✾ Chapitre 9 ✾
Le lendemain, Jisung n’avait cessé de tourner autour de Félix. Il lui avait proposé moultes activités diverses tout en s’enquérant régulièrement de ce que Changbin pouvait penser de son comportement. Il espérait bien que la blonde cède pour ainsi rendre jaloux le mercenaire, mais ce dernier feignait l'indifférence. Félix était assez grande pour savoir ce qu'elle voulait, mais elle n'avait pas intérêt à venir pleurnicher après.
Siwon avait presque terminé de charger la marchandise dans la charrette ; il mettrait les légumes le lendemain matin juste avant le départ de son fils. La capitale était à deux ou trois jours de cheval de la ferme, et Jeongyeon était rassurée de savoir que cette fois, Jisung serait accompagné. Pour le retour, ça n'était pas très grave qu'il soit seul, mais à l'aller, avec un tel chargement, elle craignait toujours que son fils se fasse attaquer par des bandits - même si la route vers la capitale était plutôt sûre. Elle priait beaucoup Érésis avant chacun de ses voyages pour qu'ils se déroulent dans les meilleures conditions possibles.
Changbin était en train de fouiller dans les sacoches qu’il avait ramassées sur le cadavre du marchand qu’il avait croisé dans la forêt, assis en tailleur sur son lit de paille. Il en avait eu un peu marre d’entendre Félix et Jisung rire à gorge déployée en essayant d’attraper les poules et les lapins qui avaient réussi à quitter l’enclos alors que la princesse était allée les nourrir, alors il s’était isolé dans la grange. Il était à la recherche de quelque chose qu’il pourrait offrir au couple de fermiers pour les remercier de leur accueil. Des prières et des mots étaient bien vus, mais il pouvait bien se délester d’un ou deux bijoux. Il y avait bien assez d’objets de valeurs dans les sacs pour qu’il se fasse un beau paquet d’argent en les revendant une fois en ville.
— Changbin, tu viens avec nous au…
Le noiraud sursauta en entendant la voix de la blonde résonner dans la grange tandis qu'elle se figeait en apercevant le mercenaire affairé à son activité étrange.
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle curieuse en escaladant les ballots de paille.
— Je cherche ce que je pourrais offrir à Siwon et Jeongyeon pour leur hospitalité, expliqua Changbin en se focalisant sur un collier de pierres bleues.
Il aurait bien offert un chapelet pour les prières ou un tout autre objet religieux à Jeongyeon, mais il ne semblait pas y en avoir.
— D’où viennent tous ces bijoux ?
Le jeune homme se contenta de soulever la sacoche pour rafraîchir la mémoire de sa protégée et elle hocha la tête.
— C’était un marchand de bijoux ? fit-elle en attrapant un bracelet doré décoré de gravures.
— Il semblerait que oui.
Félix resta à observer le noiraud sans rien dire, ses yeux brillants à chaque nouveau bijou que Changbin sortait des sacs. Il finit par sortir un diadème argenté serti de pierres nacrées, vert pâle et bleu ciel. Il analysa longuement le bijou de tête avant de jeter un œil à la princesse. Il fixa ses yeux, puis ses cheveux blonds, et se dit qu'il lui irait très bien.
— Un problème ? fit la jeune femme en penchant la tête.
— Non… Je me disais juste qu’il t’irait bien, expliqua Changbin. Tu devrais l’essayer.
Félix écarquilla les yeux lorsque le mercenaire se pencha vers elle pour lui poser le diadème sur la tête.
— Non, non, protesta-t-elle en se reculant un peu.
Ses mains finirent par rencontrer les pectoraux du noiraud tant il s’était approché et elle rougit lorsqu’elle se rendit compte qu’il était presque à moitié sur elle, son visage près du sien. Trop près.
Changbin, ayant totalement oublié qu’il avait juste voulu faire essayer le diadème à la princesse plongea ses pupilles sombres dans les siennes. S’il avait voulu, un simple geste de la tête aurait pu suffire à ce que leurs lèvres se touchent, et cette simple pensée le fit rougir à son tour.
— Qu’est-ce que tu étais venu me demander ? demanda-t-il sans changer de position, mais pour se distraire des envies peu sages qui lui passaient par la tête.
— Ji-Jisung m’a proposée d’aller se baigner au lac… hésita Félix en essayant de rester concentrée sur les yeux de Changbin plutôt que sur sa bouche ronde. Alors je voulais te proposer de venir avec nous…
Le jeune homme roula des yeux.
— Encore Jisung… souffla-t-il de façon à peine audible.
Il se redressa et retourna s’asseoir en tailleur à une distance raisonnable de la blonde qui en fut surprise et peut-être même déçue.
