Le lendemain, Amber se rendit au Main Post Office. Elle était attendue par deux petits lutins qui lui donnèrent un costume de lutine conçue spécialement pour elle, à sa taille. Cette attention particulière la toucha tellement qu'elle s'écria : « OH MILLE MERCI !  Il est trop beau ce costume ! C'est un honneur pour moi de faire partie de votre bande de lutins ! »

Le Père Noël lui expliqua : « Pendant ce stage, tu seras ma coéquipière principale durant les prochains jours. En m'assistant, tu devras mettre du cœur dans chacune de tes missions, et prouver que tu es bien la magicienne des livres et des esprits. Ta première mission consistera à rencontrer les enfants, et tenter de discerner ce qu'il y a de bon et de mauvais dans chaque enfant avant que celui-ci voit le Père Noël. C'est une des missions les plus importantes au royaume du Père Noël. ».

Elle se plaça à coté du Père Noël et discuta avec chaque enfant, elle se concentra pour essayer de lire en eux. C'était assez difficile au début. Mais à la fin de la journée, elle commença à comprendre comment réussir. C'était un peu comme dans un livre. Elle devait prendre son temps et se concentrer pour tenter de discerner le tempérament et les qualités de chaque enfant. A force de persévérance, elle parvint à dégager un trait de personnalité pour chaque enfant qu'elle indiqua au Père Noël. À la fin de la journée, elle avait fait d'énormes progrès. Elle n'était pas encore en mesure de distinguer la couleur de l'aura de la personne interrogée, mais pouvait entrevoir une partie de son caractère. En outre, elle commençait à deviner si l'enfant était un « enfant de la lumière » ou un « enfant de l'ombre ». Comprenons ici que l'un répandra la bonté, le bonheur, la sagesse tandis que l'autre se chargera de propager le malheur, la cruauté, la tristesse. Il se peut aussi qu'un enfant ait la lumière et l'ombre en lui, mais cela restait rare. Dans cette mission, Amber avait surtout vu de la lumière émaner des enfants.

Après avoir vu des centaines d'enfants défiler devant ses yeux, elle se sentit en mesure de passer à la page suivante de son livre, la deuxième mission du Père Noël : le traitement et l'expédition des courriers. Les courriers reçus provenaient de différents pays et étaient donc dans des langues variées.

Contrairement au Père Noël, Amber ne connaissait qu'une seule langue pour le moment. Le père Noël lui confia donc les lettres en provenance de la France. Elle devait lire les courriers, noter sur un grand parchemin le nom, prénom, ville de chaque enfant et le cadeau demandé. S'il y avait des souhaits autres que des cadeaux comme par exemple « vouloir rendre une personne heureuse », elle devait le noter et le surligner. Cela signifiait que l'enfant avait besoin d'amour et qu'il n'était pas matérialiste. À l'heure d'aujourd'hui, peu d'enfants faisaient ce souhait-là. Ce vœu était très difficilement réalisable même pour le Père Noël. Lorsque cela arrivait, il fallait essayer de visualiser l'enfant et de voir ses centres d'intérêts pour trouver le cadeau idéal en dehors du « bonheur ». 

Elle devait ensuite répondre à chacun d'entre eux et apposer le tampon du Père Noël. Durant cette mission, elle regarda les lutins et le Père Noël à l'œuvre. Ils travaillaient extrêmement rapidement, à tel point qu'on devinait qu'il y avait de la magie dans l'air pour les aider. Elle était impressionnée par le nombre de langues parlées par le Père Noël et ses lutins. Peut-être qu'un jour elle maîtrisera d'autres langues, en tout cas, elle l'espérait fort. Ayant très vite compris les mécanismes à l'œuvre ici, cette mission ne dura qu'une demi-journée d'apprentissage. Elle fut très vite opérationnelle et passa directement à la page suivante.

Elle arriva à la Fabrique de jouets. Grâce à la précédente mission, les lutins étaient en mesure de connaître la liste de cadeaux de chaque enfant et de fabriquer un ou deux jouets par enfant. Des machines de toutes les couleurs et de toutes les dimensions étaient représentées dans ce lieu. Des manivelles permettaient de les actionner. Certaines machines fabriquaient des peluches, d'autres des poupées, des robots ou encore des voitures. Une machine à peinture permettait de peindre le jouet dans la couleur souhaitée. Les lutins avaient pour rôle d'actionner les manivelles et d'emballer les cadeaux dans des papiers aux multiples couleurs. Amber était émerveillée par ce monde enchanté. Elle n'avait encore jamais vu autant de machines si sophistiquées. Quelle était alors la mission du Père Noël dans ce lieu ?

