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Chp 1 - Kael : l'expédition

Vue de quelques milliers de kilomètres, la station orbitale Thriton ne ressemblait à rien : à peine une tête d'épingle dans le noir glacé de l'espace. On pouvait aisément passer à côté dans la voir. Ce jour-là, le jeune pilote qui s'apprêtait à y apponter avait failli la manquer. Comme souvent, il était arrivé trop vite sur son objectif, et avait dû décélérer au dernier moment, provoquant la mise en alerte de son IA de bord — et la panique de ses deux co-pilotes.

— Collision imminente, annonça la voix désincarnée du navigateur de bord. Impact dans...

Un coup de doigt rageur coupa court à l'ultimatum.

Le vaisseau se redressa au dernier moment, ses flancs cabossés frôlant les murs anthracites de l'énorme structure cubique. Le pilote qui venait de manœuvrer laissa échapper un long soupir, la main sur le manche. Cette fois, c'était vraiment passé près !

Kael Srsen n'avait que dix-huit ans : il avait obtenu sa majorité à peine quelques semaines plus tôt. On lui aurait volontiers donné plus. Grand, les épaules larges et la silhouette svelte, il arborait un visage concentré et sérieux lorsqu'il pilotait. Il fallait bien le connaître pour se rendre de sa naïveté et de son caractère espiègle, souvent tête brûlée et volontiers farceur. Avec sa peau caramel et son abondante chevelure blonde — si claire qu'elle en paraissait blanche — parsemée de tresses et de dreadlocks, le jeune pilote avait un physique exotique. Ses yeux rieurs, d'un vert d'absinthe, son sourire solaire et ses dents blanches bien alignées, associées à une beauté hors du commun, faisaient de lui quelqu'un dont on se souvenait. Sur sa planète d'origine, la colonie agricole Pangu, il avait été le jeune local que tout le monde adorait. Sauf les profs, évidemment.

— Tss, t'aurais pu arriver moins vite, le réprimanda Yamfa, sa seconde. On a failli se crasher sur la station. Pas sûr qu'ils nous laissent apponter, avec ça !

Kael l'ignora. Il tendit la main sur son moniteur et enclencha rapidement quelques boutons.

— Ici le capitaine Kael Srsen, et ses co-pilotes Yamfa Dibate et Keita Manami. Nous demandons l'autorisation de séjourner quelques jours sur la station pour nous ravitailler. Désolé pour l'arrivée un peu, ahem, sportive... M'autorisez-vous à apponter ?

Un silence angoissant suivit son message. Keita et Yamfa retinrent leur souffle, leur regard inquiet allant de leur ami aux structures grises et muettes en face d'eux, résolument fermées. Puis, enfin, la lueur orange se ralluma sur le moniteur. La station répondait.

— Autorisation d'apponter. Bienvenue sur Thriton, capitaine Srsen. On vous attend sur le pont B pour l'enregistrement.

Kael jeta un petit regard satisfait à son copilote.

T'as entendu ça ? avait l'air de dire ses pétillants yeux verts.

Puis, la main sur le manche, il entama la manœuvre d'appontage, en sifflotant.

— « Sportive », grogna Yamfa. Dangereuse, oui... T'as de la chance qu'ils nous ouvrent ! Moi j'aurais pas laissé un kamikaze comme toi apponter.

Kael se contenta de sourire. On ne lui avait jamais rien refusé, et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait commencer. Satisfait, il ralluma la musique que le système de sécurité avait interrompue. Les basses planantes et la voix groovy de Keva, son chanteur préféré, résonnèrent dans toute la carlingue. Après avoir tiré une longue taffe, Keita passa à son ami la petite pipe à eau qu'il avait bricolée avant de partir, agrémentée de sa dernière récolte. Le tout sous le regard désapprobateur de Yamfa.

— Vous faites chier, les mecs. Si l'inspection demande à fouiller le vaisseau... et on pas d'autorisation de voler, je vous rappelle. S'ils nous choppent...

— On leur filera 50 grammes, et ils la boucleront, répliqua Keita d'une voix pâteuse. Les plantes sont hyper règlementées sur les stations : ça vaut de l'or, pour eux.

— T'façon, ils fouilleront pas, ajouta Kael, les yeux fixés sur le sas qui s'ouvrait de l'autre côté de la baie. Un chouïa de tchatche, un peu de charme, et hop, ils nous laisseront passer.

Yamfa croisa les bras.

— Je vous trouve bien présomptueux. Ils vont trouver ça louche, c'est sûr.

