Les murs blancs, les bruits incessants des machines médicales, des médecins agités qui courent dans tous les sens. Puis une civière. Une civière avec le corps de Salomé, toujours inconsciente, le corps couvert d'hématomes et de sang. Sacha et Nicolas sont penchés sur le bord, regardant Salomé avec inquiétude. Les médecins s'éloignent en passant un battant de porte. Ils disparaissent et laissent les deux garçons dans le désarroi.
Nicolas est encore choqué de la scène qui s'est produite il y a quelques minutes. Il a dénoncé son père. Enfin. Et pour cela il a fallu qu'une autre personne souffre. Il a fallu que ce soit cette personne qui souffre. Salomé. Fille que Nicolas aime. Fille qui est comparée à un ange et à une déesse – une véritable perfection – dans son coeur. Comment continuer de la voir après ça? Comment reprendra-t-elle sa vie en main après ça?
Les portes bâtantes se ferment et les deux garçons se retrouvent dans ce couloir blanc, essoufflés et déboussolés. Ils sont conduits à une salle d'attente où deux sièges vides côtes à côtes sont libres. Ils s'y posent et attendent. Longtemps. Longtemps, Trop longtemps. Des heures. Peut-être deux ou trois. Et des malades défilent, des blessés par balle, des enfants tombés d'un étage et inconscients, des adolescents tabassés presque à mort.
Nicolas retient ses larmes. Il veut crier sa peine au monde entier mais il n'est pas victime mais fautif. C'est à cause de lui que Salomé est dans cet état. Elle est venue pour lui, pour l'aimer et le chérir a jamais. Qu'en est il maintenant? Probablement plus rien. Leur début d'histoire est fini. Il se sent tellement coupable! Bon dieu pourquoi n'a-t-il pas dénoncé son père avant? Avant que tout cela n'arrive?
Victoire et la mère de Salomé arrivent en courant, le visage détruit par le choc, le stresse et la peur. Le visage mouillé de larmes de la mère de Salomé enfonce encore plus Nicolas dans une spirale de culpabilité et de souffrance. Comment leur dire?
Les deux femmes, en voyant un visage familier – celui de Nicolas – courent vers lui.

«- Que s'est il passé? s'écrit la mère de Salomé, totalement désemparée. Qu'est-ce que tu as fait à mon enfant! À ma fille! Que lui as-tu fais! Réponds moi!»

Sacha se lève, se présente et accompagne la mère de Salomé prendre l'air et un café bien chaud.
Victoire se tourne vers Nicolas, le visage baissé, les mains rouges de sang – celui de son père – et des marques d'ongles – ses ongles à lui, qu'il a enfoncé dans ses paumes
pour se punir.

«- Que s'est il passé? demande Victoire en articulant chaque mots, la mâchoire crispée.
- Elle était venue chez moi pour... pour me dire que... qu'elle m'aimait et elle est... elle est... bon dieu elle est tombée sur mon père.»

Victoire s'écrit soudainement, un cri plaintif. Elle gifle Nicolas qui n'ose pas la regarder.

«- Je te l'avais dit que cela arriverait un jour! Et m'as-tu écouté? Bien sûr que non! Pourquoi m'écouter quand j'ai raison? Nicolas je te jure que si elle ne s'en sors pas je te tue. Je te tue de mes propres mains. Cette fille est un ange et par ta faute elle va peut-être en devenir un vrai.»

Victoire s'assoit à côté de lui, puis s'effondre en pleurs. De manière instinctive, Nicolas la prend dans ses bras tentant de la calmer. Des spasmes et soubresauts parcourent Victoire qui ne s'arrête plus de pleurer.

«- Comment ça a pu arriver Nicolas? Pourquoi elle et pas une autre pouffe que tu as l'habitude de te taper?
- Celle là elle est spéciale, murmure-t-il.»

Un médecin arrive, au même moment que la mère de Salomé accompagnée de Sacha lui tenant les épaules. Victoire et Nicolas se précipitent vers l'urgentiste.

«- Comment va-t-elle ?
- De nombreuses lésions, beaucoup d'hématomes et quelques fractures internes. Elle va s'en remettre mais avec beaucoup de temps.
- On peut aller la voir?
- Pas plus de deux personnes à la fois. Elle est très fatiguée il ne faut pas la surmenée.»

Victoire et Sarah – ainsi s'appelle la mère de Salomé – se ruent vers la chambre de la jolie brune. Nicolas les voit partir et Sacha se pointe devant lui, l'air menaçant.

«- Tu ne l'approche plus.»

Nicolas se reconcentre sur lui et recule d'un pas.

«- Quoi?
- Tu ne l'approche pas. Je te l'interdis.
- Mais...
- Si elle est venue chez toi c'était pour te dire qu'elle t'aime. Elle t'aime follement et à cause de toi elle s'est faite démolir par ton père. Et le pire dans tout ça c'est que c'est moi qui lui ai dit de venir chez toi. Alors maintenant écoutes chacun de ces mots : ne l'approches plus ou c'est moi qui te démolis.»