Le Père Noël la taquina : « À la tête que tu fais, je vois que ce lieu t'émerveilles J'imagine que c'est la première fois que tu vois de telles machines. Peut-être as tu l'impression d'être dans une autre dimension, mais ce n'est pas le cas. Tout est bien réel ici ! »

Amber confirma : « Oui ! J'ai l'impression d'avoir passé une porte spatio-temporelle et d'être arrivée dans le futur. Je sais que ce n'est pas possible, mais j'adore cette salle, c'est magnifique. C'est tellement EXTRA tout ça ! Merci d'avoir fait de moi votre lutine, c'est un honneur de vous suivre ! »

Il lui expliqua ensuite son rôle : « Je viens de temps en temps ici pour tout superviser. Je vérifie que les machines fonctionnent correctement. Si l'une d'entre elle vient à rencontrer un dysfonctionnement,  je dois immédiatement la réparer pour ne pas ralentir le travail. En effet, si une machine s'arrête pendant une heure, des milliers ne jouets ne seront alors pas produits. Pour pallier à cet diminution de la production, il faudra soit accepter de livrer moins de jouets, soit ensuite accélérer encore plus la cadence au risque de fatiguer les lutins. C'est donc trop risqué pour leur santé. En outre, je vérifie que les lutins restent en forme et qu'ils ne se surmènent pas. Je règle  les problèmes que rencontrent les lutins pour créer certains jouets. Il est tout à fait possible qu'un jouet ne soit pas répertorié dans la base de données du Père Noël. Dans de rares cas, je le fabrique avec un peu de magie.»

Amber observait chaque lutin. Chacun de leurs gestes était précis et méthodique. Ils étaient très rapides aussi. Elle se demandait si là encore il n'y avait pas un peu de magie présente dans ce gigantesque atelier.

A cette question mentale, le Père Noël lui répondit : « Oui, oui, il y a de la magie partout... Tu t'y habitueras à force ! Saches aussi que chaque lutin occupe un poste particulier en fonction de leur vitesse. Ils ont leur propre méthode pour aller plus vite. Les plus lents actionnent les leviers et les plus rapides s'occupent des finitions. Mais ma magie est une source d'énergie qu'ils utilisent pour ne pas être trop fatigués. Dit toi que c'est un peu comme cette barre chocolatée que tu manges après avoir fait du sport."

Après avoir vue cette grande fabrique, elle passa à la page suivante : les rennes du Père Noël. Cette mission était de la plus haute importance. En effet, sans eux, le traîneau ne pouvait pas voler et le Père Noël n'arriverait pas à distribuer tous ses cadeaux. 

Elle se plongea dans cette mission avec empressement. Elle allait enfin pouvoir voir et caresser un renne. C'était si extraordinaire pour elle qu'elle sautilla de joie sur place. 

Elle se dirigea vers leur espace de vie et rentra sur leur territoire. Elle découvrit plusieurs lutins qui prenaient  soin des rennes. Ils les nourrissaient avec notamment des lichens, des carottes, des plantes et des champignons. Ensuite ils les entraînaient chaque jour pour qu'ils deviennent de plus en plus rapides. Mais ce qu'ils préféraient, c'était jouer avec eux. Ces animaux doux et affectueux, étaient aussi très espiègles et prenaient plaisir à piéger leurs amis les lutins lorsqu'ils jouaient entre eux. 

Ici, le Père Noël aimait chacun de ses rennes. Il leur parlait chaque jour dans leur langage afin de savoir s'ils étaient heureux, s'ils ne manquaient de rien. Avant le grand voyage, il leur donnait encore plus de lichens pour qu'ils aient plus de force et de vitalité. Il aimait aussi se confier à ses rennes, car le Père Noël n'était pas seulement un magicien, c'était aussi un être humain avec ses forces et ses faiblesses. Par dessus tout, le Père Noël adorait câliner et cajoler les rennes, c'était quelque chose de fabuleux et de magique à la fois. 

Amber décida de s'approcher d'un lutin et d'un renne. Le petit lutin la salua : « Salut, je m'appelle Lulu, et toi tu dois être la nouvelle lutine en stage.  Ce renne s'appelle Éclair, ce qui signifie celui ou celle qui répand la lumière. C'est une femelle, elle sera douce si tu fais preuve de douceur. Il ne faut pas avoir peur, elle ne te mangeras pas ! »

C'était une femelle majestueuse à la peau très claire. Amber ne savait pas si elle pouvait ou non toucher Éclair. Elle attendait que Lulu lui donne un quelconque signal. Mais il n'émit aucun signal. Contre toute attente, ce fut Éclair qui frotta sa tête contre celle de la jeune fille. Ce signe d'affection bouleversa Amber qui ne s'y attendait pas. Ce message caché indiquait à Amber qu'Éclair l'autorisait à s'approcher pour s'en occuper. Amber n'attendit pas une seconde de plus. Elle entoura le renne de ses bras pour le câliner. Ce câlin était plein d'amour, de douceur et de tendresse. Elle avait réalisé un rêve de petite fille. Elle s'attendait à ce que ce câlin s'arrête là, mais Éclair lui transmit un message par la pensée : « Tu es une magicienne hors du commun, une personne douce et patiente. Merci pour cette tendresse qui me remplit le cœur de joie. Mais j'ai un conseil. Méfie toi des apparences et découvre vite ce qui s'y cache ». C'était la deuxième fois qu'Amber découvrait ce genre de message. Amber colla sa tête à celle du renne et lui renvoya un message par la pensée « Merci pour ton précieux conseil, je vais ouvrir l'œil et rester vigilante. Merci aussi pour ce câlin extraordinaire ». Éclair lui répondit à son tour « Revient quand tu veux, tu es la bienvenue, magicienne des mots ».