— Ben justement, c'est pour ça qu'on est là, bébé, répondit Kael en plissant les paupières d'un air concentré. Et je t'assure qu'ils vont faire la queue pour acheter nos bonnes plantes... Oncle Lathé me l'a dit. Y a plein d'acheteurs, sur ces stations.

Keita accompagna la remarque d'un large sourire.

— Ça, je peux assurer qu'ils n'auront jamais rien fumé de meilleur à des milliers de parsecs à la ronde ! Tu veux que je lance l'aide à l'arrimage ? C'est étroit, leur hangar...

Kael secoua la tête.

— Nan, pas besoin. Je te fais ça en manuel, tranquille... Encore 10 mètres. 5... 2... Arrimés. On y est !

Yamfa jeta un regard bref au jeune homme. Rapide, discret, mais néanmoins admiratif. Toute colère avait disparu de son joli visage, et une petite teinte rosâtre colorait ses joues ambrées.

— Arrimage, annonça la voix de l'IA navigatrice. Belle manœuvre, capitaine Srsen.

Le susnommé croisa les mains derrière son cou, rejetant au passage l'une de ses longues locks blanches derrière son épaule.

— Ah, je vais apprécier ce nouveau titre, s'exclama-t-il, triomphal. Capitaine Srsen. Ça sonne tellement bien !

— N'en profite pas trop, va, grogna Yamfa d'un faux air bougon. C'est pas parce que le vaisseau est au nom de ta mère qu'on va te lécher les boules, Caëlurín. C'est un projet commun, à la base. On y a mis autant de thunes que toi, si ce n'est plus !

Ce dernier fit mine d'être fâché : ses amis ne l'appelaient par son nom complet que lorsqu'ils voulaient l'embêter.

— Reconnaissez que cette manœuvre était nette et sans bavure. C'est rentré comme une lettre à la poste. J'aurais même pu le faire sans les mains, tiens ! ricana Kael en faisant mine de poser ses pieds sur le tableau de commandes.

Yamfa se leva en roulant des yeux.

— Vantard, va, lui lança Keita. Ça craint, d'avoir un capitaine qui se la pète autant !

— C'est bien vrai, ajouta Yamfa. Si tu dois vraiment être le capitaine, faudra que tu modifies ce comportement de merde !

Kael se mit à rire, affichant un sourire parfait.

— Bande de rageux ! Vous êtes juste furieux parce que vous avez parié contre moi et mes capacités à piloter ce vaisseau comme un pro. Allez, aboulez la monnaie ! Je prends toutes les devises.

Faisant semblant d'être ulcérée, Yamfa lui donna son convertisseur de devises, réglé sur la somme qu'ils avaient pariée. Keita fit de même, avec bonne humeur : personne ne restait longtemps fâché contre Kael.

Ce dernier plaça les deux petites sphères devant la sienne, qu'il portait autour du cou, à côté d'une chaîne sur laquelle était accroché un beau cristal rouge.

Merki, minauda-t-il avant de déplier sa haute silhouette, et de rendre les deux convertisseurs à ses amis.

Leur navire, un vaisseau sans armement ni cargaison, ne comptait que trois membres réguliers dans l'équipage : Yamfa, Keita et Kael, trois amis d'enfance issus de la même planète, une petite colonie perdue aux confins de la Voie, éloignée de toute route commerciale sérieuse.

Pour ses dix-huit ans, Kael avait reçu de sa mère, une ancienne naute, un vieux croiseur de la Towa qu'il avait retapé pendant plus d'un an. Puis, après avoir fait croire à ses parents qu'il partait en voyage scolaire, Kael avait quitté Pangu avec ses deux amis afin de réaliser son rêve : devenir naute. Comme sa mère, il voulait voguer dans l'espace et vivre des aventures. Kael avait gardé certains souvenirs de l'époque où il naviguait dans la Voie avec elle : des images de mondes merveilleux, de batailles spatiales épiques, d'exos dangereux... Des impressions qu'il brûlait de retrouver. Du jour au lendemain, Rika Srsen, célèbre et intrépide pilote indépendante avait raccroché pour aller s'installer sur une colonie agricole et y cultiver du riz. La vie si excitante de Kael était devenue d'un ennui mortel : on l'avait même forcé à aller à l'école, avec d'autres enfants. Le point positif de cette machine à laver les cerveaux, c'est qu'il y avait rencontré Keita et Yamfa, qui vivaient chacun avec leur famille dans une ferme à plusieurs kilomètres de la sienne, et leurs parents étaient même devenus amis avec les siens. Mais, de manière générale, Kael s'ennuyait, et il rêvait des étoiles. Il avait donc retapé en secret cet astronef que sa mère lui avait donné pour avoir la paix et se débarrasser de lui. Et une nuit, il avait décollé. Le plan : faire un tour sur la station pour écouler l'ayesh qu'il avait planté avec ses amis à un revendeur contacté sur le Réseau, utiliser l'argent pour acheter du carburant, puis aller rendre visite à son cousin sur l'orbite de Taranis et revenir à Pangu, ni vu ni connu.

