Après avoir découvert le fameux secret du Père Noël, Amber n'avait qu'une seule envie : poursuivre son immersion à Rovaniemi dans cette ville baignée par la magie de Noël. Elle voulait voir ce qui adviendrait de cette petite fille Ambroise. Elle sauta littéralement dans le chapitre suivant et arriva à la page dédiée à la nouvelle vie du Père Noël et de sa fille. Amber choisit d'être une spectatrice invisible ici pour ne pas chambouler l'histoire.

Le Père Noël avait commencé à réorganiser son emploi du temps pour pouvoir passer un peu plus de temps avec sa fille. Il avait pris son après-midi pour veiller sur elle et chercher une nounou. Quelques lutins avaient sélectionné des nourrices travaillant jour et nuit. Une petite dizaine de nourrices faisaient la queue dans le bureau du Père Noël pour rencontrer l'enfant et s'entretenir avec son père. Elles avaient toutes des expériences des plus variées dans la garde d'enfants que ce soit à leur domicile ou à celui des parents. Elles avaient pour motivation de prendre soin de l'enfant et de son bien-être, de l'aider à se développer. En passant l'entretien d'embauche, elles avaient chacune pour objectif de rassurer aussi bien le parent biologique que l'enfant.

On dit souvent que les enfants ont cette capacité de sentir si la personne est bonne ou mauvaise. C'est ainsi que se passa le choix de la bonne nourrice. À chaque fois qu'une nourrice entrait dans le bureau, Ambroise se mettait à pleurer. La dernière prénommée Mary arriva sur un pas hésitant. Elle avait une longue jupe rouge et un pull en laine blanc, des cheveux noirs et blancs relevés en chignon et semblait timide au premier abord. Elle avait peur que la petite dorme, c'est pourquoi elle avançait à pas de loup pour ne pas la réveiller. Elle arriva près du landau sans que la petite ne dise rien. Elle se rendit compte qu'Ambroise avait les yeux grand ouvert petite fille. Ses yeux étaient d'un bleu clair scintillant et ses cheveux marron foncé avec des mèches dorées qui brillaient au soleil. La petite lui tendit la main et la nourrice lui donna son doigt. Ambroise se mit à sourire et Mary lui rendit son sourire. Ambroise était radieuse.

Son père souffla de soulagement d'avoir enfin trouvé la bonne personne. De but en blanc, il lui annonça en haussant le ton : « AH ! ENFIN ! QUEL SOULAGEMENT ! MOI QUI PENSAIS NE JAMAIS TROUVER UNE NOURRICE DIGNE D'ELLE ! C'EST DÉJÀ ANGOISSANT DE DEVOIR CONFIER SA FILLE, MAIS ALORS DE LA VOIR TOUTES LES REFUSER JUSQU'À VOTRE ARRIVÉE, C'EST UNE ÉPREUVE ! MA FILLE EST SÉLECTIVE ! DONC VOUS ÊTES ENGAGÉE ! VOUS COMMENCEZ DEMAIN ! BIENVENUE DANS VOTRE NOUVELLE MAISON. ET QUEL EST VOTRE PRÉNOM ? »

Toujours hésitante, la jeune femme répondit simplement : « Merci, je me nomme Mary ! »

Il précisa :  « Non, c'est moi qui vous remercie infiniment ! Sans vous, j'aurais été perdu. Vous savez sans doute que je suis le Père Noël, et je vous présente ma fille Ambroise. Sa mère s'en est déchargée après sa naissance, et je ne peux m'en occuper seul. Je veux juste qu'elle soit heureuse en ces lieux et qu'elle rencontre d'autres personnes que les lutins. Ambroise aura besoin d'une figure féminine sur qui elle pourra compter. Cette personne devra être loyale et fidèle. Bien entendu, vous serez logée et nourrie gratuitement en plus de recevoir un salaire. Cela vous convient ? »

Mary acquiesça. Elle n'avait jamais aimé s'imposer. Elle espérait être à la hauteur des responsabilités qu'on lui proposait. Elle voulait le meilleur pour Ambroise. Elle l'avait à peine vue quelques minutes qu'elle sentait déjà naître en elle un sentiment d'amour et de tendresse envers Ambroise qui grandissait à chaque seconde. Amber l'observa attentivement et remarqua en effet que Mary était très heureuse de pouvoir occuper ce poste.

