Nicolas dessine la dernière note de musique sur sa feuille et sourit, fier de lui. Il a fini sa chanson. Il ne manque plus qu'à trouver quelqu'un pour écrire les paroles.
Le blond n'est pas vraiment doué avec les mots, plus avec les gestes et la musique mais les mots il les maîtrisent très mal.
Voulant une nouvelle corde grave pour sa guitare, il prend sa veste et son porte monnaie puis grimpe sur son vélo pour aller chez Victoire.
La porte d'entrée de sa maison s'ouvre et son père en sort.

«- Nicolas ! Où est-ce que tu vas ?
- En ville pourquoi ?
- Tu vas encore chez cette vendeuse de disques ?
- Papa elle s'appelle... Oui je vais là-bas et alors ?
- Peux tu aller acheter quelques trucs à la pharmacie ?
- Je t'écoute.» dit Nicolas en serrant les dents sachant très bien pourquoi il doit aller à la pharmacie.

Son père lui tend un liste et Nicolas lui arrache des mains. Il marmonne un "salut" et pédale loin du champ de vision de son père. Cet homme le dégoûte au plus haut point. Détruire sa famille en les frappant puis tromper sa femme – mariés depuis dix ans – avec la voisine installée en face de chez eux depuis un an et demi seulement. Tous les mardis et samedi soirs il y va, la sautant comme une chienne et repart, la queue entre les jambes à la maison se plaignant constamment.
À penser ça, Nicolas accélère sa vitesse et se retrouve en quelques minutes en centre-ville. Pharmacie ou disquaire en premier ? Il tourne son guidon à droite et l'attache avant d'entrer dans le grand bâtiment aux murs blancs et aux aspects hospitaliers.
Nicolas regarde la liste et attrape des bandages blancs, des pansements, du désinfectant en spray, deux boîtes de Doliprane et une boîte d'aspirine. Il passe le tout à la caisse et demande à avoir un sac en papier, ce qu'on lui donne. Il paye le tout, sourit au pharmacien et sort de la pharmacie. Il remonte sur son vélo et pédale en direction du disquaire. Il pose son vélo derrière la boutique puis rentre en faisant sonner la clochette.

«- Vic' ! C'est Nicolas !
- Oh Nico ça va ?» demande-t-elle en posant des cartons de disques sur le comptoir.
«- C'est pour qui ce paquet ?» questionne-t-il en pointant le petit paquet rouge.
«- Pour toi. Salomé a bien eu ton cadeau au fait.
- C'est vrai ?» rougit il. «Elle a dit quelque chose ?
- A son expression elle était très contente.»

Nicolas hurle de joie, elle a eu son cadeau et l'a ouvert ! Le meilleur c'est qu'elle a dû sourire de son joli sourire. Il prend le cadeau des mains, curieux, et le déballe. Le rouge est sa couleur préférée et rare sont les personnes qui le savent; Nicolas ne se livre pas vraiment. Son visage trahit son amusement et il rigole doucement. Un album des Backstreet Boys, la sonnerie de téléphone de Salomé. Ça ne peut être qu'elle.

«- Je vois que tu es content.» sourit Victoire.

Il lève la tête vers elle et ne répond pas, trop heureux qu'elle ait pensé à lui.

«- Laisses lui quelque chose si tu veux.
- Avec plaisir.»

Il pose son sac près du comptoir et parcours les rayons parcourus plus tôt par les pieds délicats de Salomé. Il s'arrête devant l'allée Rock'N'Roll et choisit un album de Nirvana. Il le prend dans ses mains et sourit.

«- Vic' tu aurai des cordes graves pour guitares électriques ?
- Je t'attrape ça !»

Victoire monte sur un tabouret et attrape une corde. Elle descend et passe les achats de Nicolas à la caisse.

«- L'album est pour Salomé ?
- Oui. Peut-être que je devais laisser un mot cette fois ?
- Ton numéro aussi ?
- C'est pas un peu rapide ?
- Si tu ne le fais pas maintenant tune le fera jamais !
- Bon d'accord alors je lui écris. Tu as du papier ?
- J'ai tout ce qu'il faut !»

Que marquer ? Victoire le regarde en riant et gribouille quelque chose sur le papier avec le numéro de Nicolas.

«- Ne me remercie pas.» sourit elle.

Le sourire de Nicolas s'agrandit et il embrasse la joue de Victoire. Il attrape son sac de la pharmacie et sa corde de guitare mise dans un sac en papier. Il sort de la boutique, attrape son vélo et rentre chez lui, heureux, pédalant gaiement dans les rues de sa ville. Le vent chaud lui fouette le visage et s'engouffre dans sa veste la faisant gonfler, lui donnant de la vitesse.
Nicolas entre dans son quartier et ralentit sa course. Il descend de son vélo qu'il range dans le garage; il entre dans la maison et pose le sac de la pharmacie sur la table en bois vernis du salon.

«- Papa j'ai ramené ce que tu as demandé.»

N'entendant pas de réponse il signale à nouveau sa présence et entend les pleurs de sa mère venant de la cuisine. Il fronce les sourcils et y va.

«- Maman ?
- Oh Nicolas tu es rentré ? Je ne t'avais pas entendu !» sourit tristement sa mère.

Elle a son tablier à fleurs bleu clair – noué autour du cou et de sa taille –accoudée à l'évier marron, comme ceux des années 70.

«- Maman ça va ?
- Oui mon garçon je vais bien ! Je suis fière de toi Nicolas, même si je ne te le dis pas souvent je t'aime et je suis fière de toi. Toi, Emilie et Samuel êtes mes plus grandes fiertés, vous êtes mes plus beaux cadeaux.»

Peu démonstratif, devant les pleurs et les mots doux de sa mère, Nicolas se jette dans ses bras; elle ressert un peu plus sa prise et laisse quelques larmes rouler sur ses joues. Ils se séparent et sa mère essuie rapidement ses joues avant le retour de son père.