Chapitre 13, Part 5 : Amber et la prophétie de la louve blanche (révélations)
Sans prévenir, Lizzie s'immobilisa sur place et retint sa sœur et son amie en arrière. Elle se justifia : « Arrêtez-vous ici ! Les loups ne sont pas très loin. Je dois y aller seule ! Cette mission est la mienne, pas la vôtre. Ne bougez pas et laissez-moi faire. Je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose. Je suis celle qui a été choisie. Vous ne devez sous aucun prétexte intervenir ! Vous avez bien compris ? »
Margaret rouspéta : « Mais j'ai fait tout ce chemin pour voir les loups et non pas pour me tourner les pouces ! En plus, j'ai mal aux pieds, j'ai sûrement des cloques ! Je ne resterais pas ici sans rien faire ! Ta mission est aussi la mienne, car je suis ta sœur ! Je t'accompagnerai partout où tu iras ! Je refuse que tu prennes tous les risques et que tu nous laisses en arrière ! Le danger ne me fait pas peur ! »
Amber approuva le discours de Margaret : « Je suis d'accord avec elle, nous venons avec toi que tu le veuilles ou non ! C'est non négociable ! »
Lizzie protesta : « Non ! Vous ne comprenez pas ! La louve m'a dit de venir seule car si on arrive en groupe, ils nous attaqueront avant même qu'on ait entamé le dialogue ! Je vais essayer de régler les choses avec les loups et une fois qu'on aura trouvé un terrain d'entente, ils vous laisseront approcher ! Alors restez ici ! Et pas de bêtises s'il vous plaît les filles ! Ne me dérangez pas tant que je ne suis pas revenue ! Et restez calmes ! Pas un bruit ! »
Margaret râla : « Oh ! C'est nul ! J'en ai marre ! C'est toi la plus petite de nous deux, et c'est toi qu'ils ont choisi ! J'aurais aimé être l'élue et pas juste celle qui reste en arrière ! Et on fait quoi pendant que tu vas t'amuser avec les loups, hein ? »
Lizzie éclata de rire et prit sa sœur dans ses bras pour la remercier. Puis elle répliqua : « Crois-moi, ce ne sera pas une partie de plaisir ! Et je ne pense pas que tu aimerais avoir mes yeux blancs ! Faites comme bon vous semble ! Une sieste par exemple ! ».
La jeune fille les laissa en plan et avança vers la terrière des loups. Elle n'avait pas fait cent mètres qu'un grand loup blanc l'arrêta dans son ascension. Grâce à ses oreilles et sa queue dressées, elle reconnut immédiatement le mâle dominant. Celui-ci montra immédiatement ses dents puis grogna férocement.
Par réflexe et par peur, Lizzie recula de quelques pas. L'animal hurla :« Aouuuuh ! Aoouuhh ! Aooouuuhhh ».
La fillette comprit instantanément ce langage comme si elle l'avait déjà entendu. Pourtant, c'était la première fois qu'elle voyait un loup. Le message était clair : « Que viens-tu faire ici ? Tu es sur notre territoire ! Déguerpis, ou je te saignerais ! »
Son instinct de survie prit le dessus et sans s'en rendre compte, elle répondit : « Aoouuhh ! Aoouuhhh ! », sous-entendu « Non, je reste ! Nous devons discuter, je suis comme vous ! »
Le chef de meute se lécha les babines et la regarda avec avidité. Il affirma : « Aouuuuh ! » signifiant « Je vais te croquer sans hésiter ! ».
Avant même qu'il ait fait un pas, une petite louve blanche s'interposa entre les deux rivaux. Elle grogna et hurla : « Aouuuuh !Aooouuuuh ! Aooouuuuuh ! Aooooouuuuuuh » c'est-à-dire « Papa, laisse-là ! C'est mon amie ! C'est moi qui l'ai appelée ! Si tu dois la tuer, tu devras d'abord me passer sur le corps !»
Le père s'exclama : « Aooouuuh ! Aoooouuuuuh ! », soit « Tu ne feras pas le poids contre moi ! Tu n'es qu'une enfant, dégage ! »
D'un coup de tête, il propulsa sa fille loin de lui. Lizzie se retrouvait maintenant sans aucune protection animale. La jeune louve émit un petit jappement en signe de protestation.
Pour prouver sa domination, le grand mâle poussa un long hurlement dans une tonalité grave avant de devenir aigu. Puis il s'expliqua : «Aooouuuuh ! Aooouuuuh ! Aooooouuuuuuh ! », que la fillette traduisit sans difficulté : « Tu es sans défense maintenant ! Ton heure est venue ! Tu vas payer pour tous tes ancêtres et pour ton audace ! »
Il s'approcha de la fillette. Mais contre toute attente, elle ne recula pas et fit plusieurs pas en avant pour montrer son courage et sa détermination.