Amber voulait continuer d'espionner Mary et Ambroise. Mary avait quelque chose d'intrigant. Elle ne savait pas quoi exactement, mais elle comptait bien le découvrir. Amber accéda à la page suivante. Mary allait commencer sa nouvelle fonction. Elle parvint devant la porte du bureau du Père Noël où elle toqua avec empressement. Mary était très enthousiaste à l'idée de revoir Ambroise et de s'occuper d'elle toute la journée. Pour elle, c'était une bénédiction cette offre d'emploi. Elle était en effet sans emploi depuis presque un an. Elle recherchait un poste de longue durée. Elle voulait aussi ressentir ce feeling avec les parents et avec l'enfant. Cette intuition était très importante dans ce métier pour pourvoir répondre au mieux aux besoins de l'enfant et bien entendu satisfaire les parents. Et ici, ce n'était pas n'importe qui qu'elle devait satisfaire, c'était le renommé Père Noël Finlandais...

En voyant arriver Mary, Le Père Noël invita la nounou : « Allez-y ! Entrez ! Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas méchant ! Dites vous que je suis un homme lambda qui a besoin de votre aide. Et pas d'inquiétude, je suis là si vous avez des soucis avec ma fille. Maintenant, passons aux choses importantes ! D'abord, cette mission ne se déroulera pas dans mon Bureau de Poste, mais bien entendu à mon domicile. Ensuite, j'ai fait décorer une chambre et une salle de jeux pour Ambroise ainsi qu'une chambre privative adjacente à celle d'Ambroise pour vous. Tout le matériel de puériculture adéquat est installé dans la maison. Par la suite, j'aimerais que l'on forme une sorte d'équipe pour bien éduquer la petite. Pour cela, je vous invite à lui m'indiquer s'il manque du matériel, ou à m'informer des éventuels problèmes que rencontre Ambroise (crises d'enfants, problèmes médicaux, ...). Autre chose, ne soyez pas timide avec moi, je veux juste le meilleur pour elle. »

La jeune femme assura : « J'essayerais de faire de mon mieux pour être à la hauteur ! »

Une fois l'espace de vie visité, le Père Noël retourna travailler avec ses lutins. Mary était enfin seule avec l'enfant qui dormait à point fermé. Immédiatement, la nounou pensa « attention, il faut se méfier de l'eau qui dort, ça ne dure jamais bien longtemps ! ». Une minute après avoir eu cette pensée, Ambroise faisait déjà entendre sa voix.

Mary la prit dans ses bras et se mit à parler à l'enfant : « Oh, j'ai l'impression que tu as ressenti ma présence. Normal, on dit souvent que les bébés ont une intuition particulière. Et toi, je sens que tu es une chipie qui ressent dès qu'on s'éloigne trop de ton berceau ! ». Cependant, elle était bien loin de la vérité.

Lorsque Amber tourna la page, quelques semaines avaient passé. Ambroise avait eu deux mois. Jusqu'à présent, Ambroise et la nounou s'entendaient à merveille. Ambroise pleurait rarement sauf quand elle avait faim. La nounou adorait prendre soin d'elle. Elle n'avait pas peur de dormir très peu. Et elle s'entendait également très bien avec le Père Noël. Le feeling qu'elle avait ressenti à l'embauche leur avait permis de faire front ensemble pour garder et éduquer l'enfant dans les meilleures conditions possibles. Le Père Noël prenait le relais une grande partie de la nuit pour que Mary puisse se reposer. L'un comme l'autre aimaient l'enfant d'un amour inconditionnel. C'était d'ailleurs cet amour inconditionnel qu'avait utilisé Ambroise pour les rapprocher.