Keita et Yamfa avaient prévenu leurs parents de leur petite escapade, qui leur avaient donné leur accord. Mais Kael, lui, avait dû mentir. Il savait que les siens allaient préférer l'enfermer dans le sous-sol de la ferme plutôt que de le laisser partir. Ils ne lui faisaient pas confiance, en partie à cause de ses résultats scolaires désastreux.

— Tes parents ont gobé ton histoire ? avait demandé Keita. Même ton père ?

— Surtout lui. Je l'ai pas dit à ma mère : elle sait lire mes mensonges. De toute façon, lui, il ne dit jamais rien. S'il y en a un qui doit gueuler, en général, c'est ma mère. Lui, il reste derrière à me regarder d'un air réprobateur.

En réalité, Kael ne les avait même pas prévenus en face : il avait laissé un mot sur la table de la cuisine. Il comptait profiter de l'escale sur Thriton pour leur envoyer un petit message : Tout se passe bien, on s'amuse comme des fous, les profs sont sévères. Un message crypté, bien sûr : hors de question que ses parents déterrent leur vaisseau, dans lequel ils n'étaient pas montés depuis une dizaine d'années, pour aller le chercher par la peau du cou.

Kael réprima un frisson, songeant à la honte qu'il ressentirait alors. Surtout que tout le monde connaîtrait son secret. Bien entendu, ses deux amis le connaissaient déjà : ils avaient vu son père à plusieurs reprises, et même ses frères et sœurs. Mais ici, sur une colonie civilisée, à la ville, devant tout le monde... Kael secoua la tête. Ce n'était juste pas envisageable.

— Allez, on descend ! clama-t-il en appuyant sur l'ouverture de la porte.

Le sas s'ouvrit dans un beuglement de sirènes et de diodes jaunes, révélant la silhouette d'un agent du Bureau Gouvernemental.

— Contrôle ! Faites voir votre licence de commerce, les jeunes. Où est le capitaine ?

Yamfa et Keita pointèrent Kael en silence.

Vite, vite, trouver un truc.

Kael se targuait de toujours rebondir sur ses pieds, même pris la main dans le sac.

— On venait justement pour s'enregistrer, chef !

Le fonctionnaire le scanna d'un air blasé. Ses yeux bioniques s'attardèrent sur ses dreadlocks attachées en arrière, sa combinaison à demi-ouverte, et le cristal violet qui pendant entre ses pectoraux bronzés.

— C'est pour vendre quoi ?

Yamfa, immobile, fit les gros yeux à Kael.

— De la sève de caroubier de Rhvek, improvisa Kael en se rappelant de sa dernière interro, celle où il avait eu zéro. On vient d'une colonie agricole, et les fermiers en ont toujours besoin pour colmater leurs.. leurs... plantations.

Son explication lui valut un nouveau coup d'œil de l'inspecteur, mais un peu moins sévère, cette fois.

— Colonie agricole, hein... Bon, on va vous accompagner au Bureau. Et vous allez déposer l'itinéraire de votre expédition, les informations sur l'équipage, tout. Vous êtes que trois ?

Keita hocha la tête.

— Ça ne suffit pas pour une expédition aussi lointaine. Vous devez recruter du monde, surtout que le coin de Rhvek est assez agité : on nous a signalé une activité exo et hérétique plutôt soutenue, là-bas... Je vous conseille de prendre au moins un agent de sécurité, au cas où ça chaufferait. De préférence un ancien légionnaire, ils sont plus chers, mais plus réglos. Ah, et un navigateur homologué...

Le cerveau de Kael s'était mis à tourner à plein régime.

— Comment on va les payer ? On n'a pas de fric, chef.

— En général, ils acceptent les avances sur gages. Allez, je vous emmène ! Fermez votre bolide. Je vous ai vu manœuvrer : j'espère que vous allez vous calmer un peu... l'appontage, ce n'est ni une course pods, ni un rodéo crash !

— Compris, chef.

— Et arrête de m'appeler chef, jeune con. Allez, on se dépêche !

Kael et ses amis suivirent, la tête un peu basse.

Leur aventure commençait plutôt mal.

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