« L'améthyste Noire reste encore introuvable après son dernier casse. Les autorités, toujours à sa recherche, restent toutefois pessimiste. Le duo de voleurs n'a encore une fois laissé aucune trace. Ils ont dérobé pour un total de 500 pièces d'or de matériel en tout genre. Selon les experts... »

Arrêtant de lire à voix haute, le jeune homme se tourna vers son dragon. Celui-ci jouait et avalait des poissons. En soupirant, l'adolescent posa le journal sur le rocher le plus proche et dit à son compagnon :

-Si tu le prends comme ça, j'arrête de lire

Le dragon releva la tête et sortit ses dents de ses gencives. Il adorait que son partenaire lui lise le journal, où il était décrit comme un dragon « incroyable », à la vitesse « supersonique », doué d'un « prodigieux talent pour le vol » et d'une « grâce majestueuse ». Bref, une grande série de qualificatif qui plaisait énormément à l'égo déjà de belle taille du dragon. L'adolescent rigola et reprit sa lecture :

« Selon les experts, il s'agirait encore une fois d'une volonté de se faire remarquer. L'Améthyste Noire est d'ailleurs passé cinq fois devant un capteur de limitation de vitesse. Celui-ci a atteint un maximum de 1000km/h ! Le dragon, d'une race encore indéterminée, est encore plus rapide que les meilleurs coureurs vipères ! Pour certains spécialistes optimistes, il pourrait probablement atteindre la vitesse du son !

Alfredo Dallas »

-Bon, ce n'est pas tout, mais je dois aller en cours moi ! Je vais essayer de passer ce soir, si mon père a une réunion

Le dragon hocha la tête et termina son repas. Il savait que son partenaire avait un emploi du temps très chargé. L'adolescent se leva et rangea les quelques affaires qu'il avait sorti. Dans une petite grotte, il avait installé un lit, une armoire, des affaires, un garde-manger, ses affaires de vol, de cambriolage. D'un pas rapide, il remonta la falaise par un petit escalier naturel caché dans la pierre. Il arriva bientôt en contrebas du village de Beurk et salua certaines personnes qu'il croisait dans la rue, bien qu'il ne reçût aucunes réponses. Il en avait l'habitude, tout le village le détestait.

Il arriva bientôt chez lui et entra par la porte de derrière. Heureusement pour lui, son père dormait encore, il n'aurait pas besoin d'inventer une excuse pour sa balade matinale. Le jeune homme grimpa dans sa chambre sous le toit et fit son sac en vitesse. En sortant son agenda, l'adolescent de 17 ans vit qu'il avait deux exercices de mathématiques de vol, un schéma d'aile de dragon cauchemar, une récitation de poème divin. Avec empressement, il fit rapidement les exercices. Ayant toujours été mis à l'écart par les autres enfants, le jeune homme avait énormément de connaissances, étant bien plus intelligent que la moyenne. Il fit de tête la reproduction de l'aile et lut la poésie. Avec un peu de chance, il ne passerait pas au tableau.

En voyant l'heure, il mit son sac sur son dos et descendit les marches à toute allure. Il courut ensuite jusqu'à son lycée, arrivant juste à temps dans sa classe et s'assit à sa place contre la fenêtre. La plupart des élèves étaient déjà dans la salle et ricanèrent en le voyant. Le professeur Grognelant entra et grommela :

-Rendez-moi vos devoirs sur l'aile de Cauchemar

Il passa dans les rangs et ramassa les devoirs. Une fois fait, le professeur commença son cours, avec une monotonie effroyable. Connaissant déjà le sujet, Harold se désintéressa aussitôt et regarda par la fenêtre, se perdant dans ses pensées. Il soupira quand une boulette de papier lui tapa contre sa chaise. Rustik surement. Une seconde arriva, passant au-dessus de lui. La troisième le toucha à la tête et il soupira. La grosse voix de Rustik s'exclama :

-Eh Harold ! On ne t'a pas vu hier !

-C'est normal puisque je n'étais pas là, je suis flatté que tu te sois souvenu de moi, se moqua Harold

-On cherchait juste une proie pour notre entrainement de chasse au dragon. Tu sais, le cours auquel tu n'es pas convié ? Se moqua Astrid en entrant dans la conversation

-Ah c'est vrai ! Celui durant lequel tu tentes de m'attraper ?

-C'est juste que ton père serait tellement déçu de ta mort... Enfin, peut-être pas !

-Ce n'est pas que cette conversation ne me plait pas, mais tu devrais probablement écouter le professeur, ce n'est pas avec ton petit 6 que tu réussiras ton année

-Comment oses-tu !

-Un problème mademoiselle Hofferson ? Demanda le professeur

-Harold est le problème

-ça, je n'en doute pas. Harold, puisque tu n'es pas capable de t'entendre avec tes camarades, sors de la classe. Tu viendras en heure de colle ce soir pour ranger l'établissement

L'adolescent soupira et prit ses affaires sous les moqueries des autres élèves. Parfois, il aimerait vraiment que son dragon, Krokmou, vienne le chercher pour quitter cet endroit. Malheureusement pour lui, son père était son responsable légal jusqu'à sa majorité, 21 ans sur ce caillou. Harold quitta la salle et monta sur le toit. Grâce à son agilité, il pouvait atteindre des endroits cachés, idéal pour ne pas avoir de contact avec les autres élèves.

Il s'allongea sur le béton, le regard perdu dans le ciel. Des nuages passaient au-dessus de sa tête et il les assimila à des objets, une vis, un bouda, un éléphant, un... Comme à chaque fois qui faisait ça, il repensait à sa mère, quand il était enfant. Tous les deux, ils passaient des heures à jouer ainsi. Tout allait bien quand elle était là. Mais ça, s'était avant sa mort. Sa mère, Valka, était une soigneuse de renommé internationale. Elle possédait un don, à savoir mettre en confiance les dragons. On lui amenait tous ceux qui avaient des problèmes, jusqu'à l'arrivée d'une espèce inconnue. C'était top secret, mise à part quelques hauts gradés, personne ne connaissait son existence.

Le dragon provenait d'une espèce disparue depuis longtemps. Des chercheurs avaient retrouvé un œuf de dragon et avaient réussis à le faire éclore. Mais le dragon devenait fou à vivre en captivité et avait tué ses soigneurs. Il fut alors envoyé à Valka, mais tout ne se déroula pas comme prévu. Harold, alors qu'un enfant à ce moment-là, était allé le voir. Les deux jeunes avaient rapidement fait connaissance et c'étaient acceptés. Mais en le voyant avec le dragon fou, les chercheurs ont cru que l'enfant allait mourir. Valka, qui était avec eux, avait pris son fils dans ses bras tandis que les scientifiques tiraient sur le dragon.

Ce dernier, pour se protéger, avait répondu par des tirs de plasma, détruisant tout. L'un d'entre eux, mal calibré, toucha Valka, la tuant instantanément. Pour donner suite à cela, le dragon réussit à s'enfuir et se fut le début de l'horreur pour Harold. Son père, fou de douleur, l'accusa responsable de la mort de sa mère et d'une dizaine de scientifiques. Il le délaissa complètement, abandonnant son fils à sa propre douleur.

Ce ne fut pas la seule horreur de ce jour-là. Le tir plasma, trop puissant, avait légèrement touché la jambe du garçon. Il avait dû être amputé au-dessous du genou. Devenant difforme, comme l'appelait les autres enfants du village, il était mis à l'écart et cela ne s'était pas arrangé avec le temps.