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Chapitre 1 : Souvenirs refoulés


Lorsqu'on est enfant, on rêve presque tous de devenir un super-héros ou une princesse. Cependant, pour passer du rêve à la réalité, il faut en faire des pas... Mais l'enfant se dira toujours que rien n'est impossible ! Il ira toujours de l'avant pour réaliser son rêve !

C'était le cas d'Amber, qui depuis sa plus tendre enfance, avait toujours rêvé d'aller au cœur de ses histoires. Explorer le monde des livres, voilà ce qu'elle voulait, et elle avait une seule conviction : tout sera toujours possible tant qu'on le désire vraiment !

Cette phrase positive, elle en avait fait une sorte de mantra pour l'aider à affronter ses problèmes personnels. Jusqu'à son douzième anniversaire, elle l'avait récitée pour combattre l'injustice croissante qu'elle voyait partout où elle allait. Puis, elle avait fait ce rêve cauchemardesque très étrange, et tout avait basculé du jour au lendemain.Elle ne savait pas si ce rêve était une prédiction du futur ou juste un rêve banal.

Grâce à ce rêve, elle était parvenue à débloquer son esprit et sa mémoire. Certains souvenirs qu'elle avait refoulés étaient revenus tels un boomerang revenant à son maître.

Elle avait alors compris pourquoi elle répétait en boucle ce mantra. Elle se souvint alors que tout avait commencé lorsqu'elle n'était encore qu'une petite fille de deux ans. À cette époque, elle avait de courts cheveux bruns et les yeux marron clair pétillants. À cet âge-là, elle voulait juste comprendre le monde qui l'entourait, et refusait de se laisser décourager par qui que ce soit. Elle débordait d'imagination et repoussait sans arrêt ses limites au-delà du réel. Pour elle, cet autre monde fait de merveilles existait, il fallait juste être observateur et pousser son regard loin devant.

On dit souvent que le miroir reflète la réalité des choses. Quand elle se regardait dans le miroir, Amber voyait non pas le reflet d'un bébé ou d'une petite fille, mais l'image d'une enfant ou d'une adolescente qui vivait des aventures extraordinaires dans ses ouvrages. Elle s'imaginait déjà dans le futur voyageant au grès de ses envies.

Elle était là son imagination. Elle poussait son esprit à aller toujours plus loin. Regarder, imaginer, rien de plus simple, mais entrer dans son livre, c'était l'énigme qu'elle tentait de résoudre chaque jour. C'était son défi ! Et lorsqu'elle recevait plusieurs ouvrages à chacun de ses anniversaires, elle s'en donnait à cœur joie de les ouvrir les uns après les autres. Le mot « Impossible » ne faisait clairement pas partie de son langage ! L'envie de réussir était plus forte que tout le reste.

Toute petite, elle était capable de passer de l'autre côté du livre, à travers les images. Elle se remémora toutes les fois où elle avait échoué, puis celles qui s'étaient couronnées de succès. Elle avait réussi à caresser l'éléphant, puis la girafe. Dans ce souvenir d'enfant, la taille de ces animaux lui paraissait à la fois gigantesque et extraordinaire et la beauté surpassait tout le reste.

Ce souvenir lui montrait aussi le travail qu'elle avait effectué pour y arriver : observer minutieusement l'image, puis fermer les yeux et s'imaginer de l'autre côté du livre. Le désir d'entrer était tellement fort qu'elle avait réussit ce qui semblait alors impossible.

Elle se rappela qu'elle avait adoré regarder l'éléphant prendre de l'eau avec sa trompe et la projeter sur son dos. L'euphorie l'avait gagnée très rapidement et un grand sourire avait illuminé son visage. Cette joie intense s'était propagée jusqu'à ses jambes qui effectuaient des petits pas de danse. N'arrivant plus à contenir son enthousiasme, elle s'était alors mise à sautiller dans tous les sens. Ce premier voyage s'était arrêté là au bout de trente secondes, tout comme ce souvenir d'une autre époque.

Jusqu'à ses six ans, elle s'était entraînée à passer de l'autre côté des images. Elle avait pu admirer des châteaux en grandeur nature et voir quelques scènes de cirque en muet comme si elle était dans un cinéma muet. Se téléporter était devenu un jeu d'enfant... Chacun des voyages qu'elle avait effectué, était une porte ouverte vers un monde jusqu'ici inexploré.

