quatrième refrain
Nicolas et Samuel entrent dans la petite boutique de musique vers dix-sept heures trente. Ils passent la porte en faisant sonner la petite clochette qui indique leur présence.
«- Bonjour Victoire !» s'exclame Samuel.
«- Hello Sammy ! Comment tu vas ?
- Salut Vic'» dit le grand plus discrètement.
Ils s'embrassent et se font une accolade amicale. Un temps passé il y a eu un bout de chemin ensemble mais cela n'a pas vraiment fonctionné. Victoire voulait trop aider Nicolas avec ses affaires de famille et elle avait bien risqué sa vie. Le grand blond tourne la tête et balayé la pièce des yeux. Rapidement, son regard s'arrête sur la jeune fille penchée au dessus des bacs. Elle est d'une beauté simple mais agréable aux yeux. C'est si rare de nos jours. Il prend son petit frère par la main et, ensemble, ils se baladent à travers les rayons de musique, classés par années et par genre. Ils s'embarquent dans l'allée des groupes rock des années 80-90.
La jeune fille est aussi dans cette allée, de l'autre côté. Nicolas prend quelques secondes pour la détailler rapidement de peur qu'elle le surprenne à faire du voyeurisme. Elle est plutôt fine de visage, a de jolis yeux verts en amande, des lèvres pulpeuses rongées – sûrement par le stress – et une jolie peau blanche. Ses cheveux bruns avec des mèches blondes sont relevés en haut chignon placés sur le dessus de sa tête: des lunettes rondes marrons ornent son nez et elles lui donne un air mystérieux. Elle ne parle pas beaucoup – en même temps qui parlerai avec un inconnu ? – mais ça ne la rend pas plus bête que ça. L'art de la musique se respecte et elle semble l'avoir compris. C'est différent des petites pimbêches qui ricanent comme des pintades à gorges déployées, entrent en groupe de six ou sept, touchent à tout, font tomber quelques disques et rendent la vie impossible à Victoire. Cette fille est différente. Nicolas vient se poser en face d'elle, cherchant dans les lettres en début d'alphabet sans aucune recherche précise. Il veut juste attirer son attention. La jeune brune décale ses pieds de deux pas sur la gauche. Ne voulant pas être persistant, Nicolas ne bouge pas. Il ne voudrait pas passer pour un pervers.
La jeune fille émet un son, et le blond comprend que c'est son téléphone qui sonne. Sa sonnerie est un choix judicieux : "Everybody" des Backstreet Boys, un fameux boys band pop américain des années 1930. Honteuse et les joues en feu, elle se hâte à sortir le portable de son sac et décroche. Le blond se place en retrait pour ne pas écouter une conversation peut-être secrète avec un petit-ami. Ce genre de fille doit en avoir à la pelle. Ou au moins à la pelle en plastique violette à paillettes, les pelles de plage. Samuel tire sur la main de son frère qui se tourne vers lui.
«- Elle est jolie la fille là.»
Nicolas donne une petite tape sur la main de Samuel qui pointait tout droit la fille pendue au téléphone. Il rougit et fonce la tête vers le sol.
«- On ne montre pas les gens du doigt. C'est mal poli.
- Mais tu la regarde c'est mal poli aussi !»
Nicolas grimace en essayant de sourire et pousse un peu son frère pour qu'il ne fasse pas de gaffe devant la brune aux yeux verts. C'est ainsi qu'il l'appellera jusqu'à ce qu'il sache son doux prénom.
«- Les Backstreet Boys ?» demande finalement Nicolas.
L'adolescente a un mouvement de recul et est surprise de sa question. Il n'aurait peut-être pas dû, il ne voulait absolument pas l'effrayer.
«- Euh oui.
- Une fan des années 80 ?
- Des années 70-80-90 même.
- Waw, c'est si rare de nos jours.
- Les jeunes préfèrent les remix électro ou les chansons pop anglo-saxonnes d'aujourd'hui.
- Une connaisseuse.
- Un musicien.» remarque-t-elle aux traces rouges sur le bout de ces doigts.
«- Guitariste.» répond Nicolas.
«- Rockeur ?
- Exact.
- Nirvana ? Scorpion ? Eagles ?
- Les trois.
- Oh, bonne culture !
- Merci.»
C'est sur ce remerciement que s'arrête la discussion. À l'intérieur de lui, il hurle à en perdre haleine. Il veut encore lui parler. Sa voix est si douce et mélodieuse qu'on a envie de l'écouter parler pendant des heures.
«- Je m'appelle Salomé.» dit elle en souriant.
Joie ! Elle lui a parlé. Et son prénom est divin. D'une beauté sans égale.
«- Nicolas. Et mon petit frère Samuel.
- Bonjour !
- Salut toi» sourit elle. «Il te ressemble.
- Merci.
- Je t'en prie.»
Ses grandes mains attrapent un album collector d'un groupe de rock français, "Téléphone" réussit à lire Nicolas en biais. Elle regarde l'album en le dévorant des yeux et le repose à contre cœur, soupirant. Elle est déçue elle ne peut le cacher. Son sourire s'est évaporé en moins de trente secondes. Inquiet, Nicolas se permet d'intervenir, quelque peu mal à l'aise.
«- Quelque chose ne va pas ?
- Oh si ! C'est juste que je voulais me faire plaisir et en fait je vais devoir attendre.
- Quel groupe ?» demande-t-il en sachant déjà la réponse. Mais il veut encore entendre sa voix, encore et encore.
- Téléphone.
- Un classique français !
- Oui avec ma mère on adore.
- J'adore ce groupe aussi.
- Coïncidence ? Je ne crois pas !» sourit Victoire depuis son bureau.
Déçue de ne pas pouvoir acheter l'album de ses rêves, elle part, sur les mots de Victoire, loin de Nicolas qui n'a même pas eu le temps de lui demander son numéro ou quelconques banalités. Son petit Nicolas à l'intérieur de lui hurle. Il lui hurle de lui courir après au risque de passer pour un pervers sexuel en manque. Il sent qu'il a besoin de la revoir.
Elle salut Victoire, lui et n'oublie pas son petit frère qui se tourne vers elle en souriant. Son dernier sourire forcé s'adresse à son petit frère. "Veinard" pense Nicolas.
Voyant toujours l'album tant désiré de Salomé dans le bac, il l'attrape et s'avance vers Victoire.
«- C'est ce que regardait Salomé non ?
- T'occupes.
- Oh je vois, tu as un petit faible pour elle ?
- Vic'.
- Je demande ! Ça fait 9,99 euros je te prie.»
Nicolas lui tend la monnaie et récupère son centime.
«- Tu peux l'emballer et le garder avec toi, comme ça quand Salomé reviendra tu lui donnera. S'il te plaît.
- Ça marche mon bichon. Samuel va bien ?
- Le cercle infernal recommence.
- Oh merde Nic' je suis désolée !
- C'est pas de ta faute t'as rien à te reprocher, toi. A une prochaine Vic' !
- A bientôt les enfants !»
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