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23 - manteau

Aujourd'hui, il faisait frais, sur la montagne. Un peu trop, peut-être. Lothaire était habitué à la chaleur habituelle du soleil, qui dès son lever, frappait ardemment la montagne. Pas à cette étrange brume, qui semblait faire osciller le monde entre jour et nuit.

- Que se passe-t-il ? demanda Lothaire, en voyant Maher arriver vers lui, baillant à s'en décrocher la mâchoire.

- Il y a du vent d'est, depuis quelques jours. C'est normal.

- Un vent d'est ?

- Un vent puissant, connu dans le coin pour amener des intempéries assez houleuses. La dernière fois, il y a eu un tel orage que la montagne ne cessait d'être frappée par la foudre.

Lothaire dut faire une drôle de tête, car son ami ricana drôlement, avant de lui tapoter l'épaule.

- N'aie pas peur. C'est exceptionnel. La plupart du temps, il se contente de pleuvoir à gros bouillon. Mais aujourd'hui, et vu l'épaisseur du brouillard, je pense qu'il n'y aura que ça.

- Au point de bloquer les rayons du soleil ?

- C'est le vent d'est, se contenta de répondre Maher, en haussant les épaules.

Lothaire frissonna, un instant, secoué par cet idée. Il s'était trop habitué au temps merveilleux de la montagne et de ses environs. Il avait perdu celle de la pluie et des intempéries. Avec un petit soupir, il se détourna de l'entrée de l'immense caverne de la Bête Rouge, et s'en retourna vers le feu qu'il avait allumé à son réveil, pour réchauffer l'atmosphère de la grotte un peu trop fraîche. Ordinairement, les rayons du soleil la réchauffait, mais ... aujourd'hui, ils allaient faire avec.

Lysethea, enroulée dans des vêtements tissées pour elle par différents villageois, dormait paisiblement sur une couverture si épaisse qu'elle s'enfonçait presque dedans. Il toucha doucement l'une de ses joues, inquiet qu'elle n'ait froid, mais le feu la réchauffait merveilleusement bien. Parfait.

Lothaire s'installa à côté d'elle, en soupirant, et Maher fit de même, avec un long soupir.

- Mieux vaut ne pas sortir aujourd'hui. Le brouillard est trop épais. Nous nous perdrions.

Lothaire hocha la tête, et retourna son regard vers le feu, un instant hypnotisé par les flammes. Ce matin, c'était Maher qui l'avait allumé, sous sa forme draconique. Ça avait été très impressionnant. Du feu de dragon ... On racontait qu'il était plus chaud que le feu normal, qu'il pouvait brûler même sous l'eau, et faire fondre la plus résistante des armures. Et ... peut-être était-ce son imagination, mais il aurait juré que le feu de Maher était un peu plus doré que la normale.

- Ton feu est rassurant, chuchota Lothaire, par égard pour Lysethea.

- Merci. Il te réchauffe ?

- Bien sûr !

- Tant mieux. C'est le but, quand même. Mais, avant tout ...

Il se retourna, un instant, et sorti d'un recoin qu'il n'avait pas vu jusqu'alors, un grand manteau doublé. Maher le lui jeta dans les bras, et il le rattrapa de justesse. À la lueur du feu, il semblait posséder une magnifique couleur ambrée. Et c'était si doux au toucher ... Même les manteaux qu'il possédait à l'époque où il était encore à la cour royale paraissait moins confortables.

- Mais où tu as trouvé ça ? demanda Lothaire, fasciné par ce travail magnifique.

- C'était à mon père.

Il se redressa vivement, la bouche entrouverte. Maher observait le feu d'un air nonchalant, les yeux mi-clos, détaché. Peut-être ... un peu trop détaché. Sa famille avait été tuée par des chasseurs. Sa famille ... Sa famille de dragons ? Et ces vêtements humains ...

- Maher ... Tu ne peux pas me donner ça.

- Et pourquoi pas ? Personne ne les porte, de toute manière.

- Maher ! C'était à ... à ... !

- Oui, à mon père. Mais il est mort depuis très longtemps. Il serait content de voir que quelqu'un le porte encore de nos jours.

