Chapitre 38 : course
Adossé à un mur, je regardais les aiguilles de ma montre avancer.
"Bientôt l'heure..." pensai-je avec angoisse.
Je détestais obéir à ces étranges lettres, mais je ne voulais pas risquer qu'il arrive quoi que ce soit à ma petite sœur.
-Putain... je soupirai.
Parmi les missions données via ces messages mystérieux, ces lettres que je gardais cachées dans un tiroir à double-fond, je devais le plus souvent déposer à un endroit donné des cartons contenant du matériel et des produits précis, voler des certaines choses à certains moments, simplement observer certains lieux, et noter tout ce que je voyais selon un schéma bien précis, comme pour un rapport scientifique. Également, et c'était la dernière à laquelle j'avais dû obéir, je devais agir. Le message, que j'avais ouvert quelques jours avant l'événement en question, me décrivait un danger inconnu, qui menaçait ma sœur. Ce danger m'était décrit comme monstrueux, mais rusé et cachant donc bien son jeu. Les derniers mots du message : "élimine-le".
C'est donc ce que j'ai fait... Mais maintenant, j'avais l'impression d'avoir fait une immense connerie.
...
Ma mission du jour, enfin, était de celles de je détestais le plus : observer et agir en circonstance.
Je devais attendre qu'il se passe quelque chose, réagir, et noter tout ça ensuite. Très peu de détails étaient donnés, évidemment.
Génial.
Caché dans un recoin d'une ruelle, je me penchai en avant pour jeter un œil à celles qui s'ouvraient sur le côté, puis à la rue devant moi, puis je me remis de nouveau droit contre mon mur, à fixer les aiguilles de ma montre, attendant l'arrivée de l'heure indiquée.
J'entendis quelqu'un courir pas loin, mais je ne fis pas attention, ce n'était pas l'heure d'agir.
Deux minutes passèrent encore, puis ce fut l'heure de bouger.
Je n'eus pas le temps de lever les yeux de ma montre que ma poche vibrait déjà.
Un mauvais pressentiment apparaissant en moi, je sortis mon gsm pour voir de quoi il en retournait.
Un sms.
Je l'ouvris.
Ma sœur.
"J'ai merdé ! Je ne veux plus jamais y retourner !!" m'avait-elle envoyé.
-Merde !
Immédiatement, je sortis de ma cachette, réfléchissant à toute vitesse.
Je pris directement la direction de son école, pensant qu'elle devait encore y être, mais au bout de quelques minutes, je décidai de rebrousser chemin en courant. Elle avait écrit ne plus vouloir y retourner, ça voulait donc dire qu'elle n'y était déjà plus !
Je revins à mon point de départ, mais cette fois-ci décidai de suivre la direction qu'avait prise la personne passée en courant tout à l'heure. Si ça se trouve c'était elle !
Je courus droit devant moi, me dirigeant instinctivement, pour finir par arriver à un croisement entre deux ruelles. Devant celle qui arrivait de côté, quelqu'un regardait, non, espionnait, ce qu'il s'y passait, penchée de travers devant le mur pour pouvoir regarder plus ou moins discrètement.
Des bruits de voix se faisaient entendre de ladite ruelle, rien de compréhensible, mais une des voix, visiblement énervée, était reconnaissable entre mille ! Ma sœur ! Les voix se turent soudain, alors que j'approchais de l'intersection, et de la personne qui les espionnait.
Celle-ci lâcha le mur, arrêta de regarder, et recula doucement, visiblement effrayée ?
Je fis encore un pas, elle m'entendit. Tourna la tête et me vit.
Elle écarquilla les yeux, recula et courut, fuit loin de moi.
-Attends ! Lui lançai-je.
Son visage, pourtant crasseux et caché parmi ses cheveux presque tous blancs, me semblait familier, trop familier.
Je n'hésitai pas une seconde à la suivre en courant, jetant au passage un coup d'oeil à la venelle, mais il n'y avait plus rien.
J'accélérai.
Sous ses pas, le sol se colorait de petites taches rougeâtres.
Ce détail ne m'alarma pas, j'étais concentré sur le fait que j'allais bientôt la rattraper !
À chaque foulée que je faisais, elle en faisait deux.
Je tendis le bras pour attraper sa chemise sale, mais elle était encore trop loin, quand soudain, elle tourna dans une ruelle.
Je l'y suivis moins d'une seconde plus tard, ne l'ayant perdue de vue que le temps qu'elle dépasse le mur du coin de la rue et-
...
Et plus rien.
