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Chp 8 - Cyann : l'invitation

La silhouette holographique de Caël apparaît dans ma chambre, plongée dans la pénombre.

— Yo !

— Salut, lui réponds-je sans parvenir à m'empêcher de sourire.

C'est dur de résister au charme et à la coolitude de Caël. En tant qu'humain, il est parfait. Mais en tant qu'ældien aussi. Physiquement, c'est le portrait craché de son père, mais avec un air cool, sympa et détendu que Silivren n'a pas. Il a la peau un peu plus claire, aussi.

— Tu viens quand ?

Il soupire, passe une main dans ses locks blanches.

— Euh... on a eu un petit contre-temps.

Son image vibre alors qu'il regarde derrière lui, brièvement.

— T'es où là ? Encore sur Pangu ?

— Nan. On a décollé avant-hier, et...

— Et quoi ?

— On s'est fait intercepter par un inspecteur républicain. Il nous a forcé à nous enregistrer... du coup, je suis obligé de recruter des gens, et ça prend du temps. C'est obligatoire : tu connais la procédure. J'ai pas le droit de voler comme ça, en free-style...

Non, je ne la connais pas, la procédure. Je n'ai jamais vécu dans le monde humain, contrairement à lui.

— Recrute-moi ! lui dis-je en me levant de mon lit. Je ferais n'importe quoi. Je balayerais même le sol, je ferais la popote, tout ce que tu veux...

Tout, sauf rester au palais, dans une des Cours des Trois Royaumes, qu'elle soit de Lumière, de Crépuscule ou d'Ombre.

Il se met à rire, gentiment.

— J'aimerais bien, mais t'es un ældien, Cyann... t'as pas de numéro de citoyen. Tu seras un passager clandestin, au mieux.

— Comment je peux avoir un numéro, moi aussi ?

— Ben... en t'enregistrant dans une antenne du Bureau Gouvernemental. Mais... (Il hésite.) Je sais pas si tu peux le faire... ton père...

Mon père. Toujours mon foutu père.

— Il veut me faire baiser avec ta sœur, mon père ! Lalaith. Si tu viens pas vite me chercher, il va m'enfermer dans une cage à Ymmaril jusqu'à ce que je fasse ce qu'il veut.

Caël écarquille ses yeux verts.

— Ma sœur ? Tu déconnes ? Elle m'a rien dit de tout ça... dit-il en se frottant le menton.

— Elle doit pas être au courant, elle non plus. C'est un truc qu'il a organisé avec Lathelennil.

— Oncle Lathé ? Je lui ai parlé avant de décoller, il m'a rien dit...

— Lui en parle pas. Sinon, je pourrais jamais quitter Ymmaril !

— T'es à Ymmaril, là ? demande Caël, un peu confus.

Je fronce les sourcils. Il est défoncé : j'aurais dû le deviner à son débit, son espèce de petit sourire et la façon qu'il a d'écarquiller les yeux.

— Tu vois bien que non !

Une fille apparait derrière lui, une humaine plutôt jolie, à la peau plus foncée que lui. Elle me jette un regard, puis se tourne vers Caël.

— Keita a besoin de toi, murmure-t-elle en Commun.

Elle sort, après m'avoir regardé une dernière fois.

— C'est qui ?

— Yamfa, ma meilleure pote. Navigatrice de l'Ama-no-kawa depuis cet aprèm !

Une pointe de jalousie me pique le cœur. Caël a tout pour lui : il est beau, il est cool, il est talentueux, il vit sur un paradis et en plus, il a plein d'amis. Des amis humains.

— Bon, faut que je te laisse, là, finit-il par dire. On se reparle bientôt.

— Caël sérieux, t'arrives quand ?

Il s'arrête, debout, se frotte le menton. Quand il fait ça, il ressemble vraiment à Silivren.

— J'arriverai... quand j'arriverai.

C'est pas une réponse, ça.

— Grouille-toi. Je t'assure, c'est une question de vie ou de mort, pour moi !

Ils vont m'avoir, cette fois. J'en suis persuadé.

— Ouais ouais, je comprends bien.

Non. Il ne comprend pas. Il n'a jamais foutu les pieds à Ymmaril, lui.

— Bon. J'y go !

— Attends Caël... t'as déjà eu tes fièvres ?

La grimace qu'il fait parle pour lui. C'est limite si je ne vois pas ses cheveux se dresser sur sa tête.

— Euh, non, berk... tu... tu les as eues, toi ?

