PDV ÉNORA

     Calme toi Énora. Arrête tout de suite de penser, de réfléchir. Tu es peut-être envoûtée par son regard, mais quand même! Y a des limites!

     Il me sourit, me montrant ses parfaites rangées de dents blanches.

??? : bonne arrivée. Je m'appelle Lorenzo. Je suis le fils des Roussel. Enchanté.

Moi : Énora.

     Je sais que je suis assez sèche ou froide, mais il faut me comprendre.

     Il me tend la main pour m'aider, mais je la refuse et sors toute seule de la voiture en le contournant.

     Comme je le disais, il faut me comprendre. J'ai été battue pendant dix-sept longues années de ma vie, alors espérer un contact physique, c'est mort.

Lorenzo : ... Ok...

     J'aimerais bien lui dire que je suis désolée, mais c'est automatique. Mon corps réagit seul. C'est aussi pour ça, que je ne parle pas beaucoup, pour dire presque jamais.

     Il me demande de le suivre, ce que je fais après avoir récupéré ma valise. Alors que nous marchons, les gens autour nous saluent joyeusement. Nous arrivons à une maison un peu plus imposante que les autres, et y entrons. Harris et Sylvie s'y trouvent déjà.

Harris : as-tu des questions?

Moi : comment me connaissez-vous? Pourquoi dois-je être celle qui doit épouser votre fils?

Sylvie : c'était lorsque nous cherchions l'âme sœur de notre fils. Nous avons organisé un "concours". Toutes les personnes intéressées nous ont montré des photos de leurs filles. Toutes celles que nous avions vues étaient, comment dire, juste intéressées par le titre d'épouse du prochain Alpha, et donc, par le titre de Luna...

Harris : d'autres se voyaient déjà diriger une meute. Mais lorsque nous avons vu ta photo, nous avons perçu une âme aussi pure qu'innocente. Et Lorenzo aussi a ressenti quelque chose en te voyant. Alors, nous avons jugé mieux de te prendre. De plus, nous avions tout de suite deviné ce que tu endurais. Raison de plus pour te choisir et te sortir de cet enfer.

Sylvie : Harris et moi sommes au courant pour ta peur des contacts physiques. Mais ne t'inquiète pas, nous comprenons, et, nous demanderons à Hanna, la guérisseuse du village, de te soigner.

     Ils sont gentils de faire cela. Jamais on ne m'avait parlé avec autant de douceur et de gentillesse.

Sylvie : bienvenue dans la meute de l'Amérique, la plus puissante du monde. Après celle de l'Alpha Suprême, bien sûr!

Moi : je... Merci.

     Je retiens mes larmes en reniflant un peu, mais ne les laisse pas couler.

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Dimanche, 21 novembre.

     Ça fait à présent presque une semaine que je suis ici et
presque une semaine que je connais la meute. Hanna, la guérisseuse, m'a soignée de cette peur que j'avais. Bon, c'était plus de la thérapie, mais ça m'a beaucoup aidée. Ça fait également presque une semaine que je fais tout pour ne pas dévoiler mes blessures. Pourquoi n'en ai-je pas parlé à Hanna ? Parce qu'elle l'aurait dit aux Roussel. Et... Je ne veux pas qu'ils s'inquiètent encore plus pour moi. Déjà qu'ils sont très gentils avec moi. Même si Lorenzo me soupçonne de lui cacher quelque chose.

     La date du mariage n'a pas encore été fixée. Il me laisse le temps de réfléchir et on m'a dit que si je ne voulais pas me marier, on ne me forcerait pas. Lorenzo me l'a dit lui-même, aussi. Et ça me soulage vraiment de savoir que je ne suis forcée à rien.

     Je suis à présent en train de lire le livre que j'ai pris à la bibliothèque. Je sais que je l'ai déjà lu, mais ce qui s'y trouve est vraiment passionnant. Je n'ai parlé du livre à personne. J'oublie toujours, et c'est pas de ma faute.

     On toque à ma porte, et je dépose le livre sur mon lit après l'avoir presque fermé. J'ouvre la porte et découvre Lorenzo.

Moi : salut!

Lorenzo : salut, ça va?

Moi : bien et toi?

Lorenzo : bien. Je voudrais savoir si ça te dit, un tour en forêt.

Moi : hum... D'accord.

PDV LORENZO

     Je remarque le livre posé sur son lit et ai juste le temps de lire le titre, avant qu'elle ne ferme la porte pour se changer.

     Je me demande ce qu'elle fait avec ce livre. Il faudrait que j'en parle à mes parents dès leur retour.

     Dix minutes plus tard, elle sort de sa chambre vêtue d'un jean bleu marine, de baskets blanches et d'un pull blanc.

Moi : je me demande, pourquoi tu ne changes pas de style vestimentaire ?

Énora : j'aime bien celui-ci, c'est tout.

Moi : si tu le dis.

     Nous sortons de la maison et nous éloignons du village.

PDV ÉNORA

     Nous montons une colline, aidés des arbres. Enfin, moi, je m'aide des arbres. Lorenzo semble habitué. Lorsque nous arrivons en haut, il commence à me montrer la maison de tout le monde.

Lorenzo : là, c'est la maison d'Hanna. Celle-là est à Cynthia, à côté c'est celle de la famille Thomson. Je te les présenterai un jour.

     Après quelques minutes, un bruit se fait entendre. Lorenzo arrête tout de suite ce qu'il fait, et se tourne vers la direction d'où venait le bruit.

Moi : qu'est-ce...

     Il me fait signe de me taire, et je lui obéis.

Lorenzo : va te cacher quelque part, mais à un endroit où je te trouverai facilement. Moi, je vais voir. Il ne me semble pas reconnaître cette odeur.

     Il commence alors à se déshabiller, et je me cache les yeux.

Moi : mais que fais-tu enfin?

Lorenzo : je veux me transformer.

Moi : cela nécessite-t-il que tu sois nu?

Lorenzo : je ne vais quand-même pas gâcher mes vêtements, si?

Moi : c'est vrai...

Lorenzo : allez, fais ce que je t'ai demandé.

     Alors que je me retourne et vais me cacher derrière un arbre assez large, j'entends des os craquer.

     Après trente minutes, je vois une tête de loup devant moi et lâche un cri. Lorsque je remarque ses yeux qui sont jaunes, je m'arrête. On se regarde fixement dans les yeux l'un de l'autre.

"C'est moi, Lorenzo."

    "Hein?! Comment est-ce qu'il peut être dans ma tête. Ça doit être un de ses pouvoirs."

"Non, c'est parce parce qu'on est âme sœur qu'on y arrive."

    "Comment est-ce que tu peux savoir juste par ça, que nous sommes âmes soeurs?"

"C'est un premier signe. "

     Il se rapproche de moi, doucement mais sûrement, et touche ma main droite de son museau. Comme si c'était naturel, je me mets à lui caresser la tête. Son pelage est doux et soyeux. C'est agréable au toucher.

     Il pose sa tête sur mes genoux, et nous profitons de ce moment tous les deux, moi, lui caressant la tête, ce qui lui arrache parfois des grognements de satisfaction.