Chapitre 13
Toute cette histoire commence à sérieusement me courir sur le haricot.
Ma ville se fait attaquer, un vampire détraqué du slip me kidnappe, et voilà que ma grand-mère me contacte par vaudou. Sans parler de ce qu'il y a eu entre temps !
J'aurais jamais cru un jour penser ça, mais aller au collège me manque.
L'idée de devoir me lever tôt me gonfle toujours autant, mais au moins je n'avais pas à gérer la crise d'adolescence d'un vampire ni à jouer aux devinettes avec ma grand-mère portée disparue.
Enfin non, c'est pas d'aller au collège qui me manque, mais plutôt ma vie. Si je pouvais être débarrassée de tout ce que j'ai cité, ça m'irait parfaitement ! Y compris le lever tôt.
Je lâchai un gros soupir, oubliant que je devais à tout prix éviter de faire du bruit. J'en ai même oublié la raison.
— T'es réveillée ?
Ah. Je m'en souviens maintenant.
Dans une tentative désespérée de le duper, je me mise à soupirer de nouveau et à faire des bruits... dont je ne suis pas fière.
Qu'est ce que je ne ferais pas pour du sommeil en plus ?
Mon plan, pas si génial que ça mais que j'avais concocté dans l'urgence, consistait à lui faire croire que ce qu'il venait d'entendre ne s'agissait que de moi en train de rêver.
Des rêves douteux, oui, mais je ne contrôle pas mes rêves !
Comment ça 《ça sent le plan foireux 》?
— Julie, arrête ça. C'est gênant.
Mais comment ?!
Je n'abandonne pas pour autant. Peut être qu'il se rendra lui-même compte qu'il se trompe et s'en ira.
— Julie, s'il te plaît.
Il doit s'en aller.
— Julie. J'ai vraiment pas le temps.
Le temps de quoi, espèce de rat sans poils ?!
— Bon, je laisse les pizzas là. Et si tu comptais un jour faire carrière à Hollywood, oublie.
J'entendis des pas s'éloigner, entre-ouvrant un œil, je vis des pizzas par terre non loin de mon lit.
Alors... c'était Maxence ?
Le fait qu'il ait deviné pour mon plan était embrassant, mais rien ne prouve que j'étais éveillée ! S'il remet le sujet sur le tapis, je n'aurais qu'à nier en bloc !
Il a dit qu'il n'avait pas le temps, mais-
ATTENDS UNE MINUTE, J'AI BIEN ENTENDU, IL A LAISSÉ DES PIZZAS ?! PAS QU'UNE ?
MON HÉRO !
Je verrouille bien le périmètre avec mes yeux de lynx et m'en vais à pas de ninja chercher les cartons de pizza.
Cette odeur... Paprika ?
Je n'en avais jamais goûté auparavant, alors, avec précaution, j'en pris un bout que je posai délicatement sur ma main.
Je n'ai pas forcément envie de découvrir une allergie subite. Rien à signaler, alors je pris une part pour juger si oui ou non j'aimais le paprika.
Hm, pas mauvais.
Mais c'est complètement inconscient ! Je lui avais pourtant donné une liste. Si j'avais été allergique, ou pire, si je n'avais pas aimé, il se serait passé quoi ?
Maintenant que j'avais de nouveau accès au plaisir gustatif, il était absolument hors de question de retrouver les immondices que me donnaient ces vampires.
— Julie ?
Mon corps se tend sous l'effet de la surprise.
J'avais quitté mon lit, alors que je devais absolument faire la morte pour qu'on me fiche la paix.
Décidément, j'aurais deux mots à dire à Max quand je le verrai.
— Quoi ?, dis-je en lui faisant face, le ton de ma voix mêlant agacement, lassitude et un brin de curiosité.
— Je sens que tu nous évite.
— Moi ? Mais non ! répondis-je avec une voix anormalement aiguë et en allongeant beaucoup trop la dernière syllabe.
— Pourquoi ?
— Pourquoi, TU OSES DEMANDER POURQUOI ?!
— Bah oui, t'es censée être la prof du roi, c'est bien normal de te demander ce qu'on ne comprend pas.
— Tout d'abord, je ne suis la prof de personne. Juste occasionnellement coach d'âme-sœurisme et otage de son prétendu élève.
— Tu n'agis pas vraiment comme un otage.
— ET PUIS D'AILLEURS ! continuais-je comme si je ne l'avais pas entendu. Je ne comprends pas ce que je fais encore ici. Son âme-sœur, il l'a trouvée, non ?
— À ce propos...
— Mais vous m'avez fait le coup du "gnagnagna on n'en est pas sûrs et blablabla ils se sont juste échangés leurs numéros"...
FOUTAISES ! Peut-être que vous avez attendus d'en être sûrs avant de me kidnapper, HEIN ?!
— Ce n'est...
— Pas la même chose ? ÉVIDEMMENT ! Je m'attendais à quoi, moi ? Des excuses ? Tsss.
— TU VAS ME LAISSER EN PLACER UNE, OUI ?!
C'était la première fois que j'entendais Augustus crier, ou même s'énerver tout court. Qu'est donc ce sentiment ?
C'est... C'est... C'est...
L'épopée temporelle !
Euh non c'est la fierté.
Bref.
— Vas-y. dis-je en engloutissant la dernière part de pizza au paprika.
— Ça ne se passe pas si merveilleusement bien entre eux.
Quand je pense qu'il en reste encore !
— C'est à dire ?
— Ils...
Je me demande à quoi sont les autres.
—"Ils..." quoi ?
Pas à l'ananas j'espère !
— Je crois que ce n'était pas elle.
— Gus, l'amour n'est pas facile. C'est comme ça. Ils se débrouilleront.
Ou peut-être que si ?
— Elle lui a dit qu'elle ne voulait plus jamais le revoir.
Je n'ai jamais goûté d'ananas de ma vie.
— Et puis je ne vois pas trop comment ils pourraient vivre une histoire ensemble si elle ne sait même pas qui il est vraiment. Un vampire.
Sentimental le gugusse. J'en étais où, moi ? Ah oui ! Les ananas.
— Il lui dira après. Pour l'instant, faut qu'ils tombent amoureux. On verra après pour le repos éternel ou je ne sais quelle autre connerie vous allez encore inventer.
J'ai toujours cru que c'était dégueulasse parce que les gens de Twitter le disent tout le temps. Je parle des pizzas aux ananas, l'ananas en lui-même, j'en sais rien.
— Et si ce n'était pas elle ?
— C'est trop tard maintenant. Vous avez une description, ça lui correspond, elle est en âge, c'est bon ! C'est elle, y a pas à discuter. C'est comme ça, les couples, ça se prend la tête tout le temps. Mais ça ira.
Mais s'ils le disent tout le temps c'est qu'il y a une raison.
— Mais la prophétie...
Quelle idée de faire une pizza aux fruits, aussi !
— Ne t'avise pas de me dire que c'est moi qu'elle visait à la base ! Je croyais qu'on était d'accord ; vous l'avez mal interprétée.
Je pense plutôt que ce n'était qu'une vaste blague mais si ça peut aider à les faire s'accrocher à cette fille et me foutre la paix... Puis même, elle vient d'où cette prophétie ? Qui l'a écrite ? Je ne veux même pas le savoir. Pourvu que je l'utilise à mon avantage.
— D'accord je vais... Consoler le roi.
— Fais donc.
Et c'est ainsi que l'otage des vampires retourna à ses pizzas.
J'aimerais tellement que ce soit la fin. Snif.
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