Il me scanne, des pieds à la tête.

— Non plus.

— Ah ! Cool, soupire-t-il, le soulagement manifeste.

Il est comme moi. Cette perspective le terrifie.

Y a de quoi. Qui aurait envie de se transformer en monstre libidineux, assoiffé de sang et de cul ? Franchement...

Les fièvres, c'est le point de non-retour. Celui où on perd toute humanité.


*



La gamine ældienne est encore là aujourd'hui. Elle ne cherche même plus à faire semblant, et vient me voir direct, dès qu'elle me voit. Je la laisse s'installer dans l'herbe à côté (je ne peux pas empêcher une ældienne d'aller se poser où elle veut) et continue à lire sans rien dire. Pendant tout ce temps-là, elle me fixe, la pupille toute dilatée, sans jamais cligner des yeux une seule fois. Qui a dit que les ældiens n'étaient pas flippants ? Personne, je crois.

Dernière page de ce tome un. C'était pas mal. Je le referme lentement.

— T'as fini ton livre ?

— Oui.

— Ça parlait de quoi ?

Je relève les yeux vers elle.

— Ça parle d'une mortelle qui se fait enlever par un dieu... le dieu de la nuit, alors qu'elle devait épouser son frère, le dieu du jour.

— Ah ! Comme la Cour de Lumière et la Cour d'Ombre ?

— Oui, à peu près. En plus humain. C'est une histoire écrite par des humains, pour des humains.

— Tu me le prêtes ?

— Tu ne comprendras rien. Tu es ældienne. Et c'est pas de ton âge. Y a des passages chauds dedans. Des descriptions d'accouplements.

— Parce que c'est du tien, peut-être ? crache-t-elle du tac au tac, en essayant de se donner l'air assuré. T'as mon âge !

Mais je vois bien que la pointe de ses oreilles a pris une teinte rougeâtre. « Accouplement », c'est le mot magique pour embarrasser les gens, ici. Avec « morsure », « viande » et « sang ».

— Dans un mois, je serais adulte, selon les critères humains, lui réponds-je avec un poil de suffisance. Toi... (Je la regarde des pieds à la tête, lentement.) t'es encore une hënnelleth, chez les ældiens.

Huit ans au mieux, si elle était humaine.

— Arrête de frimer, je suis aussi grande que toi !

— Je suis un humain, lui réponds-je en haussant les épaules. Tu vas me dépasser en taille à la puberté, mais ça n'empêche pas que si on compare nos échelles biologiques, je suis plus âgé que toi.

— C'est faux ! Je suis née avant l'apparition de l'étoile d'Arawn !

Avant moi, donc. Mais ça reste une gosse.

— Cherche pas. Je suis ton aîné, parce que mon développement est plus rapide que le tien.

— T'as même pas eu tes fièvres !

— Les humains n'ont pas les... (Je plisse le nez, dégoûté.)... fièvres.

— Arrête de dire que t'es humain ! Tes oreilles sont pointues ! T'as une queue, je l'ai vue ! Tu es un ædhel !

Inutile de continuer à débattre avec elle. Je referme le bouquin, et le pose dans l'herbe devant elle.

— Tiens. Je te le donne.

Ça va l'occuper pour un moment.


*


Mais le lendemain... une ældienne se jette devant moi, littéralement, passant de la station debout à l'assise.

— Je l'ai fini ! m'annonce-t-elle en poussant ses cheveux rouge foncé derrière ses oreilles pointues.

Je relève un regard prudent sur elle.

— J'ai beaucoup aimé, m'annonce-t-elle sans que je lui demande, surtout les scènes d'accouplement. Et l'héroïne a la même couleur de cheveux que moi.

— Ah ! Tant mieux.

Les ældiennes...

— Ma mère m'a dit que j'allais bientôt avoir le droit de m'accoupler, moi aussi, à la prochaine lune, lors des fièvres des mâles. Les mâles de l'année seront présentés aux ellith candidates à l'initiation au temple de Nineath... tu y seras, toi ?

Elle darde ses yeux inquisiteurs sur moi.

— Tu sais bien que non. Per-æ-dhel, articulé-je en détachant bien tous les phonèmes.

— Mais comment tu vas faire pour tes fièvres ?

— Combien de fois je vais devoir te le répéter ? Je ne suis pas ældien.

— Si ! Tu l'es !

— Non. Humain. Répète : humain, humain !

