je voudrais que tu te ramène devant
que tu sois là de temps en temps
et je voudrais que tu te rappelle notre amour est éternel
et pas artificiel

Nicolas se lève de bonne heure – par Louise Attaque –, se douche rapidement, enfile des vêtements pris au hasard dans son armoire en toile puis descend prendre une barre de céréales ainsi qu'un verre de jus de fruits – multi-vitaminés, son préféré – et pars s'enfermer dans son studio. L'album de Salomé dans les mains, il le déballe de son enveloppe plastique et place le CD dans son poste. Il clique sur les boutons et la première chanson se lance. "Everybody", une super bonne chanson, il se prend même à danser dessus et à fredonner l'air. Pour un boys band ils sont plutôt bons il doit bien l'avouer.
Après une demi-heure d'écoute il prend sa guitare et joue la chanson qu'il a composé hier. Il doit absolument trouver un parolier. Des mots d'une plume majestueuse doivent se poser sur cette douce mélodie. Une douce mélodie comme la douceur des traits du visage de Salomé. Cela fait deux jours qu'ils ne se sont pas vus et il doit avouer qu'il est en manque de son visage. Il doit la revoir. À tout prix.
Est-elle à la boutique aujourd'hui ? Il regarde l'heure sur la pendule : dix heures. Ouverture de la boutique. Victoire y est c'est sûr. Est-ce que Salomé y est ? Pour savoir il a juste à y aller.
Son téléphone vibre violemment. Il se tourne soudainement, les sens aux aguets et cherche partout cette maudite boîte technologique. Il enlève les coussins du sofa, celui du fauteuil, regarde dans sa veste et le trouve finalement sur son bureau. Le prenant dans le bon sens, il le déverrouille, tape son code et voit un message d'un numéro inconnu.

"Merci pour les albums. Et pour ton mot. Ça m'a fait très plaisir. Les Backstreet Boys."

Un message de Salomé ! Il est persuadé que c'est elle, qui d'autre aurait signé les Backstreet Boys ? Que répondre ? Il a son numéro !
Dans sa tête, Nicolas est à l'heure de la jubilation. Jamais auparavant il n'a ressenti ce sentiment, il est partagé entre la peur et l'excitation.

"Peut-être pourrait-on se voir ? À la boutique de Victoire ?"

Un rendez-vous !
Au bord de la syncope, il se laisse tomber sur son sofa et peine à respirer.
Ils se sont rencontrés une fois. Il est attiré par elle, sans aucun doute. Ils se sont échangés quelques mots. Maintenant doivent ils s'engouffrer dans la construction d'une relation ? Est-ce qu'il sait faire ça ? Il se sent prêt à s'ouvrir à quelqu'un, au risque de souffrir de nouveau ? Mais cette fille a l'air si parfaite, si douce et si délicate dans tout ses gestes.
Inspirant grandement, il pianote une réponse sur son téléphone et l'envoie, tremblant d'excitation.

"Oui avec plaisir. Quand ça ? Nirvana."

La réponse fut immédiate.

"Maintenant ?"

"À tout de suite."

Il va la rencontrer ! Il se lève soudainement, essuie son jean et sourit. Il va rencontre Salomé.
Il se dirige vers son bureau, enfile ses chaussures et sa veste – pleine de pièces de monnaie et d'anciens tickets de caisse – puis grimpe sur son vélo en direction du centre-ville. Étant de bon matin, la petite brise fraîche vient lui caresser la peau, comme des plumes qui viennent frotter sa peau; le centre-ville est encore vide et il profite quelques minutes des rues et allées vides, des bruits de grilles en ferrailles qui s'ouvrent, des petites discussions entre commerçants, ce genre de petites choses qui animent une ville. Il tourne le guidon à gauche, descend de son vélo et le gare sur le côté de la boutique.
Il entre dans la boutique et tombe sur Salomé, riant aux éclats, les bras chargés d'un carton de disques.
Quand ses yeux verts se posent sur lui, les deux adolescents sourient ensemble, et rougissent de la même façon.
Victoire arrive au même moment et s'arrête de rire, souriante comme un ange.

«- Salut Nicolas ! Comment ça va ce matin ?» demande la grande métisse.

Troublé, il bégaie une piètre réponse et se résigne à répondre. Il se tient devant Salomé qui lui sourit, le cartons toujours dans les bras.

«- Tu... Tu veux que je t'aide ?» demande-t-il en désignant le carton.
«- Oh ! Euh oui, s'il te plaît.»

Sa voix est douce, elle est polie, et d'un calme stupéfiant.
Nicolas enlève sa veste qu'il pose sur un fauteuil près de lui, se précipite vers elle et lui prend le carton des mains. Ils ne cessent de sourire et se regardent mielleusement.

«- Merci.» souffle-t-elle.
«- Je crois que j'ai oublié des cartons derrière, je vais vous laisser.» dit Victoire en s'éclipsant.

Salomé la regarde partir en faisant les gros yeux la suppliant de rester, mais trop tard, Vic' a fermé la porte. Elle se tourne lentement vers lui, toujours ce sourire gêné sur les lèvres.
Quelles sont belles ses lèvres... Elles appellent au désir et à la tentation, avec leur couleur rosée et leurs formes presque parfaites; ses dents sont d'une blancheur éclatante et ce malgré le défaut qu'elle a sur ses deux dents de devant.

«- Si on apprenait à se connaître ?» demande-t-elle.