Le dirigeant appela les citoyens du village à l'aide d'un mégaphone :« Chers citoyens de Crystal, je vous prie de bien vouloir nous rejoindre au centre de la ville. Notre chère sorcière désire faire une annonce. Merci de mettre votre cape avant de sortir pour ne pas attraper froid et d'écouter attentivement ce discours. Vous déciderez ensuite si vous êtes de son côté ou du mien ! »

Une soixantaine de personnes, toutes vêtues d'une cape noire, arrivèrent au milieu du village. Elles se positionnèrent toutes derrière le dirigeant. Chacune d'entre elles avait une peur bleue d'être vue en compagnie de la sorcière et ne savait aucunement le sort que réserverait le dirigeant à ceux et celles qui s'associeraient à la sorcière.

En voyant cet attroupement de moutons derrière lui qui lui obéissait aveuglement, le dirigeant émit un sourire carnassier et haussa ses sourcils pour prouver sa domination sur ses sujets. Pour lui, les jeux étaient déjà fait, il avait hâte d'emprisonner cette sorcière dans ses murs.

Il cria dans son mégaphone pour être bien entendu de tous :« Chers membres de ma communauté, la sorcière a encore échafaudé une nouvelle théorie farfelue de fin du monde. Écoutez-là bien et choisissez bien votre camp ! N'ayez pas peur de donner votre avis, j'écoute toujours... »

Esméralda emprunta le mégaphone du dictateur et commença à énoncer :« Chers amis, si je viens vers vous aujourd'hui, sachez que ce n'est pas pour rien. Certains savent déjà que je suis clairvoyante,je peux donc voir une infime partie de l'avenir. Et là, l'heure est grave. Ce que j'ai vu dans mon rêve, va se passer dans peu de temps.Il faut que vous réagissiez. Mon rêve est très clair : un avion va s'écraser sur notre village, sur certaines de vos habitations. J'y ai vu beaucoup de sang, des cris de terreur, des personnes souffrantes ou mourantes. Je veux juste que vous vous mettiez à l'abri le temps que l'avion arrive. Je ne suis pas une superwoman, je ne peux pas rattraper l'avion en plein vol. Je ne peux pas sauver tout le monde, mais vous je peux vous aider. Croyez en mon pouvoir de divination et ensemble évitons cette catastrophe ! »

Un homme de l'assemblée prit alors la parole : « Qui nous dit que ce rêve était réel ? Qui nous dit que vous ne l'inventez pas pour nous terroriser ? Et si vous avez vu l'avion, vous avez dû voir le numéro de vol, le numéro de l'avion,non ? »

La sorcière avoua avec une tristesse dans ses yeux : « Non, mes rêves ne fonctionnent pas comme cela, je ne peux pas tout voir ! Je peux voir que certains éléments. Et non, je n'ai pas vu le numéro de l'avion ou le numéro de vol sinon, j'aurais déjà tenté de prévenir l'aéroport d'où provient l'avion. Sachez que je tente le tout pour vous sauver ! Je risque ma vie pour venir vous parler. Il faut me croire car sinon il vous arrivera malheur et le dirigeant fera de ma vie un enfer ! »

L'homme de l'assemblée éclata de rire et proclama : « Donc ton rêve est flou et tu veux nous faire croire une chose pareille ! C'est inadmissible ! On ne doit pas écouter cette folle ! C'est elle qui nous veut du mal, elle veut qu'on la suive dans ses théories et qu'on risque notre peau pour l'aider ! Nous n'écouterons plus vos balivernes ! Que ceux qui sont d'accord avec moi se mettent à gauche derrière le dirigeant et derrière moi ! On ne doit plus perdre notre temps avec elle ! Advienne que pourra à cette sorcière, ce ne sera pas notre problème ! Elle a fait ses choix en connaissance de cause ! »

La sorcière était sidérée par cette réaction méprisante. Elle avait vu dans les yeux de cet homme un dédain total, voire même un dégoût. Elle avait été le plus honnête possible et voilà où l'honnêteté l'avait conduite... vers sa mort prochaine ! Voilà ce qu'on gagnait en voulant aider ses compatriotes ! Elle se sentait humiliée et trahie. Mais elle avait encore une chance si les villageois n'écoutaient pas cet homme.

Elle s'époumona : « N'écoutez pas cet homme, il est sûrement de mèche avec le dirigeant ! Il se fout de vous et de votre avenir ! Il faut me suivre si vous voulez survivre à ce prochain événement. Écoutez votre conscience seulement, elle vous dira qui croire ! »

Une jeune femme intervient à son tour : « Quand l'événement se passera t-il exactement ? »

Esméralda se retrouvait face à une réelle problématique étant donné qu'elle ne savait pas quand celui-ci se déroulerait. Pour toute réponse, elle déclara : « Je n'ai pas de date exacte, mais d'après ma vision, l'événement était très proche. Peut-être d'ici une à deux semaines... Mais il faudrait vous cacher le temps que cela arrive ! »

