Chapitre 8, Part 2: Amber et la ville hors d'atteinte (trouver la ville)
Amber questionna Maria sur ce qu'elle savait exactement de cette légende. Toutes les petites anecdotes pouvaient servir. Il ne fallait rien laisser au hasard.
Maria raconta la légende telle qu'elle l'avait entendue à maintes reprises lorsqu'elle était enfant :
« Selon une vieille légende, il existerait une ville entourée de barrières magiques. Elle serait hors d'atteinte des humains. Cette ville se trouverait aux confins du monde, loin de toute civilisation humaine, dans des zones reculées et perdues au milieu de nulle part. Aucun humain n'y est accepté, seuls les êtres magiques peuvent y accéder. Les humains sont des simplets aux yeux de ces êtres magiques. Les humains ne peuvent pas comprendre la vie et les pouvoirs des êtres surnaturels. Pour y entrer , il n'existe aucune autre clef que la magie pour débloquer la porte menant à cette ville. Au sein de cette ville, on trouve également une eau de couleur blanche-violette étincelante. Cette eau aurait des propriétés guérisseuses inconnues de tous les humains. Elle serait en mesure de guérir toutes sortes de maladies. Mais l'eau est bien gardée. Personne n'est encore parvenu à trouver cette ville. C'est une ville invisible qu'on ne peut discerner qu'avec une étincelle de magie. Le regard humain ne peut la voir. Il faut aussi être une personne qui désire plus que tout faire le bien autour de lui et avoir un cœur vaillant. La bonté et la magie forment un ensemble unique. C'est cet ensemble qui explique comment un être surnaturel arrive à trouver cette ville. Mais lorsqu'on y rentre, en général, on est conquis par ce monde féerique et on décide de rester. Par ailleurs, personne ne sait si l'eau de leur monde sera encore magique dans notre monde. Une personne guérie à Alcancia le sera t-elle encore ici ou reviendra t-elle malade ? Certains humains ont essayé de trouver cette ville. Mais beaucoup sont revenus dépités de ne pas l'avoir trouvé. Beaucoup pensent qu'elle est perdue au milieu des champs de blé, d'autres qu'elle est juste loin des villes ou en haut de montagnes. Diverses théories existent. Mais la seule réponse exacte, c'est que peu importe où tu te trouves, la ville est devant toi. Il faut ouvrir les yeux avec son cœur et avoir de la magie qui coule dans ses veines. Personne ne pourra l'ouvrir pour quelqu'un d'autre a moins que cette personne en ait besoin... »
Amber pesta : « ROO... Cette ville doit bien être quelque part... Elle ne doit pas être loin... Tu n'as pas d'idée ... »
Maria émit l'hypothèse : « Et si la ville était sous nos yeux ? Ici, on est loin de toute civilisation, il n'y a personne aux alentours. Je l'ai trop cherchée... »
Amber questionna Maria : « Qu'entends-tu par sous nos yeux ? Pour moi, ça veut tout et rien dire à la fois ! »
Maria expliqua : « En fait, j'ai toujours pensé qu'on n'avait aucun don. Mais la connexion est un don extraordinaire. Les barrières magiques ne nous sont jamais apparues avant parce qu'on pensait n'avoir aucun pouvoir. Mais maintenant, si je pense à ma connexion comme à un pouvoir de télépathie unique, la ville se débloquera peut-être pour nous. Il suffit d'y croire. Si on croit suffisamment en l'existence de notre pouvoir et de cette ville mystérieuse, elle finira par nous apparaître. Je pense que c'est plus une question de croyance. »
Amber réagit d'un seul coup : « OK, tu as sans doutes raison. Cela voudrait dire que la ville dont tu parles n'est pas une ville ordinaire. Elle est quelque part. Elle doit bouger sans arrêt de position et ne reste jamais fixée au même endroit. C'est un peu comme un cirque itinérant. Elle se pose là où elle repère des êtres magiques qui ont besoin d'entrer. Peu importe où tu te trouves, il faut y croire pour la voir apparaître. »
Maria pensait avoir débloqué une pièce du puzzle. Elle espérait avoir raison sur ce point. Sa sœur Maeva avait entendu la discussion et était d'accord avec elles. Avant de travailler sur leur connexion, Maeva voulait d'abord se reposer car elle ne savait pas combien de temps cela leur prendrait pour réussir l'impossible.
