Amber peinait à se déplacer dans cet espace sombre, elle qui détestait être dans le noir. C'était une véritable épreuve qu'elle relevait à chaque pas effectué. Le chemin vers la lumière semblait être interminable, surtout qu'elle ne savait pas sur quoi elle mettait les pieds. Elle aurait tellement aimé avoir des yeux de chats, ou mieux de lynx, pour voir dans cette noirceur.

Alors qu'elle progressait de minute en minute en tâtonnant, elle sentit quelque chose de gluant sous ses pieds. Elle hurla de terreur :« AAAHHHHH ! C'est quoi encore ce truc visqueux ! Pas du vomi, j'espère ! Ni un cadavre ! C'est de pire en pire, j'en peux plus !»

Écœurée par cet environnement sombre et morbide, elle piqua un sprint droit devant elle et s'écria pour elle-même, mais aussi pour les oreilles indiscrètes qui l'écoutaient : « Je vais allumer cette foutue lumière coûte que coûte ! Personne ne m'en empêchera ! J'espère qu'il n'y a aucun cadavre sur ce sol gluant, car je ne tiens pas à tomber dessus ! Et je découvrirais ce qui se trame ici, j'en fais le serment ! »

Dans sa précipitation, elle n'avait pas capté qu'elle était proche d'un mur. Elle fonça dessus tête la première et se plaignit : « AIE !OUILLE ! C'EST DOULOUREUX ! CE MUR N'EST PAS FAIT EN MOUSSE ! QUELLES AUTRES MAUVAISES SURPRISES ME RÉSERVERA-T-ON DANS LES PROCHAINES PAGES ? L'AUTEUR AURAIT PU ME PRÉVENIR QUE CE MAUDIT LIVRE SERAIT TRUFFÉ DE PIÈGES AVANT QUE J'ENTRE DEDANS ! »

Amber resta une dizaine de minutes à terre pour tenter de reprendre ses esprits. Elle se leva et tenta d'examiner la paroi du mur à l'aveuglette. Au bout de ce qui lui semblait être un quart d'heure, elle n'avait senti aucun bouton.

Désespérée, elle se lamenta : « C'est vraiment compliqué de ne rien voir ! J'en peux plus ! Help me (aidez-moi en anglais.) ! Comment font les aveugles pour se diriger et trouver ce qu'ils cherchent ? Ils ont un sacré courage ! Une chose est sûre, je ne voudrais pas devenir aveugle ! J'en aurais fait l'expérience temporairement et ce n'est pas une partie de plaisir ! Vivement que cette épreuve se termine... »

Au même instant, elle perçut une sorte d'angle dans le mur. Elle tourna à gauche, et recommença le même cheminement en avançant de plus en plus vite. Son empressement était palpable. Elle espérait juste, que ce fichu interrupteur ne se trouverait pas à une hauteur inatteignable pour elle !

Impatiente, ses mains frappèrent énergiquement le mur, comme on tape sur un tambour à la recherche d'une belle mélodie, en espérant déclencher miraculeusement la lumière. Cela lui rappela son aventure à la cité aquatique où tout était magique, c'était tellement de bons souvenirs...

Alors que sa pensée dérivait vers cet autre univers, sa main droite percuta une sorte de bouton-poussoir. Elle appuya avec vigueur sur celui-ci, et une lumière aveuglante se répandit dans l'espace devant elle. Elle cligna plusieurs fois des yeux pour tenter de se réhabituer progressivement à cette luminosité.

Son regard se dirigea vers ce lieu obscur qu'elle avait parcouru un long moment sans trop se décourager. La sinistre scène qu'elle y découvrit, restera gravée à jamais dans sa mémoire. En parcourant des yeux, ces corps à l'article de la mort, branchés sur des machines et empaquetés les uns sur les autres, elle se sentit défaillir. Ses genoux tremblants se dérobèrent face à cette image traumatisante. Le sang et la saleté environnante, présents un peu partout dans la pièce, achevèrent la jeune fille qui s'écroula à terre avec les mains devant ses yeux. En proie à des larmes incessantes, elle ne parvenait plus à regarder cet environnement et elle s'indigna entre deux hoquets : « C'EST AFFREUX... CET ENDROIT ! ON DIRAIT... UN CIMETIÈRE ! C'EST PIRE QUE...TOUT CE QUE...J'AI PU IMAGINER JUSQUE-LÀ ! LES MALADES... SONT EMPAQUETÉS... SUR DES LITS SUPERPOSÉS... AVEC LES BRAS QUI PENDENT DANGEREUSEMENT...VERS LE SOL ! ET LEURS YEUX ROUGES VITREUX !ON DIRAIT... QU'ILS SONT QUASI MORTS ! ON SE CROIRAIT... DANS UNE MORGUE ! J'EN PEUX PLUS... DE VOIR ÇA !C'EST TROP HORRIBLE ! ÉPOUVANTABLE ! »

Elle avait l'impression que l'enfer s'était déchaîné dans cette pièce sordide. Manquant de vomir face à cette horreur, elle se releva d'un pas hésitant. Elle essaya de tenir debout sans tituber. Puis, une fois qu'elle eut repris des forces, elle piqua un sprint vers la porte de sortie qui se trouvait en face d'elle.

Elle arriva dans un couloir éclairé au minimum. Elle constata que celui-ci était tout autant jonché de personnes allongées sur des civières, les yeux rougis. Elle avait l'impression de voir des zombies.

Elle continua sa course folle vers l'extérieur de ce qui ressemblait à un hôpital. Elle avait besoin d'air pur pour reprendre sa respiration. Elle passa devant une salle du personnel et un accueil inoccupés. Elle n'avait vu aucun médecin, aucun infirmier ou aide-soignant. Le bâtiment entier semblait désert.

Une fois à l'air libre, elle respira un bon coup, et chercha dans les alentours une personne vivante. Elle ne trouva personne. C'était vraiment étrange cette absence complète de personnel médical ! Elle s'inquiétait pour ces individus à qui on ne prodiguait aucun soin !

Elle clama haut et fort son indignation  : « C'est quoi ce pays ? Qui s'occupe de ces malades ? Et où sont passés tous les médecins et les personnes en bonne santé ? Y a t-il encore quelqu'un ici ? »