Essoufflé, pantelant, je la cherchai du regard, mais cette allée se finissait en cul-de-sac, et était presque vide.
Une poubelle, quelques cartons et déchets par terre, rien de plus. Le mur du fond était trop haut, même pour moi, et la poubelle fermée.
En toute hâte, pourtant, je m'y approchai. Il était peu probable qu'elle s'y cache, qui qu'elle soit, mais je sentais que je devais la poursuivre. J'ouvris le couvercle, mais ne vis rien d'autre que de vieux sacs traînant à l'intérieur.
Le cœur battant encore, je refermai la poubelle en soupirant.
-Bordel mais c'était qui...?
À mes pieds, les traces de sa course de finissaient simplement, au milieu de nulle part, comme si elle avait disparue...
--------
Toussant de nouveau, et frissonnant dans mes vêtements aussi déchirés que trempés, je me dépliai et commençai à regarder autour de moi.
Mais il faisait noir, donc je ne voyais pas bien.
Je tentai de me relever, tâtonnant le sol sous moi pour m'assurer de ne pas glisser ou tomber.
J'étais faible, tremblante, et peu stable sur mes jambes. De plus, mes pieds me faisaient de plus en plus mal, sûrement toujours meurtris à sang depuis que j'avais revu l'accident, sur ce sol râpeux et blessant.
Sous mes mains, j'avais senti quelque chose de mou et humide, comme de la mousse, et autour de moi se dressaient de grandes formes sombres.
Je tendis le bras, et touchai.
Des arbres.
En trébuchant, j'avançai un peu, me griffant au passage les mollets sur quelque vieille branche traînant par terre.
Distinguant une faible source lumineuse, je me pris pour un insecte de nuit et la suivit, quittant ainsi le sous-bois dans lequel je me trouvais, et je hoquetai.
Cette lumière, c'était la Lune.
J'en avais presque les larmes aux yeux.
C'était la première fois depuis le début de ce calvaire que j'avais de nouveau l'occasion de l'admirer, entourée d'étoiles et de nuages.
Un bref rire m'échappa, accompagné d'un mince sourire crispé.
J'inspirai par le nez, me ressaisis, puis avançai encore.
Sous mes pieds douloureux, de la mousse, toujours plus de mousse.
Douce, molle et humide, j'avais mal, mais ça faisait vraiment du bien.
Observant tout autour, je reconnus mon ancienne habitation et son jardin, dans lequel je me trouvais.
-Qu'est-ce que je fous ici... ?
Je m'approchai de la maison, prudente.
Allais-je encore revivre un mauvais souvenir, comme la dernière fois ?
Je passai devant une fenêtre, je crois que c'était celle de ma chambre, et y jetai un coup d'oeil, aux aguets.
Je me vis, petite, endormie dans mon lit.
Tellement jeune et innocente, inconsciente des merdes qui vont débouler dans sa vie, ma vie, notre vie.
Je posai une main tremblante de froid et portée par un bras faible, sur la vitre.
La petite moi ouvrit les yeux, et alluma la lumière de sa lampe de chevet.
Elle regarda dans la direction du jardin, et donc aussi la mienne, en se frottant les yeux, puis poussa un grand cri de peur.
Je n'y réagis pas de suite, l'esprit embrumé de fatigue, et restai quelques secondes encore à la regarder avant de réaliser qu'elle me voyait, et que c'était de moi qu'elle avait peur.
Prise au dépourvu, je reculai et manquai de tomber en arrière dans la panique.
"Elle peut me voir ??? Mais je ne passais pas au travers de gens et j'étais pas supposée être invisible, normalement ??"
Instinctivement, je fuis en direction du fond du jardin, qui menait au petit bois d'où je venais.
-Comment que putain que c'est que ce bordel de merde ???
Chaque pas me faisait souffrir, mais je courus pourtant jusqu'à l'essoufflement (ce qui, dans mon état, est assez rapide à atteindre) afin d'atteindre la zone moussue où j'étais sortie de ce liquide infâme.
M'appuyant contre un arbre, je me suis arrêtée, cherchant ma respiration.
-Bordel... d'putain... de merde... sa mère... en short... jurai-je entre chaque inspiration.
Je me remis à tousser un peu, mais m'arrêtai d'un coup en entendant un bruit particulier, comme le bruissement de feuilles au vent, mais sans être ça.
C'était...
"Un portail de Gaster !"
Retenant comme je pouvais ma respiration, je m'accroupis en grimaçant sur des jambes dont chaque muscle me lançait.