Le soir même, les trois jeunes filles campèrent au milieu du terrain vague. Elles étaient loin de toute civilisation humaine. Personne ne viendrait ici car le terrain était totalement en ruine. Il ne restait plus que la structure des buts de football. Le sol, antérieurement constitué de plaques de béton de couleur orange, était devenu marron-noir. A certains endroits, il manquait des bout de plaques. Les lignes blanches étaient à moitié effacées. L'être humain n'avait pas l'air de se préoccuper de son matériel.
Elles avaient installé des sacs de couchages à même le sol. Elles discutèrent du lendemain. Maria et Maeva avaient prévu de s'entraîner sur leur connexion. Elles étaient prêtes à rester le temps qu'il faudrait pour gagner en précision. De toute manière, Maria se rendait bien compte que Maeva n'arrivait presque plus à marcher. Le repos lui ferait certainement du bien.
Durant cette soirée, l'empressement de Maria se faisait ressentir. Pour elle, dormir, c'était une perte de temps mais elle n'avait pas le choix car sa sœur en avait besoin. Le cancer la rongeait à vue d'œil. Elle s'endormait assez souvent sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle n'avait plus trop faim, et mangeait très peu. Au cours de la soirée, Maeva s'endormit au cours du repas. Maria ressentit une puissante migraine puis un coup de barre, et elle comprit que sa sœur était de plus en plus épuisée. Maria l'allongea et mit une couverture au dessus d'elle.
Amber voyait que Maria était très protectrice avec sa jumelle. Amber ressentait aussi l'inquiétude de Maria qui devenait de plus en plus importante à chaque heure qui passait. Amber se sentait impuissante. Elle n'avait pas le pouvoir de guérir les malades. Une question tournait en boucle dans sa tête :« Trouveraient-elles cette ville qui semblait imaginaire ? ». Elle regarda Maria s'endormir puis s'allongea à son tour et regarda le ciel étoilé. C' était la première fois qu'elle voyait un ciel aussi resplendissant, un ciel noir zébré d'autant d'étoiles. Elle espérait que ce ciel serait annonciateur de bonnes nouvelles. Amber était elle aussi épuisée et sombra vite dans le sommeil.
Le lendemain matin, Amber et Maria furent réveillées par Maeva qui criait « JE NE TE CONNAIS PAS ! VA-T'EN ! LAISSE MOI TRANQUILLE ! ».
Maria pensa que sa sœur était sûrement en plein délire. Elle se précipita vers elle et la prit dans ses bras. Elle essaya de la calmer en lui disant : « Chut, c'est finit, tu as dû faire un cauchemar. Je suis là, t'inquiètes pas. Je restes avec toi ! »
Maeva lui expliqua : « NON, il y avait quelqu'un à côté de moi, il voulait que je viennes avec lui. C'était réel. Crois moi ! Il me faisait peur ... »
Maria la rassura « Je te crois ! Souviens toi que je ressens tout ce que tu ressens. J'ai ressentis ta peur. Tu n'iras nulle part sans moi, compris ? »
Maeva répondit d'une petite voix : « D'accord,on reste ensemble quoiqu'il arrive ».
Maria ajouta : « Oui, je veille sur toi. Le temps presse, il faut qu'on commence dès maintenant d'essayer de nous connecter pour faire apparaître cette ville. Au plus vite on y arrive, au plus vite tu seras guérie. »
Maeva était d'accord pour commencer sans attendre. Son ventre était de toute manière noué par l'anxiété de ce mirage qu'elle avait vu. Elle avait l'impression que son âme allait bientôt la lâcher, c'était une question de jours ou de semaines. Elle ne voulait pas inquiéter davantage sa sœur, ni la traumatiser. C'était déjà bien assez effrayant pour elle ! Elles devaient donc se dépêcher de mettre la main sur cette ville magique.
Amber avait entendu leur discussion. Elle les invita à faire comme si elle n'était pas là sans se préoccuper d'elle. Elles n'avaient plus le choix, elles devaient rallumer ce don qui étaient en elles.
Une demi-heure plus tard, elles commencèrent leur entraînement. Maeva essaya de penser à une bonne part de gâteau qui lui faisait très envie. Maria avait du mal à capter ce que Maeva voulait lui montrer. Elle avait l'impression que Maeva s'éloignait de jour en jour et était de plus en plus anxieuse pour elle.
Maeva avait bien observé sa jumelle et elle ressentait son anxiété. Elle déclara : « Ne sois pas anxieuse comme ça ! Dis toi que je suis toujours là. Je suis à côté de toi. Peut-être que notre connexion faiblit parce que tu as peur que je m'en aille. Mais je ne veux pas partir. On sera ensemble à jamais ! Maintenant, on joint nos mains et on se focalise sur l'autre ! OK !»