Un soir où Ambroise était seule avec la nounou, elle appela son père par la pensée :  « PA PA ! » . Son père accourut si vite et tellement terrifié, que la nounou se posa des questions. En voyant sa fille sourire, il comprit qu'elle lui avait joué un mauvais tour. Si à deux mois, elle était en mesure de communiquer par la pensée, quelle serait alors l'étendu de ses réels pouvoirs ? Il prit sa fille et la posa dans le parc à côté d'eux.

Il invita Mary à venir s'asseoir à côté de lui. Il voulait jouer franc jeu avec elle et ne pas lui mentir. Il avait peur qu'elle se sauve en courant en découvrant tôt ou tard la vérité, et il n'était pas prêt à revivre ce qu'il avait vécu avec son ancien amour. C'est pourquoi, il lui dit de but en blanc : « Ce que je vais vous dire risque certainement de vous choquer. Mais je ne veux surtout pas que vous preniez la fuite en découvrant cela. Tôt ou tard, Ambroise vous montrera qu'elle a des pouvoirs. Ne soyez pas terrifiée. Je la guiderai autant que possible vers la bonne voie. Je vous demande juste de continuer à faire votre travail habituel sans la laisser seule sans surveillance. Restez bienveillante comme vous l'êtes. Son pouvoir augmentera au fur et à mesure qu'elle grandira. Il faudra garder le cap malgré les difficultés ».

La nounou regarda attentivement le Père Noël, elle comprit qu'il était sérieux. Elle vit aussi l'inquiétude se dessiner sur le visage de cet homme. Elle fit ce qu'elle crut bon de faire. Elle posa sa main sur la joue du Père Noël pour le rassurer et lui indiqua : « Ne vous inquiétez pas ! Je n'ai pas peur ! Je ne partirais pas ! Je suis solide comme un roc, ce n'est pas un petit bébé potelé qui va me faire peur ! J'en ai vu des bébés coriaces, et votre fille est une perle ! »

Cependant, en faisant ce geste, elle reçut une petite décharge de magie bleutée qu'il ressentit aussi. Mary ne savait pas au juste ce que cela signifiait. Mais le Père Noël comprit que Mary était celle qu'il cherchait depuis si longtemps. Ambroise l'avait-elle deviné aussi ?

Or, même si Mary était sa destinée, il ne pouvait pas le lui dire. Il devait attendre que l'amour fasse son petit bout de chemin. Lorsqu'il s'agit d'amour, l'utilisation de la magie était strictement interdite. De plus, même s'il éprouvait déjà des sentiments, il ne savait pas si c'était aussi le cas du côté de Mary. Il n'avait donc pas le choix de laisser les choses se faire tout doucement.

Mary se sentait étrangement en confiance avec cet homme qu'elle connaissait à peine. Elle avait le sentiment de le connaître depuis toujours. Elle ne voulait cependant rien tenter pour l'instant, car elle était seulement la nounou d'Ambroise, et la priorité, c'est cette petite princesse. En plus, Mary se dit que si Ambroise avait réellement des pouvoirs, elle aura plus que jamais besoin de soutien. Elle se demanda si ce cher Père Noël avait lui aussi des pouvoirs qu'il cachait. Pour elle, c'était un grand mystère sur lequel elle refusait d'enquêter, car elle savait pertinemment qu'un jour ou l'autre, le Père Noël lui dévoilerait ses secrets s'il se sentait prêt.