Elle lui tendit sa main en avant vers son museau et cria : « Aooouuuh ! Aooooouuuuuh ! Aooouuuh ! » soit« Vas-y, croques ! Tu es si affamé que cela ? Je te l'offre ma main ! »
Le mâle regarda cette main offerte si gentiment. Il se demanda s'il n'y avait pas un piège et si cette main n'était pas empoisonnée. Il renifla les doigts de l'enfant, et son regard changea. Sa colère intérieure était partie. Il s'en approcha timidement et frotta son museau et sa tête sur la paume de la main de la fillette, tel un animal à la recherche de caresses.
Elle s'assit à terre pour être à sa hauteur et le caressa dans le sens de son poil. Puis il chanta : « Aooouuuh ! Aooouuuh ! Aooouuuh ! Aooouuuh ! » c'est-à-dire : « Tu es elle ! Tu es Lucinda ! Tu es sa réincarnation ! Tu as son courage ! »
Les autres loups restés à l'arrière s'approchèrent doucement, ne comprenant pas trop les raisons de ce laisser-aller. Ils grognèrent, mais le dominant les fit taire et expliqua en hurlant : « Laissez-là ! Elle est des nôtres ! C'est la réincarnation de ma mère Lucinda ! Regardez ses yeux, vous nous verrez ! C'était le souhait de ma mère qu'on arrête cette guerre et qu'on trouve un terrain d'entente ! Cette fille et ses amies sont les bienvenues ! Elles veulent établir le contact et faire évoluer les mœurs ! »
À ces mots, Lizzie appela sa sœur et son amie restées en retrait et les présenta à l'assemblée des loups. Elle avait réussi une partie de sa mission.
Lizzie interrompit le loup en demandant : « Aoooooouuuuuuuh ? » à savoir « Pourquoi y a t-il autant de haines entre vous et les humains ? »
Le loup raconta dans sa langue : « C'est une longue histoire. Tout a commencé durant un hiver où il faisait affreusement froid. Nos ancêtres n'avaient plus de nourritures ni pour eux, ni pour leurs petits. Ils se sont approchés de la ville des humains pour essayer de trouver quelque chose à manger et à partager entre eux. Après tout, ils avaient de la nourriture à foison ! Nous sommes entrés dans une sorte d'étable. Nous avons repéré de succulents moutons. Nous ne savions pas que c'était des animaux domestiqués par l'homme. Nous vivons à l'état sauvage, nous n'avons pas toutes vos connaissances. Bref, nous avons tué plusieurs bêtes et le raffut a interpellé les habitants qui se sont rassemblés et nous ont chassé. Ensuite, durant le printemps, nos ancêtres pensaient être tranquilles pour mettre au monde leurs petits louveteaux, puisque c'était la saison des reproductions. Mais une chasse sans merci a commencé, menée par les hommes du village. Ils nous ont attaqué pour nous tuer sans nous laisser une chance de survie. Toutes les meutes des environs étaient visées. Seulement quelques loups ont survécu. Ils voulaient utiliser notre fourrure pour fabriquer des tapis, des vêtements chauds et des manteaux. C'était œil pour œil, dent pour dent ! Certains humains ont même pris plaisir à manger notre viande pour nous donner une bonne leçon. Nous n'avons plus jamais remis les pieds dans leur village. Mais eux, chaque printemps, ils n'hésitaient pas à nous chasser comme un vulgaire gibier ! Nous avons fui aussi loin que possible, mais cette peur persiste... »
Les trois filles avaient des larmes qui coulaient sur leurs joues et s'écrièrent en même temps : « Mais c'est horrible ! On ne nous a jamais parlé de cette chasse aux loups ! ».
La petite louve assise entre son père et son amie grogna :« Aooouuuh ! Aooooouuuuuh ! Oui, ils n'osent pas avouer ! C'est plus facile de dire que nous sommes des animaux cruels ! ». Puis elle changea de sujet : « Au fait, il se fait tard, vous devriez déjà être chez vous à cette heure-ci ! Je ne veux pas qu'on s'en prenne encore à nos familles ! »
Elle s'adressa ensuite à son père : « Aoooouuuuh ! Aooooouuuuuh ! », se traduisant par « Papa, la nuit commence à tomber. Pouvons-nous ramener nos amies chez elles pour ne pas que leurs parents s'inquiètent ? »
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