La jeune femme manifesta son mécontentement : « En gros, tu ne sais pas quand il se déroulera exactement ! Tout ce que tu sais dire, c'est qu'il arrivera. Alors moi aussi j'ai une vision, attend... demain ou peut-être la semaine prochaine, le dirigeant t'emprisonnera pour nous avoir énoncé de telles théories.... Et tu veux qu'on se cache à quel endroit et pendant combien de temps ? Tu veux qu'on soit isolé comme toi dans une tanière ? »

Esméralda rouspéta et hurla : « Je ne suis pas isolée dans une tanière, c'est une maison très lumineuse contrairement à la vôtre ! Par contre, le dirigeant vous a tous isolés dans vos petites maisons noires cendres et vous a bien monté la tête ! Et vous vous laissez faire comme des moutons. Avez-vous seulement un cerveau qui fonctionne ? Faites preuve d'un peu de discernement pour une fois et voyez par exemple ce qu'il a fait de vos vies et de cette église aussi ! Aidez-moi à convaincre la majorité !»

La jeune femme s'indigna : « Non mais, pour qui elle nous prend celle-là ! On voit très clair dans ton jeu, et personne ne te suivra ! Tu nous traites d'abrutis ! Mais notre vie nous convient telle quelle est ! Nous nous révolterons pas contre notre dirigeant, il est plus sain d'esprit que toi ! La population me suivra et elle suivra toujours cet honnête dirigeant, il est notre seigneur, il est la bonté... »

Esméralda ria de bon cœur et s'expliqua : « Si lui c'est la bonté,alors le diable est extrêmement bon ! Il n'a jamais rien fait pour vous, et il ne fera jamais rien ! »

Le dirigeant reprit la parole : « Assez, Assez de baratins pour aujourd'hui ! Ne l'écoutez pas, elle ne fait qu'inventer ses propos ! Je ferais tout mon possible pour améliorer votre vie mes concitoyens, je construirais de nouvelles maisons, des salles de jeux pour les enfants, une piscine publique... Je suis déjà entrain de voir pour démolir l'église et mettre quelque chose de nouveau à la place... Mais vous savez comment sont les architectes,très longs à convaincre... et ensuite il faut faire les plans de démolition et ceux de construction, enfin ce sera un vaste chantier qui prendra plusieurs années... Mais ne doutez pas de moi, c'est d'elle qui faut se méfier comme la peste ! »

La majorité de la population hurla en cœur « Nous vous croyons, ô notre bien aimé dirigeant. Nous vous aiderons à mettre en place ces projets... Nous sommes de votre côté, ne doutez pas non plus de nous ! Nous ne voulons plus de cette sorcière par ici, trouvez lui une autre occupation, ou faites comme bon vous semble. Nous serons d'accord avec votre choix final ! »

Presque tous restèrent derrière le dirigeant. Seul un jeune garçon se plaça derrière la sorcière.

Le dirigeant le fusilla du regard et s'écria : « Es-tu sûr de ton choix jeune homme ? Sais-tu ce que tu risques en restant derrière elle ? As-tu perdu la tête ? Et comment te nommes-tu ? »

En réponse à cette requête, le jeune garçon répondit : « Non, je suis très lucide. Je me nomme Farid et je n'ai pas peur de vous. J'en ai plus qu'assez de vivre reclus chez moi. Je voudrais découvrir le monde et si ce que dit cette soit disant sorcière est vrai, alors je la soutiendrais. Je ne veux pas mourir sans avoir pris le temps de croire en elle ! Je l'aiderais coûte que coûte et je vous détruirais par la même occasion! »

 Le dictateur le regarda avec méchanceté et hurla : « Qu'on emprisonne cette sorcière ainsi que ses deux complices ! Encerclez-les pour ne pas qu'ils puissent fuir ! »

La sorcière était contente d'avoir au moins une personne de son côté, mais les choses prenaient une mauvaise tournure. Elle devait protéger ses deux amis. Elle regarda Amber et Farid, puis elle leur fit signe de fuir le plus loin possible.

Amber attrapa la main de Farid et ils coururent dans le sens opposé du village. Amber était terrifiée mais elle devait courir. Elle n'avait plus le choix. Une dizaine de personnes les poursuivaient, ils étaient dans de sales draps. Elle devait tenter quelque chose pour aider Farid, il serait l'unique espoir de ce village, l'aide que la sorcière recherchait. Ils descendirent dans un fossé sur le bas-côté. Elle l'avertit : « fais moi confiance, je vais vous aider. Tiens moi bien la main, je vais essayer de faire quelque chose, il ne reste plus qu'à prier pour que cela fonctionne ! »

Farid lança un regard curieux à Amber et lui dit « vas-y, je reste avec toi, je te fais confiance ! Nous sommes seuls contre tous ! On doit unir nos forces ! »

Amber activa le mode invisibilité. Par chance, l'invisibilité les engloba tous les deux car Farid était un personnage de son livre. Cela signifiait aussi que lorsqu'on a une bonne dose de volonté et d'imagination, les choses pouvaient fonctionner ! Amber était contente de sa prouesse. Peut-être pourrait-elle le refaire une prochaine fois ?