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Chapitre 24

L'histoire d'un ange qui haïssait le matcha

Nate

J'entre dans le café et la petite sonnette annonce mon arrivée. Comme un suricate, Layla émerge de sous le comptoir pour m'accueillir gaiement, tout sourire.

Je ne la connais pas très bien hormis le fait qu'Eden l'emploie et qu'elle est une amie de Violet. Le peu de fois où je passe ici, elle est toujours bien apprêtée avec ses longs cheveux brun foncé attachés et sa jolie peau matte brillante de paillettes. Cette fille a tout pour plaire, c'est évident.

Je m'installe rapidement à une table libre où traine un vieux roman qui n'a pas été ramassé. Ce matin, l'établissement d'Eden est plutôt calme bien que le monde afflue dans tous les sens. Ce lieu est vraiment devenu le point de rendez-vous de beaucoup de personnes et ça fait plaisir à voir.

—    Qu'est-ce que je te sers ? me demande Layla en arrivant à mon niveau.

C'est drôle, avec sa robe jaune et ses chaussures roses on dirait un peu Eden. Peut-être qu'elle déteint sur ses employés à force...

—    Un matcha latte, s'il-te-plaît.

Elle griffonne sur son carnet puis relève la tête en fronçant son nez.

—    Tu aimes ce truc toi ?

—    Pourquoi je n'aimerais pas ?

Elle hausse les épaules, attrape le livre qui traine pour le ranger dans la bibliothèque puis s'empresse d'aller préparer ma commande. Au même moment, Eden émerge de l'arrière-boutique en chantonnant, prête à commencer sa journée.

Ses yeux trouvent les miens, et d'une entente mutuelle, elle s'occupe de venir servir ma tasse.

—    Dis-toi que ce truc vert a failli avoir la peau d'Anita ! La pauvre, elle en bavait pour apprendre comment servir cette tendance.

—    C'est pour ça la photo dans les champs au Japon ?

Elle pose ma tasse puis son regard dévie vers le petit tableau en liège où sont affichées des dizaines de choses. Au milieu, on peut voir Eden faisant un selfie au milieu d'un champ vert.

Elle soupire un peu, un sourire nostalgique s'installe sur son visage puis elle s'assoie sur la chaise en face de moi. Une plante lui chatouille l'épaule mais elle l'ignore.

—    Oui, c'est pour ça. Après la mort de Gareth, mon copain à l'époque, j'ai fait un tour du monde pour lui. Enfin, on n'en avait jamais parlé mais j'avais besoin de prendre du recul, surtout après la tentative de suicide d'Harper et... c'était un moyen de vivre. Je veux dire que grâce à ça, j'ai fait la moitié des choses possibles sur cette Terre. Et l'histoire c'est qu'Anita détestait faire du matcha et au Japon, il y a énormément de champs magnifiques comme ça, alors dès que je suis rentrée, j'ai posé cette photo ici, et elle n'a plus jamais bougée.

J'acquiesce en observant le tableau, même si ce n'est pas la première fois que je le vois. En fait, d'aussi loin que je me souvienne, il a toujours été là. Rien n'a été enlevé, rien n'a été rajouté, comme s'il était figé dans le passé.

Il y a encore l'article de journal sur la mort des frères Davis, c'est dire.

—    Bon, reprend-t-elle en changeant de sujet, je me doute que tu n'es pas là pour lire un bon bouquin ou te préparer pour le taff. Et si c'est le cas, je te prierai de ne pas te mettre nu dans mon établissement.

Bien que je n'aie jamais été super proche avec Eden, parler avec elle est toujours une bonne surprise. Dans mon entourage, personne n'a mal pris le fait que je reprenne le travail de ma mère, personne ne m'a jugé et personne n'a trouvé sa gravissime. Évidemment, mes parents espéraient mieux pour mon avenir mais ils n'ont jamais pu me reprocher quelque chose. Après tout, j'ai grandi entouré de stripteaseuses. Si quelqu'un doit se reprocher quelque chose c'est bien ma mère.

Maman...

Depuis les leçons de morales des Hayes, je suis un peu perdu par rapport à ça. J'ai éjecté de mon esprit Violet vu qu'elle ne veut pas de notre visite, mais ça me laisse plus de temps pour penser à mes parents. Ma mère m'a appelé hier pour me dire qu'ils étaient à New-York pour toute la semaine mais qu'ils ne savent pas encore leur date de retour avec John. Tant mieux. Pour le moment, garder mes distances m'aide à y voir plus clair — ou l'inverse — et je n'ai pas besoin d'eux dans les parages. En fait, je ne sais même pas comment je vais réagir en les voyant.

J'aime John comme mon vrai père, mais j'ai comme une rancune qui ne fait que grandir dans mon corps et je n'arrive pas à l'écarter. Je me sens trahi, en fait.

—    Non Eden, je ne vais pas me mettre à poil dans ton café même si énormément de ces vieilles peaux rêveraient de me voir nu.

—    Tu as tort, je pense qu'elles se demanderont juste si tu as des tatouages jusqu'en bas.

Un rire m'échappe mais l'ambiance est tellement sérieuse qu'une boule se forme dans mon estomac.

—    En fait, je voulais savoir comment va Violet. Elle refuse les visites donc je n'ai pas pris la peine d'aller à l'hôpital et puis je ne suis pas de la famille donc... bref.

Punaise je parle trop vite, on dirait un adolescent qui demande la permission pour embrasser sa copine avant le bal de promo.

—    Je ne veux pas la déranger, je sais que c'est une période difficile et qu'elle a besoin de recul sur tout ça. Venir la voir comme si c'était une bête dans un zoo... Pas mon délire.