Je le vis, sortant d'un de ses portails. Il arborait un visage sans la moindre émotion, effrayant, et ses yeux scrutaient l'obscurité avec attention, s'attardant sur les fourrés, où les arbres les plus proches, comme celui derrière lequel j'étais.
Il cherchait quelque chose.
Ou plutôt quelqu'un.
Moi, évidemment... J'étais stupide de croire qu'il ne me poursuivrait pas.
Par crainte, et le mot était faible, d'être vue, je reculai doucement, le regard fixé sur ses yeux.
S'il m'apercevait, j'étais foutue !
Un pied en arrière... Je m'appuyai doucement dessus.
L'autre pied en arrière sur le sol ferme. Je portai ensuite mon poids sur celui-ci.
Je reculai de nouveau mon pied droit.
Mais au lieu de l'humus, ce dernier rencontra le vide.
Déséquilibre.
Je basculai en arrière.
Le noir autour de moi.
Je tombai sur le dos.
Retour dans le Couloir.
Je ne savais pas si je devais m'en réjouir, ou en pleurer.
Je me redressai, assise.
Mes pensées tourbillonnaient de plus en plus dans ma tête.
Je me souvins qu'enfant, j'avais commencé à avoir peur des monstres après m'être réveillée d'un horrible cauchemar en pleine nuit. Il m'avait paru si réaliste que je refusais d'aller dans le jardin la nuit, ou bien de simplement dormir dans mon lit pendant des jours, et j'en faisais des mauvais rêves couramment.
Le monstre que j'avais vu cette nuit-là, c'était moi...
Ma tête me sembla lourde, et je la pris dans mes mains, fatiguée autant mentalement que physiquement par tout ça.
Je restai comme ça pendant une bonne minute, mais pas plus longtemps, car bientôt je basculai de nouveau en arrière et quittai encore une fois le Couloir, pour atterrir dans un bureau, dans lequel j'avais déjà eu l'occasion de venir maintes fois auparavant.
Sans prendre le temps de détailler plus la pièce, j'avançai un peu au hasard, impatiente de quitter cet endroit et trouver un moyen de rentrer chez moi.
Une idée germa dans ma tête.
Il me fallait un moyen de défense contre Gaster, la prochaine fois.
Je me mis à farfouiller frénétiquement dans les premiers tiroirs que je voyais.
Un crayon ? Non.
Une paire de lunettes ? Non plus.
Un vieux trousseau de clefs ? Encore moins.
Je m'arrêtai.
Je savais où je pourrai dénicher ce qu'il me fallait.
De ce pas, je m'y dirigeai, et y trouvai comme je m'y attendais un grand couteau bien aiguisé.
Parfait.
J'esquissai un sourire.
Puis je sortis de la pièce, l'arme en main.
Puis je me stoppai net.
Gaster était de nouveau là, sortant d'un nouveau portail.
Réflexe immédiat, je me suis accroupie derrière un carton. De là, je pouvais voir sans être vue.
Nerveuse, je serrai le couteau plus fort dans ma main.
Il tenait dans sa main un genre d'écran translucide.
Il le regarda brièvement, puis dans ma direction.
Il fit quelques pas vers moi.
"Bordel il m'a trouvée ! » pensai-je, apeurée.
Je réagis instinctivement, me levai, et partis en courant et tant pis s'il me voyait !
Je filai droit devant moi. Le mur devant moi devint un portail, je fonçai dedans, arrivai de nouveau dans le Couloir, passai un nouveau portail et me retrouvai de nouveau dans un autre endroit.
Cette fois-ci, je ne le connaissais pas. C'était une salle immense, mais sombre.
Il y avait beaucoup de gravas par terre, et je pouvais clairement voir non loin une forme, une personne. De dos par rapport à moi, elle était à genoux devant... un corps ?
Cette personne semblait abattue, et en pleurs.
Mais je n'avais pas le temps de m'attarder sur la question, le scientifique pouvait surgir à tout moment d'un portail pour m'attraper.
Pas le temps de s'arrêter, je courus toujours tout droit.
Une porte grise apparut devant moi, et sans plus attendre, je l'ouvris et me précipitai d'y entrer.
J'étais de nouveau de retour dans le Couloir, mais ce n'est pas pour autant que je m'arrêtais de fuir.
Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que je me rendis compte qu'il ne me suivait pas.
Visiblement, cet endroit était à moi, et à moi seule, et lui-même ne pouvait pas y accéder...
Des taches bleues dansaient devant mes yeux, ma tête me tournait de fatigue.
