enlevant mon pyjama mouillé. Retourner dans ma chambre en culotte ne me posait pas de problème, surtout en pleine nuit et sachant que les garçons parlaient affaire dans la chambre de Jace.
Je m'arrêtai un instant devant le miroir, mon reflet me renvoyant une image qui me dégoutait. Mon regard se posa sur la plus marquante de toutes les cicatrices, celle dans mon dos. Cette blessure qui avait failli me priver de l'usage de mes jambes. Une longue et profonde cicatrice qui s'étendait de ma nuque jusqu'au bas de ma colonne vertébrale, souvenir de l'accident qui avait changé ma vie. Je me tournai légèrement, examinant la marque irrégulière et boursouflée, me rappelant la douleur insupportable, les mois de rééducation, et la peur constante de ne jamais pouvoir marcher à nouveau. Un frisson parcourut ma peau lorsque mes doigts l'effleurèrent.
Perdue dans mes pensées, je ne remarquai pas immédiatement la porte s'ouvrir doucement. Quand je levai les yeux, je vis Jace entrer en douce dans ma chambre. Il avançait prudemment en direction de mon lit, pensant sans doute que je dormais. Je restai figée, mon cœur battant à tout rompre, observant les expressions qui défilèrent sur son visage lorsqu'il remarqua mon absence sous les draps. Surprise, curiosité, et incompréhension. Mais que faisait-il dans ma chambre en pleine nuit ?
Il me remarqua enfin et s'approcha de moi, son regard se posant sur mon corps marqué par les cicatrices. Et à ce moment-là, une lueur indéfinissable traversa ses iris émeraudes. Pendant un instant, j'eus l'impression de voir de la haine dans ses yeux, une haine dirigée contre lui-même. Mais dans ma confusion, je l'interprétai comme du dégoût. Mon corps se raidit, mes poings se serrèrent. Comment pouvait-il en être autrement ? À quoi tu t'attendais au juste ? intervint la petite voix dans ma tête. À ce qu'il te trouve attirante avec toutes ces marques ?
- Qu'est-ce que tu fais là ? lançai-je, ma voix tremblante de colère et de honte alors que j'essayais de cacher ma poitrine découverte à l'aide de mes bras.
- Putain, Ana...
Deux mots. Et puis un silence lourd s'installa entre nous, son regard toujours fixé sur les cicatrices qui recouvraient une majeure partie de ma peau. Je ne pouvais pas supporter son regard plus longtemps, cette attention et cette vulnérabilité imposée par sa présence.
- Sors d'ici ! hurlai-je, ma voix se brisant sous l'émotion. Dégage !
Il resta immobile un instant, puis opéra un demi-tour et quitta ma chambre, refermant doucement la porte derrière lui. À peine eut-il disparu que je sentis les larmes monter. Je fondis en larmes, mes sanglots secouant mon corps épuisé. La panique m'envahit, mes pensées tourbillonnant sans fin. Je me sentais plus vulnérable que jamais et je savais que je ne pourrais pas me rendormir facilement.
[...]
Je me réveillai quelques heures plus tard avec une migraine atroce et une folle envie de boire un grand verre d'eau. Souhaitant retourner au lit le plus vite possible pour me rendormir, je décidai d'aller prendre un verre d'eau et un cachet d'aspirine pour soulager ce mal de tête.
La maison était étrangement calme, à tel point que chaque pas résonnait dans le silence. En traversant le couloir vers la cuisine, je notai l'absence de bruit habituel : pas de conversation lointaine, pas de ronronnement des appareils ni même la télévision en fond sonore. Rien.
En arrivant dans la cuisine, je pris un verre et le remplis d'eau, avalant rapidement le médicament. L'eau froide glissa dans ma gorge et soulagea en partie ma soif.
- Tu es réveillée, constata Clayton en entrant à son tour dans la cuisine. Tu as bien dormi ?
- Pas suffisamment, je vais retourner au lit.
Il m'offrit un petit sourire compatissant.
- Je pensais que la maison était vide. C'est si calme ce matin, fis-je remarquer.
- Quand Jace n'est pas les parages, ça l'est en effet.
Jace s'était donc absenté. Quelque chose remua dans mon ventre au souvenir de sa venue dans ma chambre, de la vision de mon corps nu. Me regarderait-il différemment à présent ? Je connaissais déjà la réponse à cette question silencieuse. Tous ceux qui découvraient mon corps marqué changeaient de regard. Pitié. Puis dégoût.
- Ana, il fallait que je t'informe de quelque chose.
Je relevai la tête, attentive à ce qu'il avait à me dire. Cela avait-il un rapport avec la discussion entre lui et Jace ? Quelque chose me disait que oui.
- Nous avons une mission importante qui aura lieu jeudi, commença-t-il à m'expliquer. Jace souhaite que tu viennes avec nous.
Mon rythme cardiaque s'accéléra. La dernière fois que j'avais assisté à l'une de leurs missions, j'avais été droguée par un taré qui me voulait je-ne-sais-quoi.
- Ne t'inquiète pas, tu ne risques rien.
- De quoi s'agit-il exactement ? demandai-je.
- Je ne peux pas en dire plus, s'excusa-t-il avec un haussement d'épaules. Mais Jace te préfère avec nous plutôt que seule ici.
Je fronçai les sourcils, frustrée par le manque de détails. Pourquoi ne voulait-il pas me laisser seule ? J'ai bien ma petite idée, me fit savoir la petite voix dans ma tête.
Clayton perçut mon trouble car il posa une main rassurante sur mon épaule.
- Ana, fais-nous confiance. Pour l'instant, repose-toi !
Fin du chapitre :)
Un autre arrive vite !
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