— Ældien, ældien, ældien ! répète-t-elle plus fort, l'air agressif, ses petits crocs nacrés pointés vers moi.

Ses cris de plus en plus aigus attirent l'attention de Zaesh, qui sort du bois, la main sur la poignée de son épée. Je lui fais un signe discret pour qu'il reparte dans l'ombre des arbres, mais c'est trop tard, la gamine l'a vu.

— C'est qui, ce sidhe ?

— Lui ? Un type bizarre qui me suit.

— Il est toujours derrière toi, observe l'ældienne.

Je fronce les sourcils.

— Comment tu le sais ?

— Je t'ai observé. Et même suivi, une fois.

Il n'y a pas plus doué en stalking et déterminé dans son harcèlement qu'un ældien qui a une idée dans la pigne. Même si c'est une petite fille de douze ans, âge humain.

— Tu m'as suivi ? T'es sérieuse ?

Elle se renfrogne.

— Oui, une seule fois... Je voulais savoir où tu habitais.

Mon cœur se met à battre plus fort. Finalement, Zaesh avait peut-être eu raison de vouloir intervenir. Cette gamine pourrait être une apprentie de l'Aleanseelith commissionnée pour m'assassiner, déguisée en ældienne lambda...

— T'as vu où j'habitais ?

Si c'est le cas, on va devoir changer de logement. Une fois de plus.

— Non... ce sidhe, ton garde du corps, m'en a empêché.

— C'est pas mon garde du corps, réponds-je avec humeur.

Elle fait la moue, pas convaincue.

— Tu veux que je te dise ce que je pense ?

— Non. Je veux pas.

Elle ignore ma réponse.

— Je pense que tu es le fils du roi de Dorśa : il paraît que c'est un perædhel, comme toi ! Comme la Haute Reine doit séjourner à la Cour de Lumière la moitié du temps, tu vis ici, avec elle. Et je ne t'avais jamais vu avant, donc ça colle.

Je m'efforce de garder un visage impassible, et un ton nonchalant.

— Tu crois vraiment que je serais là tout seul sur un bord de plage, si j'étais vraiment le prince héritier des Trois Royaumes ? Je vivrais au palais, entouré d'une cohorte de gardes.

— Justement. Tu as un garde du corps. Je suis sûre que si j'essayais de t'attaquer, là tout de suite, il interviendrait aussitôt.

— Mes parents me l'ont collé parce qu'ils craignent pour ma vie, avoué-je, en tant que perædhel. N'importe quel ældien pourrait me faire beaucoup de mal très facilement : je n'ai aucun pouvoir, pas de crocs ni de griffes, et bien que grand pour un humain de mon âge, je suis un nain ici. Alors, ils se sont payé les services d'un ex-instructeur du temple d'Æriban pour me protéger. Y a pas de sidhe à la Cour d'Ymmaril, juste des chasseurs. Mais lui, Zaesh, est un sidhe, comme tu l'as vu toi-même.

— Zaesh ? C'est un nom dorśari, non ?

— C'est son nom de guerre. Pour faire peur. Si c'est le cas, mieux vaut prendre un nom dorśari, tu ne crois pas ?

Elle ne trouve rien à répondre. Normal : je n'ai aucun pouvoir, ni aucune arme... mais je suis intelligent. Peut-être un poil plus que la moyenne.

— Si j'étais vraiment le fils du Roi de la Nuit, de l'Obscur, je serais beaucoup plus beau et arrogant que ça. Et j'aurais une suite de serviteurs destinés à réaliser tous mes caprices, et des aslith pour me donner du sang. Or je ne suis qu'un banal perædhel qui mange de la salade et du coimas...

L'ældienne me scrute attentivement. Mais elle finit par se ranger à mes arguments.

— D'accord, Cyann. Mais on peut tout de même devenir amis ? Je m'appelle Aloïsha.

— Aloïsha. Enchanté.

— J'ai demandé à mes parents à ce qu'on t'invite à dîner chez nous. Tu es libre, demain soir ?

— Euh, je... je dois demander à ma mère.

Qui dira non.

— D'accord. J'attends ta réponse. Je serais là demain !

Comme tous les jours.

— Maman, une ældienne m'a invité à manger chez elle, annoncé-je à table le soir-même.

— Mmh. Emmène Zaesh.

Je relève la tête de mon assiette.

— Tu m'autorises à y aller ?

— Pourquoi pas ? Il est temps que tu te fasses des amis.

