✾ Épilogue ✾
— Pourquoi on n’habite pas dans le château ?
— Parce qu’il n’est pas fait pour y habiter.
— Mais c’est quoi l'intérêt d’avoir un château si on ne peut pas habiter dedans ?
— Eh bien, il sert à pleins d’autres choses.
— Comme quoi ?
Félix soupira longuement. Il savait que les enfants adoraient poser des questions, mais il oubliait souvent à quel point cela pouvait être fatigant d’y répondre.
— Eh bien, comme des conseils. Ou alors, on peut y stocker les archives du pays ou même y organiser des élections.
— On peut y faire des bals ?
— On pourrait, gloussa le blond en serrant la main du petit garçon dans la sienne. Il y a des salles assez grandes pour ça.
Le garçonnet d’à peine sept printemps lui offrit quelques secondes de répit avant de reprendre :
— Papa ?
— Oui Jeongin ?
— Pourquoi on n’a pas de roi chez nous ?
Félix s’arrêta de marcher et se tourna vers le petit garçon. Il s’accroupit pour se tenir à sa hauteur et lui tapota doucement le sommet du crâne.
— Parce que c’est ce que Changbin voulait mon trésor, un pays sans roi.
Le petit garçon à la chevelure noire comme l’ébène lui adressa un large sourire comme si cette raison était la meilleure de toutes. Il sauta dans les bras de son père qui le souleva aisément avant de se remettre en route, le poids de l’enfant en plus sur les bras.
— Mais Papa Changbin il est un peu comme un roi non ? C’est un peu tout pareil, c’est lui qui décide ? réfléchit-il en s’accrochant au col de la tunique de Félix.
— Non, c’est différent, ça n’est pas lui le chef, le chef c’est le conseil.
— Donc c’est comme tout plein de rois ?
Félix leva les yeux au ciel et laissa échapper un autre soupir.
— C’est un groupe de roi si tu veux…
Il allait vraiment devoir toucher un ou deux mots à l’institutrice qui faisait l’école aux enfants. C’était bien beau de leur parler de comment un royaume abandonné était devenu un pays gouverné par le peuple, mais ça éveillait un peu trop la curiosité naturelle des enfants.
— Papa ! s’écria le petit garçon alors que Félix venait d’ouvrir la porte de leur maison.
Il sauta des bras du blond et se précipita vers la table à laquelle son autre père était installé, le nez fourré dans des cartes toutes plus anciennes les unes que les autres.
— Bonjour Jeongin, fit le noiraud en ouvrant les bras pour y accueillir son fils.
Félix les regarda faire, un sourire attendri sur les lèvres.
— Papa, Papa Félix dit que t’es pas un roi, se plaignit Jeongin en faisant la moue.
— Pourquoi tu voudrais que je sois un roi ?
— Parce que à l’école, on a appris que celui qui commande c’est le roi !
Félix mima un évanouissement et Changbin pouffa de rire.
— Allez va jouer, lui dit ce dernier en déposant un baiser sur son front, je suis sûr que tu en apprendras plus sur tout ça demain.
Le garçonnet ne se posa pas plus de questions et s’empressa de se rendre dans sa chambre pour jouer.
Et dire que cela faisait déjà cinq printemps que le couple avait croisé la route de Jeongin !
***
Par il ne savait quel miracle, Changbin avait réussi à échapper aux mains des Lee et à retrouver Félix. Le prince lui avait sauté au cou, pleurant de reconnaissance ; ses prières avaient été exaucées. Changbin avait de ce fait réalisé quelque chose. Pour la toute première fois, il avait été prêt à sacrifier sa vie pour sauver celle de quelqu’un d’autre, et il avait dû se rendre à l’évidence : homme ou pas, Félix occupait la place la plus importante dans son cœur.
Toute cette histoire avait fait réaliser quelque chose au prince, il ne voulait plus vivre dans la peur, enfermé dans un château à gouverner un peuple sans avoir le droit de sortir. Il avait goûté à la liberté avec le mercenaire et il n’était pas prêt à abandonner cette liberté de sitôt.
Ils avaient voyagé, tous les deux jusqu’à tomber par hasard sur un royaume qui leur avait semblé abandonné. En discutant avec les quelques habitants de la capitale fantôme, ils avaient appris que la lignée du roi s’était éteinte plusieurs printemps auparavant, suite au décès du roi qui n’avait pas eu d’héritier à temps. Le peuple vivait donc seul, aucun des royaumes voisins n’avait revendiqué le territoire et il vivait en paix.
Changbin avait alors eu une révélation : c’était ça le royaume qu'il avait toujours rêvé de fonder. C’était sa chance et il n’avait plus eu qu’à la saisir.
Sa proposition avait plu aux habitants. Ils avaient élu plusieurs personnes qui formaient désormais le conseil, et ce dernier dirigeait désormais l’ancien royaume des Yang, rebaptisé Zéris après les votes du peuple.