Amber était émue d'avoir découvert cet amour naissant. Elle accéléra sa projection dans l'histoire et parvint à la célébration du premier anniversaire d'Ambroise. Une grande fête avait été organisée pour l'événement. Les lutins avaient sélectionné des invités dans la région pour se joindre aux festivités. Ambroise avait bien grandi. Ses cheveux lui arrivaient en dessous des oreilles, ses yeux étaient devenus bleus-violets. Elle avait un tel regard hypnotique qu'on pourrait s'y plonger dedans tout entier et oublier d'où l'on venait. Elle commençait déjà à marcher et elle prenait plaisir à toucher à tous les objets qui étaient à sa portée. Elle avait un caractère bien trempé aussi, à tel point qu'elle détestait qu'on lui dise non. Ce jour-là ne fit pas exception à la règle. Sa nounou refusait catégoriquement qu'elle touche aux bougies qu'on avait préparé pour son gâteau. Ambroise choisit malgré tout de contourner cette interdiction. Puisqu'elle ne pouvait pas en avoir, elle allait se servir directement à la source. Elle cligna des yeux et la bougie arriva dans ses mains comme par magie. Mary et le Père Noël avaient été témoins de ce tour de magie incroyable. Ils se précipitèrent sur elle en même temps pour intercepter cet objet. Ambroise se mit à rire et s'éclipsa avant qu'ils ne parviennent à elle. Nos deux personnages principaux se cognèrent mutuellement la tête. Ils furent surpris et éclatèrent de rire. Ambroise s'éclipsa à nouveau avec la bougie à la main pour se jeter dans leurs bras à tous les deux et leur fit un câlin collectif plein de douceur et d'amour.

Le câlin que leur fit Ambroise déclencha une petite étincelle qui vibra au fond de leur cœur. Ils se lancèrent un long regard, et oublièrent pendant quelques secondes la présence d'Ambroise. Mary se demanda si le Père Noël ressentait les mêmes sentiments qu'elle ou si ce regard langoureux n'était qu'une coïncidence. Ambroise chercha à attirer l'attention de son père. Elle visualisa la bougie encore présente dans sa main et la mèche de cette bougie s'alluma et se mit à chauffer. En l'espace d'une demi-journée, Ambroise avait réussi à sortir trois pouvoirs encore inexistants auparavant. Sa magie prenait de plus en plus d'ampleur. Le Père Noël avait conscience que les pouvoirs de sa fille se développaient à une trop grande vitesse. C'était trop rapide pour lui. Il espérait que le développement de ses pouvoirs allait un peu ralentir, car sinon il n'était pas sûr de pouvoir l'aider à s'entraîner convenablement. Il avait un peu peur de ce qu'elle serait capable de faire dans le futur. Si la magie était trop forte, elle risquait de ne pas savoir se maîtriser. Il n'avait pas envie de devoir brider ses pouvoirs. Pour l'instant, elle était trop petite pour y penser. Il pensait qu'il est donc plus judicieux d'attendre qu'elle grandisse encore pour voir où cela la mènera et quelle sera l'étendue exacte de ses pouvoirs.

Amber était impressionnée par la démonstration d'autant de pouvoirs. Elle se sentait proche d'Ambroise alors qu'elle la connaissait à peine. Elle avait l'impression qu'elles se ressemblaient. Amber passa quelques pages. Elle arriva devant la porte de la chambre du Père Noël. Celui-ci était en grande conversation avec Mary. Il lui avoua que les pouvoirs d'Ambroise se développaient trop vite. Il ne savait plus ce qu'il devait faire, il se sentait perdu. Il n'avait jamais vu autant de pouvoirs en un si petit être. Il avait peur qu'elle fasse du mal à Mary ou à une tierce personne sans le vouloir. Il ne voulait pas que cela arrive. Il avait des larmes aux yeux. Amber ne pensait pas le Père Noël aussi émotif. Il avoua qu'il voudrait que Mary reste mais qu'il préferait se séparer d'elle pour l'instant dans la mesure pour éviter qu'un malheur ne survienne. Mary le regarda droit dans les yeux et lui affirma qu'elle ne partirait pas même si sa vie en dépendait. Elle aimait réellement Ambroise comme sa propre fille et voulait le meilleur pour elle. Elle avait besoin d'un modèle maternel pour aller dans le droit chemin. C'était encore plus vrai maintenant que ses pouvoirs grandissaient. De plus, Mary avait un aveu à faire au Père Noël...