Et bim. Dans ta face... ma mère peut-être très coupante, quand elle veut. Avec mon père, ils se sont bien trouvés.

— Tu n'as pas peur qu'on cherche à m'empoisonner, ou à m'enlever ?

— Nous ne sommes pas à Ymmaril. Les ældiens ici sont bien intentionnés. Et surtout, ils ne savent pas qui tu es. Ton père a été bien inspiré le jour où il a déclaré qu'il punirait de mort tous ceux qui oseraient prononcer ton prénom... ici, personne ne le connait.

Une manière habile « d'effacer » les opposants, pratiquée communément à Dorśa. La liste de noms tabous est longue. Et je suis dessus, mais encore vivant. Pour l'instant.

— De toute façon, Zaesh sera avec toi. Tu as bien dit à ton amie que tu avais un garde du corps ?

— Bien sûr, réponds-je avec une grimace. Comment le rater ? Il me colle au train H24.

— C'est pour ton bien, Cyann. Tu le sais.

— Je sais.

— Quand tu auras fait ton Choix, ce sera différent.

Très différent. Parce que je ne serais plus ældien, mais un humain insignifiant, un mortel à la vie éphémère sans pouvoir et incapable d'accéder au trône, qui n'intéressera plus personne. J'attends ce jour avec impatience.


*


Après le dîner, j'essaie d'appeler en Caël. En vain. Mais je reçois un appel de Lalaith, sa demi-sœur. Elle veut que je lui renvoie son livre humain, celui que je viens de finir.

— Je peux pas. Je l'ai prêté à une ado ældienne, une hënnelleth. Elle croit que je lui ai donné : je peux pas le reprendre sans la vexer et risquer un dwol ou un coup de griffe.

— D'accord, soupire Lalaith. J'en ai reçu d'autres : j'ai demandé à Caël de les prendre.

— Tu savais qu'il allait partir ?

— Les seuls à l'ignorer étaient les parents. Au fait, si tu peux te connecter à NovaRep, essaie de liker mes histoires. Je participe à un concours en ce moment. Le gagnant verra son histoire promue par les Galactic Angels en prime-time.

Lalaith écrit des histoires qu'elle met en libre-accès sur une grosse plateforme républicaine. Elle espère devenir autrice à plein temps, mais ça ne marche pas des masses pour elle. Elle est trop bizarre pour devenir populaire.

— Ok. Je vais essayer de me connecter avec le terminal portatif que m'a donné ton père. Je ne te promets rien : on a très peu de Réseau dans l'Autremer.

Son père, mon oncle Lathelennil. Celui-là même qui a arrangé avec le mien notre « union ».

Je décide de le lui dire. Ça me dérange un peu, mais mieux vaut qu'elle soit avertie.

— Au fait, nos chers pères ont décidé qu'on serait le couple de l'année dans leur fête perverse. J'ai pas l'intention d'y aller, je tiens à te le dire.

— Je suis au courant, soupire Lalaith. J'ai dit non. Il est hors de question que je participe à ça. Je perdrais ma virginité avec qui je veux quand je veux, et personne n'aura rien à dire là-dessus.

Et, contrairement au mien, son père écoute ce qu'elle dit. Elle est sa petite fille chérie, la prunelle de ses yeux.

— Tu m'étonnes. C'est cool, alors. Je me casse d'ici dès que Caël arrive. Je vais pas à Ymmaril cette année.

Pour la toute première fois. Enfin libre.

— Ça ne risque pas de poser problème ? s'inquiète ma cousine. Ton père est capable d'envoyer toute la chasse de Dorśa à tes trousses. Et de punir Caël en pensant qu'il t'a enlevé...

— ... ou de déclarer la guerre à Edegil pour ne pas m'avoir bien surveillé, je sais, soupiré-je. Mais il ne fera rien de tout ça. Parce que je compte choisir de devenir humain, et que je vais lui annoncer bientôt. Juste après la levée de la Lune Rouge, en fait.

— Dans une semaine, donc. Il va mal le prendre... tu es son unique héritier, Cyann.

— Il n'aura pas le choix. C'est à moi de choisir... et j'ai choisi l'humanité. Je vais devenir naute, bosser un temps pour Caël, apprendre le métier puis m'acheter mon propre vaisseau. Je veux découvrir le monde, le vrai. Pas végéter dans ces Cours moribondes et sclérosées.

Lalaith ne dit rien. Je sais qu'elle me trouve sévère sur le monde ældien, mais qu'au fond, elle n'en pense pas moins.

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