Lothaire se tut, un instant, perturbé par sa voix. Sa voix un peu trop monotone, sa voix un peu trop nonchalante. Et lui, qui d'habitude n'avait aucun souci à le regarder en face, semblait garder le sien rivé sur son feu.

Avec un soupir, il l'enfila, et ... ramena ses genoux près de son torse, s'amusant à regarder de nouveau les flammes danser. Le manteau était incroyablement chaleureux. Et son odeur ... Il sentait comme la montagne. Comme Maher, en quelque sorte. Maher le dragon, qui pourtant avait une apparence humaine ... Son ami gardait peut-être un peu trop de secrets ... Mais Lothaire respectait son silence. Il pouvait le comprendre. Après tout ... peut-être était-ce à lui, de faire le premier pas.

- Je suis né dans la Maison Rosario. Dans une aile du palais royal. Ma mère était la dame de compagnie de l'ancienne reine.

Maher tourna enfin son attention vers lui, mais Lothaire ne daigna pas la lui retourner. Il ... ça remuait trop de choses. Il n'avait pas envie que ... quoi que ce soit se lise sur son visage. Dans son regard. Maher était doué pour le déchiffrer. Trop, peut-être.

- J'ai été élevé dans le respect de la monarchie le plus absolu. La Maison Rosario est au service de la Maison Royale depuis des temps immémoriaux. Nous sommes leurs gardes du corps, leurs boucliers, leurs serviteurs les plus fidèles. J'ai été élevé dans cet état d'esprit. Un jour, je deviendrai ce qu'était mon père : la main du roi. Un jour, je serai aussi brave que ma mère, morte pour protéger la reine.

Il se souvint du jour où il avait appris sa mort. Il neigeait, ce jour-là. Et Lothaire n'avait pas été autorisé à pleurer. Sa mère était morte avec bravoure, selon les préceptes de la Maison. Elle les avait couverts d'honneur. Son père était mort à son tour, quelques mois plus tard, protégeant de sa vie le roi d'une tentative d'assassinat ratée. Lorsque l'ancien couple royal était mort, que le prince héritier avait accédé au trône, lui avait été nommé à son service. Et Lothaire avait fait de son mieux pour faire honneur à ses chers parents. À sa chère famille.

Et maintenant ... Ah, ses ancêtres devaient se moquer de lui. Le maudire. Ses parents devaient pleurer de désespoir. Il était la honte de sa Maison.

Une Maison qui se terminait avec lui. Il était le dernier héritier de la Maison Rosario.

Il soupira longuement, et posa sa tête contre ses genoux, l'esprit embrumé. Ce qui était fait était fait. Il n'y avait pas de retour en arrière possible.

- Je suis désolé, Lothaire, lui souffla son ami, avec une douceur inattendue.

Il releva la tête, et l'expression qu'arborait Maher lui fit penser à leur première rencontre. Il lui témoignait ... de l'empathie. Peut-être trop. Il ne la méritait pas.

- Ce ... Je n'ai pas ...

- Tu n'as jamais vécu pour toi-même. C'est triste.

Ces deux phrases, ces deux simples phrases, le prirent de court. Il exulta une sorte de râle surpris, et se reprit en se redressant. Qu'est-ce que ... Mais qu'est-ce que ...

Lothaire ouvrit la bouche, prêt à le contredire, prêt à le ... à le quoi ? Il ... Il n'y avait rien à dire.

Parce que Maher avait raison.

Lothaire n'avait ... jamais vécu pour lui-même. Son but, le seul but qu'il n'ait jamais eu, avait été de protéger le roi. Tout pour le roi. Et maintenant ...

Il déglutit difficilement, tentant de supprimer l'immense boule lui obstruant la gorge, sans toutefois y parvenir. Ouh ... Ouh, c'était ... C'était si compliqué.

- Tu n'as pas à t'en vouloir. Pas parce que tu as ''trahi'' un homme qui n'a jamais rien fait pour mériter ta loyauté inébranlable.

Son timbre, dur, presque glacial, le fit tressaillir. Son expression était indéchiffrable, mais toute trace de chaleur avait déserté son regard, lui donnant un air presque terrifiant. Maher ... n'avait pas l'air d'aimer le roi.