Elle hésita un instant et se jeta à l'eau. Elle n'avait plus le choix. Elle ne voulait pas être mise à la porte de ce travail qui lui plaisait tant. Elle avoua qu'elle avait caché délibérément ses sentiments qu'elle avait pour lui. Elle avait commencé à ressentir un sentiment d'amour lorsqu'elle avait reçu cette décharge électrique. Elle se refusait à se l'avouer à elle-même par peur de mettre en péril son travail. Elle ne voulait pas mélanger sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Mais elle ne pouvait plus se retenir. Ce sentiment était de plus en plus fort, et devenait oppressant. Elle avait peur de la réaction du Père Noël.

Elle ajouta : « Je pense pouvoir être à la hauteur de la mission que vous me demandez. Je protégerai votre fille au péril de ma vie s'il le faut. Faites moi juste confiance. Certes, je n'ai pas de pouvoirs magiques comme votre fille ou comme vous. Mais j'ai un autre pouvoir très utile, je sais être attentive et à l'écoute. Votre fille aura plus que jamais besoin de se confier de ses pouvoirs ou de ses problèmes féminins. J'ai de l'expérience et je suis une femme qu'elle connaît et qu'elle affectionne. Je suis forte et j'aime mon travail. Par ailleurs, je suis capable de ressentir les émotions des autres rien qu'en les regardant. Je sens une onde énergétique positive ou négative qui émane de ces personnes. Si votre fille dévoile une négativité, je serais en mesure de la discerner et de vous en faire part. Dites moi juste de continuer mon travail. »

Le Père Noël lui répondit avec le même enthousiasme : « Comprenez moi bien,  j'ai peur pour votre sécurité car je commence à éprouver un sentiment nouveau envers vous. Le même que le vôtre. Ce sentiment est de plus en plus fort. Malgré mes pouvoirs, je ne sais pas si je pourrais vous protéger et cela me fait vraiment peur. J'accepte que vous poursuiviez votre travail. Mais si les pouvoirs de ma fille augmentent trop, nous devrons trouver une solution ensemble. »

Mary lui rétorqua : « Nous mènerons cette bataille ensemble. Nous créerons une sorte de nouveau partenariat basé sur l'amour. Je voudrais entamer une nouvelle relation amoureuse avec vous si vous êtes d'accord. Cet amour naissant pourrait bien aider Ambroise à aller dans le droit chemin. »

Le Père Noël accepta cette proposition avec joie. Il était ravi de commencer une nouvelle histoire d'amour surtout avec la personne en qui il avait le plus confiance dans son entourage.

Amber replongea un peu plus loin dans le livre. Elle se retrouva devant la porte de la chambre d'Ambroise. Quelques années avaient passé. La petite fille avait maintenant quatre ans. Contrairement à ce que pensait son père, ses pouvoirs ne s'étaient pas intensifiés. Elle n'avait en effet pas du tout conscience de ses pouvoirs et de ses actes. Ses pouvoirs avaient l'air de s'être endormis. Mais dès son quatrième anniversaire, ils s'étaient développés davantage.