De nombreuses familles avaient quitté les lieux après la mort du roi et le pays ne se composait plus que d’une petite centaine de personnes. Pourtant, les voyageurs — certes peu nombreux — avaient tendance à rester. Vivre libre, sans être au service d’une famille royale, l’idée plaisait à beaucoup de monde et, petit à petit, le pays s’était développé.
Félix et Changbin s’étaient installés ensemble, dans une des maisons vides de la capitale et puis un matin, alors qu’ils revenaient tous deux d’un conseil au château, le blond était tombé sur le petit Jeongin. Il devait avoir à peine trois ans à l’époque et le couple n’avait jamais su comment il avait réussi à survivre. Quelqu’un semblait l’avoir abandonné peu de temps avant, mais ils n’avaient jamais trouvé qui. Sans avoir besoin de se concerter plus que ça, et une fois la certitude que personne ne viendrait jamais réclamer l’enfant, il leur était apparu comme une évidence que ce petit garçon, qu’ils avaient appelé Jeongin, était désormais leur fils.
***
— Il m’a épuisé… souffla Félix en se laissant tomber sur la chaise à côté de celle de Changbin.
Ce dernier lui adressa un sourire et lui tapota la main avant de rouler ses cartes avec précaution.
— Tiens, j’ai une nouvelle qui va te plaire, fit le noiraud en pinçant les lèvres.
— Ah ?
Changbin adorait voir les yeux de Félix pétiller de curiosité et il savait également qu’il allait adorer sa réaction une fois qu’il lui aurait annoncé cette fameuse nouvelle.
— Tu vois cette ferme abandonnée pas loin de la ville ?
— Oui ?
— Il y a quelqu’un qui s’y installe en ce moment même.
— Qui ça ?
— Quelqu’un que tu connais bien.
Félix fronça les sourcils. Il ne voyait pas vraiment qui pouvait venir s’installer là. Après tout, à part les habitants, il ne connaissait pas grand monde. À part…
Son visage s’illumina soudain, arrachant un sourire à Changbin.
— Jisung ? demanda-t-il plein d’espoir.
— Jisung. Et ses parents ! Je peux te dire que j’ai mis du temps à les convaincre mais je les ai eus à l’usure.
— C’était ça ? Toutes les lettres que tu envoyais ?
Changbin acquiesça. Il avait mis du temps à apprendre à lire et écrire, mais grâce à l’aide précieuse et à la patience de Félix, tout cela avait porté ses fruits. La famille de fermiers allait certainement être surprise de découvrir la véritable nature de Félix, mais ça paraissait n’être plus qu’un détail désormais.
Le prince n’avait d’ailleurs jamais su ce qui était advenu de son royaume. Il n’avait jamais cherché à y retourner, il n’avait plus envie de risquer sa vie pour une couronne. Il avait abandonné son nom et n’était désormais plus que Félix. Et c’était bien suffisant.
— Tu sais, commença-t-il en croisant ses mains sur la table avant de se pencher vers Changbin.
— Hum ?
— Le jour où on s’est rencontrés, je n’aurais jamais pensé que tu serais capable d’aussi bien gérer un royaume.
— Parce que je suis un mercenaire ?
— Était.
— Était…
— Mais non, je veux dire que j’ai étudié depuis mon plus jeune âge l’art de gouverner et pourtant toi, sans avoir jamais rien étudié là-dessus, tu as trouvé toutes ces lois, toutes ces façons innovantes de gouverner, et ça ne cessera jamais de me surprendre et de m’émerveiller.
Changbin avait souri lorsque les yeux du blond s'étaient mis à pétiller. Oui, le noiraud l’avait fait souffrir des années auparavant mais tout ça était derrière eux désormais.
— Je pense que je suis fier en quelque sorte, ajouta Félix en faisant glisser ses doigts sur la table jusqu’à atteindre ceux de l’homme avec lequel il partageait sa vie.
— Papa Changbin ! fit soudain la voix de Jeongin depuis sa chambre. Tu peux venir ? Je crois que j’ai cassé quelque chose...
Félix gloussa tandis que le noiraud levait les yeux au ciel en soupirant.
— J’arrive, dit-il en se levant de sa chaise.
Il jeta un coup d'œil à sa moitié qui le regardait, plein d’amour, et il se pencha vers lui pour déposer un baiser sur son front. Félix expira doucement à cet agréable contact et ferma brièvement les yeux pour ensuite les rouvrir. Il constata que Changbin était toujours en train de le fixer.
— Je ne sais pas lequel de vous deux me demande le plus de temps… dit-il faussement agacé avant de l’embrasser à nouveau, mais sur les lèvres cette fois.
— Tu as toujours adoré te plaindre de toute façon.
Ils se sourirent affectueusement avant que Changbin ne le laisse finalement pour traverser la pièce et rejoindre leur fils. Le devoir l’appelait.
***FIN***
Et voilà mes petites pommes, cette fois c'est la vraie conclusion de Ambivalent 🤧
J'espère que cette histoire vous a plu et que vous n'êtes pas déçus de cette fin 🤣
Encore merci pour vos lectures/votes/commentaires, je m'amuse toujours autant de vos réactions 😂
À bientôt sur d'autres histoires 😘
💚✒️🍎
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro