Et voilà que Salomé se trouve à marcher dans les rues de sa ville, Nicolas à ses côtés, en cette belle matinée d'août. Mais que diable avait elle fait ? Avec l'appui de Victoire elle avait envoyé un message à ce garçon et maintenant elle lui a laissé la porte grande ouverte pour apprendre à la connaître ! Est-ce qu'elle le regrette ? Pas le moins du monde, mais elle trouve cela un peu rapide. Elle aurait aimé qu'ils continuent leur petit jeu de s'offrir mutuellement des cadeaux encore quelques jours. Mais elle ne va pas se plaindre de marcher à ses côtés, d'avoir pris une initiative seule et avec un garçon en plus !

«- Alors, tu es guitariste c'est ça ?
- Oui, je joue de la guitare dans le garage familial aménagé en studio.
- Oh ! C'est génial ça !
- Oui très ! Et toi ? Tu joues d'un instrument ?
- Ouh là il est préférable pour tout le monde que je n'en joue pas !» rit elle. «Non je préfère l'écriture.
- Tu écris ?» demande Nicolas avec enthousiasme.
«- Oui, rien de bien grand mais quelques poèmes, des textes par ci, par là...
- Je crois que tu es la personne que je cherche !
- Ah oui ?
- J'ai récemment enregistré une mélodie, quelque chose de doux de très joli, très simple. Je cherche quelqu'un qui puisse mettre des paroles sur cette mélodie.
- Pour en faire une chanson donc.
- Exactement ! Peut-être peux tu écouter la mélodie et me dire si elle t'inspire ? Et si, par chance, c'est le cas, accepterais-tu de faire un "brouillon" de paroles ? Ce n'est pas une obligation bien sûr mais...
- D'accord. Je veux bien écouter et essayer.» dit Salomé en souriant.

Le visage de Nicolas s'illumine aussitôt et il tape dans ses mains, content de lui. Salomé rigole et remarque qu'ils passent devant le marché. Elle ralentit sa course pendant que Nicolas sourit encore et toujours. Il s'arrête également et sent la bonne odeur des churros – ou "chichi".

«- J'en veux !» disent ils en même temps.

Ils se regardent et rient en même temps.

«- Tu veux que je t'en offre ?
- Je ne dis pas non.» sourit la brune.

Elle attrape le bras droit du blond et ils entrent dans la zone de marché, dépassant les barrières de protection. Parcourant les étalages des différents commerçants – en passant par le poissonnier, le marchant de fruits et légumes, la vendeuse de vêtements, celle de paniers et le stand des perruques et accessoires pour cheveux  – ils arrivent devant le stand des churros fait main et sur place par un couple. Nicolas en commande une dizaine plus deux à manger tout de suite. Salomé sourit et rougit légèrement, puis prend la pâtisserie roulée dans du sucre et la déguste en regardant Nicolas. Leurs regards se croisent et c'est un tourbillon d'émotions qui parcourent Salomé.
Ils repartent en direction de la boutique, quand le téléphone du garçon vibre violemment dans sa poche de veste. Il le sort et décroche, tendant le sachet de churros à Salomé qui le regarde avec appétit.
Il s'éloigne un peu et la brune le voit se crisper. A-t-il des ennuis ? De graves ennuis ? Son poing droit de serre et son cou devient rouge. Salomé a un petit geste de recul, peureuse de ce que peut faire Nicolas. Il raccroche et passe rageusement ses mains dans ses cheveux. Il se tourne vers Salomé, l'air désolé et énervé; elle recule un peu plus, une main en défense devant elle.

«- Je suis désolé mais je dois y aller.
- Oh... Que se passe-t-il ? Tu peux m'en parler si tu veux...
- Non pas la peine. Tu connais le chemin pour aller chez Vic' ?
- Oui bien sûr mais...
- Parfait. À bientôt.»

Il dépose furtivement ses lèvres sur la joue de Salomé qui rougit, puis il s'enfuit.

«- Mais, et ton vélo ?»