Elle avait commencé à comprendre qu'elle avait un don qu'elle pouvait utiliser à son avantage. Elle avait appris à les maîtriser seule en cachette. En plus du pouvoir de télépathie, de pyrokinésie, de télékinésie et de téléportation, elle devenait invisible lorsque bon lui semblait. C'était d'ailleurs ce don qu'elle utilisait pour espionner son père et Mary lorsqu'ils restaient seuls tous les deux. Elle avait découvert qu'ils aimaient de plus en plus se retrouver en tête-à-tête, et elle les avait surpris en train de s'embrasser à plusieurs reprises. À chaque fois qu'ils s'embrassaient, Ambroise souriait intérieurement. Elle était contente pour son père qui avait trouvé son bonheur. Même si c'était encore une petite fille, Ambroise était très mature pour son âge. Elle était capable de ressentir lorsque deux personnes étaient complémentaires. Elle voyait une sorte d'onde électromagnétique lumineuse similaire se dégager des personnes ayant cette ressemblance. Le père Noël et Mary avaient la même onde lumineuse qui retentissait devant elle. Ils formaient un duo si bien que l'un n'allait pas sans l'autre. Chacun tirait sa force de l'autre. Par ailleurs, Ambroise aimait jouer les entremetteuses avec ces personnes qu'elle aimait tant.

Ambroise semblait si bien cacher ses pouvoirs, elle voulait ne rien laisser paraître. Cependant, ses pouvoirs devenaient de plus en plus forts, elle commençait à en avoir peur. Et la peur ne résout rien dans ces conditions. Elle ne savait pas à qui en parler. Elle n'avait jamais vu ni Mary, ni son père en utiliser, si bien qu'elle se crût seule à en avoir. Elle avait peur de leur réaction. Jusqu'à ses cinq ans, elle resta silencieuse. Mais cela devenait de plus en plus difficile de contenir sa magie dans cette bulle qu'elle avait créée. Chaque jour, elle souffrait de plus en plus et disait à son père qu'elle était fatiguée, qu'elle avait besoin de s'isoler dans sa chambre. Son père trouvait cela de plus en plus étrange, et il n'aimait pas voir sa fille s'isoler du reste du monde. Mary le voyait aussi. Elle essayait de discuter avec Ambroise, mais cette dernière la repoussait inlassablement. Un soir, Mary et le Père Noël invitèrent Ambroise à s'asseoir autour d'un feu de bois. Ils devaient renouer le dialogue avec Ambroise et éclaircir la situation au plus vite avant que les choses ne s'enveniment plus. Malgré les récalcitrances d'Ambroise, le Père Noël lui avoua :

« Je vois bien que tu te renfermes sur toi-même. Je sens lorsque quelque chose ne va pas. Et ça ne peut pas continuer ainsi. Pour que tu puisses continuer à avancer, il faut que tu saches que tu n'es pas la seule à avoir des pouvoirs. C'est moi qui t'ai transmis une partie de mes pouvoirs. Ta mère biologique, qui est partie à ta naissance, n'en avait pas. Jusqu'à présent, tu as réussi à les cacher, mais nous ne sommes pas dupe. Tes pouvoirs sont de plus en plus forts. Pour les maîtriser, tu auras besoin de mes connaissances en la matière. Quant à Mary, elle t'apprendra à te détendre. Mais avant toute chose, il faut laisser exploser cette bulle que tu as créée et laisser les pouvoirs se déverser en toi. Accepte notre aide. Il ne faut pas attendre, c'est aujourd'hui qu'il faut commencer à explorer ce monde magique qui est en toi. »

Ambroise était soulagée de cet aveu. Elle comprenait enfin d'où lui venait ses pouvoirs. Elle accepta tout naturellement l'aide de son père et de Mary. Pour faire exploser cette bulle, elle devait se détendre et fermer les yeux. En fermant les yeux, elle imagina cette bulle où tous ses pouvoirs se trouvaient et lui donna l'ordre à haute voix à trois reprises : « EXPLOSE, EXPLOSE, EXPLOSE ! ». La bulle éclata d'un seul coup en plusieurs morceaux qui s'éparpillèrent en elle. Cette explosion était si forte que même Mary la ressentit. Ambroise souriait enfin, elle avait fait le plus gros travail sur elle-même. Il ne lui restait plus qu'à s'entraîner avec son père pour parvenir à les maîtriser.