PDV ÉNORA

Moi : enfin à la maison!

     Alors que je m'apprête à monter avec les sacs, Lorenzo nous les prend, à Sylvie et moi, et décide de s'en charger.

Moi : euh... Je peux le faire.

Lorenzo : non, c'est bon. T'inquiète.

Sylvie : merci mon garçon.

     Il monte les marches vers l'étage, tandis que Sylvie me tire vers la cuisine.

Sylvie : il faut qu'on réfléchisse à un menu pour le bal.

Moi : et... Que proposes-tu?

Sylvie : c'est ton bal, c'est toi qui vas être la plus importante ce jour. Donc, c'est à toi de décider.

Moi : eh bien...

     Je porte mon index et mon pouce à mon menton, et me mets à réfléchir.

Moi : de la salade cobb, du rôti en cocotte, des fajitas, des banana splits, du saumon sauvage et encore, on verra.

Sylvie : tu en as, des idées.

Moi : je n'ai jamais pu goûter à tout ça. Alors, j'en profite.

Sylvie : comment se fait-il que tu saches si bien faire la cuisine?

Moi : c'est moi qui faisais toujours la cuisine quand j'étais encore avec mes "parents". Mais parfois, quand j'étais privé de repas pour une raison inconnue, j'espionnais et voyais souvent me belle-mère faire des plats que je ne connaissais pas.

     Lorenzo descends à ce moment, et, m'ayant sûrement entendue, il dit :

Lorenzo : alors comme ça, tu es une espionne?

Moi : b-bien sûr que non enfin!

Lorenzo : c'était juste pour rire.

     Après quelques minutes, je dis :

Moi : dis Lorenzo, il n'y aurait pas quelque chose à faire? Je m'ennuie un peu.

Lorenzo : tu pourrais aller voir Michelle. Elle serait très heureuse d'avoir quelqu'un à qui parler.

Moi : c'est vrai! En plus, elle me manque à moi aussi.

Sylvie : tu as donc déjà rencontré les amis de mon fils.

Moi : oui. Même si Matt semble ne pas m'apprécier.

Sylvie : ne t'inquiète pas. Il réagit juste comme un béta. Il ne s'en rend pas vraiment compte. Il s'inquiète juste pour Lorenzo.

Moi : je comprends... Oh et dîtes, vous avez un album photo s'il vous plaît? J'aimerais bien voir les photos de Lorenzo de quand il était petit.

Sylvie : oh oui, je l'ai. Je te le donnerais dès que tu reviendras.

Moi : merci Sylvie. Bon, j'y vais. À plus tard!

     Je sors à nouveau de la maison, et vais vers celle de Michelle en saluant les habitants du village. Lorsque je suis devant chez elle, je prends une grande inspiration et m'apprête à toquer... Sauf que la porte s'ouvre sur une Michelle toute contente.

Moi : salut... Qu'est-ce que tu as? Qu'est-ce qui te rend si heureuse?

Michelle : entre, je vais te raconter.

     Je fais ce qu'elle me demande, et nous nous asseyons sur un canapé une fois à l'intérieur.

Moi : alors?

     Elle me regarde, les yeux pétillants de bonheur.

Michelle : j'ai trouvé la robe pour le bal!

     Attendez une seconde...

Moi : ce n'est que ça?

Michelle : comment ça, ce n'est que ça? Tu ne l'as pas vue! Elle est...

     Elle pose théâtralement ses deux mains sur le cœur en disant, d'un air rêveur :

Michelle : la plus belle de toutes les robes. La crème de la crème. La cerise sur le gâteau. La dernière carte sur un château de cartes. L'...

Moi : c'est bon! J'ai compris.

     Je lui demande quelques minutes plus tard, le temps qu'elle sorte de son... Rêve? Enfin bref.

Moi : tu veux bien me la montrer?

Michelle : oh non! Tout le monde la verra lors du bal.

Moi : c'est pas moi qui suis sensée être la plus belle?

Michelle : allez, nous le serons toutes les deux. Et si tu veux bien, on pourrait se préparer ensemble.

Moi : oh oui! Ça me ferait plaisir. J'ai entendu dire que tu es une vraie spécialiste en maquillage.

Michelle : oh, je suis flattée. Mais oui, c'est vrai. Personne ne me surpasse dans ce domaine.

Moi : ça, je n'en doute pas.

    Nous discutons de plusieurs autres choses comme de nos passe-temps préférés, de nos plats préférés, de nos musiques préférés, et... Plein d'autres choses. Il s'avère que nous partageons beaucoup de choses en commun.

Michelle : ça te dit, une balade en forêt?

Moi : t'es sûr?

Michelle : oui. On ne s'éloignera pas trop, promis.

     Eh ben... Puisqu'elle le dit...

Moi : d'accord. Allons-y.

     Nous sortons de chez elle, et allons dans la forêt, à pas plus de quatre-vingt mètres du village.

Michelle : j'adore la forêt!

Moi : comme la plupart des loups.

Michelle : oui, mais moi, c'est encore plus.

     Nous continuons notre petite randonnée, mais Michelle m'arrête tout d'un coup en plaçant un bras devant moi.

Moi : mais... Qu'est-ce qu'il y a?

Michelle : il y a des intrus.

Moi : hein?!

     Elle me fait signe de me taire, un air très sérieux au visage.

Michelle : à trois, on court jusqu'au village.

     Je hoche doucement la tête, le cœur battant avec force dans ma cage thoracique.

Michelle : un...

     Elle se retourne lentement, gardant un œil devant elle, très vite suivie par moi.

Michelle : deux...

     Mon cœur ne cesse d'accélérer, et la peur de grimper, alors qu'un craquement se fait entendre. Et c'est à ce moment qu'elle termine :

Michelle : trois!

     Nous nous mettons à courir tout droit, et nous entendons les pas de nos poursuivants derrière nous. Je prie intérieurement pour qu'on arrive rapidement à la meute, mais une chose m'effraie encore plus.

Moi : va prévenir Lorenzo!

Michelle : cours au lieu de dire des bêtises!

Moi : je ne veux pas qu'ils s'en prennent à la meute alors vas-y! C'est un ordre!

     Elle ne réplique rien, et me regarde avec étonnement et... Admiration?

     Je n'ai pas le temps de m'attarder sur ça. Je vire à gauche, et comme prévu, ils me suivent tous. Je continue comme ça pendant encore plusieurs minutes, et me demande même comment je fais pour ne pas m'évanouir.

     Trop dans mes pensées, je ne vois pas la racine d'arbre devant moi et me la prends. Je tombe au sol en gémissant de douleur.

     Ma cheville...

     Je me retourne, tant bien que mal, sur le dos, et m'assois en reculant le plus possible jusqu'à buter contre un arbre.

     Les larmes me montent aux yeux, mais je les retiens. Je ne dois pas me montrer faible face à l'ennemi. Mais là, c'est raté. Je suis vraiment faible. Plus bonne à rien que moi, tu meurs.

     Je vois le premier me sauter dessus, et ferme les yeux en attendant l'impact. Mais les seules choses que j'entends, sont deux bruits sourds suivis d'un couinement.

     Je rouvre doucement les yeux, et vois, dos à moi, un grand loup noir plus qu'en colère.

     Lorenzo...