— J’ai dit quelque chose de mal ? demanda-t-elle en se mettant à genoux, les mains jointes sur ces derniers.
Changbin secoua la tête en analysant une boucle de ceinture très finement ouvragée.
— Tu es... en colère ?
— Pourquoi est-ce que je serais en colère ?
— Parce que j’ai parlé de Jisung ? proposa Félix d'un air triste.
— Pourquoi est-ce que je serais en colère parce que tu parles de ce gamin ?
— Parce que je vois bien que tu n’aimes pas quand je parle de lui… Jisung dit que c’est parce que tu es jaloux…
Le noiraud tourna vivement la tête vers la jeune femme.
— Moi ? Jaloux de ce nabot ? s’offusqua-t-il. Alors là c’est vraiment n’importe quoi, vraiment… n’importe quoi !
Félix essaya de se retenir de rire. Elle ne voulait pas envenimer la situation même si la réaction de son sauveur l’amusait beaucoup.
— Jaloux de ce paysan… Jamais de la vie ! Je sais bien que je vaux mille fois mieux que lui.
Il continua à argumenter sur pourquoi il n’avait rien à envier à Jisung pendant de longues minutes et s’arrêta finalement en prenant un collier en main.
— Je pensais offrir celui-ci pour Jeongyeon, dit-il avant de prendre la boucle de ceinture, et ça pour Siwon.
— Et pour Jisung ? tenta néanmoins Félix. Lui aussi nous a aidés…
— Oui mais on l’accompagne en ville alors on verra là-bas, se justifia Changbin alors qu’il n’avait aucune intention d’offrir quoi que ce soit au brun.
Il ne se sentait aucunement redevable contrairement au couple. Félix tendit timidement la main vers les objets que le noiraud avait mis de côté pour les offrir et elle les détailla pendant un temps, les yeux pétillants devant un tel travail d’orfèvre.
— Ils sont magnifiques, finit-elle pas conclure. Et le collier ira très bien à Jeongyeon.
— Le diadème te va très bien à toi… lâcha Changbin l’air de rien.
Félix leva les yeux vers lui, les joues rouges. Elle toucha le bijou de tête du bout des doigts, elle avait totalement oublié qu’elle le portait.
— Il faudra le vendre en ville… dit-elle à contrecœur.
— Non, garde-le...
— Mais...
— Garde-le, la coupa Changbin. Il te va très bien.
— Je… te fais confiance comme je ne peux pas voir mon reflet… concéda finalement Félix.
— Oui, fais-moi confiance… soupira le noiraud en détournant le regard, presque timidement.
La princesse le trouva adorable. Prise d’un élan de tendresse, elle s’avança à quatre pattes et déposa un baiser sur la joue rebondie de son sauveur, un grand sourire aux lèvres. Changbin lui accorda un regard, le visage rouge, prêt à exploser de gêne. Il se racla la gorge et se frotta le nez du dos de la main.
— Il va vraiment falloir que tu arrêtes de faire des trucs comme ça… maugréa le noiraud. Ou je vais vraiment finir par perdre le contrôle de moi-même…
— D’accord… marmonna Félix en baissant la tête.
Changbin se tourna d’un bond.
— Comment ça d’accord ? s’écria-t-il en rougissant de plus belle.
La réponse de la princesse pouvait avoir deux significations et vu son comportement des derniers jours avec lui, Changbin était en droit de se demander de quel “accord” elle parlait.
— Je vais… essayer de faire attention… murmura-t-elle en jouant avec les manches de sa robe.
Elle retira le diadème de sa tête et le rangea dans une des sacoches.
— Je t’ai dit de le garder, lui lança le noiraud en levant les yeux au ciel.
— Oui mais… je ne peux pas le garder sur moi à la ferme quand même, ça ferait… bizarre non ?
Leurs yeux se croisèrent et Changbin déglutit en détournant finalement le regard.
— Ouais…
Il se dit surtout qu’il ne voulait pas que sa protégée soit encore plus désirable aux yeux de Jisung. Hors de question que le brun ne tente la moindre avance auprès de Félix, totalement hors de question. Surtout qu’il avait l’intention de visiter les bordels une fois en ville, hors de question qu’il s’approche de la princesse pour ensuite aller fricoter avec des filles de joie. La blonde méritait tout de même mieux qu’un homme de petite vertue.
— Est-ce que… tu viens au lac avec nous alors ? demanda timidement Félix après avoir rangé son diadème.
L’image de la princesse se baignant nue au pied de la cascade lui revint en tête et il rougit.
— Oui je viens.
Il était hors de question qu’il laisse une occasion à Jisung de voir la jeune femme dans des circonstances similaires.
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