Même malade, Maeva continuait de faire comme si elle était la plus forte. Durant sa maladie, elle avait dû grandir plus vite que la majorité des jeunes de son âge. Elle ressentait ce besoin fort de devoir protéger sa sœur de cette dure réalité. Elle n'accepterait jamais de devoir la quitter. Une pulsion de survie, nichée au cœur de chacune de ses cellules, la poussait à vouloir à tout prix garder le moral et elle voulait tenir debout le plus longtemps possible. Elle ne voulait pas que la maladie la rattrape et la déstabilise. Cet instinct de conservation l'aidait à rester en vie. Même lorsqu'elle tombait d'épuisement, elle se relevait sans cesse. Elle repoussait cette réalité trop dure à accepter. Maintenant, elle voulait être à la tête de la nouvelle expédition à venir en prenant les prochaines décisions.
Maeva prit les mains de Maria et elles se regardèrent avec une tendresse dans le regard. Avec les mains jointes, elles formaient un cercle. Ce cercle leur assurerait la proximité dont elles avaient besoin pour faire ressortir leur pouvoir. Maeva pensa à leur enfance lorsqu'elles jouaient toutes les deux dans leur cabane à tenter de deviner ce que l'autre pensait. Maria ressentit d'abord un sentiment de bien-être, cette sécurité de l'enfance. Puis elle se focalisa encore plus sur Maeva et elle vit l'image de leur cabane et de deux filles y jouant. Leur pouvoir revenait petit à petit.
Maeva lui envoya par la pensée une nouvelle image. Une image de leur mère qui préparait un bon chocolat chaud. Elle imagina l'odeur du chocolat chaud qu'elle transmit à Maria. Maria était absorbée par sa jumelle. Elle eut l'impression de revenir à cette période de l'enfance où elles étaient bien entourées et une effluve de chocolat chaud chatouilla ses narines. Cette odeur amena l'image de sa mère préparant ce fameux chocolat chaud.
Maria devait à son tour envoyer une image à sa sœur pour que le pouvoir soit total. Après tout, elles étaient deux. Elles possédaient chacune une partie de ce pouvoir qu'on ne pouvait pas dissocier. Elles étaient un peu comme deux morceaux de gâteau qui formaient un ensemble unique indissociable. Elles devaient donc l'utiliser conjointement.
Elle envoya l'image de la boulangerie de leur enfance. Puis elle compliqua la tâche en essayant de transmettre plusieurs souvenirs en même temps. Un souvenir de deux enfants devant cette boutique en train de saliver devant ces bons gâteaux. Deux petites filles semblables mais qui étaient attirées par des parfums totalement différents. L'une regardait les gâteaux au chocolat avec envie et l'autre admirait les gâteaux aux fruits rouges. Encore un souvenir de leur maman ressortant avec une part de dessert pour chacune. Puis un autre de Maeva qui faisait goûter sa part à sa sœur. Enfin Maria qui serrait sa sœur dans ses bras pour lui témoigner son affection.
Maeva mis un peu de temps à recevoir ces réminiscences. Mais en découvrant ces images, cela la fit saliver. Même si elle n'avait pas faim, elle n'avait pas perdu le goût et l'odorat. Il y avait toujours des odeurs qui lui faisaient envie, comme par exemple le chocolat.
Elles avaient réussit à utiliser leur pouvoir ensemble. Maeva était contente et Maria ressentit avec force cette émotion. Maria lui dit télépathiquement qu'elle l'aimait tendrement.
A deux, elles se sentaient plus fortes. Grâce à ce pouvoir et à cette force, une sphère magique grise-noire grossissait entre elles deux. Elle devenait de plus en plus claire à mesure qu'elle grandissait. Maria et Maeva regardaient cette sphère prendre de l'ampleur et elles se demandaient ce que cela pouvait bien être. A l'intérieur de cette sphère, on commençait à voir une petite ville apparaître. Cela ressemblait fort à une sorte de boule à neige où l'on peut apercevoir des paysages à l'intérieur. C'était exceptionnel.
Maria et Maeva rompirent leur cercle d'un commun accord pour laisser cette sphère continuer à prendre de l'ampleur. Elles se tenaient toujours par une de leurs mains. Elles étaient prête à découvrir cette ville de leur rêve. Une porte s'ouvrit sur la sphère devenue blanchâtre. Maria, Maeva y entrèrent et Amber réussit à les suivre. La sphère blanchâtre disparut aussi vite qu'elle était apparue. A la place, il y avait un large rond noir qui laissait supposer que quelque chose avait brûlé à cet endroit précis.
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