Le lendemain matin, les trois filles s'étaient réveillées aux aurores pour partir à l'aventure. Le père des deux sœurs avait été prévenu la veille que les jeunes filles allaient profiter ensemble pour faire plus ample connaissance et pour visiter le paysage de cette fabuleuse ville. Il ne se doutait de rien puisque ses filles ne lui mentaient jamais ! Il les considérait comme ses petites filles modèles. Et il était fier qu'elles rendent service à une inconnue.

Depuis qu'Amber avait vu les loups dans les yeux de cette enfant, elle se sentait attirée vers ces créatures majestueuses. Elle était surexcitée à l'idée de retrouver leurs traces. Cependant, elle n'était pas certaine de se souvenir exactement du chemin qu'elle avait emprunté. L'excitation laissa place à l'inquiétude et elle pensa : « Et si mon cerveau me jouait des tours ? »

Amber interrogea ses deux nouvelles amies : « Vous êtes prêtes ? Vous avez prévu un sac à dos pour chacune d'entre nous avec de la nourriture et des boissons ? »

Margaret, sûre d'elle, affirma : « Oui, nous sommes plus que prête ! Let's go ! (c'est partit en anglais.). La route sera longue ! Ready Amber ? (Prête en anglais.) »

Amber avoua : « Oui, j'ai hâte de retrouver leur chemin, je sens encore leurs regards sur moi et j'entends leur appel ! Au fond de mon cœur, j'ai l'impression d'être reliée à ces loups par un fil invisible. Ils m'intriguent et je pense qu'ils ont besoin d'aide. Et en même temps, je suis terrifiée à l'idée de me tromper de route. Mais logiquement, c'est toujours tout droit à partir d'ici ! »

Lizzie dit timidement : « Je pense que tu sauras mieux que nous par où passer ! On te fait confiance. Je te comprends pour ce lien magique. C'est ce que je ressens depuis toute petite. J'ai cette image des loups dans ma tête, mais je n'ai jamais osé partir à l'aventure. Et franchement, avec toutes les histoires qu'on nous raconte sur les loups, on a fini par croire qu'ils étaient cruels. J'ai fait un blocage, et je n'ai jamais osé bouger de mon village. Mais maintenant que tu les as perçus dans mon regard, ce lien s'est accentué. Il est plus fort, j'ai l'impression d'entendre leurs hurlements. Je sens qu'ils cherchent à établir le contact ! Dépêchons-nous ! »

Amber demanda : « Avant de partir, vous sauriez me dire pourquoi les humains d'ici haïssent autant ces loups blancs ? »

Margaret et Lizzie expliquèrent : « On n'a jamais vraiment su exactement. Mais notre grand-père nous racontait souvent que les loups étaient des chasseurs redoutables et qu'ils n'hésitaient pas à tuer les humains sur leur passage. Ce sont beaucoup de vieilles légendes et vieilles théories. Certains disent même qu'ils ont été attaqués par une meute de loups sans raison et qu'ils ont des cicatrices. On ne sait pas si c'est une invention ou la vérité. Mais on voudrait en avoir le cœur net, et faire cesser cette guerre idiote entre loups et humains. Eux ne peuvent pas s'approcher du village sous peine d'être tués et nous on ne peut pas aller dans la vallée des loups, ni se promener trop loin du village. Cette peur est ancrée et il faut changer cela ! »

Amber se désola : « Non, mais j'y crois pas à tout ça ! Il y a forcément une raison à toutes ces histoires qui ont ni queue ni tête ! Logiquement, les animaux n'attaquent pas sans raison ! Il faut trouver ce que tout le monde n'ose pas dire ! Allez, c'est partit en direction de nos amis les loups ! »

Après avoir marché une heure, elles arrivèrent en haut du mont qu'Amber avait traversé quelques jours plus tôt. Ils s'arrêtèrent pour admirer la vue. Cette vue était à couper le souffle. Les deux jeunes sœurs n'avaient jamais vu la ville d'aussi loin.

Lizzie s'extasia : « C'est tellement beau de loin ! Tout est aplati ! Merci, Amber de nous montrer notre ville de ce point de vue là ! Mais il faut continuer, je ressens leur présence, je suis attirée. Ils m'attendent ! »

D'un commun accord, ils repartirent sur le chemin vers la forêt aux couleurs flamboyantes, puis ils posèrent leurs pieds sur une sorte de mousse végétale.

Margaret s'assit à terre et s'exclama : « Oh, c'est encore plus beau ici. Vous voyez toute cette mousse végétale, c'est de la toundra. J'ai lu des livres là-dessus. C'est remarquable, j'ai toujours rêvé d'en voir ! Et cette couleur orangée-jaune, c'est extra ! L'automne dans toute sa splendeur ! Je l'ai toujours imaginé d'après mes images, mais la réalité est bien plus belle ! Lizzie, tu perçois encore l'appel des loups ? »

Lizzie certifia : « Oui, ils ne sont pas loin ! Pressons-nous ! Je ne veux pas les faire attendre ! J'ai besoin d'être là-bas ! Cette louve et moi ne faisons qu'une ! Je pense que nous sommes deux âmes provenant d'un seul et même être. Relève-toi Margaret ! Nous ne sommes pas là pour dormir sur la toundra ! »

Margaret et Amber dévisagèrent Lizzie avec curiosité. Ses yeux avaient complètement changé de teinte et il n'y avait plus aucune trace de bleu. Ses iris étaient entièrement blancs. Les loups dansaient et prenaient toute la place dans son regard !

Amber s'inquiéta : « Lizzie, tu as un miroir sur toi ? Il faut vraiment que tu voies tes yeux ! C'est affreux, ils sont devenus tout blanc ! »

Exaspérée, Lizzie s'indigna : « Non ! Je n'ai pas de miroir ! Je vous rappelle que nous avons emporté que le strict minimum avant de partir, et un miroir, ce n'est vraiment pas utile ! Et non, il n'y a rien d'horrible ! Mes yeux ont juste changé de couleur. Ils reprendront leur teinte initiale quand j'aurais trouvé cette louve ! Maintenant, soit vous me suivez, soit je pars seule ! Faites comme bon vous semble ! Mais dépêchez-vous de décider ! »

Sans attendre de réponse, Lizzie partit vers cette voix de louve qui l'appelait désespérément. Margaret et Amber coururent pour la rattraper. Lizzie avait pris le commandement de la troupe. Sa timidité s'était tout simplement envolée. Rien, ni personne ne pourrait l'arrêter !

Ce changement semblait trop radical pour Amber qui se demanda si un esprit ne manipulait pas la jeune fille.