—    Je comprends ton raisonnement, et honnêtement, je pense que ça lui ferait beaucoup de bien si tout le monde réagissait comme toi.

Je ne suis pas plus étonné que ça en entendant ces mots. J'ai beau adorer la famille Davis, avec tout ce qu'il s'est déjà passé dans leur vie, ils ont tendance à être surprotecteurs et un peu envahissants pour ne pas dire collants. On voit bien comment a réagit Miranda aux urgences, tout est un drame. Je n'ose même pas imaginer ce qu'a vécu Violet en leur apprenant son cancer. Dans leurs yeux, elle était déjà morte, c'est une évidence.

—    Mais je crois qu'elle va bien en général. Quand c'est moi qui la visite elle réagit mais sinon elle fait semblant de dormir. On parle, on rigole, et c'est à peu-près tout. Elle me tient au courant de ce que dit le médecin mais rien de neuf. Sa plaie cicatrise bien, elle devrait sortir le 4 octobre.

—    Dans une semaine ?

—    Oui, c'est ça. Elle va avoir du mal je crois, sa radiothérapie commence aussi alors... Disons qu'il y a beaucoup de changement en vue.

Il y a quelques jours, j'ai fait des recherches sur la radiothérapie notamment au niveau du thorax vu que c'est ce qui la concerne directement. Ça m'a rassuré pour elle de comprendre comment ça fonctionne, mais il y a tellement d'effets secondaires ! Émotionnellement ça va être difficile mais c'est déjà le cas donc je me dis que ça ira. Mais physiquement ? Elle vient déjà de perdre sa jambe, si elle perd ses cheveux ou je ne sais quoi d'autre... Elle qui est si confiante depuis petite, elle risque de perdre tout ce qui fait d'elle elle-même.

—    Rien n'est fait, rebondit Eden avec conviction. On sera là pour elle et il faudra lui changer les idées au maximum. J'ai pu discuter rapidement avec docteur Smith et il m'a affirmé que son handicap ne doit pas la gêner, elle ne doit pas rester dans un coin à broyer du noir. Je compte sur toi pour nous aider à lui changer les idées. Elle sera en siège roulant une bonne partie du temps, je pense, alors ça sera à nous de la brusquer.

C'est vrai que je n'ai pas pensé à ça. Autant émotionnellement et physiquement elle va être atteinte mais ça la concernera, dans le sens où nous ne pourrons que la soutenir mais pas la changer ; c'est d'elle-même qu'elle doit progresser. Quant au reste, Eden a raison. Là, ça sera notre rôle. J'ai fait la paix avec elle, je me suis excusé, alors je dois faire parti de l'aventure. Si ça signifie faire des kilomètres en poussant son siège et apprendre à la maquiller pour lui faire répondre confiance, je vais le faire.

Tout est bon pour fuir mes pensées en ce moment de toute façon.

—    Excuse-moi, dit-elle en décrochant son téléphone. Oui ? Oh Jesse, tu vas bien ? Oui moi ça va super. Ce soir ? Un restau ? Hum... je ne sais pas trop. D'accord, tu arrives vite à me convaincre quand même, c'est rageant. Je viens te chercher ? Non, non, c'est moi qui viens te chercher. Oui, avec ma moto. Prévois ton casque et ta veste. Et ton pantalon ! Enfin toutes les protections comme d'habitude. Mais non, pas les protèges coudes de ta petite cousine ! Bon, bisous à ce soir.

J'ai loupé un épisode ?

Eden raccroche, les joues rosies, puis tousse pour évacuer sa gêne. Si je devais la comparer à quelque chose, je dirais qu'elle ressemble beaucoup trop au personnage d'Embarras dans Vice Versa...

—    Qui c'était Jesse ? demandé-je l'air de rien en sirotant ma boisson.

—    Un ami.

—    Un ami... Sympa cet ami... Tu le connais depuis quand ?

—    Harper et Courtney t'ont trop mal élevé petite fouine !

Elle se lève en exagérant la tête bien haute et le dos droit ce qui me fait rire.

—    Mais ce sont tes meilleures amies....

—    Parfois, je me demande pourquoi... Ça doit être dur d'avoir hérité de tous leurs défauts. Je regrette presque de ne pas t'avoir connu plus tôt, j'aurais pu changer tout ça avant le drame.

—    Tu veux dire que j'ai hérité de leur charme ? Leur sex-appeal ? Leur beauté naturelle ?

—    Trop jeune pour moi vaurien, je retourne bosser.

Elle se tourne dos à moi puis fonce vers le comptoir où Layla commence à crouler sous les commandes. Je n'avais pas fait attention, mais le café est rempli alors qu'il est à peine neuf heures. J'entends presque la vieille voix puissante d'Anita gueuler dans tous les sens en discutant avec chaque personne de leur vie. Anita connaissait tout le monde, et elle aimait presque tout le monde comme le monde l'aimait.

Elle manque à cette ville, c'est un fait.

J'engloutit les dernières gouttes de matcha puis me dirige vers le comptoir en bois où les filles s'activent. Je le pose et Layla me remarque.

—    Je t'encaisse.

—    Ok.

Elle le fait en me faisant passer devant cinq ou six personnes qui attendent leur commande puis je lui laisse un généreux pourboire comme à chaque fois que je viens ici. Layla me remercie sans vraiment regarder, trop pressée, puis elle fonce vers Bethany, la stupide machine à café qui fonctionne une fois sur trente.

Je vais les laisser tranquille, au moins j'ai un peu de nouvelles de Violet.

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