Harold, son identité protégée par ses affaires, sortit son téléphone de sa poche. Marchant doucement, il s'orienta vers le campement. En vitesse, il se créa un nouveau compte sur le réseau social le plus utilisé et s'abonna à la page : l'améthyste noire, dirigé par Alfredo Dallas. Il appuya sur l'écran et commença à filmer en direct, commentant au fur et à mesure ce qu'il voyait :

-Bonjour à tous, je sais que vous ne me voyez pas, ou plutôt, vous ne me voyez jamais, mais ce n'est pas trop la question. Il se trouve que j'ai suivi nos camarades jusqu'à leur base, où je suis maintenant. Je dirais qu'elle se trouve à environ 450km de Dart, direction nord, nord-est je dirais. Nous sommes passés près de l'île de : Va te faire voir, ainsi que celle de : ça pue. J'ai compté douze dragons vipères et à peu près autant de cavalier pour le moment, mais là, je suis en approche du campement, quelques feuilles à déplacer et... C'est quoi ça ! Merde !

            Sous le coup de la surprise, Harold avait lâché son téléphone, qui était tombé heureusement dans l'herbe, la caméra face contre terre. Quant à lui, il s'était rapidement allongé au sol, pour éviter de se faire repérer. Attrapant l'objet électronique, il murmura :

-Ok, je devais vous montrer la base, mais ils sont aussi en train de regarder la vidéo, alors je vais simplement décrire ce que je vois et quand j'entendrais l'armée, je filerai fiça avec la vidéo. Bien, alors je vois des cages gigantesques, où des dragons sont enfermés. Ils sont agressifs et dans un sale état. Je ne comprends pas comment on peut faire ça à son partenaire, sérieusement. Je vois aussi une quinzaine de personnes, je crois que se sont tous des hommes, après je ne vais pas me faire repérer pour vérifier. Ils transportent des caisses en métal, lourde je pense... attendez, ce sont des bébés dragons ! Que quoi ! Ils sont fous ! Ils les jettent dans les cages !

            Les mots ne purent sortirent de la bouche d'Harold, tant l'horreur était immense. C'était abominable, il n'avait pas d'autres mots en tête. Les dragons mangeaient leurs propres enfants. Soudain, un homme, face visible, sortit un mégaphone et se mit à parler fort, se faisant entendre dans la vidéo :

-Eh bien ! Notre chère améthyste noire est dans le coin ! Tu crois quoi gamin, qu'on va te laisser faire ? Tu es idiot, dévoiler ainsi ta présence, on va te faire ta fête ! Mes hommes et moi, on va ratisser toute celle île et te capturer, toi et ton dragon, ou devrais-je dire, ta furie nocturne ?

Tiens, tu ne savais pas ? C'est nous qui avons retrouvé son œuf et qui l'avons ramené à la vie ! Malheureusement, à cause de cette stupide femme, Valka, la femme du général, ce dragon c'est enfui. Tu savais que ton partenaire avait tué une cinquantaine de personnes ? Quant à toi, on est en train de se renseigner. Nous venons de bloquer ton compte, alors ta vidéo reste en directe. On va bientôt savoir qui tu es et où tu te caches !

-Chef, on a trouvé la furie nocturne !

-Krokmou !

            Harold serra fort son téléphone et partit en courant, rebroussant chemin. Les mots du militaire étaient juste, mais son cerveau était embrouillé, il ne pouvait pas laisser son dragon se faire attraper. Derrière-lui, il entendit des coups de feu et des bruits de course. La chasse était ouverte.

En moins de trois minutes, le jeune homme rejoignit l'endroit où il s'était posé et ce qu'il vit l'horrifia une nouvelle fois. Krokmou était aux prises des chasseurs. Ils s'envolaient, tiraient des rayons plasma, mais attendait tout de même son compagnon. En le voyant, il tenta de le rejoindre d'une fulgurante percée. Cependant, les chasseurs devaient être préparé à ce genre de manœuvre, car ils lancèrent un filet sur le dragon.

La furie nocturne s'étala sur le sol, aux pieds d'Harold, qui s'empressa de défaire des liens. Heureusement, il connaissait le point faible de ces cordages en quelques coups plus tard, le dragon était libre. Ensemble, ils se mirent à reculer, prêt au décollage.

Pourtant, cela n'était pas de l'avis des tueurs, qui se mirent à leur tirer dessus. Krokmou prit son envol et bondit. Sur son dos, Harold se sentit tomber, quand une douleur le percuta l'épaule. Il vit son dragon s'éloigner et la terre se rapprocher. Quand son dos heurta le sol, il eut l'impression d'entendre tous ses os se briser sous le choc. Il n'arrivait plus à respirer, tout était trouble.

Krokmou avait sentit son partenaire choir et avait tenter de le rattraper. Malheureusement, les soldats n'étaient pas de cet avis et le menaçait. Il n'avait aucun moyen de rejoindre son compagnon sans se faire avoir et ils étaient tous les deux au courant. Avec difficulté, Harold s'exclama :

-Pars ! Pars ! PARS !

            Son dernier cri lui arracha un râle d'agonie, mais il vit quand même la furie nocturne partir à vive allure, avec ce son si caractéristique. Il entendit le chasseur en chef s'approcher et se pencher au-dessus de lui, son téléphone à la main, la vidéo toujours en cours. L'homme se moqua grassement de sa position et s'exclama :

-Laisse le dragon, il reviendra ! Les bestioles reviennent toujours de toute manière ! Amusons-nous avec son dragonnier. Voyons-voir qui se cache derrière ce masque... Je sais ! On va faire un sondage ! On va mettre diverses propositions et vous, cher public, allez voter, le temps qu'on le ramène au campement. Si vous avez raison au-delà de la majorité, on ne lui fera pas de mal, sinon, on va s'amuser un peu. Vous avez une heure pour choisir, ou c'est moi qui le ferait

            Le vidéo fut coupé et Harold reçu un coup sur la tête, qui l'envoya dans le pays des songes. Ce fut une bonne chose pour lui, vu comment les soldats manipulaient son corps.