Elle avait ressenti une telle joie en se rendant compte qu'elle était parvenue à voir ce côté invisible qu'elle avait décidé d'en parler à ses amis d'école.

Elle pensait alors que tout le monde en était capable, et qu'elle ne devait pas être la seule.

Elle leur avait alors dit avec naïveté : « Je suis capable de passer à travers les images de mes livres. Je peux me téléporter, c'est trop bien ! Vous aussi, vous pouvez le faire ? »

Elle se souvint alors de leurs réactions. Ils l'avaient tous pris pour une menteuse. Ils avaient rigolé puis lui avait répondu méchamment : « Non mais tu es sérieuse là ! C'est impossible ! Et dis-moi, tu peux aussi aller dans le passé ou le futur ? Et pourquoi pas te téléporter aussi à l'autre bout de la ville ou de la planète ? Tu peux aussi nous montrer ! »

Elle avait crié : « OK, puisque vous ne me croyez pas, je vais vous montrer !»

Elle avait alors pris un livre de son sac et avait tenté de leur prouver sa capacité à voyager au-delà des images. Mais dans son esprit, tout s'était embrouillé. Elle était pourtant sûre qu'elle pouvait passer à l'intérieur de son livre. Elle entendait encore leurs moqueries lorsqu'elle essayait de faire son tour de passe-passe. Tout s'était bloqué. Elle ne parvenait plus à rien. C'était comme si son don avait disparu. À moins que ce don n'ait été qu'une farce ou un rêve ? Toutes ses certitudes s'étaient envolées à ce moment-là. Comment était-ce possible ? Elle avait subi beaucoup trop de pression et de stress. Et se montrer sous son vrai jour l'avait fait perdre tous ses moyens.

Après cet événement, elle pensait que ses camarades la laisseraient tranquille. Mais ils continuaient de se moquer d'elle. Des vannes fusaient : « Dis, tu peux passer à travers la poubelle ? » ou « Tu peux te rendre invisible ? Ça nous ferait des vacances de ne plus voir ta face de rat...». Ils lui envoyaient des boules de papier mâchées. Devant l'entrée de l'école, ils s'arrêtaient l'air de rien pour éviter de se faire mal voir par leurs parents. Mais dans l'enceinte de l'école, ils n'hésitaient pas à l'insulter, à lui cracher au visage, voire même à la frapper en lui disant : « Et ton cerveau, il est encore là, ou il a fondu en essayant de passer dans tes livres ? Ah non, c'est vrai, tu n'as pas de cerveau ! ». Bref, elle n'en pouvait plus de tout ce harcèlement scolaire. Mais elle refusait de le dire à ses parents ou même à la directrice de l'école, elle avait peur de leurs réactions. Elle avait peur qu'on ne la prenne encore une fois pour une menteuse.

Elle allait tête baissée à l'école, sans rechigner. Combien de fois voulait-elle faire marche arrière et rentrer chez elle ? Combien de larmes avait-elle versé pour les mauvais traitements qu'elle recevait ? Même si elle savait que ses camarades n'en valaient pas la peine, elle se sentait seule dans ce vaste monde. Dans tous les cas, les professeurs ne voyaient jamais rien, soit parce qu'ils ne surveillaient pas, soit parce qu'ils pensaient que les enfants jouaient entre eux. La taquinerie est un jeu à la mode après tout !

Elle faisait son travail scolaire ni plus, ni moins. Elle passait le reste de son temps à lire des livres, car même si son don s'était bloqué du jour au lendemain, elle aimait toujours lire autant. Et l'ambiance à la maison n'était pas plus joyeuse qu'à l'école. Elle était souvent livrée à elle-même, seule chez elle car ses parents travaillaient tard le soir. Elle s'enfermait dans sa chambre, isolée du monde extérieur, dans sa bulle. Elle espérait qu'un jour ce harcèlement scolaire cesserait et qu'enfin, elle puisse se faire des amis. Elle se disait : « Demain sera un autre jour, je l'espère... ». Mais ce n'était pas le cas actuellement. Enfin, jusqu'au jour de son douzième anniversaire où le rêve l'avait transporté au-delà du réel vers cet autre univers. Ce fût également ce rêve qui l'avait conduite à faire  son tout premier voyage littéraire...

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