Je m'effondrai par terre, et toussai en reprenant ma respiration.
Ma gorge me faisait mal à chaque passage d'air.
Trop couru, pas correctement respiré par le nez.
"Pas bien..."
Je tremblais à cause de l'effort trop grand que je venais de fournir.
Je m'assis et voulus porter mes mains à ma gorge, prise d'une quinte de toux, et je me rappelai que je tenais encore le couteau d'une main, en sentant tout son poids peser sur mes frêles doigts.
"J'aurais pu l'utiliser contre lui.. J'aurais pu l'attaquer, le blesser peut-être même le tuer ! Tuer, tuer, tuer, tuer.. Tuer " ce dernier mot, cette dernière pensée résonna en écho dans ma tête.
Je secouai la tête.
"Mais non... J'aurais pas pu. Trop faible. Mauvaise idée..." me raisonnai-je.
C'est alors que mon regard fut attiré par l'éclat brillant de la plaque sur mon bras gauche.
"Cet enfoiré ne faisait jamais rien d'inutile..."
La plaque.
La plaque.
Cette foutue plaque..
"Elle sert à rien elle sert à quoi ?"
La plaque de merde.
Je regardai le couteau.
Puis de nouveau la plaque.
Je tentai de la retirer, de me l'arracher avec les doigts, comme la dernière fois.
Ça ne marcha pas.
Je regardai de nouveau le couteau, la plaque, le couteau, puis je serrai les dents.
Ça allait faire mal.
-------
Je retire ma main de son front brûlant, et décide d'inspecter ses blessures, préférant donner la priorité à celles-ci.
La plupart des plaies a l'air cachée sous ces bouts de tissus sales qui furent autrefois des vêtements, et même si beaucoup semblent superficielles et sans gravité, comme des égratignures, certaines attirent mon inquiétude.
Je laisse l'humaine inconnue tranquille, et vais directement chercher une bassine d'eau que je mets à tiédir près du feu, puis une petite éponge la plus douce possible, un essuie, du désinfectant et des bandages. Beaucoup de bandages.
Il faut s'occuper en priorité des blessures, sous peine de prendre le risque de les voir s'infecter.
Vu l'état de la "patiente", ça pourrait être très mauvais pour elle.
Sans tarder, ni me précipiter, je dépose tout mon matériel à côté de la bassine, qui a déjà commencé à se réchauffer.
Puis je retire mon pull, me retrouvant en T-shirt, afin de ne pas être gêné par mes manches.
J'inspire un grand coup, puis prends l'éponge, que j'humidifie dans l'eau, puis que je commence à passer doucement sur sa peau.
D'abord nettoyer superficiellement.
Je ne m'attarde pas sur les éraflures, elles ne représentent aucun danger.
Puis j'arrive aux blessures les plus importantes.
Je suis obligé de lui retirer ses vêtements pour y accéder pleinement. Je ne la regarde pas, préoccupé par toutes ces lésions sur son corps.
Les plus vieilles, fermées puis rouvertes à plusieurs reprises, situées principalement aux bras et au dos.
Puis les plus récentes.
À la plante des pieds, une déchirure de la peau.
"Comment s'est-elle fait ça... ?"
Je la nettoie méticuleusement.
Puis soudain, une nouvelle quinte de toux la fait trembler de la tête aux pieds.
Je la maintiens comme je peux sur les coussins avec ma psychokinesis.
Une fois la crise passée, je reprends calmement mes soins.
Passer sur les bras, les mains, les coudes, les épaules. Et entre, un vrai travail de boucher, masqué par un chiffon, un bout de sa chemise noué tout autour afin de bander sommairement la plaie.
Une large zone de la peau arrachée.
La blessure est neuve, si je puis dire. Et dans ce cas-ci, c'était peut-être mieux, car il faudrait sûrement improviser quelques points de suture...
Mais alors, il faudrait agir au plus vite, avant que la plaie ne commence à s'infecter.
Sans cela, le temps de cette jeune fille lui est compté...
Merde...
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Heyoooo les geeeens !
Comment ça va ? :3
Moi, super, ce samedi je suis allée à la MIA, j'ai vu plein de gens c'était super chouette ! (également, je crois avoir effrayé quelques cosplayers dans mon excitation...)
J'ai vu LennaEternal, on avait le même cosplay haha >:3 Mais elle avait un plus grand couteau que moi T^T
Enfin bref :3
Je vais essayer de reprendre mon rythme de publication d'un chapitre par mois, sans garantie que ça ne marche :)
Moi je vous dis salut,
Byeeee~~
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