Chapitre 14
— Mémé, s'il te plaît !
— Quoi, encore ?
— Arrête de faire semblant d'être agacée. Je te rappelle que c'est TOI qui fais du vaudou pour venir dans mes rêves.
— A-HA ! Donc tu me crois, maintenant ?
— Évidemment ! J'aurais pas pu inventer un monsieur Grougri.
— Oh, t'as appelé ta mère ?
— Oui... Je me suis débrouillée pour avoir son numéro et... Mais tu devrais le savoir !
— Tu crois que j'ai que ça à faire ? D'occuper ton esprit vingt-quatre heures sur vingt-quatre ?
— Je croyais que t'avais besoin d'un truc urgent...
— Oui, bon, c'est pas urgent urgent, quoi. Ça peut attendre. Mais attends, tu voulais pas que je te dise ce que c'est ?
— Si, justement ! Mais à la place, tu m'as juste parlé d'une croisière qui aurait duré six ans.
— Sept ans ! Pas six ! On voit pourquoi tu n'es pas douée à l'école.
— Eh ! Je ne te permets pas !
— C'est moi l'adulte ici.
— C'est bien de t'en rappeler ! Maintenant, tu veux bien me faire le plaisir d'enfin arrêter de tourner autour du pot ?
— Quel pot ? De fleur ? De chambre ? De yaourt ? Sois plus précise !
— Tu vois ? Depuis le début, tu n'as pas arrêté de faire ça !
— Faire quoi ?
— Mais ça !
Elle me mettait tellement hors de moi que je n'avais même pas pensé à dire "feur".
— Ah, j'ai compris ! Toi, tu veux que j'aille directement au but !
— Oui !
— Je suis choquée et déçue.
— Hein ?
— Bah oui, je croyais que mes histoires t'intéressaient, qu'elles nous permettaient de rattraper le temps perdu d'une grand-mère avec sa petite-fille bien-aimée mais en fait...
— C'est bon, j'ai compris ! C'est pas contre toi hein, j'ai juste l'impression que ça tourne en rond.
— Donc tu veux connaître le fin mot de l'histoire, une bonne fois pour toutes ?
— Oui !
— Savoir pourquoi je t'ai contactée, alors que tu essayais tant bien que mal de te faire à ta nouvelle vie ?
— Ou.. Non ! Ce n'est pas une "nouvelle vie". C'est juste le temps de... Le temps qu'ils me fichent la paix.
— Oui, bien sûr. Enfin bref, si tu veux tout savoir-
— Marie !
Hein ? C'est qui ça, encore ?
— Merde.
Mais qu'est ce qu'il se passe ?
— J'arrive, François !
Mais c'est qui tous ces gens ?
— Bon, Julie, je te laisse.
Mémé, t'es dans mon rêve, là. Pas au milieu d'une conversation Skype ! Et c'est qui, Marie et François ? ET POURQUOI J'ARRIVE PLUS À PARLER ?!
— T'es chiante avec tes questions ! Ça te dirait pas de te réveiller ?
Attends une minute j'en ai pas fini avec...
Sacrebleu. Me voilà dans mon lit.
Elle va me le payer ! Même si, je ne vois pas trop comment.
Apparemment, ma chère grand-mère ne se contente pas d'apparaître dans mes rêves mais elle les contrôle et peut même m'en éjecter. Sympa.
Vous savez ce qu'on peut éjecter aussi ?
— Julie !
Les boulets.
— Quoi, encore ?
— T'avais raison ! Ils se sont réconciliés !
— T'as vu, Gus. Tout ce dont ils ont besoin, c'est de temps. Pas de moi.
— Oui mais... On a encore besoin de tes conseils !
— Quels conseils ? S'ils se sont réconciliés c'est qu'ils s'entendent bien. S'ils s'entendent bien, ils n'ont pas besoin de conseils.
— Et si ça ne marchait pas ? Qu'ils s'entendent bien ne veut pas forcément dire qu'ils sont faits l'un pour l'autre.
— Il est tout à fait possible que ça fonctionne à merveille entre eux et qu'ils vivent heureux ensemble sans forcément que ce soit prédestiné.
— Vraiment ?
Je ne savais pas pourquoi c'est à ce moment précis que j'ai "explosé". L'accumulation sans doute.
— Mais qu'est-ce que j'en sais, moi ? Bordel Gus, je suis une collégienne, t'entends ? J'ai 14 piges bordel de cul ! Qu'est ce que je suis censée y comprendre, à toutes ces merdes ? Je n'ai jamais été intéressée par l'amour et toutes les conneries qui s'en suivent. Trouvez vous, je sais pas moi, une fleur bleue qui aime lire les histoires d'amour entre vampires ou lycanthropes ou que sais-je ! Quelqu'un comme ça pourrait vraiment vous aider.
— Pas faux, mais tu es là alors... Et puis ça pourrait toujours être toi, l'âme sœur.
— Vous allez arrêter, avec ça ? Ce n'est pas moi, ça ne l'a jamais été et ça ne le sera jamais !
— Comment peux-tu en être si sûre ?
— C'est simple, non ? Je ne ressens rien pour lui ! Enfin, rien de ce genre.
— En es tu certaine ? Tu as dit plus tôt que tu ne connaissais rien à l'amour.
— Je suis presque sûre que quand on éprouve quelque chose d'aussi gerbant que l'amour avec un grand A, on le sait. J'ai eu assez d'amies amoureuses transies pour le savoir et je suis capable de mettre des mots sur absolument tout ce que je ressens.
— Donc, tu ne veux plus nous aider ?
Vous aider à faire quoi ? Ils sont deux et heureux ! Mais bon, j'ai comme l'impression que je l'ai déjà dit.
— Je veux juste rentrer chez moi.
— Sois honnête, t'as vraiment l'impression d'être un otage, ici ?
— Pas vraiment, mais sur le principe, je ne suis pas libre de mes mouvements et ça me fait chier. Si encore j'étais enfermée à cause d'un truc que j'ai fait ou si je pouvais faire quelque chose. Là, j'ai juste à attendre un truc qui possiblement n'arrivera jamais.
— Tu veux dire que le roi ne trouvera peut-être jamais son âme sœur ?
Il abandonne trop facilement à mon goût l'idée que ce soit cette fille rencontrée au lycée, l'âme sœur.
— En quoi c'est si important ? Admettons que ce ne soit pas elle, pourquoi ne pourrait-il pas juste s'attacher à quelqu'un et l'aimer ? Je doute fortement que les gens qui sont en couple soient tous des âmes sœurs.
— D'où les divorces, entre autres.
— Et ceux qui se remarient après le décès de l'être aimé ? Ça arrive souvent.
— Chez les humains. On parle de vampires, là.
J'ai mal à la tête sa mère.
— Bon, écoute, j'ai l'impression que ce débat ne mènera à rien et je suis fatiguée. Laisse les batifoler, on verra bien où ça nous mène.
L'air déçu, il laisse échapper un soupir. J'ai l'impression qu'il s'est donné du mal pour rassembler des arguments que je ne vais pas écouter. Oups ?
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