- Maher ...

Il secoua vivement la tête, comme s'il voulait mettre un terme à la conversation, et Lothaire respecta son souhait. Ils contemplèrent tous deux le feu, un court instant, et Maher commença à se détendre, petit à petit. Il ignorait qu'un tel sujet le mettait autant à cran ... Il se perdit dans le feu, durant ce qui lui parut être une éternité, le silence uniquement troublé par les crépitements du feu.

Mais finalement, Maher finit par soupirer longuement, et à son tour ... il commença à parler.

- La montagne du grand soleil a été durant des siècles la maison de mon clan. Celui des Dragons Écarlates. Nous sommes un type de dragons ... particulier. Nous tirons notre force du soleil. Ici, nous sommes à notre paroxysme. Nous avons vécu en paix durant longtemps. Contrairement à certains clans, nous n'étions pas belliqueux. Nous cherchions à vivre, tout simplement. Et puis un jour, les humains sont arrivés, ont construit un village, au pied de la montagne. Les anciens ont débattu, pour savoir quoi faire, avec eux. Il leur était parvenu des nouvelles sombres, des histoires terribles, d'humains ayant terrassé des familles de dragons, de dragons ayant ravagé des villes entières ... Mais finalement, les dragons envoyèrent l'un des leurs parlementer avec les humains, tenter de connaître leur motif. Les humains eurent peur, mais eurent aussi le courage de converser avec l'envoyé. Ils n'étaient que de simples colons, chassés de leurs terres par des tremblements de terre beaucoup trop violents. Ces humains étaient des survivants. Des survivants endeuillés, des survivants blessés, des survivants encore trop faibles. Les Dragons décidèrent alors d'aider les humains. Nous sommes un clan pacifique. Les humains l'étaient aussi. Il n'y avait aucune raison pour qu'ils représentent une quelconque menace, et il n'y avait aucune raison pour que nous en représentions une également. Alors, nous leur avons fait une proposition. Certains pouvaient vivre avec nous, dans la montagne, et quelques uns de nos membres pouvaient venir côtoyer les humains, en toute amitié. Une sorte d'échange, pour raffermir nos liens, avec eux. Pour leur prouver notre bonne foi. Ils acceptèrent.

Maher balaya la caverne du regard, et la désigna d'un vague mouvement de la main.

- Cette caverne fut le lieu où ils décidèrent d'établir leur campement. Grâce à l'aide des dragons, il creusèrent des tunnels, des cavités, relièrent des sources ... Et ce qui était censé être quelque chose de temporaire finit par devenir quelque chose de bien plus conséquent. Le village se scinda en deux parties : ceux qui habitaient au pied de la montagne, avec deux dragons à leur côté, et ceux qui habitaient ici.

Lothaire n'arrivait plus à respirer correctement. Une telle cohabitation ... Pour l'amour du ciel. Il n'en avait jamais entendu parler ! C'était ... C'était inespéré ! C'était extraordinaire ... C'était phénoménal. Et Lothaire était suspendu aux lèvres de Maher.

- Tout allait très bien. Merveilleusement bien. Les enfants humains étaient élevés parmi les Dragons, et vice versa.

Il frappa sa poitrine du plat de la main, avec un sourire ... nostalgique. Triste.

- J'ai moi-même été élevé par des parents dragons et humains.

- Tu ... as eu quatre parents ?

Il hocha la tête.

- C'était la coutume. Ma mère dragonne était quelqu'un d'intransigeant, contrastant drastiquement avec le caractère flegmatique de ma mère humaine. Mais elles s'entendaient mieux que quiconque. Et mes pères étaient de grands chasseurs.

Son regard s'était voilé. Il semblait si heureux ... mais à la fois si triste, aussi.

- Tout allait bien. Mais ... Un jour, des mercenaires sont arrivés. Beaucoup, beaucoup trop. Des chasseurs de Dragons. Ils ont tué ceux qui gardaient le village, en bas de la Montagne, puis ... ils sont arrivés ici. Nous sommes pacifiques. Nous ne tuons pas à moins d'y être contraints. Ils étaient forts, et trop puissants. Et surtout, ils n'avaient aucune pitié pour les autres humains. Les dragons, par contre ... Ils n'osaient se déchaîner, de peur de blesser leurs amis.

Maher s'était tendu, plongé dans des souvenirs sans doute bien trop sanglants ... Lothaire n'aimait pas le voir ainsi. Il s'apprêtait à lui parler, à lui dire de cesser, mais ... Il reprit le récit.

- Beaucoup des chasseurs furent fauchés, mais beaucoup des villageois également. Et ... Ils donnèrent le coup de grâce. Ils avaient parmi eux des mages puissants. Trop puissants. Ils ... Ils nous lancèrent un sort. Un sort bien trop puissant. Censé changer tous les Dragons de la montagne ... en humains.

Oh, pour l'amour de ... Lothaire comprenait mieux, maintenant. Il comprenait mieux tant de choses. Un peu trop.

- Les Dragons en vols s'écrasèrent sur les pans de la montagne, dont mon père. Ma mère, trop fragile sous son apparence nouvellement humaine, à laquelle elle n'était pas habituée, fut tranchée par la lame d'un chasseur. Mes parents humains aussi. Et moi ... J'ai été grièvement blessé. Mais j'ai survécu, par je ne sais quel miracle.

Il tira sur sa tunique beige, laissant apparaître un long pan de sa peau, sur lequel courait une longue cicatrice blanchâtre. Il déglutit difficilement. Lothaire s'y connaissait en blessures, en cicatrices. Lui-même en avait un certain lot. Et ce qu'il voyait sur la peau de Maher ... C'en était une profonde. La blessure avait dû être ignoble à voir, à vivre. Et Maher avait survécu ...

- Peut-être était-ce dû à ma nature de Dragon. Lorsque je me suis éveillé, j'étais dans les bras de certains villageois. Des survivants. Ils m'ont amené au village, ont pleuré leurs morts et pansé leurs blessures, me recueillant parmi eux. Je n'ai jamais revu les chasseurs, mais de ce que j'ai cru comprendre, les villageois du pied de la montagne les ont massacrés jusqu'au dernier. Les chasseurs étaient déjà affaiblis et amoindris par leur tuerie de la montagne. Et ils ne s'attendaient pas à voir les villageois leur tomber dessus ainsi.

C'était tragique. C'était ignoble. C'était horrible. Et jamais Lothaire n'aurait cru développer autant de compassion pour un peuple de dragons. Ou autant de haine envers des êtres humains.

- Les villageois m'ont élevé. Et un jour ... j'ai retrouvé mon apparence de Dragon. Petit à petit. Mes yeux, d'abord. Puis mes crocs. Des écailles, et enfin ... Ma véritable apparence.

C'était donc ça, son secret ...

- Au fur et à mesure des années, j'ai appris à maîtriser ces changements. Et aujourd'hui, j'arrive à varier de forme selon mon bon vouloir.

C'était ... utile, comme capacité.

- Par la suite, je suis retourné vivre sur la montagne, sur cette caverne, et j'ai chassé tous les êtres menaçant le village. Les villageois ont, en retour, chassé tout ceux me voulant du mal.

Il haussa les épaules.

- Je ... suis la relique d'une ancienne tradition, d'un ancien passé apaisant. Et maintenant ... Il ne reste que moi.

Son silence prolongé indiqua la fin de son récit, et Lothaire ferma les yeux, un instant, se laissant le temps de considérer ses paroles. Maher avait vécu ... des choses atroces. Avait vécu la mort de ses parents, l'extinction de son clan, le massacre de ses amis ... Et maintenant, il était là. Et maintenant, il avait recueilli un chevalier égaré, et une princesse déchue sous son toit. Maher ... Maher était ... Extraordinaire. Dans tous les sens du terme.

Il laissa le temps filer, un peu. Laissa Maher se replonger dans ses souvenirs multiples, un instant. Puis, quand il l'entendit reprendre une profonde inspiration ... il parla de nouveau.

- Maher ...

- Hum ?

- Merci, pour le manteau.

Une courte pause. Un regard furtif. L'ombre d'un sourire. Et ...

- Je t'en prie.

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